«C'est pas la Corse ici. On te tue pas. C'est plus subtil. C'est sournois. La peur...»Depuis les années 1960, le «système» agro-industriel fait naître des empires transnationaux et des baronnies rurales. Il crée des usines et des emplois. Il entraîne la disparition progressive des paysans, l'asservissement de nombreux salariés de l'agroalimentaire, l'altération des écosystèmes et la généralisation de la nourriture en boîte. Il s'impose au nom de la realpolitik économique et de la foi dans une certaine idée du « progrès ». Il prospère grâce à la bienveillance, l'impuissance ou la lâcheté des autorités. Il engendre ses propres mythes, capables de façonner durablement les mentalités. Il enrichit considérablement une minorité, alors que certains se contentent de survivre grâce aux subventions ou doivent s'estimer heureux parce qu'ils ont un travail. Il fait taire des récalcitrants à coups de menaces, de pressions, d'intimidations, de calomnies ou de sabotages. La violence est son corollaire. Le silence, son assurance-vie. Comment le définir ? «Féodalité», répondent les uns. «Esclavage moderne», disent les autres. «Oligarchie» ou «mafia», jurent certains...Enquête au long cours jalonnée de témoignages saisissants, Silence dans les champs est une immersion glaçante dans le principal territoire agro-industriel de France : la Bretagne.
Dans La Terre a soif, Erik Orsenna raconte son tour du monde des grands fleuves.
En faisant le portrait de trente-trois d'entre eux, il nous donne à voir de près les causes de leurs maux : la pénurie mondiale d'eau, la pollution, la multiplication de barrages entraînant la destruction des ressources et des paysages. Un constat : aujourd'hui, les violences viennent de l'eau elle-même. Violences nées de sa rareté tout autant que de sa répartition.
« La Terre a soif. Et la soif est un appel. Le plus bouleversant, car le plus vital de tous les appels.
À cet appel, les rivières et les fleuves ont su répondre. En offrant l'eau réclamée, bien plus que les puits. Cette mission, essentielle entre toutes, combien de temps pourront-ils la remplir ?
Après L'Avenir de l'eau (2008), voici un grand voyage aux royaumes des fleuves. Trente-trois fleuves du monde, de l'Amazone à mon tout petit Trieux (Bretagne Nord).
Voici une géographie intimement mêlée d'histoire. Une musique venue du ciel, une pluie fatiguée de tomber qui continue son parcours dans un lit jusqu'à la mer. Un récit toujours semblable et chaque fois singulier : le théâtre de la Vie.
À Louang Prabang (Laos), un lever du jour sur le Mékong ; à Bâton-Rouge (Louisiane), un pianiste chante le blues pour prier le Mississippi de bien vouloir calmer sa crue.
Mille émerveillements nous attendent. De plus en plus souvent accompagnés d'effroi. ».
Erik Orsenna
Raconter et décrypter l'histoire économique du monde, des origines à nos jours, des chasseurs-cueilleurs aux cybertravailleurs, tel est le pari de cette oeuvre majeure. En analysant l'évolution des théories et des politiques économiques mondiales, Jean-Marc Daniel bat en brèche bien des idées reçues. Loin d'opposer travail et capital, il s'attaque aux conséquences néfastes des actions prédatrices des « oisifs », bureaucrates publics ou privés, qui agissent au détriment de la valeur créée par les « productifs », ouvriers, agriculteurs, entrepreneurs. Depuis l'origine des civilisations jusqu'au XXIe siècle, de Tibère à Xi Jinping et Joe Biden, l'auteur dresse le panorama passionnant d'une économie qui, de crise en crise, engendre de nouveaux modèles.
Tout commence au début des années 80.
Ils sont encore inconnus ou presque. Leurs noms ? Claude Bébéar, Vincent Bolloré, Bernard Arnault, David de Rothschild, Serge Kampf, Michel Pébereau, Henri Lachmann, Didier Pineau-Valencienne, Jean-René Fourtou, Thierry Breton...
Leur point commun ? Une petite association, « Entreprise et Cité », sans logo ni locaux, qui se réunit de façon informelle autour d'un match de rugby, d'une bonne table ou d'une virée entre amis. Pendant près de vingt-cinq ans, ils vont chasser en meute. Dévorant autour d'eux et se dévorant parfois entre eux.
Très vite, Claude Bébéar s'impose comme le grand inspirateur et le grand ordonnateur de ces chamboulements inédits de l'économie française.
