Si l'essor de la photographie a eu lieu dans un contexte intellectuel et spirituel précis (la culture technoscientifique, le positivisme, l'industrialisation), il convient de s'interroger sur le contexte actuel d'apparition de la post-photographie (la mondialisation, la virtualité, l'hyper-modernité).
L'excès et l'accès caractérisent la matière visuelle de cette nouvelle ère et nous incitent à reformuler les lois qui régissent nos relations à l'image. La post-photographie devient ainsi un contexte de pensée visuelle qui entérine la dématérialisation de l'image et de son auteur, et dissout les notions d'originalité et de propriété, de vérité et de mémoire.
Par une toute nouvelle approche, ce livre présente la photographie sous toutes ses principales formes d'expérience, pour dépeindre les caractéristiques uniques de ce médium accessible et universellement attrayant. Classées chronologiquement, les photographies légendaires sont présentées aux côtés des livres photo et d'expositions importantes qui ont marquées un changement de perspective, de valeurs et d'approche. Présentant des reproductions époustouflantes avec de courts essais et des références clés sur chaque oeuvre signés par David Bate, ce titre est en passe de devenir l'une des références définitives sur le sujet et plaira non seulement aux lecteurs à la recherche d'une introduction, mais aussi également à ceux qui sont plus familiers avec le médium.
Avec poésie et douceur, Carasco nous initie à l'art du cyanotype, procédé alternatif de photographie qui transforme les végétaux en de magnifi ques tableaux bleu de Prusse.
Entre errances contemplatives, cueillettes joyeuses, chimie et alchimie, ce livre nous invite à participer à une expérience artistique unique dans laquelle le temps est suspendu, le soleil complice, et l'eau magicienne.
En explorant la technique du cyanotype, vous apprendrez à écouter la nature, à respecter ce qui vous entoure, à jouer avec les éléments au fil des saisons et à maintenir ainsi un lien fort et puissant avec le vivant.
Derrière le nom de « Carasco » se cache Émilie Lacour, à la fois artiste et conteuse : elle se plaît à exploiter les brèches, celles du ciel qui laissent passer la lumière, celles des vieilles pierres entre lesquelles poussent à nouveau les petites herbes, celles du réel qui offrent un chemin à la poésie.
« Tout a débuté par un essai, consacré à quelques-uns des problèmes esthétiques et moraux que pose l'omniprésence des images photographiques : mais plus je réfléchissais à la nature des photographies, plus elles devenaient complexes et suggestives. Si bien qu'un essai en engendra un autre, qui à son tour (à mon grand étonnement) en engendra un troisième, et ainsi de suite, chacun ajoutant un maillon à une chaîne d'essais sur le sens et la vie des photographies, jusqu'à ce que je fusse allée assez loin pour que le développement esquissé dans le premier essai, étayé puis prolongé dans les suivants, pût être récapitulé et généralisé de façon plus théorique. Et trouver son terme. [...] Écrire sur la photographie, c'est écrire sur le monde. Et ces essais sont en fait une méditation prolongée sur la nature de notre modernité. » Susan Sontag Sur la photographie est une étude de la force des images photographiques qui s'insèrent continuellement entre l'expérience et la réalité. Sontag développe plus avant le concept de « transparence ». Lorsque tout peut être photographié et que la photographie a détruit les frontières et les définitions de l'art, un spectateur peut aborder une photographie librement, sans s'attendre à en découvrir le sens. Ce recueil de six essais lucides et revigorants constitue une exploration profonde de la manière dont l'image a bouleversé la société.
Paru pour la première fois en 1977, Sur la photographie est devenu un livre culte sur le sujet.
