La ville est le lieu de naissance du christianisme ; elle l'a vu en-suite s'épanouir au point de s'identifier à cette religion, dans l'espace qu'il avait conquis. N'a-t-on pas coutume de mesurer les villes au nombre de leurs clochers ? Pourtant cette identification n'a pas été immédiate. Les chrétiens ont d'abord dû se cacher dans la ville avant de pouvoir s'en emparer. À l'inverse, la sécularisation observée depuis le 18e siècle a d'abord concerné les villes (à l'image de Paris), premières touchées par la "déchristianisation", la politique de laïcisation engagée en France à partir de la Révolution visant à faire disparaître précisément toute trace d'identification au christianisme. La ville devenait ainsi un terrain de conflit entre chrétiens et libres-penseurs. Mais le phénomène n'est pas nouveau. Au Moyen Âge, dans les villes divisées entre chrétiens et musulmans, au temps de la Réforme, les luttes ont fait rage pour le contrôle de l'espace urbain. Il en reste des traces innombrables, à commencer par les églises et les temples, les croix, les noms de lieux qui sont autant de signes du lien entre les chrétiens et l'espace urbain. Les études recueillies dans le volume analysent comment se construit l'identité du chrétien dans la ville par l'investissement du territoire urbain par les chrétiens, les pratiques cultuelles propres à la ville, et la place particulière de la paroisse. Complété par une approche historiographique, le livre apporte ainsi une contribution importante sur la place du religieux dans la cité.