Comment a-t-il façonné et développé des groupes comme AXA, BNP-Paribas ou Vivendi ? Comment a-t-il, en parallèle, imposé l'Institut Montaigne parmi les « think tanks » incontournables et influencé en profondeur la société française en lançant, parmi les premiers, le débat sur l'accès à l'emploi ou l'intégration des jeunes issus de la diversité ? Comment une vraie « bande de copains » à l'appétit insatiable, avec ses éclats de rire, ses coups de gueule et ses coups de coeur, a-t-elle ainsi secoué le capitalisme de la vieille France jusqu'à en faire émerger des champions mondiaux ?
Leur histoire est une saga.
Elle était secrète.
Elle ne l'est plus.
Dans ce livre, Frédéric Lordon se penche sur le centre nerveux du capitalisme : le rapport salarial. Il l'envisage de manière marxiste, c'est-à-dire comme configuration des structures sociales, et, moins classiquement, d'un point de vue spinoziste : quels sont les affects qui font fonctionner ces structures ? Comment rendre les dominés heureux ? Que veut dire consentir ? Qu'entend l'entreprise par " motivation ", " réalisation de soi ", " épanouissement au travail " ? Comment certains salariés en viennent-ils à faire cause commune avec le Capital ?
Lordon nous le montre avec brio : le projet capitaliste est un projet de possession intégrale des âmes, des intériorités. Le totalitarisme est son stade ultime.
Lordon réouvre une porte vers une réponse communiste à l'entreprise : " une vie humaine ".
Bien que sévèrement touchée par la pandémie du Covid-19 apparue dans la ville de Wuhan, la Chine a été la seule grande économie du monde à afficher une croissance insolente en 2020. Bientôt première puissance économique du globe, l'empire du Milieu représente un défi majeur pour les prochaines générations de Terriens que ce soit en termes de réchauffement climatique, de transition écologique, d'hyperdéveloppement économique, d'innovation technologique et de bouleversements politiques engendrés par son modèle de développement, unique en son genre. Après la colonisation menée dans le monde par l'Europe au XIXe siècle, suivie de la domination planétaire américaine au XXe siècle, la Chine serait-elle devenue le grand prédateur environnemental, politique et économique du XXIe siècle ?
Avec ce premier livre en français destiné à un large public, le prix Nobel d'économie 2014 nous invite à partager sa passion pour cette discipline. Il défend une certaine vision de l'économie, science qui croise la théorie et les faits au service du bien commun, et de l'économiste, chercheur et homme de terrain.
C'est dire que le lecteur pénètre dans l'atelier d'un économiste et voyage à travers les sujets affectant notre quotidien : économie numérique, innovation, chômage, changement climatique, Europe, État, finance, marché... En dressant un panorama des grandes problématiques de l'économie d'aujourd'hui, Jean Tirole nous fait entrer au coeur des théories dont il est le père.
Cette histoire commence dans la nuit des temps. Un homme qui passe remarque un arbuste dont les branches se terminent par des flocons blancs. On peut imaginer qu'il approche la main. L'espèce humaine vient de faire connaissance avec la douceur du coton.
Depuis des années, quelque chose me disait qu'en suivant les cheminsdu coton, de l'agriculture à l'industrie textile en passant par la biochimie, [...] je comprendrais mieux ma planète. Les résultats de la longue enquête ont dépassé mes espérances.
Pour comprendre les mondialisations, celles d'hier et celle d'aujourd'hui, rien ne vaut l'examen d'un morceau de tissu. Sans doute parce qu'il n'est fait que de fils et de liens, et des voyages de la navette.
En 1929, une crise économique inédite ébranle le monde. Face à l'interventionnisme de l'État et au chomâge massif, des voix s'élèvent. Bernard Landon propose une "solution miracle" : soutenir l'industrie en renouvelant fréquemment les biens d'usage. Selon lui, la crise entraîne une baisse de consommation et donc de production, menant à la fermeture des entreprises et au maintien de la situation économique critique.
Seule une sortie de ce cercle vicieux pourra sauver le pays. Et si les usagers ne consomment pas d'eux-mêmes, il faut les y pousser voire les y obliger. Mais en utilisant dans cet essai autodité de 1932 le terme d'"obsolescence programmée", il ne se doutait pas qu'il désignerait quelques décennies après l'introduction volontaire de défaillances techniques dans les produits.
«Il est aujourd'hui plus facile d'imaginer la fin du monde - écrivait le philosophe américain Fredric Jameson - que celle du capitalisme. On ne saurait mieux résumer le paradoxe de notre temps.»Dans ce livre à l'ironie mordante, Jean-Claude Michéa décortique les implications morales et matérielles du capitalisme, et montre les dangers de ce système doublement destructeur pour l'environnement et le lien social. Il devient donc urgent de renoncer au mythe du progrès et de prendre en compte les aspirations des classes populaires pour en finir avec ce système dépassé.Une réflexion stimulante, qui synthétise de nombreuses idées de la pensée anticapitaliste actuelle et évoque des pistes pour reconstruire une société viable. L'espoir d'un monde décent est encore possible.
