Le docteur Mort tourne le dos au vent pour allumer une cigarette qu'il tire d'un étui en or. Elle est encore plus longue qu'une 101, avec un bout rouge et un dragon d'or sur le papier.
« Pendant que tu regardais la mer, je suis sorti en catimini des pages de l'excellent roman que tu as dans la poche de ta veste.
- Je ne savais pas que vous pouviez faire ça.
- Oh, mais oui. Je viendrai te voir de temps à autre.
- Le capitaine Ransom est déjà là. Il va vous tuer. » Le docteur Mort sourit et hoche la tête.
« J'en doute fort. Vois-tu, Tackman, Ransom et moi, nous sommes un peu comme des lutteurs de foire ; nous faisons notre numéro sous des aspects variés, vingt fois, cent fois - mais c'est toujours pour la galerie. ».
Il expédie sa cigarette par-dessus la palissade, et pendant un moment on peut suivre des yeux la petite lueur de son bout enflammé, puis on la voit s'éteindre dans l'eau. Le temps de se retourner, et le docteur Mort a disparu. Il fait froid.
Gene Wolfe.
L'Île du docteur Mort et autres histoires.
Je me suis sentie tout à coup très seule, vulnérable. Une brise soufflait de la mer et me projetait du sable dans les yeux. Le soleil basculait vers l'horizon et il ferait bientôt froid. Au moment où les prémices de la panique montaient en moi, un homme est sorti de la maison en se frottant vivement les mains. Puis il a emprunté un sentier pavé dans ma direction.
« Ravi de vous voir ici, Carrie. » Je me suis brusquement sentie idiote d'avoir envisagé que Zima ne vienne pas.
« Salut », ai-je répondu, mal à l'aise.
Mon hôte m'a tendu la main. Je l'ai serrée et j'ai perçu la texture légèrement plastique de sa peau artificielle. Aujourd'hui, elle était gris étain.
« Allons nous asseoir sur le balcon. Le crépuscule est un beau spectacle, n'est-ce pas ? » J'ai acquiescé : « En effet. » Il s'est détourné, s'est dirigé vers la maison. Ses muscles, contractés par la marche, saillaient sous sa peau à la couleur métallique. Des éclats pareils à des écailles sur la chair de son dos tissaient comme une mosaïque de puces réfléchissantes. Il était aussi beau qu'une statue ; une panthère puissante et déliée...
Alastair Reynolds.
Bleu Zima.
Le Seigneur des anneaux reste un succès planétaire, 50 ans après la mort de son auteur. Ce qui continue de faire mystère pour ceux qui sont passés à côté du roman et de ses adaptations au cinéma. L'oeuvre-monde de J.R.R. Tolkien (1892-1973) est-elle réservée aux mordus de science-fiction ou de fantasy ? Nous avons mené l'enquête auprès des meilleurs spécialistes. Avec eux, à travers ce hors-série magnifiquement illustré, entrons dans l'univers créé (et dessiné) par le linguiste d'Oxford, aujourd'hui élevé au rang de mythe. Ils nous guident au coeur du dédale mythologique et religieux européen où il s'enracine, et en éclairent la riche postérité.
Né en 1952 à Bologne, Valerio Evangelisti mène une carrière universitaire qu'il alterne avec une activité de fonctionnaire au ministère des finances italien. Ses premiers livres parus sont des essais historiques, mais il se lance dans la fiction avec Nicolas Eymerich, inquisiteur : ce premier roman, distingué par le prix Urania en 1993, inaugure une série qu'Evangelisti poursuivra le restant de sa vie. Basé sur le véritable Nicolas Eymerich, inquisiteur dominicain né en 1320 et mort en 1399, le cycle d'Eymerich se déploie sur 12 volumes mêlant avec brio et inventivité événements historiques et science-fiction. Si ce cycle est l'oeuvre maîtresse de son auteur, Evangelisti a publié d'autres romans, dont une bonne part a franchi la barrière des Alpes :
Dans un genre historico-fantastique, citons les trois volets du « Roman de Nostradamus » ou le « Cycle des Pirates » - l'auteur y fait des forbans les agents de l'introduction du capitalisme sur le continent américain.
