Le meilleur ou le vrai : Spinoza et l'idée de philosophie

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Accusé par Burgh de considérer sa propre philosophie comme la meilleure de toutes, Spinoza rectifie : il sait seulement qu'est vraie celle qu'il comprend. Mais on ne trouvera chez lui ni réelle thématisation ni véritable définition de l'idée de philosophie, pas plus qu'un vaste programme de connaissances, comme s'appliquent à en dresser Bacon, Descartes ou Hobbes. Cet ouvrage enquête alors sur la présence, chez Spinoza, d'une conception précise, voire singulière, de l'idée de philosophie. Étudier les occurrences du terme « philosophie », la nature de la définition qui en est proposée, les raisons de passer du titre pressenti de Philosophie à celui d'Éthique, voilà qui produit autant d'indices d'une idée de philosophie comme praxis de distinction ou, selon l'expression d'Althusser, comme activité de tracer des lignes de démarcation. Mais l'ouvrage établit encore que la philosophie ne prend elle-même sens qu'en ce geste, c'est-à-dire par le biais de relations nécessaires avec ce qui a priori n'est pas elle : le vulgaire, l'ignorant, le théologien, le souverain ou même d'autres philosophes. L'idée de philosophie, en d'autres termes, s'autoproduit dans un système de rencontres singulières. En analyser les fruits permet alors de recomposer la nature de la « vraie philosophie » : une pratique de production d'idées et de leur communication. Mais se fait jour, en outre, comme un naturel philosophe, un effort s'éprouvant selon une réjouissance propre au « vrai philosophe », déjà sage en vertu de son mouvement, visant son perfectionnement et l'accroissement de sa puissance.


Sommaire

Introduction.

L'idée de philosophie comme problème.
Nécessité et limites d'un point de vue historique.
Comment Spinoza parle-t-il de la philosophie ?
Orientations méthodologiques.

Signification d'une approche comparative.
Chronologie et reconstruction.
Les occurrences et leur traitement.

PREMIÈRE PARTIE. D'UNE IDÉE VRAIE DONNÉE À UNE IDÉE AUTOPRODUITE DE LA PHILOSOPHIE.

Introduction.

Chapitre I. De continuité en différence. Vers une première détermination de l'idée de philosophie.

Situations.
Continuités.

De la définition de la philosophie à son caractère encyclopédique.
Voire systématique.
Philosophie, science, raison.
Philosophie et théologie.
Une évolution de l'idée de philosophie : vers une « pratique de la démarcation ».

Chapitre II. Passer d'une Philosophie à une Éthique, ou les raisons d'un changement.

Intérêt et limites d'une considération externe.
Subsomption.
Assimilation.
Distinctions.

Une Éthique contre une autre.
Une Éthique contre une Philosophie.
Retour sur le non-encyclopédisme et sur la systématicité de la doctrine.
Chapitre III. Spinoza et la définition de la philosophie, ou les raisons d'une absence.

Trois raisons d'une anomalie apparente.
De la définition génétique à une définition « par propriétés ».
Être défini. Définir. Se définir.

Chapitre IV. Relation et distinction : la philosophie comme mouvement d'autoproduction.

L'idée de philosophie comme autoproduction dans un système de rencontres.

Althusser et la philosophie comme praxis. De la distinction à l'autodistinction.
Les modalités d'une pratique d'autoconstitution par distinctions.
Un problème : le statut de la relation comme ens rationis.
Conatus et philosophie.
Ce qui se produit dans l'autoproduction.

L'autoproduction en son résultat : la question d'une identité.
L'autoproduction en son principe : la question du commencement.
Considérations sur la « méthode », ou les données immédiates de la philosophie.

Méthode et idée vraie donnée.
Facticité et fécondité de l'idée vraie.

DEUXIÈME PARTIE. L'AUTOPRODUCTION DE LA PHILOSOPHIE EN SES RENCONTRES.

Introduction.

Chapitre I. Les philosophes et le « commun ».

La rencontre du vulgus.

La reprise d'une opposition traditionnelle.
« Ad captum vulgi loqui [...] ».
Les enseignements de la rencontre avec le vulgus.
Discursivité et constitution réciproque.
Le rapport à l'ignorant.

L'ignorance : d'un défaut de connaissance à un mésusage de la raison.
Rencontre de l'autre ou rencontre du proche ?
Le philosophe est ses autres. De l'ignorance des philosophes (et de celle de Spinoza).
L'idée de philosophie comme effort ; comprendre l'ignorance et l'erreur.
Conclusion : le conatus philosophique.

Chapitre II. Les rencontres du religieux. La philosophie située et défendue.

Raisons et signification de la rencontre.
Le philosophe face au texte biblique, ou le sens d'une rationalité philosophique.

Séparer le philosophique des enseignements et finalités propres à l'Écriture.
« Raison » : un équivalent de « philosophie » ?
Le philosophe et le prophète.