Le présent recueil réunit les textes que Nicolas Bouvier a écrit sur la photographie entre 1965 et 1996. A de nombreuses occasions, l'auteur genevois avait parlé de son métier d'iconographe, notamment dans le petit livre Le hibou et la baleine, paru en 1993, mais sa réflexion sur l'acte photographique restait à découvrir. Jusqu'à ce jour, les écrits qu'il a dédié à ce sujet (préfaces, articles de presse, introductions à des catalogues d'exposition) restaient dispersés. Près de quarante textes se trouvent ainsi rassemblés ici. Parmis eux, certains relatent également son activité de « chercheur-traqueur d'images », qui aura été son gagne pain durant près de trente ans. Il nous a paru intéressant de les reprendre ici, d'autant plus que quelques-uns de ces textes sont totalement inconnus et n'ont jamais été republiés.
Photographe à ses débuts (par nécessité), portraitiste (par accident), chroniqueur (« aliboron ») : la photographie est une constante dans le parcours de l'écrivain voyageur. Nicolas Bouvier s'intéresse à la photographie parce qu'il entretient un rapport passionnel à l'histoire de l'estampe. Les images qu'il affectionne n'appartiennent jamais à la « grande » peinture classique mais toujours à l'art populaire. Dans les textes qui composent ce recueil, il est beaucoup question de ses tâtonnements : l'important pour l'écrivain étant d'élaborer une esthétique de l'effacement puis de se « forger une mémoire iconographique ». Il tirera son enseignement de ses nombreux voyages et des recherches infatigables dans les bibliothèques du monde entier.
Originaux et provocants, les écrits de John Berger sur la photographie font partie des textes les plus révolutionnaires du 20e siècle. Ils analysent les oeuvres de photographes tels qu'Henri Cartier-Bresson et Eugene Smith avec un mélange d'intensité et de tendresse, tandis qu'ils sont toujours portés par une implication politique réelle. À leur manière, chacun des ces essais tente de répondre à la question suivante : comment regardons-nous le monde qui nous entoure ?
Regroupant des textes issus de catalogues d'artistes, expositions, articles, etc., Comprendre une photographie est un voyage à travers les oeuvres de photographes divers, d' André Kertész à Jitka Hanzlová, en passant par Marc Trivier, Jean Mohr ou Martine Franck. Certains des articles regroupés ici ont déjà fait partie de choix de textes de John Berger publiés notamment aux éditions de L'Arche, Champ- Vallon ou Le Temps des Cerises, tandis que d'autres sont traduits en français pour la première fois. La présente sélection reprend l'édition anglaise intitulée Understanding a Photograph, établie par Geoff Dyer et publiée en 2013 chez Penguin Books.
« La photographie, pour ces quatre auteurs [ Roland Barthes, Walter Benjamin, John Berger et Susan Sontag ], a un intérêt particulier, mais ce n'est pas une spécialité.
Ils approchent la photo non avec l'autorité de curateurs ou d'historiens du médium mais comme essayistes, comme écrivains. Leurs textes sur le sujet ne sont pas tant les produits d'un savoir accumulé que la consignation active du mode ou processus d'acquisition et de compréhension d'un savoir. » Geoff Dyer, extrait de l'introduction à Comprendre une photographie
Série de vingt-et-une photographies, And Also The Trees (« et bien sûr les arbres ») propose une approche visuelle et textuelle du paysage où l'arbre joue son rôle de modèle comme de sentinelle, soit dans sa solitude, soit dans une solitude « rassemblée » : la forêt. Souvent prises au crépuscule ou de nuit, ou dans la vitesse, ces photographies proches de la matérialité de la gravure apparaissent comme une suite de déflagrations où la notion de composition s'avère essentielle. Écritures photographique et littéraire se retrouvent, se côtoient ou se disjoignent pour tisser un rapport au monde et établir une pensée du paysage. L'arbre, matière centrale de ces paysages, est ainsi pensé dans ses mystères, ses brisures ou son opacité. En miroir d'une réflexion sur l'acte photographique et la perception de son propre corps lors de ses prises de vue, l'écrivain-photographe Marc Blanchet, par l'horizontalité du paysage ou la verticalité d'un arbre, nous met face à un univers qui surgit entre soudaineté et disparité, présence et profusion.
