Les nations s'affrontent toujours en invoquant ce qu'elles portent de plus universel. La France a ainsi pu se prévaloir d'incarner la révolution universelle par excellence, et le modèle universel de toute révolution. Ce monopole de l'universel est contesté depuis quelques décennies, en particulier par les États-Unis, au nom d'autres principes d'organisation de la politique ou de la science. Car l'impérialisme n'est pas seulement une relation de domination entre pays, il s'exerce aussi dans les prétentions à l'universalité en matière de culture et de styles de vie. Sur la base de plusieurs textes explorant la dimension internationale des champs, ce livre ouvre des perspectives de recherche inédites sur les stratégies d'universalisation déployées par toute entreprise de domination.
La crise sanitaire et sa gestion au sein des universités françaises ont révélé et accentué un nouveau régime de sélection scolaire. Jamais la France et son système scolaire n'ont autant diplômé et pourtant jamais les savoirs n'ont été aussi inégalement transmis. C'est dans les premiers cycles universitaires que ce paradoxe est le plus palpable. Ce livre revient sur l'histoire récente de la banalisation des études universitaires, à la fois en les inscrivant dans les horizons ordinaires des possibles de la très grande majorité des lycéens et lycéennes mais au prix d'une formation volontairement réalisée au rabais dans ses contenus, faute de moyens, par des gouvernements qui n'ont cessé de dégrader les conditions d'apprentissage à l'université au moment où les besoins sont les plus grands. Face à la force de l'offensive politique qui déstabilise aujourd'hui l'université (généralisation de l'évaluation des formations des établissements par le biais d'indicateurs standardisés, récit simpliste de la prétendue crise de l'université par le gouvernement via de jolies infographies), ce livre reprend sous un angle nouveau les enquêtes statistiques existantes pour mettre au jour les mécanismes de ce régime de sélection scolaire qui, sous couvert de démocratisation de l'accès à des diplômes de valeur prétendument homogène et constante, refuse sciemment de donner les moyens à des étudiants d'origines sociales élargies de se former réellement. Cela au détriment d'un besoin de qualification universellement reconnu et au prix de la perpétuation sans fin de la production et de la reproduction des inégalités sociales.
La question animale s'est invitée brusquement dans l'espace public. Loin de créer du consensus, celle-ci constitue désormais un territoire de guérilla culturelle entre factions rivales. Il faut donc se préparer, tant le débat est devenu à la fois ultra politique et ultra intime. Nous devons établir un état de l'art de ce nouveau choc des espèces : qui dit quoi, qui pense quoi, qui fait quoi ? Cela passe aussi par retracer brièvement l'histoire des relations ancestrales entre l'humain avec ses innombrables cousins. C'est enfin envisager un récit commun dans une société française usée par les clashs et les divisions stériles. Ce livre fait le pari que, fragmentés à 70 millions, nous pourrions trouver une nouvelle forme d'harmonie en intégrant 60 millions de nouveaux amis...
Cadres, petits entrepreneurs, enseignants, fonctionnaires, employés de bureau, etc., tous, à un titre ou à un autre, peuvent se prévaloir de l'appartenance aux « classes moyennes ». L'expression, à la différence d'autres appellations (bourgeoisie, classe ouvrière), ne peut être associée d'emblée à un ou des groupes sociaux précis. Pourtant, les classes moyennes constituent aujourd'hui un pôle important de la société. Cet entre-deux à géométrie variable renvoie, plus qu'à des attributs « moyens » comme le revenu, à une constellation de profils sociaux, certains peu visibles, d'autres pourvus d'une identité forte.
Cet ouvrage présente un parcours sociohistorique des glissements sémantiques du terme et du déplacement de son centre de gravité avec l'essor des « cols blancs », une description de leurs différentes composantes, l'évocation des problématisations successives dont elles ont été l'objet en relation avec les transformations socioéconomiques et culturelles. Il se clôt sur une question d'actualité : les classes moyennes sont-elles en crise ?
