Comment les modes de vie en quête d'autonomie transforment-ils nos façons de percevoir monde ? Menant l'enquête à travers les lieux de vie alternatifs, Clara Breteau examine quels mondes sensibles nouveaux se déploient quand on construit soi-même sa maison, quand on cultive sa nourriture, quand on fabrique son énergie. C'est tout une poétique nouvelle qu'elle voit poindre dans les endroits les plus inattendus.
À travers la France, une enquête ethnologique dans le monde des habitats écologiques autonomes détachés de la société de consommation, avec à la clé le développement de l'autoproduction et d'un mode d'être et de faire ouvert au hasard et au vivant.
Olignac est un petit village français comme il y en a tant, avec sa jolie mairie et ses lieux publics, dont l'habitat de maisons dispersées est caractéristique des villages landais.
Mais au début des années 1980, Olignac défraie la chronique : la tension est montée entre les villageois, à tel point que le village se compose une solide réputation de Far West landais, où à la nuit la peur s'installe dans les rues désertes, tandis que des palombières brûlent et que retentissent parfois des coups de feu... Cette situation pour le moins tendue à Olignac a été relayée par la presse locale, qui en a fait ses choux gras, et le village est plus ou moins retombé dans le calme, sans pourtant que l'on se soit donné la peine de véritablement comprendre.
Mais Marie Desmartis, au début des années 2000 est venue enquêter sur un regain de tensions, qui toutes naissaient autour des enjeux des élections municipales. C'est ainsi qu'elle nous emmène dans une plongée au coeur du politique - et de sa violence - dans un village de France. A travers son enquête, ce sont les pratiques les plus ordinaires dans notre pays qui sont mises à nu, depuis la nécessité de distinguer sommairement des "clans" (ici c'est le clan dit des "Chasseurs" qui ferait régner la terreur), jusqu'au personnalités charismatiques ou stratégiquement habiles (en la personne ici de la maire Mme Fortier).
Et en somme, l'enquête de Marie Desmartis comporte bel et bien une dimension totale, autrement nommée anthropologique : son travail d'ethnographe, par la minutie des descriptions, la qualité de son écriture, par la restitution de ses aléas, s'il est ancré dans le contexte précis d'un village landais (tous les noms de lieux ou de personnes ont été changés dans ce livre), renvoi de stupéfiante façon à ce que l'on peut comprendre à la mise en oeuvre du jeu politique dans les sociétés humaines
Conter, chanter, raconter fait revivre la tradition orale en Cévennes : contes, chansons, légendes, danses, proverbes, noms et sobriquets ont longtemps imprégné le quotidien de ces montagnes.
L'exceptionnelle collection de témoignages et documents présentée ici est plus que le portrait d'un univers foisonnant. Au gré des paroles rapportées et des synthèses lumineuses de Jean-Noël Pelen, on s'immerge dans la découverte et le partage d'un monde révolu, comme transporté dans le temps.
Cet ouvrage de référence est un hommage aux générations de femmes et d'hommes qui ont façonné les Cévennes et transmis leur singulière mémoire.
C'est une tradition française : lorsqu'il revient de son " terrain " , l'ethnologue écrit non pas un, mais deux livres, l'un scientifique, l'autre littéraire. L'Î1e de Pâques d'Alfred Métraux, L'Afrique fantôme de Michel Leiris, Les Flambeurs d'hommes de Marcel Griaule, Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss s'ajoutent à leurs travaux sur les Pascuans de Rapa Nui, les Dogons du Mali, les Amhara d'Ethiopie ou les Nambikwara du Brésil, et ce schéma se retrouve chez la plupart de leurs collègues. Vincent Debaene s'interroge sur les raisons de ce double livre et retrace les rapports entre anthropologie et littérature au XXI siècle, depuis Marcel Mauss jusqu'à la collection " Terre humaine ". Ce faisant, il dévoile la fascination réciproque des ethnologues pour la littérature et des écrivains pour les sciences de l'homme. Les premiers se veulent savants mais se réclament de Rousseau et de Montaigne ; les seconds se méfient d'une discipline austère mais sont troublés par les objets qu'elle rapporte et les questions qu'elle pose. " Adieu sauvages ! adieu voyages ! " s'exclame Lévi-Strauss à la fin de Tristes tropiques, déplorant l'appauvrissement de la diversité culturelle. Mais ce qui est perdu, ce n'est pas tant l'altérité qu'une certaine subjectivité et une façon de raconter l'histoire. Pour l'ethnologue, l'adieu au voyage constitue moins un renoncement qu'un point de départ : l'oeuvre anthropologique de Lévi-Strauss suivra Tristes tropiques. Pour l'écrivain, il constitue un défi à relever : la fin d'un rapport prédateur de l'Occident à ses " autres " impose que soient repensés notre héritage humaniste et notre idée de la littérature.
