Culture, politique, société, famille : la Révolution française marque un tournant sur tous les plans. C¿est aussi vrai du don, puisqu¿au lendemain de 1789 une question inédite se fait entendre. Qu¿arrive-t-il quand ceux qui ont l¿habitude de donner (les nobles) se retrouvent obligés, pour survivre, de recevoir les largesses d¿autrui ?
Pour répondre à cette question, Geneviève Lafrance a analysé la représentation des dons dans cinq romans parus à la fin du xviiie et au début du xixe siècle. Elle a aussi voulu savoir ce que pensaient les pouvoirs révolutionnaires de la bienfaisance, de la charité, de la dot, du legs. C¿est du croisement de ces réflexions - les romanesques comme les juridiques - que naît l¿étonnant portrait d¿une époque où les dons sont souvent impuissants à rendre heureux ceux qui les reçoivent comme ceux qui les font.
Chacun à sa manière, Gabriel Sénac de Meilhan, Isabelle de Charrière, Joseph Fiévée et Germaine de Staël mettent en cause l¿idéal bienfaisant qui caractérisait le siècle des Lumières. Ils nous obligent par là à réfléchir à ce que donner veut dire, hier comme aujourd¿hui.
Geneviève Lafrance est chercheuse postdoctorale à Columbia University à New York. Elle a édité deux ouvrages collectifs et elle a publié des articles dans Voix et images, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, Annales Benjamin-Constant, Contextes et Cahiers staëliens. Qui perd gagne est son premier livre. En 2008, la thèse dont est tiré ce livre a reçu le Prix d¿excellence de l¿Académie des grands Montréalais dans la catégorie Sciences humaines et sociales, arts et lettres.