Passionné par l'histoire des Amériques, il y situe deux séries, l'une aux USA, l'autre au Mexique... Plusieurs récompenses viennent couronner ses oeuvres - le Grand Prix de l'Imaginaire (1998) et le Prix Tour Eiffel (1999) en France, le Prix Italia (2000) pour ses fictions radiophoniques. Il reste actif dans ce domaine, rédige des scénarios pour la radio, le cinéma, la télévision et les BD. Après avoir été rédacteur en chef de la revue Progetto Memoria pendant une décennie, il sera aussi le directeur éditorial de Carmilla, une revue littéraire initialement publiée sur papier avant de devenir uniquement virtuelle. Valerio Evangelisti décède à Bologne le 18 avril 2022.
Bifrost consacre ce grand nom de l'imaginaire italien au travers d'un entretien-carrière mené par Richard Comballot. Un article consacré au cycle d'Eymerich, un traditionnel guide de lecture, une interview de son éditeur français et une bibliographie par Alain Sprauel complètent ce très large panorama.
Pendant longtemps, Octavia E. Butler a représenté une singularité au sein des littératures de l'imaginaire anglophones : une femme noire écrivant de la science-fiction.
Née en 1947 en Californie, Octavia Butler grandit dans des États-Unis où sévit encore la ségégration. Enfant introvertie, elle trouve une échappatoire avec les littératures de genre. En 1970, elle fait ses premiers pas dans le fandom américain. Sur les conseils de Harlan Ellison, elle participe à l'atelier d'écriture Clarion, où elle se lie d'amitié avec Samuel Delany - écrivain noir de SF lui aussi. C'est justement à Ellison que Butler vend sa première nouvelle. Elle publie en 1979 son premier chef-d'oeuvre, Liens de sang : l'histoire d'une femme propulsée dans le passé esclavagiste des USA. Sa novelette « Bloodchild » (1985) emportera tous les prix importants du domaine : Hugo, Nebula, Locus... Dans ses récits, Butler fait la part belle à des protagonistes féminins forts, aux origines ethniques ou sociales variées.
Dans les années 90, Butler publie La Parabole du Semeur et La Parabole des talents, diptyque qui lui assurera la renommée. En 1995, elle est la première écrivaine de SF à recevoir la bourse de la Fondation McArthur.
Elle publie ce qui sera son dernier roman, Novice, en 2005, et décède en 2006 à l'âge de 58 ans, laissant derrière elle une oeuvre restreinte mais riche de thématiques puissantes. Une oeuvre souvent associée à l'afrofuturisme, ayant pavé le chemin pour les auteurs contemporains, de N.K. Jemisin à Colson Whitehead.
L'équipe de Bifrost s'intéressera à cette écrivaine essentielle au travers d'une biographie signé Pascal J.
Thomas, d'un article d'Octavia Butler portant sur son parcours, d'une étude de Ketty Steward sur le thème de l'empathie - transversal à toute l'oeuvre de l'autrice -, d'une interview de Marion Mazauric, qui mène depuis des années un travail de fonds sur Butler, et d'un guide de lecture, sans oublier une bibliographie complète.
Pour sa deuxième édition, le Festival Hypermondes se tourne vers les futurs enviables.
Des nouvelles inédites ou méconnues par de grandes plumes de l'imaginaire français vous sont proposées aux côtés d'articles de fond et de textes d'archives. Des récits mettant en scène de façon originale des personnages historiques, comme Thomas More et Jules Verne, faisant le pari d'un renouvellement solarpunk de la science-fiction. Des articles ou témoignages sur l'histoire de l'utopie traversant l'Antiquité et le Moyen Âge, sur le réel de l'utopie et ses réalisations concrètes, sur les utopies martiennes, sur nos désirs de liberté et de progrès. Ces textes offrent un panorama tout à la fois historique et contemporain d'un futur qui pourrait devenir enviable, d'un imaginaire redevenu positif !