« On peut nommer prophétie la connaissance naturelle ».
Ni le philosophe n'est un prophète, ni le prophète un philosophe.
L'autoproduction d'une connaissance proprement philosophique.
Le philosophe et le théologien.

De la théologie aux théologiens.
Du sens d'un obstacle au sens d'une défense.
Ce que la philosophie produit d'elle-même dans la rencontre.
Spinoza, refondateur de la théologie.
Conclusion : s'autoproduire en produisant ses autres, ou la constitution d'une topologie.

Chapitre III. La rencontre du politique.

Philosopher en république, ou l'autoproduction d'un espace de liberté.

Pourquoi défendre la liberté de philosopher ?
Topologie politique de la pensée libre.
S'autoproduire comme adresse au souverain.
Tolérance et laïcité.
Singularité et enseignements de la rencontre.
Philosopher sur la politique, ou l'autoproduction d'une philosophie « réaliste ».

Constituer une science politique.
Saisie et souci du réel.
Conclusion : ce qui se dessine de l'activité philosophique rapportée à la politique.

TROISIÈME PARTIE. DE LA VRAIE PHILOSOPHIE COMME PRATIQUE.

Introduction.

Chapitre I. Comprendre : la production des idées comme pratique théorique du vrai philosophe.

Qu'est-ce que comprendre ?

Le réalisme de la vraie philosophie.
Ni rire ni pleurer mais comprendre, ou ce que nous dit une formule.
L'entendement « naturel », instrument de vérité.
De la bonne façon de philosopher.

La « certitude philosophique ou mathématique ».
Rectius philosophari.
Ordo philosophandi (et ordo geometricus).
Ratio philosophandi.
Le vrai philosophe et le langage : y a-t-il un langage philosophique ?

Un « parler en philosophe ».
De l'usage du langage des philosophes au langage comme problème pour la philosophie.
Comment rendre le langage philosophique ?
Chapitre II. Exprimer, enseigner : pratiques de communications et liberté du philosopher.

Adapter son discours, ou comment s'adresser au vulgaire.
De comprendre à faire comprendre : enseigner « en tant que philosophe ».

Comprendre ou obéir. La détermination négative d'un enseignement philosophique.
Animi libertas, seu fortitudo.
Deviennent philosophes ceux qui écoutent les philosophes.
Expliquer « ouvertement » ses pensées : liberté philosophique et vérité scientifique.
S'adresser au souverain : retour sur le problème d'une signification spécifique de la libertas philosophandi.

Peut-on clairement circonscrire la liberté de philosopher ?
Ni haïr ni ruser mais raisonner : une pratique d'enseignement du vrai philosophe.
Chapitre III. Le vrai philosophe et ses affects : la différence et l'obstacle.

L'ambitio comme l'affect du philosophe ?

La citation de Cicéron et l'apparition problématique du « philosophe ».
Du problème d'une ironie spinozienne à la raison d'être de la citation.
L'ambitio comme l'affect anti-philosophique du philosophe.
Vers une gloire issue de la raison.
Du gaudium à la jouissance philosophique, ou la différence éthique du philosophe.

Boire ou comprendre, ou d'une réjouissance propre au philosophe.
Du gaudium à l'acquiescentia, « pleine satisfaction » du philosophe.
Chapitre IV. Le philosophe, l'homme libre, le sage.

La sagesse entre théorie et pratique. Sagesse, vérité et béatitude.
L'« homme libre » est-il le sage ?

Sagesse et meditatio de l'homme libre.
L'homme libre est-il modèle de la nature humaine ?
Retour sur la notion d'exemplar : quelle idéalité de la figure du sage ?

Déterminer le sage à l'aune de l'ignorant ?
Un modèle de nature humaine « purement opératoire ».
Philosophie du progrès et place du « vrai » philosophe.

Conclusion.

Tableau des occurrences (« philosoph- »).

Bibliographie.

Index des noms.

Categories : Sciences humaines & sociales > Philosophie


  • Authors

    Philippe Danino

  • Publisher

    Editions De La Sorbonne

  • Distributeur

    Sodis

  • Publication date

    16/10/2014

  • Collection

    La Philosophie A L'oeuvre

  • EAN

    9782859447953

  • Availablity

    Available

  • Nombre de pages

    434 Pages

  • Height

    24 cm

  • Width

    16 cm

  • Thickness

    2.7 cm

  • Poids

    780 g

  • Diffuseur

    Géodif

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Broché  

Philippe Danino

Professeur agrégé à Paris et docteur en philosophie, Philippe Danino a participé au collectif Fortitude et servitude. Lectures de l'Éthique IV de Spinoza (Kimé, 2003) et co-écrit Le bonheur (Eyrolles, 2010). Il est en outre l'auteur de plusieurs articles sur Spinoza, consacrés aux notions de bien et de mal, au statut du conatus (Bulletin DATA, ENS-Lyon, 2001), à la définition spinozienne de l'ambition (Philonsorbonne, 2009) ou encore au rapport de Spinoza au passé de la philosophie (Asterion, 2012).

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