Qu'ont en commun une personne âgée dans un EHPAD, une personne handicapée dans un établissement, un sans-abri dans un foyer d'urgence, un demandeur d'asile dans un centre spécialisé ou encore un sans-papiers dans un hôtel payé par l'État?? Ils bénéficient d'un hébergement qui, s'il s'organise selon des modalités différentes, ne les place pas moins, tous, aux frontières du logement ordinaire. Quels sont ces dispositifs d'hébergement et comment s'inscrivent-ils dans la politique du logement?? Qui en sont les usagers?? Comment la crise liée au Covid-19 a-t-elle contribué à mettre en avant la gravité d'un sujet qui pouvait paraître marginal à la fin du xxe?siècle?? Autant de questionnements auxquels Julien Damon apporte des réponses précises, décryptant des données souvent ardues, au cours de ce qui s'apparente à un éclairant périple dans un pan singulier de l'action publique. Julien Damon enseignant à Sciences Po et à HEC, est conseiller scientifique de l'École nationale supérieure de Sécurité sociale (En3s) et rédacteur en chef de la revue Constructif.
L'hypothèse de Henri Lefebvre, qui envisageait en 1970 une urbanisation totale de la planète, se vérifie de plus en plus. En un siècle, le nombre de citadins au niveau planétaire a en effet été multiplié par douze. La moitié de la population mondiale réside dans une ville, soit près de trois milliards sept cents millions de personnes : il devient plus que nécessaire de réfléchir à l'urbain, au citadin et aux rapports qu'ils entretiennent. C'est dans cette perpective que la sociologie urbaine apporte, depuis plus d'un siècle, des éléments de compréhension au phénomène urbain.
En présentant les grandes perspectives théoriques de cette discipline, cet ouvrage fait le point sur cette sociologie de et dans la ville.
À l'heure où se développent en France les premiers cursus d'études culturelles inspirés des cultural studies anglophones et où les politiques de l'identité et des représentations suscitent un intérêt croissant, la publication de ce recueil de quatorze essais classiques du sociologue britannique Stuart Hall constitue un détour nécessaire par les origines multiples et complexes de ce champ de réflexion.
Intellectuel de renom international, Stuart Hall nous livre ici une généalogie critique des cultural studies, de leurs fondements théoriques marxistes et gramsciens à leur redéfinition des notions de « culture » et de « populaire », en passant par leur résistance aux disciplines classiques. Mettant en relief les préoccupations théoriques et politiques majeures des études culturelles, il interroge le concept d'« identité » et ses déclinaisons (ethnicité, race, classe, genre, sexualité) et développe une théorie qui situe la culture au coeur même du processus de construction identitaire.
Qu'il analyse la formation des cultures diasporiques, les politiques noires britanniques, les situations postcoloniales ou le concept de « multiculturalisme », Hall éclaire d'une lumière singulière nombre d'enjeux centraux de la scène politique internationale contemporaine.
Les représentations sociales sont à la base de notre vie psychique. C'est à elles que nous faisons le plus facilement et le plus spontanément appel pour nous repérer dans notre environnement physique et humain. Situées à l'interface du psychologique et du sociologique, elles sont enracinées au coeur du dispositif social.
Quelles représentations de l'autre et des relations sociales englobent-elles ? En quoi constituent-elles des éléments fondamentaux de notre épistémologie, et notamment de l'élaboration du sens commun ?
« Total » : c'est ainsi qu'ils ont choisi de la nommer, comme dans un mauvais film tout en hyperboles. Active dans plus de 130 pays, cette société s'affaire à exploiter, traiter et distribuer des produits issus du pétrole, tout en oeuvrant dans le gaz, l'énergie solaire, la produc- tion électrique et l'industrie chimique. Le capital dont dispose cette firme traduit le fait d'une histoire chargée, couverte par l'état du droit ou par la complicité des États. Ce capital est le fruit d'actions tentaculaires sur un plan politique et économique, allant de la participa- tion à des cartels internationaux capables de jouer sur les prix à l'accaparement de ressources dans le contexte néocolonial africain, en passant par la délocalisation d'actifs dans des États complaisants, par l'externalisation des coûts de production sous une forme massivement polluante et par la collaboration avec des partenaires pratiquant le travail forcé.