Avec un cahier couleur et des textes inédits de Serge Lehman (parrain), Ellen Kushner (marraine), Ugo Bellagamba, Fabrice Carré, Annie Collognat, Claire Duvivier, Jeanne Mariem Corrèze, Jean-Claude Dunyach, Silène Edgar, Julien Heylbroeck, Ariel Holzl, Nicolas Labarre, Régis Messac, Alex Nikolavitch, Benoît Peeters, Emilie Querbalec, Michèle Riot-Sarcey, André-François Ruaud, Natacha Vas-Deyres, Hugo Verlomme, Elisabeth Vonarburg, Nicolas Weill-Parot et Joëlle Wintrebert.
Voici les causes du désastre : Premièrement : l'estimation de la température de la planète était incorrecte. La balise n'aurait jamais dû être installée. Ce monde ne peut pas supporter davantage la vie humaine que les déserts glacés de nos pôles. Deuxièmement : mes compagnons sont tous morts. J'ignore au juste ce qui est arrivé ; sans doute des défauts d'encodage, une défaillance au cours de la transmission ou une erreur dans la réception de la balise. Quelle qu'en soit la cause, le résultat est le même. Ils ne se sont jamais réveillés. L'analyse de la balise en dira davantage, mais un premier diagnostic a révélé que des séquences entières de leur téléchargement étaient manquantes, ou altérées, ou dans un ordre chaotique. Les matériaux de leurs réceptacles ont été traités par le système de recyclage. Troisièmement : la plupart des dépôts sont perdus, endommagés ou inaccessibles. J'ai retrouvé le premier à treize kilomètres de son emplacement initial et à trois cents mètres au fond d'une crevasse. Mon scanner a indiqué qu'il se trouvait sens dessus dessous, encastré dans la glace. Il est bloqué là depuis déjà plusieurs centaines d'années et fait désormais partie du glacier. Pas question de descendre dans cette faille pour le dégager...
Ray Nayler.
Sarcophage.
Le 21 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin faisaient leurs premiers pas sur la Lune - c'était là non seulement l'aboutissement d'une décennie de course à l'espace, mais aussi la concrétisation de siècles passés à rêver et à s'in- terroger... Qu'y a-t-il là-haut ? Que se trouve-t-il sur sa face sombre ? Comment s'y rendre ?
De L'Histoire vraie de Lucien de Samosate au II e siècle à 2001, l'Odyssée de l'espace en passant par Le Songe de l'astronome Johannes Kepler, la Lune n'a eu de cesse de fasciner les hommes et lui a fait écrire quelques unes de ses plus belles pages. Jules Verne avec De la Terre à la Lune, H.G. Wells avec Les Premiers Hommes dans la Lune puis Hergé avec Objectif Lune/On a marché sur la lune ont marqué l'imaginaire. Encore aujourd'hui, la Lune continue d'ins- pirer, comme le prouvent les récents Luna de Ian McDonald et Artemis d'Andy Weir.
À l'occasion du cinquantenaire de cet événement historique, Bifrost va s'attacher à retracer l'influence du seul satellite naturel de la Terre au sein de la littérature de science-fiction. Au sommaire des nouvelles, Stephen Baxter, Hannu Ra- janiemi, Geoffrey Landis nous y emmèneront faire un tour. Côté dossier, Mike Ashley, spécialiste britannique de la science-fiction, proposera une étude historique fouillée, tandis que l'astrophysicien Roland Lehoucq passera en revue les moyens envisagés par la SF pour se rendre sur la Lune avant d'étudier la nature de l'astre lui-même. Enfin, l'équipe de rédacteurs de la revue nous offrira une bibliothèque sélénite idéale.
Pour son numéro 104, Bifrost passe à l'Est et se consacre à Stanislas Lem, le plus connu des écrivains polonais de science-fiction.