Je plumerai les canards en rentrant paraît à l'occasion d'une invitation lancée par le Musée des Beaux-Arts de Lyon, qui a proposé à Éric Poitevin « d'entrer en conversation » avec ses collections (exposition fin avril - fin août 2022). Cet ouvrage n'est toutefois pas pensé comme un catalogue d'exposition, mais nous ouvre au parcours et à l'univers passionnant du photographe.
Comment naît une image ? Que se passe-t-il avant qu'une photographie sorte de l'atelier de l'artiste ?
Souvent fantasmé, l'atelier est un lieu entouré d'une aura de mystère. Tel un alchimiste, l'artiste doserait différentes potions pour faire advenir une image.
Avec Je plumerai les canards en rentrant, allusion à son amour pour la cuisine, Éric Poitevin introduit le lecteur avec générosité dans l'univers de son atelier en proposant une sorte de journal, résultat de deux ans d'un travail intérieur qui documente, par le texte et par l'image, le processus de création. Il y dévoile les influences qu'ont pu avoir sur son travail ses lectures ou les images des autres.
Le livre s'ouvre par un entretien entre Éric Poitevin et Jean-Christophe Bailly, qui permet de saisir son cheminement vers l'art, son parcours de photographe autant que ses intentions artistiques.
L'artiste a ensuite sélectionné des extraits de sa correspondance, qui mettent en lumière ses rapports avec les galeries et les musées, ses relations avec ses contemporains (intellectuels et critiques), les affinités avec le territoire qui l'entoure, son rôle de professeur. L'ouvrage contient aussi une large sélection de photographies de sa collection personnelle, qui laissent entrevoir à la fois son intérêt historique pour le médium et une attention généreuse envers ses contemporains. Enfin, sont reproduites huit nouvelles séries de photographies inédites de l'artiste.
Cet ouvrage s'adresse à tous les lecteurs curieux et particulièrement aux amateurs d'ouvrages qui ont trait à la photographie, à la démarche artistique, à l'importance du lien avec la nature et des animaux.
En parallèle de l'exposition au Musée des Beaux-Arts de Lyon, le travail de l'artiste est largement présenté dans une exposition de la collection particulière d'Anne-Marie et Marc Robelin au Musée d'art contemporain de Lyon (printemps 2022).
Dès son invention, la photographie fascine. Ses adeptes sont toujours plus nombreux. Nous vivons aujourd'hui dans un monde saturé d'images. Prises autant par des artistes, des professionnels, que par des amateurs, elles nourrissent nos mémoires, sont exposées au musée, affichées dans la rue, publiées dans des livres et des journaux, elles circulent sur les écrans. La photographie a pour singularité d'être au croisement des techniques, des sciences, de l'art, de l'intime, du commerce, de l'information. D'apparence accessible, elle se révèle complexe, d'autant qu'elle se réinvente sans cesse, dans ses pratiques comme dans ses formes, pour répondre à des usages qui évoluent.Fort de son principe de clés historiques, techniques et esthétiques rigoureusement articulées, ce nouveau guide de la collection Hazan nous invite à mieux décrypter des images réalisées de 1838 à nos jours, le plus souvent par des auteurs de premier plan.Qui sont les photographes ? Pourquoi photographient-ils ? Comment abordent-ils un sujet ? Comment les images sont-elles diffusées ?En huit chapitres et plus de 240 photographies commentées, les auteurs proposent un tour d'horizon original, pratique et intelligent.
Recadrant notre vision de la mode, la légendaire photographe Annie Leibovitz partage ses images iconiques et indélébiles.
« En regardant mon travail, je vois que la mode a toujours été là », constate Annie Leibovitz dans la préface de cet ouvrage. « Mais pour moi, la photographie passe toujours avant. Et elle est si vaste qu'elle englobe le journalisme, le portrait, le reportage, les photos de famille, la mode...
Mon travail pour Vogue m'a orientée vers un type de photographie que je n'aurais peut-être pas exploré autrement. »
Les photos argentiques étaient des images-choses statiques, à regarder.