Dans cet essai, Alain Deneault démontre que le cas Total ne témoigne pas seulement du pouvoir de cette entreprise en particulier, mais de celui d'une poignée de multinationales qui font aujourd'hui la loi.
Se pencher sur l'histoire de Total et de ses composantes généalogiques, c'est montrer comment l'état du droit et la complicité des États ont permis à une firme, légalement, de comploter sur la fixation des cours du pétrole ou le partage des marchés, de coloniser l'Afrique à des fins d'exploitation, de collaborer avec des régimes politiques officiellement racistes, de corrompre des dictateurs et représentants politiques, de conquérir des territoires à la faveur d'interventions militaires, de délocaliser des actifs dans des paradis fiscaux ainsi que des infrastructures dans des zones franches, de pressurer des régimes oligarchiques surendettant leurs peuples, de polluer de vastes territoires au point de menacer la santé publique, de vassaliser des régimes politiques en théorie pourtant souverains, de nier des assertions de façon à épuiser des adversaires judiciaires, d'asservir des populations ou de régir des processus de consultation.
Chacun de ces verbes fait l'objet d'un chapitre dans cet ouvrage. Ils représentent une série d'actions sidérantes que l'ordre politique actuel ou récent a permis à des multinationales de mener en toute impunité, indépendamment des textes législatifs et des institutions judiciaires, ou grâce à eux.
En complément, un court essai intitulé Le Totalitarisme pervers met en perspective les cas décrits précédemment et interroge de façon conceptuelle le fonctionnement même des multinationales.
En apparence, les méthodes de management ne cessent de se renouveler. En réalité, le management tourne en rond.
Dans ce second volume de Lost in management, François Dupuy s'attache à démonter les mécanismes de l'appauvrissement de la pensée managériale et à en montrer les graves conséquences pour les entreprises. Habillant les idées reçues d'un jargon déconnecté de la « réalité », dirigeants et managers commettent des erreurs de raisonnement et des confusions qui pénalisent toujours plus leurs décisions.
À travers des exemples de la vie quotidienne en entreprise, cet ouvrage montre la responsabilité des grands cabinets de conseil et des business schools dans la diffusion de cette pensée paresseuse et de ces pratiques surannées avec lesquelles il est encore temps de rompre.
Comment le savoir scientifique se constitue-t-il ? Y a-t-il des facteurs sociaux et culturels qui favorisent le développement des sciences ? Quelles institutions accompagnent ou freinent ce développement ? Comment travaillent les savants ?
Comment valident-ils leurs connaissances ? Pourquoi y a-t-il des controverses ?
En se penchant sur les rapports entre science et société, les sociologues des sciences ont interrogé la manière dont la connaissance scientifique se construit. Loin de la figure, tantôt fascinante, tantôt inquiétante, du savant travaillant seul dans son laboratoire, ils nous donnent à voir la recherche en sciences dures d'aujourd'hui comme étant essentiellement une entreprise collective, souvent transnationale.
L'Europe apparaît prise en otage par une économie du savoir et du pouvoir qui empêche l'évolution de la société en lien avec ses traditions et son expérience immédiat de la réalité. A lire pour comprendre la paralysie des élites européenne globalisées qui vivent à l'heure américaine. Ce livre offre une approche anthropologique inédite des réseaux des think-tanks après 1989 dont le développement explique l'endogamie croissante des élites financières, politiques, médiatiques et intellectuelles. En outre, il s'appuie sur des terrains d'observation directe en Bulgarie, en Grèce et en France et une base bibliographique et documentaire internationale, offrant ainsi une nouvelle perspective sur le rapport Est-Ouest.