Né en 1921 à Lviv (désormais en Ukraine), Stanislas Lem se destine à des études de médecine mais, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, oblique vers l'écriture. Il publie son premier roman en 1946 : intitulé L'Homme de Mars, il met en scène des thématiques qui deviendront récurrentes chez l'auteur, la rencontre avec l'Autre et la comprhéension impossible. Sa carrière prend de l'ampleur au cours des années 50, avec la publication de romans et nouvelles, mais décolle véritablement en 1961 avec Solaris. Classique absolu du genre, réflexion sur le deuil et sur l'incommunicabilité, ce roman sera adapté par deux fois au cinéma : par le cinéaste russe Andrei Tarkovski en 1972 et par Steven Soderbergh en 2002. Individu curieux de tout, Lem s'intéresse tout particulièrement à des sujets aussi divers que la cybernétique, la prospective et la théorie de la littérature. À partir des années 70, la production littéraire de l'auteur diminue, alors que sa célébrité grandit dans le reste de l'Europe et aux USA. Il s'exile en Autriche durant les années 80 ; c'est là qu'il publie son dernier roman, Fiasco (une nouvelle histoire de rencontre extraterrestre qui tourne mal). À compter de son retour en Pologne en 1988, il cesse d'écrire de la fiction pour mieux se concentrer sur les essais. Lem décède en 2006, à l'âge de 84 ans.
L'équipe de Bifrost s'intéressera à Lem au travers d'un essai biographique, d'une longue interview de l'auteur par l'universitaire canadien Peter Swirski en 1994, d'articles consacrés aux points saillants de son oeuvre (l'essai Summa technologiae, le roman Solaris, les nombreuses adaptations cinématographiques), d'un guide de lecture explorant son oeuvre littéraire, sans oublier une bibliographie.
Pour cette année du centenaire de la naissance de Lem, Bifrost rend ainsi hommage à l'un des géants de l'histoire de la science-fiction mondiale.
Au premier anniversaire de la mission, Jasper, encore nu, encore fâché, décrète qu'ils sont piégés dans une simulation.
« Réfléchissez, débiles. » Du plat des mains, il pousse contre le plafond bas en métal, fléchissant ses bras d'os et de tendons. « Le lancement, c'était comme à l'écran, non ? L'énorme grondement, le compte à rebours interminable, l'inversion de gravité. Un véritable film. ».
À deux mètres de là, Beatriz est sous perf. Un tuyau sinue jusque dans son poignet tout meurtri ; le cocktail chimique la cloue au matelas en mousse à mémoire de forme. Elle se rappelle le lancement. Un vigile qui kiffait ses tatouages de la Santa Muerte lui a refilé en douce un sandwich au salami, genre ceux qu'elle achetait à la supérette avec sa mère. Elle a vomi ce dernier dîner quand ils sont passés en apesanteur ; il flottait dans la cabine comme un ballon pourri.
Beatriz ne prend plus la peine de répondre à Jasper, sauf quand ils baisent...
Rich Larson.
On est peut-être tous des sims.
Aux côtés d'Isaac Asimov et Robert A. Heinlein, l'écrivain britannique Arthur C. Clarke fait partie des « trois grands » de la science-fiction anglophone.
Né en 1917 en Angleterre, le jeune homme publie ses premières nouvelles à l'âge de 20 ans, mais c'est après la Seconde Guerre mondiale - période lors de laquelle il sert dans la RAF - que sa carrière décolle. Ses fictions paraissent dans les meilleurs magazines américains, comme Astounding. Son premier essai scientifique, Interplanetary Flight, paraît en 1950, et son premier roman, Prélude à l'espace, l'année suivante. Avec Les Enfants d'Icare (1953) et La Cité et les Astres (1956), l'auteur enchaîne les classiques. Très au point sur les questions scientifiques et techniques, Clarke fait autorité dans ce registre, au point que le trio Asimov-Clarke-Heinlein reconnaîtra que, de ses trois membres, le premier était « le meilleur écrivain de science-fiction » et le second « le meilleur écrivain de science ». En 1956, l'écrivain s'installe au Sri Lanka. La carrière de notre écrivain atteint son pinacle en 1968, lorsque Stanley Kubrick entreprend de réaliser le film de science-fiction ultime : 2001, l'odyssée de l'espace. Basé sur la nouvelle « La Sentinelle » (1948), le roman 2001 est écrit en même temps que Kubrick développe le long-métrage. L'un et l'autre deviendront des classiques absolus. En 1973 sort Rendez-vous avec Rama, un autre classique du genre. À partir des années 80, la production littéraire de Clarke se fait plus rare, et il écrit désormais davantage en collaboration : les trois suites à Rama, avec Gentry Lee, ou « l'Odyssée du temps », trilogie co-écrite avec Stephen Baxter, son héritier littéraire.
