Pour comprendre le trouble ou l'égarement de notre début de siècle, il serait vain d'en revenir au vieux clivage droite/gauche. Tout indique en effet que ces deux catégories sont désormais obsolètes. Il y a plus grave: nous avions cru que les valeurs nées du siècle des Lumières étaient à jamais un acquis de notre civilisation. Devant la résurgence des obscurantismes, nous nous avisons qu'il n'en est rien. Résultat: nos "Lumières" se retrouvent face à des idéologies régressives dont l'islam radical est le plus terrible exemple. Que s'est-il passé? Pourquoi les intellectuels européens se sont-ils à ce point aveuglés tandis que l'histoire enfantait un monstre? Et qui, en Occident, s'est fait le complice de cet enfantement? C'est ce que cet essai entend explorer.
Sur le fond, Alexandra Laignel-Lavastine pense que certaines élites de notre civilisation humaniste et universaliste ont eu du mal à admettre que le Mal - la barbarie, la haine, le refus de l'autre - puisse parfois provenir de ce qu'elles croyaient être le "camp du Bien", celui des damnés de la terre, des exclus, des victimes. A cet égard, le conflit du Proche-Orient est une matrice féconde de malentendus puisque la "victime" (disons, pour être tout à fait clair, les plus radicaux des Palestiniens) se trouve être celle-là même qui, par glissements discrets, revendique le "choc de civilisation" dont nous constatons chaque jour les conséquences dramatiques.
Ce livre, écrit pour l'essentiel avant le traumatisme des évènements de Janvier 2015, en fait la généalogie : comment en est-on arrivé là? Par quel chemin de capitulation? Alexandra Laignel-Lavastine - qui ne dissimule jamais son engagement intransigeant contre toute forme de racisme et d'antisémitisme - traverse l'histoire récente, ainsi notre actualité tragique, tout en se référant aux grands systèmes philosophiques qui ont "fait" la culture européenne.
Son livre exprime une pensée puissante et jette les bases d'un combat farouche.
ALEXANDRA LAIGNEL-LAVASTINE est docteur en philosophie,
universitaire, essayiste et collabore à de nombreux médias. Elle
a publié une douzaine d'ouvrages, la plupart traduits à l'étranger,
dont, parmi les derniers, La Pensée égarée, essai sur les penchants
suicidaires de l'Europe (Grasset, 2015), Pour quoi serions-nous
encore prêts à mourir ? (Cerf, 2017). Elle a reçu le prix de l'Essai
européen en 2005, le Prix de la Licra en 2015 et la Ménorah d'or
en 2018 pour l'ensemble de son oeuvre.