"Où est la littérature mondiale ? Parce que son centre n'est nulle part quoique sa circonférence soit dessinée par les limites du monde habité, la question a du sens au-delà de son ironie apparente. Depuis qu'elle a été inventée par Goethe, qui faisait de l'Europe un centre pour la penser, la littérature mondiale s'est déplacée, étendue, reconfigurée. Elle a vu émerger d'autres centres et a dû réaménager la cartographie de ses périphéries. Au coeur des Cultural studies dans les pays anglo-saxons, elle n'a jamais fait, en France, l'objet d'une synthèse globale : ce livre est le premier qui propose une réflexion collective sur l'histoire de la notion et sur ses enjeux, pour nous, aujourd'hui, dans le monde ""globalisé"" qui est le nôtre.
Que le fait littéraire ne puisse plus se concevoir dans le cadre étroit des littératures nationales, Goethe et les Romantiques allemands le concevaient déjà. Mais la notion fut reprise par Marx et s'est chargée d'autres données, plus concrètes. Elle a ensuite été réactualisée par la philologie romane (notamment Auerbach, dont ce volume propose un important article, inédit en français) puis par Étiemble, par Edward Saïd et, plus récemment encore, par Franco Moretti et Pascale Casanova dont les travaux ont ouvert, de part et d'autre de l'Atlantique, un vaste espace de réflexion, souvent polémique.
À quoi sert la notion de littérature mondiale ? Comment en faire un bon usage ? À quelles conditions méthodologiques raisonnables l'histoire des idées, la littérature comparée peuvent-elles en faire un objet d'étude ? Peut-elle nous aider à comprendre ce qu'implique, en termes de pratiques de lecture et d'écriture, la multiplication exponentielle des livres disponibles, la coexistence vertigineuse dans nos bibliothèques des passés et des présents de la littérature ?"