Arthur C. Clarke est anobli par la Reine d'Angleterre en 2000 pour ses « services rendus à la littérature ». Il décède en 2008, à l'âge de 90 ans.
L'équipe de Bifrost s'intéressera à Clarke au travers d'un essai biographique signé Claude Ecken, d'interviews de l'auteur, d'un guide de lecture explorant les facettes de son oeuvre littéraire, sans oublier une bibliogrpahie par Alain Sprauel.
Un dossier considérable, tant par la taille que par son contenu, à la mesure de son sujet, l'un des plus grands auteurs de l'histoire de la science-fiction mondiale.
Si Howard Phillips Lovecraft (abordé dans le Bifrost n°73) peut-être considéré comme l'inventeur de la weird fiction, il ne fait pas de doute que c'est à John Ronald Reuel Tolkien que nous devons la fantasy telle que nous la connaissons aujourd'hui. Ecrivain, poète et philologue, ce professeur d'anglais qui fit l'essentiel de sa carrière à Oxford est en effet aujourd'hui unanimement considéré comme le père dudit genre dans son acception contemporaine tant son oeuvre majeure, Le Seigneur des Anneaux, et le monde imaginaire dans lequel il prend place, les Terres du Milieu, ont codé un domaine qui, avant lui, n'avait jamais connu une telle reconnaissance populaire...
C'est donc à ce géant des lettres anglaises que nous nous attaquons dans ce numéro d'exception, sans doute l'un des auteurs les plus incontournables du XXe siècle.
Au programme du dossier central de ce Bifrost, et au-délà des trois récits inédits signés Thomas Day, Xavier Mauméjean et Michael Swanwick, tous des textes de fantasy plus ou moins hommages à l'auteur de Bilbo le Hobbit :
- un article biographique sur Tolkien par Isabelle Pantin (professeur de littérature comparée à l'Ecole Normale Supérieure de Paris) - une très longue étude critique du Seigneur des Anneaux par Jean-Philippe Jaworski - Tolkien, langues inventées et réelles par Damien Bador - un énorme guide de lecture qui abordera non seulement les oeuvres de l'auteur, mais aussi l'imposant appareil critique qui lui a été consacré - le tout sous une couverture signée John Howe, l'un des illustrateurs « officiels » de Tolkien ayant collaboré aux deux cycles de films de Peter Jackson.
Cette 78e livraison de Bifrost, qui marque les 19 ans de la revue, propose un dossier central consacré à Ursula Le Guin.
- AU sommAire des fictions :
- Deux récits d'Ursula Le Guin, dont le classique « Ceux qui partent d'Omelas » (prix Hugo en 1974), et le seul inédit restant du plus emblématique des cycle de l'auteure, « Terremer ».
- Un court roman inédit signé Laurent Genefort, qui prend place dans son célèbre cycle « Omale » (publié chez Denoël) - AU sommAire dU dossier :
Ursula K. Le Guin (née à Berkeley en 1929) et l'un des plus grands auteurs de SF encore en activité. Au rang de ses oeuvres les plus célèbres, on citera La Main gauche de la nuit (prix Hugo en 1970), Les Dépossédés (prix Hugo en 1975), ou encore le cycle de « Terremer » (trois romans et un recueil). Son oeuvre, considérable, a été récompensée par 6 prix Hugo, 3 prix des lecteurs de la revue Asimov's, 7 prix Nebula et 21 (oui !) prix Locus. En France, l'essentiel de son oeuvre a été traduite chez Robert Laffont, puis, plus récemment, chez l'Atalante, et est disponible au Livre de Poche.
Le dossier proposera une interview de la vénérable dame, diverses études critiques, une approche biographique, une bibliographie exhaustive et, bien sûr, un guide de lecture.
- AU sommAire de LA pArtie mAGAzine :
- Toute l'actualité du trimestre (inédits en grand format, mais aussi rééditions en poche dans une rubrique dédiée) passée au crible de la critique par notre équipe à travers 35 pages de chroniques et études.
- L'interview du libraire Olivier Legendre (Sauramps) dans la rubrique « Paroles de Libraires ».
