Dans toutes les monarchies traditionnelles, la royauté repose sur des correspondances entre la personne du souverain, le royaume et les forces du cosmos. Ainsi, chez les Néwar du Népal, le roi était-il placé au centre de la vie cérémonielle collective et mis en étroite relation avec les grandes divinités du pays. Ces idées religieuses, encore très présentes de nos jours, surtout dans les rituels, portent néanmoins en elles de multiples conflits. Conflit entre l'image du roi divin et celle de ses dieux tutélaires, divinités toutes puissantes qui n'hésitent pas à se débarasser du souverain en cas de mésentente. Conflit entre la conception transcendantale du prêtre brahmane, représentant des valeurs ultimes de la terre, et le tantrisme qui permet au roi de dialoguer avec les puissances divines. Conflit entre l'ordre social ancien, centré sur des cités royales autonomes, et le paysage politique moderne dans lequel les Néwar n'ont qu'une place subsidiaire.
En conjuguant histoire du contemporain et ethnologie du passé, Gérard Toffin définit une nouvelle méthode qui dépasse de loin le cadre népalais. Cette démarche permet, notamment, de mener de front l'analyse des logiques symboliques et des usages politiques du religieux. En outre, le Palais et le Temple remet en question certaines idées reçues sur le rôle du système des castes.