Les photos numériques sont des images dynamiques, à échanger. Elles circulent en flux ininterrompus sur les réseaux planétaires : à la fois incorporelles et agissantes, ce sont des forces à part entière.
Elles instillent subrepticement et continûment dans la subjectivité de chacun la rationalité néolibérale : instantanéité, accélération, fluidité, circulation, horizontalité, partage et ubiquité. Cette dissémination du modèle du marché - même là où il n'est pas question d'argent - fait exploser les anciennes limites entre l'ici et l'ailleurs, la nation et le monde, le privé et le public.
Dans le sillage de Theodor Adorno qui a théorisé l'art comme fait social, l'auteur, un des meilleurs connaisseurs de l'histoire de la photographie et des images, élabore une critique globale des processus esthétiques, techniques, économiques et politiques à l'oeuvre actuellement.
Il montre comment la photo-numérique a ouvert une nouvelle ère qui se caractérise par la profusion d'images aberrantes, l'apparition de nouveaux pouvoirs, l'essor d'une nouvelle économie et la fabrique d'un individu néolibéral.
La légitimité culturelle et artistique de la photographie est récente. Longtemps tenue pour un simple outil dont on se sert, elle est désormais, dans les galeries et musées, contemplée pour elle-même.
Apparue avec l'essor des métropoles et de l'économie monétaire, l'industrialisation et la démocratie, elle fut d'abord l'image de la société marchande, la mieux à même de la documenter et d'actualiser ses valeurs. Mais si elle convenait à la société industrielle moderne, elle répond aujourd'hui difficilement aux besoins d'une société informationnelle, fondée sur les réseaux numériques.
La photographie est donc l'objet de ce livre : dans sa pluralité et ses devenirs, du document à l'art contemporain ; dans son historicité, depuis son apparition, au milieu du XIXe siècle, jusqu'à l'alliage présent «Art-photographie» qui conduit André Rouillé à distinguer «l'art des photographes» de «la photographie des artistes».
Alors que tout semble promettre la photographie, activité sans traditions et sans exigences, à l'anarchie de l'improvisation individuelle, rien n'est plus réglé et plus conventionnel que la pratique photographique et les photographies d'amateurs.
Les normes qui définissent les occasions et les objets de photographie révèlent la fonction sociale de l'acte et de l'image photographique éterniser et solenniser les temps forts de la vie collective. aussi la photographie, rite du culte domestique, par lequel on fabrique des images privées de la vie privée, est-elle une des rares activités qui puisse encore de nos jours enrichir la culture populaire : une esthétique peut s'y exprimer avec ses principes, ses canons et ses lois qui ne sont pas autre chose que l'expression dans le domaine esthétique d'attitudes éthiques.
Peter Lindbergh et Azzedine Alaïa, le photographe et le couturier, se sont retrouvés dans l'affection pour le noir, qu'ils cultivent de manière égale en tirages argentiques et en aplats vestimentaires. Lindbergh n'a cessé de faire appel au noir et au blanc pour incarner sa recherche d'authenticité dans les visages qu'il mettait en lumière. Alaïa puise dans le monochrome des vêtements intemporels, véritables sculptures pour le corps.
Ce livre immortalise le dialogue unique entre les deux artistes sur le papier. Ces images, qui illustrent leur communion spirituelle, célèbrent leur partenariat artistique et témoignent de leurs accomplissements hors norme dans l'histoire de la photographie et de la mode.
Bien que d'origines géographiquement opposées, Lindbergh et Alaïa ont touché des horizons proches. Alors que Lindbergh se faisait une réputation en Allemagne notamment grâce au magazine Stern, puis installait son studio à Paris en 1978, Alaïa devenait ce couturier pétri de discrétion dont les techniques sophistiquées s'échangent secrètement entre grandes clientes de haute couture.