Avec pédagogie et simplicité, Claire Balva et Alexandre Stachtchenko offrent une introduction accessible à Bitcoin et aux cryptomonnaies. Après une présentation des écueils du système monétaire et financier à l'ère d'Internet, le voyage peut commencer. Origines, fonctionnement, enjeux et espoirs... Faites le tour au fil des chapitres et mettez le pied à l'étrier grâce à quelques conseils pratiques.
Un livre indispensable pour pouvoir enfin prendre part à la conversation sur les cryptomonnaies !
Un jour, je me suis dit que je ne l'avais jamais remercié. Pourtant, je lui devais mes lectures. Et que serais-je, qui serais-je sans lire et surtout sans avoir lu ? [...] Alors j'ai pris la route. Sa route. De la Chine à la forêt canadienne, en passant par la Finlande, la Suède, la Russie, l'Inde, le Japon, l'Indonésie, l'Ouzbékistan, le Brésil, l'Italie, le Portugal et bien sûr la France, j'ai rendu visite aux souvenirs les plus anciens du papier. Mais je me suis aussi émerveillé devant les technologies les plus modernes. Saviez-vous que le chiffre d'affaires planétaire du papier l'emporte sur celui de l'aéronautique ? Comme je me préparais au départ, une petite voix m'avait soufflé : « Deux mille ans que la planète et le papier cohabitent. Plus tu en sauras sur lui, mieux tu apprendras sur elle. » La petite voix n'avait pas tort. E. O. Donnez-lui une page, Orsenna en fera une épopée. Clémentine Goldszal, Elle.
Dans dix ans, dans vingt ans, aurons-nous assez d'eau ? Assez d'eau pour boire ? Assez d'eau pour faire pousser les plantes ? Assez d'eau pour éviter qu'à toutes les raisons de faire la guerre s'ajoute celle du manque d'eau ? Dans l'espoir de répondre à ces questions, je me suis promené. Longuement. Du Nil au Huang He (fleuve Jaune). De l'Amazone à la toute petite rivière Neste, affluent de la Garonne. De l'Australie qui meurt de soif aux îles du Brahmapoutre noyées par les inondations... J'ai rencontré des scientifiques, des paysans, des religieux, des constructeurs de barrages [...]. De retour de voyage, voici maintenant venu le moment de raconter. Un habitant de la planète sur six continue de n'avoir pas accès à l'eau. Un sur deux vit sans système d'évacuation. Pourquoi ? E. O.
Bien sûr, Michel Audiard n'a jamais été Prix Nobel d'économie...mais on peut en apprendre beaucoup sur l'économie tout en s'amusant des répliques culte de Michel Audiard. Après "Apprenons l'économie avec San-Antonio", Sylvain Bersinger récidive, sans se prendre trop au sérieux !
Omniprésent, le mot « crise » est souvent galvaudé. Comprendre l'économie et ses enjeux futurs suppose une analyse fine et précise de ce qu'est une crise économique. C'est à cet objectif que s'attache ce livre. Exposé pédagogique de ce que dit la théorie économique sur les crises et leur éternel retour sous forme de cycle, il se penche ensuite sur les leçons à tirer de l'histoire. Depuis 1945, l'économie mondiale est dominée par les Etats-Unis si bien qu'analyser les crises conduit à étudier leur action. Celle-ci se caractérise par une justification keynésienne du recours systématique au déficit budgétaire et à la facilité monétaire. Le livre tente de répondre à la question de savoir si cette hégémonie américaine, qui n'avait pas été remise en cause par le contre-modèle soviétique, l'a été par les coups de boutoir qu'ont constitués les récessions de 1975, 1992, 2009 et 2020 et par leurs séquelles sous forme de dettes. Quant aux problèmes environnementaux, portent-ils en eux une crise dévastatrice, rappelant le « piège nutritionnel » théorisé par le prix Nobel Angus Deaton, c'est-à-dire un retour à des périodes de pénurie semblables à celles qui marquaient l'économie d'avant 1750 ?
Nous sommes à la fin d'une ère, celle d'une économie fondée sur les énergies fossiles, le travail à temps plein, une gestion marchande du monde... et entrons dans ce que Rifkin appelle la troisième révolution industrielle, qui va bouleverser nos manières de vivre, de consommer, de travailler, d'être au monde. Une analyse lumineuse et providentielle de l'avenir de nos sociétés.