Les organisations sont un élément familier de notre environnement quotidien. Pourtant, il a fallu attendre l'après Seconde Guerre mondiale, aux États-Unis, pour que des chercheurs abordent l'étude des comportements, des institutions et même de la société dans son ensemble sous l'angle des organisations. En France, l'exploration de ces phénomènes n'a jamais atteint une ampleur similaire, malgré la réflexion menée notamment par Michel Crozier.
Catherine Ballé se propose de retracer les étapes essentielles du développement de la sociologie des organisations, dans une perspective aussi bien théorique que pratique.
À quelles conditions est-il possible de tenir compte, dans l'administration et l'industrie, de cette méthode de recherche ?
Les cheminot·es occupent une place particulière dans l'histoire des luttes sociales qu'ils et elles ont encore pleinement occupé récemment durant le mouvement pour s'opposer à la contre-réforme des retraites.
Cette combativité s'inscrit dans une longue tradition de luttes qui a secoué le rail depuis le début du siècle. Ce sont certains de ces moments importants qu'a connus la SNCF que nous propose l'auteur.
L'ouvrage s'ouvre sur la grande grève de 1910 où le sabotage a été plusieurs fois pratiqué durant le conflit en écho à des luttes similaires en Italie. L'autre grand rendez-vous historique des cheminot·es sera la résistance contre l'occupation nazie sur lequel l'auteur revient en détail.
En 1947, les luttes du rail reprennent et elles verront encore des pratiques de sabotage durement réprimées avec 1 391 sanctions prononcées pour des faits directement liés à la grève, dont 93 licenciements. Quelques années plus tard, lors de la guerre d'Algérie, ce sont les voies qui sont occupées et les trains bloqués contre le rappel des jeunes sous les drapeaux pour les besoins de la guerre coloniale. En 1962, les conducteurs de train refusent la veille automatique qui supprime le deuxième agent en cabine de conduite.
En 1982, un nouveau mouvement social inédit, qui porte sur les rémunérations, l'emploi et les conditions de travail touche les gares avec la grève de la pince où les contrôleurs et les contrôleuses se refusent à contrôler les billets.
Trois ans plus tard, ce sera une grève de l'astreinte qui oblige certains agents à répondre à tout appel pendant les repos, les journées chômées. Suivra la grève des réservations dont l'auteur, comme les conflits précédents, nous raconte les raisons et le déroulement.
Plus tard, en 1997, ce sont encore des voies qui sont occupées, et des trains bloqués, contre les expulsions de demandeurs d'asile. Christian Mahieux ne raconte pas ici toutes les grandes grèves cheminotes mais explique comment, à travers les générations, se sont transmis un esprit et des pratiques de résistance sociale individuelle et collective, dans un milieu où l'« obéissance passive aux signaux » est la règle de base.
Et cette histoire n'est pas close, à n'en pas douter.
Lorsqu'un établissement dysfonctionne, et que toute causalité rationnelle pouvant l'expliquer est écartée, il faut aussi en rechercher les endroits, où les problématiques individuelles et groupales en sont à l'origine. C'est la raison pour laquelle, et afin d'y parvenir, la méthodologie d'analyse institutionnelle présentée a été élaborée spécifiquement en prenant en compte les dimensions du réel, du symbolique et de l'imaginaire (RSI) de l'organisation, en lien avec la vie psychique de tout un chacun. Ainsi la compréhension des dysfonctionnements, préalable à leurs résolutions, en est grandement facilitée.
Ce guide donne les clés pour :
- savoir appréhender globalement et en profondeur les dysfonctionnements, à l'aide d'une méthodologie d'analyse institutionnelle facilement et rapidement utilisable ;
- savoir repérer et identifier les problématiques ;
- savoir identifier les causes et les manifestations des dysfonctionnements ;
- savoir prévenir et gérer les dysfonctionnements.