Alaïa est l'architecte des corps, celui qui les révèle et les découvre, tandis que Lindbergh les ennoblit, éclaire leur âme et leur personnalité. Pas à pas, ils sont devenus les maîtres dans leurs disciplines créatives respectives. Tous deux rejettent les artifices qui nous distraient des vrais sujets et c'est avec une grande aisance qu'ils se sont retrouvés au gré de collaborations puissantes.
Les sources d'inspiration et les valeurs esthétiques qu'ils partagent transparaissent dans leur travail. Une plage au Touquet, les rues du vieux Paris soulignent leur amour commun pour le cinéma en noir et blanc et les vastes panoramas. Les sous pentes métalliques d'une salle des machines évoquent le souvenir d'un paysage allemand industriel chez l'un et renvoient au goût immodéré de l'autre pour le design fonctionnel et l'architecture. Les vêtements d'Alaïa sont autant de piédestaux pour les sourires et les regards des femmes qui les portent: Nadja Auermann, Mariacarla Boscono, Naomi Campbell, Anna Cleveland, Dilone, Lucy Dixon, Vanessa Duve, Helene Fischer, Pia Frithiof, Jade Jagger, Maria Johnson, Milla Jovovich, Lynne Koester, Ariane Koizumi, Yasmin Le Bon, Madonna, Kristen McMenamy, Tatjana Patitz, Linda Spierings, Tina Turner, Marie-Sophie Wilson, Lindsey Wixson. Pour Lindbergh, qui a bâti sa notoriété sur l'image de ces grands mannequins, seule comptait l'authenticité de leurs traits. L'union de leur talents forme un catalogue noir et blanc dense qui irradie de sincérité et de beauté.
L'édition revue et augmentée du best-seller des éditions Phaidon a été enrichie d'oeuvres témoignant des dernières évolutions de la photographie. Elle rassemble une collection unique de plus de 550 superbes clichés illustrant le travail des meilleurs photographes au monde, du XIXe siècle à aujourd'hui. Classés par ordre alphabétique, les photographes présentés sont des pionniers de la photographie tels que Gustave Le Gray ou Daguerre, des artistes cultes comme Robert Capa ou encore des artistes contemporains, dont Richard Wentworth, Cristina de Middel et Carolee Schneeman. Les clichés couvrent des domaines variés allant de la mode au sport, en passant par l'histoire naturelle, le reportage, les portraits, le documentaire et l'art.
Un ouvrage de référence de la photographie, du XIXe siècle à aujourd'hui. Cette édition augmentée s'est enrichie de nouveaux artistes, mais aussi de nouvelles techniques liées aux avancées de la photographie. Chaque photographie est accompagnée d'analyses détaillées apportant un éclairage sur l'oeuvre et sur son auteur. L'ouvrage propose de nombreux liens entre les artistes, ainsi qu'un glossaire complet des techniques et des mouvements photographiques.
L'histoire des vues aériennes est liée au développement des moyens de locomotion aériens qui, depuis le XVIIIe siècle, produisent de nouveaux points de vue fixes et mobiles sur la terre. Des premières montgolfières aux drones contemporains, les dispositifs de vision aérienne génèrent une iconographie au croisement de l'expérimentation militaire, scientifique et artistique qui nourrit depuis longtemps la culture populaire.
Le numéro 6 de la revue Transbordeur revisite cette histoire de la vue d'en haut en éclairant en particulier sa dimension politique et épistémologique. Dans cette perspective, nous privilégions la notion d'« image verticale » à celle, plus générique, de vue aérienne. Cette notion permet non seulement de renvoyer à un arrangement spatial spécifique, mais également de souligner les relations de pouvoir qui le soutiennent et le modélisent. À la fois représentation et matérialisation de rapports de domination coloniale et impérialiste ou de politiques de surveillance policière et militaire, l'image verticale est productrice d'un savoir qui forge ces rapports et les rend possibles. À l'inverse, dans une démarche militante ou citoyenne, elle peut fournir une preuve permettant d'exposer et de dénoncer la violence et l'illégalité des agressions commises par des acteurs étatiques et institutionnels.