"Cette recherche menée en Camargue s'intéresse à la présence de femmes dans les élevages de taureaux et de chevaux principalement destinés à la course camarguaise. Il s'agit de comprendre comment ces femmes deviennent gardianes ou manadières dans un monde d'hommes."
Le catalogue propose un voyage nostalgique à travers les objets et croyances qui entourent le moment de la naissance en Alsace, permettant ainsi de découvrir les traditions, rites et coutumes religieuses qui constituent les spécificités de cette région.
"Kinésithérapeute et ethnologue, l'auteur étudie depuis quarante ans les pratiques de médecine populaire, de sorcellerie et de religion populaire dans une zone rurale du nord du Massif Central. Il nous propose ici un travail fait d'un choix de notes consignées à la confluence de ses deux activités : ethnologie et kinésithérapie. Un double regard s offre à nous : médical et anthropologique, sous la forme d'un journal, qui interroge la pratique professionnelle, les relations patients-thérapeute, les recours aux différentes formes de médecine (scientifiques, parallèles ou magiques). Il analyse les perceptions et représentations qu'expriment les malades en matière de santé, de maladie et de mort, ainsi que leurs évolutions."
"Issu d'une enquête ethnographique de longue durée, réalisée en travaillant incognito dans plusieurs hôtels de luxe parisiens, cet ouvrage éclaire les conditions de travail et d'emploi des salariés de l'hôtellerie de luxe. Ce secteur en pleine expansion s'adresse de plus en plus aux clients occasionnels des classes moyennes et aux nouveaux riches en provenance des pays émergents."
Après avoir exploré le patrimoine immatériel des bergers, leurs croyances, Pierre-Jean Luccioni s'intéresse à leur patrimoine matériel qui porte derrière lui sept mille ans d'histoire. Au bout du chemin de cette longue tradition qui se meurt face au modernisme, les anciens bergers ne peuvent plus transmettre un savoir-faire façonné par des siècles d'expérimentation et de pratique. Il était donc normal de leur donner la parole pour qu'ils parlent des techniques traditionnelles qu'ils ont toujours utilisées et perfectionnées pour conduire les troupeaux ou fabriquer le fromage. Dans la première partie de cet ouvrage, l'auteur aborde la problématique de la race corse de chèvres et de brebis qui a survécu aux dures conditions d'existence imposées par le nomadisme. Comment les bergers sélectionnaient leurs animaux, comment ils les élevaient pour les rendre plus performants et plus productifs, des solutions logiques imposées par des siècles de pratiques. Dans la deuxième partie l'auteur s'attarde sur la fabrication du fromage, ses techniques ancestrales et ses nombreuses variétés qui font la richesse du pastoralisme insulaire. Ces bergers dévoilent, avec leurs certitudes et leurs doutes, des savoir-faire qui sont aujourd'hui menacés par l'intrusion du modernisme.
Les Années folles de l'ethnographie relate une séquence passionnante de l'histoire de la culture et des sciences : les dix dernières années du Musée d'ethnographie du Trocadéro avant qu'il ne soit détruit pour laisser la place au Musée de l'Homme, inauguré en 1938. Dirigé à partir de 1928 par Paul Rivet et Georges Henri Rivière qui scellent une alliance inédite entre la science et la culture, le musée connaît une profonde modernisation à une époque où la reconnaissance des « arts primitifs » interroge le rôle même d'un musée d'ethnographie. C'est le début des Années folles de l'ethnographie qui révèlent l'engouement pour une discipline, l'ethnologie. Entrant dans l'ère de la communication et de la publicité, le musée veut en être la vitrine. Grâce à Rivet et Rivière, l'ethnologie est tout autant dans la culture (moderne, occidentale, française) qu'elle se veut culturelle, en étudiant non plus des « races primitives », des « peuples archaïques », mais des cultures (traditionnelles, exotiques) qu'elle se propose de décrire et comprendre, dont elle ambitionne de révéler la logique et la symbolique propres, les lois de fonctionnement - proposition à la limite de la provocation dans une société française éduquée dans le culte de l'empire et de la mission civilisatrice de la France envers des peuples marginalisés.
