La politique à la télévision, c'est d'abord de la télévision : les idées n'y existent qu'incarnées, le visage des candidats, leurs gestes, leurs vêtements sont haussés au rang d'arguments politiques au même titre que leur programme, l'Histoire s'efface devant leurs histoires et leurs caricatures s'imposent.
Or, si le propre de la télévision réside dans ce formatage " esthétique ", dans cette formalisation sensible, comment en identifier les termes et la dynamique ? Comment en apprécier le jeu sur les acteurs et sur les téléspectateurs citoyens eux-mêmes ? Jusqu'à quel point ceux-ci peuvent-ils - ou doivent-ils - l'admettre ? C'est à travers l'analyse de la campagne présidentielle de 1995 que Marlène Coulomb-Gully a choisi d'éclairer la rhétorique liée au petit écran.
On est loin du débat d'idées, de la confrontation d'arguments et de la rationalité cognitive censés prévaloir dans l'arène politique, mais la médiation télévisuelle est à ce prix. Position iconoclaste sans doute, dans un contexte où prédominent les discours négatifs sur la télévision et son rôle dans l'espace public, mais les questions politiquement incorrectes peuvent s'avérer intellectuellement pertinentes...