- L'astrophysicien Roland Lehoucq (chercheur au CEA, enseignant à Polytechnique), président du festival des Utopiales, qui, dans sa rubrique scientifique trimestrielle (« Scientifiction »), s'intéressera ici au film Interstellar de Christopher Nolan.
« La matrice tire son origine des jeux d'arcade, dit la voix off, des premiers programmes graphiques et des expériences militaires sur les prises crâniennes. » Sur le Sony, une guerre cosmique en deux dimensions disparut derrière une forêt de fougères calculées pour démontrer les possibilités spatiales des spirales logarithmiques ; puis défilèrent des images militaires d'un bleu froid, animaux de laboratoire branchés sur des appareils de tests, casques reliés à des commandes de tir de tanks ou d'avions de chasse.?
« Le cyberespace. Une hallucination consensuelle ressentie au quotidien, dans le monde, par des milliards de techniciens autorisés, par des enfants y découvrant des concepts mathématiques... Une représentation graphique des données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain. Une impensable complexité. Des traits lumineux alignés dans le non-espace de l'esprit, des amas et des constellations d'information. Tels les éclairages d'une ville qui s'éloignent... »
Né le 26 février 1918, balloté entre des parents divorcés, Edward Hamilton Waldo finit par choisir le nom de son beau-père, Sturgeon, quand bien même il gardera toujours des rapports tendus avec ce dernier. Une scolarité chaotique, un échec à l'école navale (trop de discipline), et voilà notre jeune Sturgeon trapéziste, puis manoeuvre dans un cargo, conducteur d'engins de chantier, hôtelier en Inde, guitariste, publicitaire, agent littéraire, et enfin, oui, écrivain... Son oeuvre se caractérise par une extrême empathie, une sensibilité exacerbé, la récurrence de personnages abîmés par la vie et l'obsession de la solitude, considérée comme inhérente à la nature humaine. Si on lui doit deux chefs-d'oeuvre romanesques impérissables et constamment réédités (Les plus qu'humains et Cristal qui songe, proposé par J'ai Lu dans une traduction révisée depuis juin 2018) , il demeure un nouvelliste hors normes (en témoigne les douze recueils de ces nouvelles publiées en français entre 1972 et 1984). Considéré comme l'un des plus grands écrivains de SF du XX e siècle, consacré par le Science Fiction Hall of Fame le World Fantasy Life Achievement, il s'est éteint le 8 mai 1985 à Eugene, Oregon, à l'âge de 67 ans.
2018 est l'année du centenaire de sa naissance. Ce qui lui vaudra les honneurs du festival des Utopiales de Nantes fin octobre prochain, qui invitera sa fille et lui consacrera plusieurs tables rondes. Une occasion toute trouvée pour lui consacré un dossier dans Bifrost selon notre formule habituelle : exhaustivité et exigence. Le tout sur plus de 90 pages de la revue ! Une fois encore, un ensemble incontournable mêlant articles exclusifs et traductions constituant un ensemble unique.
Canadien né en 1958, Peter Watts est venu à l'écriture sur le tard et avec parcimonie. Son oeuvre compte pourtant parmi l'une des plus importantes du domaine, alliant la noirceur des visions avec la brillance des idées et se montre avant toute chose riche de sense of wonder - cet émerveillement propre à la meilleure des science-fictions.
Titulaire d'un doctorat en biologie marine, c'est tout naturellement que Peter Watts a situé son premier roman dans les profondeurs abyssales : Starfish, paru en 1999 et volume initial d'une trilogie apocalyptique voyant l'humanité défaite par un virus issu des abysses. En 2006 paraît Vision aveugle, stupéfiant récit de premier contact extraterrestre, roman essentiel auquel Watts donne un prolongement en 2014 avec Échopraxie, un diptyque au sein duquel il questionne les notions d'intelligence et de conscience. Depuis 1990, Watts a publié une petite trentaine de nouvelles, la plupart étant rassemblées dans le recueil Au-delà du gouffre ; dans le lot figure « L'Île », prix Hugo 2010, vertigi- neuse au possible et à laquelle se rattache le dernier roman en date de Peter Watts, The Freeze-Frame Revolution.