Le lexique de l'agriculture est l'objet du quatrième volume du Nouvel Atlas Linguistique et Ethnographique de la Corse (NALC). Cet ouvrage comprend une sélection de 275 cartes lexicales représentant les diverses activités agricoles traditionnelles de l'île et sont agencées dans l'ordre suivant : Prés et foins, labours et semailles, céréales et moissons, jardin potager, arboriculture fruitière, castanéiculture, oléiculture, viticulture. Les données publiées dans ce volume ainsi que sur le site de la Banque de Données Langue Corse dont les volumes du NALC sont une émanation, sont le produit d'enquêtes de terrain réalisées sur le territoire insulaire depuis une quarantaine d'années auprès de locuteurs dont le corse est la langue première. Dépositaires d'une langue, ils sont aussi les dépositaires de savoir-faire techniques illustrés ici par une série de témoignages et de photographies présentés sur les cartes. Les analyses synthétiques et les renvois bibliographiques également notés sur les cartes sont une invitation à découvrir l'histoire et la construction du lexique corse.
Du temps des mythes au IXe siècle aux Compagnons de la Libération, en passant par les chevaliers médiévaux, les révolutionnaires, les corsaires et les aventuriers dans les colonies, le projet de 1200 ans de solitude est de raconter l'histoire d'une famille, sur la très longue distance. De rappeler les faits, les personnages, ceux qu'on connaît et ceux qu'on a oubliés, de tenter de reconstituer la vie quotidienne, les joies et les peines des uns et des autres, de comprendre ce qui n'est plus, d'essayer de trouver ce qui demeure. Et à travers l'histoire de cette famille, de relire l'histoire du monde.
En récompense de ses services, un excellent chevalier, Ugo Colonna, aurait reçu de Charlemagne la Corse en fief. Peu importe l'authenticité des faits qui fondent cette origine ; la légende est indissolublement liée à l'histoire de cette famille. Au fil des âges, les Colonna vont tenter de s'illustrer, s'efforçant chacun de prendre le meilleur de son époque : une ribambelle de seigneurs au Moyen-âge puis deux vice-rois de Corse, aux siècles suivants des gentilshommes et hobereaux. A l'époque contemporaine, on trouve une foule de gens honorables, convenablement ambitieux, qui, vaille que vaille, essayent de prendre leur place dans le train du monde. Avec, depuis deux cents ans, quelques personnages saillants : un évêque, des collections d'officiers, magistrats, artistes, médecins, avocats, et notamment deux compagnons de la Libération.
A travers l'histoire de la famille Colonna, c'est toute celle de la Corse et des Corses qui nous est contée ici.
Raconter l'expérience.
Celle d'un atelier-chantier d'insertion. Inscrire le souvenir.
Celle de la rencontre avec neuf artisans du quotidien.
Questionner son rapport au travail.
Celui lié au corps de métier de peintre en bâtiment dans une approche culturelle et artistique.
Laisser une trace.
Celle d'un voyage singulier où le réel et la fiction s'entremêlent.
Chercher dans ses ressources.
Fouiller dans ses savoirs.
Appréhender ses imaginaires.
Investir les espaces.
Accepter les regards.
Affiner ses gestes.
Remobiliser ses compétences.
Vaincre ses résistances.
S'approprier les propositions.
Tâtonner.
Témoigner.
Oser.
« Dernier du nom » issu de quatorze générations de jardiniers aixois qui ont su se transmettre un même amour de la terre et de la nature, Maurice AUDIER a voulu nous remettre ici les clés de son trésor... À savoir : l'héritage oral, l'observation des gestes transmis qui ensemencent et cultivent, mais aussi, l'ingéniosité respectueuse qui sans s'extraire de son temps, veille à la préservation de notre patrimoine végétal et merveilleux. Cet ouvrage nous rend donc témoins de divers savoir-faire, des combats d'une vie, des soutiens fondamentaux, de la vocation d'une famille et de l'histoire des pratiques agricoles ayant eu cours durant le vingtième siècle, en France et dans notre région.
Ethnologie du proche. Le syntagme semble résonner avec un écho d'autant plus fort que tout apprenti ethnologue se frotte très rapidement à ce qui, avec le terrain, demeure l'un de ses marqueurs au-delà des lignes de faille propres à toute discipline : la question de l'altérité / altérisation et, ce faisant, celle de la juste ou de la bonne distance entre les acteurs en situation ethnographique.
Renvoyant explicitement à une inscription spatiale ou à une proximité sociale, le qualificatif de proche suggère tout autant, plus ou moins implicitement d'ailleurs, le «grand partage» disqualifié scientifiquement mais demeuré sous-jacent. Communément admises, ces deux acceptions plaident ainsi, à première vue, en faveur d'un potentiel d'efficacité d'une expression gagée sur l'apparente simplicité d'une évidence.