Parcourez le monde pour enquêter sur l'une des plus grandes renaissances en architecture: celle du bois. Comment ce matériau élémentaire et ancestral a-t-il pu voler la vedette à d'autres, des centres thermaux de luxe aux plans de rénovation urbaine les plus modernes? À partir de 100 projets en Chine, au Chili et partout ailleurs, cette étude analyse les facteurs techniques, environnementaux et sensoriels qui ont conduit les nouveaux talents comme les stars confirmées à s'en retourner au bois.
En quelques courts chapitres, Jean-Christophe Béchet et Pauline Kasprzak cernent la question de l'acte photographique sous la forme d'un dialogue philosophique. Ils interrogent la prise de vue photographique à travers trois thèmes centraux : le cadrage et la composition, le rapport à l'appareil photo et l'editing. Ce petit traité se veut également didactique, notamment grâce aux petites conclusions de Pauline qui résument ce qui a été mis en lumière dans chaque chapitre.
Elle connaît bien le langage philosophique et découvre avec plaisir la nature concrète de l'acte photographique. Il connaît bien la photographie sous tous ses aspects et juge les approches philosophiques souvent trop éloignées de la réalité concrète du terrain.
Pauline n'a pas vraiment connu la photo argentique.
Jean Christophe continue à la pratiquer.
Tous deux sont aujourd'hui plongés dans l'univers numérique.
Ils cherchent donc, chacun depuis son point de vue, à comprendre la photographie contemporaine, aussi bien sur le plan technique qu'esthétique. Car les deux approches sont liées. Intimement. Et tous deux pensent que le passage de l'analogique au numérique n'est pas une simple évolution technique et le changement de quelques habitudes. Il s'agit d'un bouleversement radical du statut de la photo, d'autant plus difficile à cerner qu'il se cache derrière un rideau de fumée. Le numérique s'est glissé dans les habits de l'argentique, récupérant les termes valorisants et utilisant à merveille les attentes du grand public.
Il n'est pas question ici de regretter un âge d'or ou un passé idéalisé. Mais d'interroger le présent de la photographie, dans un rapport pratique et concret. Car trop de gens écrivent sur la photo sans la pratiquer.
Du coup, des généralités sont énoncées. Ici, le parti pris est contraire. Nous entrons dans la complexité des choses, nous la décortiquons et l'analysons. Non pas pour en tirer une théorie générale, mais pour agiter les idées et les notions. Et nous espérons aider ceux qui prennent des photos à y voir plus clair !
Hissez-vous « sur les épaules des géants » en vous appropriant les règles d'or des grands photographes, praticiens contemporains et icônes du passé, d'Ansel Adams à Sebastião Salgado, en passant par Henri Cartier-Bresson, Lee Friedlander, Graciela Iturbide, Martin Parr et bien d'autres. Une source inestimable de conseils techniques, idées esthétiques ou pensées humanistes qui témoignent de leur expérience et de leur maîtrise, illustrés par quelques-unes de leurs plus puissantes réalisations. À votre tour, vous apprendrez à exercer votre oeil « comme un musicien répète ses gammes » (Éric Bouvet), à privilégier « subtilité et économie de moyens » (Anne Williams) ou encore à faire « confiance à votre intuition et à la vivacité de vos réflexes » (Jacques-Henri Lartigue). Un livre précieux pour tous les photographes qui souhaitent parfaire leur pratique et donner du sens à leurs images, et plus largement pour tous les amoureux d'un art exigeant et passionnant auquel se sont consacrés certains des plus illustres créateurs de notre temps.
« L'appareil photo est votre passeport pour découvrir ce monde, et la photographie le témoin de l'expérience que vous en tirerez et de l'interprétation que vous en ferez. » Paul Lowe
Initiée en 1984, la collection de photographies contemporaines du musée d'Art et d'Archéologie d'Aurillac se compose de quelques 750 tirages, datés de la fin des années 1960 à nos jours, et notamment d'un ensemble exceptionnel des années 1970-1980, constitué autour de la question de la couleur en photographie, axe principal d'acquisition du musée.
