Mouvement provocateur et dynamique, le Surréalisme déclenche au 20ème siècle un renouvellement esthétique et éthique. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir rendu vivants ce courant et ses transgressions : de nombreuses femmes en furent des actrices majeures mais néanmoins mésestimées par les musées et minorées par le marché de l'art.
Le Surréalisme offrit à celles-ci un cadre d'expression et de créativité qui n'eut sans doute pas d'équivalent dans les autres mouvements d'avant-garde. Pourtant, c'est souvent en s'appropriant et en étendant des thèmes initiés par les « leaders » du mouvement qu'elles exprimèrent leur liberté. C'est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une doxa surréaliste qu'elles s'affirmèrent. « Tout contre » le Surréalisme, c'est ainsi que l'on pourrait définir leurs positions diversifiées et complexes à l'égard du mouvement.
Des années trente aux années soixante-dix, le surréalisme féminin forme des constellations éphémères, au gré de ralliements au mouvement souvent temporaires mais aussi d'amitiés qui se nouent hors de ce cadre. L'imaginaire de ces artistes n'est pas aligné sur celui des figures masculines du mouvement. Leurs pratiques, fréquemment interdisciplinaires - picturales, photographiques, sculpturales, cinématographiques, littéraires... - expriment leur volonté d'échappées belles au-delà des normes hétérosexuelles et des frontières géographiques.
C'est une cartographie d'un mouvement éclaté et mondialisé que l'exposition esquisse en évoquant les foyers belge, mexicain, britannique, américain, praguois et français du Surréalisme que ces femmes ont enrichis, passant parfois de l'un à l'autre.