Ce livre s'adresse à tous les dirigeants, cadres, employés, étudiants en formation initiale et continue du secteur associatif ou public, marchand ou industriel, et à tous ceux qui s'intéressent aux organisations.
Ce manuel offre une synthèse sur les usages sociaux du droit et de la justice. Il explore - les espaces et les rituels classiques de déploiement du droit ;
- les tribunaux et la forme du procès ;
- l'écriture du droit dans les assemblées élues, les associations, les entreprises, les institutions publiques.
Au-delà de la sociologie des textes juridiques ou de l'institution judiciaire, il s'intéresse prioritairement au droit dans la société.
En 2050, il est fort probable que l'Inde aura pris la première place économique mondiale, devant la Chine et les États-Unis. Pourtant, nous comprenons mal cet immense pays. Aussi le projet de ce livre nourri de travail de terrain est-il de nous y initier. L'auteure saisit cette société vivante, diversifiée, tolérante et violente. Elle évoque les croyances, la morale, les habitudes, les normes, mais aussi ce qui est caché.
Une lecture aussi instructive que passionnante.
À l'heure où l'étendard de la laïcité est brandi de toutes parts, où l'on s'interroge sur la compatibilité de l'islam avec la République et où la question de la croyance alimente les débats politiques, les organisations religieuses se retrouvent, quant à elles, souvent démunies face à des règles juridiques, sociales et fiscales complexes et méconnues de l'opinion.
Structures, patrimoines, activités, personnels, protection sociale, aspects financiers et fiscaux, droit du travail, limites réglementaires, espace public et paix civile?: dans cet ouvrage aussi limpide que rigoureux, Alain Garay et Philippe Coursier apportent des réponses concrètes à toutes les questions qui se posent.
Un traité unique, d'une vive actualité, indispensable.
Dans l'histoire du travail, les femmes ont joué un rôle méconnu, voire ignoré, par la plupart des historiens et sociologues. Quelques historiennes, au cours des dernières décennies, se sont employées à pallier ce manque. Se nourrissant de leurs travaux, Rolande Pinard propose ici une analyse sociohistorique de l'activisme des travailleuses ayant contribué, dans le mouvement ouvrier, à élaborer le sens social-politique du travail. Richement documentée, cette recherche soutient que, de leur solidarité initiale avec les travailleurs, les travailleuses ont progressivement été marginalisées dans les formes de syndicalisme qui ont suivi. En bout de ligne, l'émancipation par le travail a quasi exclusivement été le lot des hommes, qui ont bénéficié des institutions (comme le syndicalisme) construites par les luttes ouvrières, sociales et politiques.
Soulignant l'aspect pluridimensionnel de la formation de la classe ouvrière, Rolande Pinard rappelle que comprendre le travail d'un point de vue critique implique de tenir compte de ses différents agents à travers les périodes historiques de transformation du capitalisme.
Loin de l'idée reçue selon laquelle nous évoluerions dans un monde flexible, ouvert et fluide, les organisations structurent et s'imposent dans tous les aspects de la vie.
À chaque entité ses codes, ses hiérarchies, sa structure, ses règles, procédures ou normes.
L'organisation est devenu la réponse privilégiée pour résoudre les problèmes qui requièrent une action collective et une réalité qui produit des effets dans toutes les dimensions de la vie sociale.
Qu'implique le fait de vivre dans une société à ce point organisée ? En quoi celle-ci se distingue-t-elle des sociétés du passé ? Réduit-elle nos libertés ? Conduit-elle à une plus grande uniformité dans nos comportements ? Est-elle plus juste ? Plus démocratique ?
Moins inégalitaire ?