Possiblement investie de cette double identification qui offre de jouer sur le registre habituel des oppositions et des complémentarités - l'ethnologie du proche comme ethnologie en France et de la France, et par extension en Europe de l'Europe / l'ethnologie du proche comme antonyme des ethnologies appliquées aux ailleurs ou en leur provenance, elle a été nourrie des sollicitations variées : soit qu'on l'utilise aux fins de distinguer dans la trajectoire d'un de ses acteurs une appropriation du terrain métropolitain après son détour par le lointain, soit qu'on invoque pour cadrer et borner, souvent à minima, le périmètre d'un «chez soi» promu à travers des objets donnés familiers et les regards, forcément distanciés, qui leur sont apportés.
La "vallée secrète" est perdue au milieu des hauteurs escarpées du centre de l'île de la Réunion. Découverte récemment, elle a été identifiée scientifiquement comme un ancien site de marronnage utilisé par les esclaves qui fuyaient leurs maîtres pendant le temps de l'esclavage. Cette période de l'Histoire réunionnaise est restée longtemps taboue. Ce n'est qu'avec la mise en place de moyens permettant d'utiliser l'archéologie de manière scientifique que les connaissances sur cette époque ont pu être approfondies. Dans ce film, nous suivons les travaux d'archéologues et d'historiens qui permettent de décrypter l'histoire du marronnage à La Réunion. Mais cette histoire ne s'arrête pas là. En effet, en Guyane, la vallée du Maroni a également été une terre d'accueil pour les esclaves qui ont fui les plantations néerlandaises voisines. Protégées par une forêt tropicale dense, les communautés formées par ces marrons ont pu subsister jusqu'à nos jours...
Bien souvent les représentations et les propos tenus à l'égard des SDF sont stigmatisants. Pour se défaire des images un peu faciles et des clichés encombrants, ce livre va à la rencontre d'une partie du public SDF, à savoir ceux qui sont accueillis en hébergement social. Qui sont-ils ? À quoi ressemble leur quotidien ? Sur la base d'une enquête ethnographique par observations et entretiens menée dans trois hébergements différents (une structure alternative "par" et "pour" les SDF, un centre d'hebergement d'urgence pour hommes seuls, un foyer pour sans domicile âgés), ce livre explore et compare le vécu des résidents.
Ce recueil rassemble un florilège d'articles rédigés au cours de ces quarante dernières années, et fruit de recherches anthropologique dont les thématiques et l'espace étudié sont centrés sur la Lande.
Joseph Sandre (1850-1926) appartient à une famille d'instituteurs que Mona Ozouf a mis en lumière en publiant leurs cahiers et souvenirs. Joseph, qui a fait toute sa carrière en Brionnais-Charolais, a laissé des monographies des villages où il a exercé (Montceaux-l'Étoile, Saint-Julien-de-Civry, Ormes et Vérizet). Il n'a jamais enseigné à Iguerande, mais y a vécu une partie de son enfance et il a laissé une importante documentation, qu'il envisageait peut-être d'utiliser pour faire une monographie de cette commune. La partie, semble-t-il, la plus achevée est celle concernant la langue et les coutumes. Elle forme un cahier de près de 150 pages, terminé en août 1920, qui comprend un glossaire du patois d'Iguerande et décrit les coutumes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Ce patient travail d'ethnologue est précieux pour «éclairer l'histoire des peuples, [et] fixer leur vie propre dans le passé». Les Iguerandais d'aujourd'hui y verront comment vivaient leurs ancêtres, leurs moeurs, leurs habitations, leurs travaux et leurs distractions.Claude Michel, dialectologue à l'Institut Pierre Gardette (UCLy) est l'auteur de nombreux ouvrages concernant les patois, le français régional et la toponymie de la zone francoprovençale, particulièrement du Roannais et du Beaujolais.
Cet ouvrage est l'édition des actes d'une journée d'études organisée à St Brieuc le samedi 12 avril 2003 par la section "religion" de l'ICB sur le thème "Attitudes autour la mort en Bretagne au 20ème siècle". Le 20ème a vu s'opérer une mutation du rapport à la mort en Bretagne : celle-ci était vécue, il y a 40 ans encore, dans un cadre défini par le catholicisme, la famille , les solidarités de voisinage; les rites autour de la mort présentaient aussi d'indéniables particularités bretonnes.
Où en est-on aujourd'hui, et comment les choses ont-elles changé ? A l'heure où des pratiques nouvelles se diffusent, où de nouveaux rites (religion ou non) se cherchent, cette journée d'études se propose donc un triple objectif : mesurer l'ampleur du changement, éclairer les mutations actuelles, s'interroger sur ce que devient, dans ce contexte, la spécificité bretonne, si évidente aux observateurs d'il y a un siècle.