Une écriture sans concession, des idées novatrices, des réflexions poussant l'humain dans ses derniers retranche- ments : Peter Watts, dans la lignée de Greg Egan ou Vernor Vinge, est l'un des auteurs de SF, tendance « hard » bien sûr, les plus innovants qui soit. Susciter le vertige tant par les perspectives spatiales et temporelles que la puissance des idées, questionner le futur pour mieux souligner les manquements de l'époque présente.
Un maître en devenir, à n'en pas douter, auquel Bifrost s'efforce de rendre justice au travers d'un dossier décortiquant son oeuvre et d'une longue interview-carrière esquissant son parcours étonnant et chaotique et révélant la profonde humanité d'un auteur souvent qualifié de pessimiste ou de misanthrope, mais qui se définit lui-même comme un « opti- miste en colère ».
Née en 1974, Sabrina Calvo est l'une des personnalités les plus atypique du petit monde de l'imaginaire francophone.
Non seulement parce qu'il s'agit de la première autrice transgenre du genre, mais surtout qu'elle est une créatrice dont le talent n'a d'égal que son hyperactivité. Scénariste de bandes dessinées et conceptrice de jeux, Sabrina Calvo est connue et reconnue pour ses romans et nouvelles, aussi déjantés qu'inventifs. Elle fait ses débuts en 1997 avec Dé- lius, une chanson d'été et empoche le prix Julia Verlanger avec son deuxième roman, Wonderful, en 2002. Une demi-douzaine de romans et recueils plus tard, Sabrina Calvo remporte le doublé Grand Prix de l'Imaginaire et Prix Rosny-aîné en 2018 avec Toxoplasma, thriller cyberpunk contre-culturel. Son prochain roman est attendu pour 2020 chez La Volte, avec une certaine impatience - comme on l'écrivait dans un précédent numéro de Bifrost : « Autant dire que la sortie d'un nouveau roman de ce méta-poète donne à la vie des atours de fête dont les afters peuvent se prolonger longtemps après la lecture, tant celle-ci illumine le coeur, réveille les sens et enchante l'esprit. » L'équipe de la revue mettra en avant cette autrice hors-normes au travers d'une novelette inédite, d'une longue inter- view-carrière, d'un guide de lecture passant en revue son oeuvre, sans oublier l'indispensable bibliographie signée Alain Sprauel.
Australien né en 1961, Greg Egan fait ses début au tournant des années 90 dans la prestigieuse revue britannique Interzone. Il y publie alors une quinzaine de nouvelles en l'espace de quelques années, qui révolutionneront purement et simplement la science-fiction moderne, tant il y fait preuve d'une capacité de prescience sidérante et d'une approche science-fictive en phase avec le monde contemporain vertigineuse, interrogeant tour à tour la nature du vivant, le transhumanisme, les problématiques de l'intelligence artificielle et les prémices de la révolution biologique qui s'annonçait alors et se poursuit aujourd'hui. Son premier recueil, Axiomatic, paraît en 1995. Publié en France en 2006 sous le titre Axiomatique (éditions du Bélial' 2006), il est aujourd'hui considéré comme le plus important recueil de SF de la décennie 90, et l'un des plus grands livres de SF jamais écrit.
à ce jour, Greg Egan a publié environ 70 nouvelles et une petite quinzaine de romans.
En France, depuis plus de dix an, il est exclusivement publié par les éditions du Bélial', qui ont à ce jour entrepris l'édition intégrale de ses nouvelles (3 volumes : Axiomatique, Radieux et Océanique, Grand Prix de l'Imaginaire en 2010), notamment à travers la revue Bifrost, ainsi que deux romans : Zendegi et, tout récemment (février 2017), Cérès et Vesta, dans la collection « Une heure-lumière ».
Auteur secret, peu friand d'interview et dont il n'existe aucune photo connue, Greg Egan est un mystère.
Le présent dossier s'attachera à décortiquer son oeuvre SF proprement étonnante, tout en esquissant son parcours éditorial à travers l'interviews de plusieurs éditeurs ayant contribué à le faire connaître en France, sans oublier de s'efforcer à cerner, autant que possible, la personnalité d'un auteur éminemment discret.