Dans un contexte de déconnexion croissante entre les professionnels de la politique et les citoyens, de bouleversements de l'offre depuis 2017 et de déprise des partis traditionnels, les ancrages des électeurs sont réputés ne plus peser. Volatilité, ajustements stratégiques aux enjeux, croissance des aptitudes à raisonner «librement» en politique, libération des déterminismes... Et pourtant, comment expliquer la forte polarisation socio-spatiale des conduites politiques dans la France contemporaine? A rebours des thèses individualistes qui désocialise les électeurs, cet ouvrage collectif interroge les dynamiques résidentielles de la socialisation politique. Dans la France contemporaine, la spatialisation des problèmes sociaux comme l'accroissement des inégalités territoriales sont désormais bien documentés, mais une sociologie fine de leurs implications politiques reste à faire. Tel est le chantier auquel contribue cet ouvrage à travers une analyse, localisée et comparée entre plusieurs quartiers, des formes de socialisation politique résidentielle d'une grande diversité de milieux sociaux et de groupes ethno-raciaux peuplant le même territoire urbain et particulièrement dense: le 18ème arrondissement de Paris. A partir d'une enquête collective conduite entre 2016 et 2018, l'ouvrage ouvre la boite noire des médiations territoriales entre appartenances sociales et comportements politiques, singulièrement dans la conjoncture électorale de 2017. Que produit ce contexte territorial mixte socialement et rapprochant des groupes ethno-raciaux contrastés sur les comportements politiques des différents groupesÂ? En quoi et par quelles mécanismes l'espace urbain peut-il constituer une instance de socialisation politique? Avec quels effets (par exemple sur le vote) et limitesÂ? L'ouvrage s'inscrit ainsi dans les débats autour des déterminants «contextuels» des comportements politiques tout autant que dans ceux liés de renouveau des formes de différenciation symbolique des espaces urbains.
Ce livre étudie les liens entre stéréotypes de genre et inégalités professionnelles entre femmes et hommes en Europe. Plus précisément, il se fonde sur des données européennes pour étudier la prévalence des stéréotypes de genre, en France comme dans d'autres pays européens, et la manière dont ces stéréotypes de genre contribuent aux inégalités entre femmes et hommes dans la sphère professionnelle.Il s'intéresse aussi aux pratiques de gestion des ressources humaines et aux fonctionnements organisationnels qui favorisent ou au contraire portent atteinte à l'égalité. Cet ouvrage cherche ainsi à préciser le rôle des entreprises dans l'atteinte de l'égalité femmes-hommes, dans un contexte où les stéréotypes de genre constituent des facteurs explicatifs des inégalités professionnelles.
De mars à mai 2020, les Français ont dû rester confinés chez eux. Comment cette mesure aux effets considérables a-t-elle pu être présentée comme la seule solution face à la pandémie de Covid-19?Les auteurs, qui ont mené l'enquête «à chaud» auprès d'acteurs de la crise, formulent quelques hypothèses originales. Plutôt que des défaillances individuelles ou des dysfonctionnements techniques, ils mettent en avant des facteurs organisationnels: mauvaises leçons tirées du passé, faux sentiment de sécurité, confiance aveugle dans les outils de planification.Leur analyse des relations de pouvoir dans la gestion de la crise révèle d'autres phénomènes surprenants, tels que la création de nouvelles instances dans un paysage déjà saturé d'organisations et le niveau inédit de coopération au sein des hôpitaux.
Depuis plus d'une décennie, le nom d'Halbwachs s'est imposé comme une référence essentielle de la sociologie de la mémoire collective. Cette réédition s'accompagne des contributions de cinq auteurs (sociologues, historiens et philosophes) qui rassemblent et présentent les travaux sur la mémoire collective menés par Halbwachs. Danièle Hervieu-Léger situe l'ouvrage dans le contexte actuel de la sociologie des faits religieux ; le philosophe Jean-Pierre Cléro restitue l'arrière-plan leibnizien ; Marie Jaisson analyse les étapes des travaux de l'auteur sur la mémoire depuis les années 1920 jusqu'à ses derniers textes ; Sarah Gensburger montre comment la démarche de l'auteur a été reprise dans l'enquête récente sur «Juste parmi les Nations»; enfin, Éric Brian souligne l'importance de ce livre pour l'analyse des relations entre histoire et sciences sociales.