Prenant appui sur cette collection, l'ouvrage propose de retracer l'histoire de la photographie couleur, des prémices de la reconnaissance culturelle et institutionnelle à partir de la fin des années 1970, jusqu'à son assimilation et généralisation dans les années 1980. Les textes qui le constituent explorent cette période brève et mal connue, quand la photographie artistique en couleurs accède aux murs des musées et galeries, auparavant réservés au noir et blanc.
Alors que l'on fait habituellement débuter cette apparition en 1976 avec les expositions de William Eggleston et de Stephen Shore au MoMa de New York, cet ouvrage met en évidence le fait que cette histoire de la couleur est à la fois plus ancienne et loin d'être exclusivement américaine. Exactement dans les mêmes années, des photographes français, italiens, britanniques et japonais commencent à explorer la couleur et exposent en Europe comme aux États-Unis. Les échanges des deux côtés de l'Atlantique sont nombreux et les parcours de diffusion s'avèrent plus complexes qu'il ne semblerait de prime abord. Un livre indispensable pour mieux saisir les étapes de légitimation de cette production en couleurs, qui reste encore largement à redécouvrir.
Rien n'est plus grave que l'acte photographique. Pour un écrivain, s'y livrer c'est signer chaque fois un « départ d'orgueil ». C'est aussi abandonner à tout bout de champ les simulacres et les stratégies, échapper à la contrainte des persuasions, à la subtilité obligatoire des enchaînements. J'ajouterais même : au savoir-faire, si je n'étais sûr du contraire, sûr qu'il s'agit là d'un leurre qu'on rajoute tous les jours au débat sous une forme différente. Tout gain de liberté (et chaque instantané photographique en gagne) va de pair avec une augmentation de savoir-faire. C'est ça qui fait le style. Et c'est le vertige éprouvé à leur course commune, au sursaut qu'ils font sur l'abîme, qui définit bien sûr cet art.
D'où l'importance accordée tout au long de ce livre ? par le biais d'approches voulues aussi diversifiées que le sont l'essai, l'interview, la fiction, le journal intime, ou encore une série de photos commentées comme autant de schémas pensifs ? à la prise photographique elle-même, moment de sensation éperdue qui dit textuellement ceci : toute photo est une intelligence qu'épuise une lumière.
Les lucioles disparaissent peu à peu, cantonnées dans quelques réduits occasionnels de la nature. Mais tandis que ces charmants animaux à la lumière se font rares, nous autres photophores prenons le relais. La fabrication des photos ne laisse rien dans l'ombre, et surtout pas l'instant de folie pure qu'abrite le déclenchement de la photo.
Devant la gravité de telles certitudes, l'écrivain que je suis est renvoyé à la solitude, à l'angoisse, à la pénombre de sa durée. Mais à la beauté aussi, circulant entres elles et lui, qui valait bien le voyage.
Chaque photo répète la phrase de Proust : « Nous disions : après, la mort, après, la maladie, après, la laideur, après, l'avanie ».
On verra bien.
Denis Roche.
Le temps est caché dans les plis d'une fleur est le nouvel opus de l'artiste Anne-Lise Broyer. Poursuivant son expérience de la littérature par le regard, Anne-Lise Broyer, invitée à séjourner à Deauville et en Normandie dans le cadre d'une résidence-création, trace ici une ligne qui relie des livres, des auteurs entre eux (Duras, Flaubert, Proust, Sagan...) des moments de vie qui n'ont pas grand-chose en commun si ce n'est un territoire et le fait qu'ils constituent pour elle une réactivation de ses premiers émois littéraires.
Dans un subtil maillage, Anne-Lise Broyer fait notamment revivre l'enfant qu'elle était, à distance du monde, mais aussi celui de L'été 80, perdu dans sa vision. Les Roches-Noires, le Grand-Hôtel de Cabourg côtoient les paysages de Madame Bovary.
Les textes de Colette Fellous et Jean-Luc Germain fabriquent un écho aux images.