La métrique de la poésie arabe a longtemps été considérée sous son seul aspect théorique et les recherches qui lui ont été consacrées ont presque exclusivement consisté en une réinterprétation des principes de la théorie classique attribuée à al-Halil. Ahmad al-Farahidi (mort entre 776 et 791 de l´ère chrétienne), jugée à tort comme un miroir fidèle de la pratique des poètes. En effet, en dépit de son réel attrait formel, cette théorie présente l´inconvénient d´inventorier un certain nombre de mètres, modèles de vers et variantes qui ne sont pas attestés dans la réalité, et l´approche esthétique développée par les métriciens postérieurs à al-Halil n´a que partiellement permis de gommer ces défauts. La théorie classique a aussi représenté une rupture avec la conception « traditionnelle » de la métrique.
L´analyse empirique d´un corpus représentatif de près de quarante mille vers attribués à cent poètes préislamiques et du premier demi-siècle de l´islam, combinée à celle des rares témoins d´une terminologie et d´une taxinomie métriques pré-