Pour mieux appréhender le marché du Forex, plus grand marché financier du monde directement accessible aux particuliers.
Avec plus de 5 000 milliards de dollars échangés chaque jour à travers la planète ce marché est mille fois plus important que les échanges quotidiens sur le CAC 40. Et par la combinaison des différentes devises entre elles, qu'elles soient majeures, mineures ou exotiques, c'est également le marché sur lequel le choix de l'actif à traiter reste un des plus large. Ouvert en continu 24 heures sur 24 et cela 5 jours sur 7, les mouvements du Forex suivent le rythme des différentes places financières actives à travers les continents et son flot ininterrompu d'actualités économiques. La volatilité sur ce marché évolue ainsi au gré des pulsations de notre monde. Enfin, depuis l'été 2018 le Forex a acquis ses lettres de noblesse en étant désormais régulé ESMA en Europe, ce qui offre une plus grande sécurité pour ses intervenants. Les volumes, le choix, la volatilité et la régulation font aujourd'hui de ce marché un des plus attractif pour faire fructifier son capital, et cela est encore plus vrai dans la période actuelle que nous connaissons de taux bas, voire négatifs.
Ce livre vous invite donc à mieux percevoir ce marché pour ce qu'il est vraiment, connaître son histoire, comprendre son fonctionnement, apprendre à faire son analyse, qu'elle soit technique ou fondamentale, éviter ses pièges et surtout déceler ses avantages. Cet ouvrage vous donne donc les conseils indispensables pour que vous soyez mieux armé afin de vous aider à faire face à la confrontation et à l'expérience de ce marché.
La société est de plus en plus compétitive ; l'économie guide le monde. Vers quelle destination ? Le bonheur ? Les indicateurs de satisfaction et de bien-être stagnent ou régressent, dans les entreprises comme dans les couples. L'efficacité ? Les crises financières et les risques écologiques montrent qu'elle laisse à désirer ! La liberté ? Tous ceux qui ont parié que la prospérité mènerait à la démocratie se sont trompés : ce sont les crises qui renversent les tyrans. En vérité, l'économie tend à imposer partout son propre modèle : celui où la compétition l'emporte sur la coopération ; où la richesse acquise renforce le besoin d'en accumuler davantage ; où une espèce étrange - l'Homo economicus - se hisse au-dessus des autres, propageant partout sa logique néo-darwinienne. Une réflexion sur le rapport entre la quête du bonheur individuel et la marche des sociétés par l'auteur de La Prospérité du vice.
Le terme de "superyacht" désigne une embarcation dépassant 24 mètres, voire désormais 30 mètres, sous l'effet d'une course à l'allongement. Au début de ce siècle, il existait environ 2 250 vaisseaux de ce type dans le monde ; deux décennies et une crise financière plus tard, il y en a plus du double. Loin d'être anecdotique (en France, moins de 0, 01 % des immatriculations de véhicules maritimes à moteur sont concernées), la pratique de la plaisance de luxe, apparue au milieu du xixe siècle, met en évidence la sécession sociale et environnementale des plus riches.
Non pas caprice, excentricité, lubie de milliardaires au mode de vie extravagant ; mais reflet, expression, indice du monde comme il va. Non pas démesure, mais mesure - celle du délire général qui a pour nom "ordre social" . Forme contemporaine de la "réclusion ostentatoire" , la plaisance de luxe nous conduit tout droit aux grandes questions de notre temps - notamment à la reconnaissance juridique de l'écocide comme crime international.
De la lutte des classes à la surconsommation des riches, de la fraude fiscale à la délinquance environnementale, du greenwashing à la gestion différentielle des illégalismes : tirer le fil du superyachting, c'est dévider toute la pelote du capitalisme fossile.
Qu'est-ce qui réunit Smith, Polanyi, Friedman, Keynes, Marx et Schumpeter ? Chacun, à sa manière, refuse les grilles de lecture de son temps et la pensée économique mainstream. Face aux mutations enfantées par les révolutions industrielles, ils sont tous des penseurs de l'alternative : ils questionnent l'intervention étatique, le risque d'épuisement de la croissance, son contournement par l'innovation et, surtout, la dose tolérable d'inégalités dans une société.
Confrontés aux conséquences des grandes crises économiques contemporaines et des guerres industrielles, ces six auteurs clés posent les jalons de la macroéconomie. En s'appuyant sur de nombreuses citations, cet ouvrage analyse finement la pensée de ces six économistes et propose des mises en perspective pour comprendre les débats politiques contemporains.
Citations ;
Enjeux ;
Mises en perspectives ;
Les cadres ont incarné la société salariale : entre le travail et le capital, ils ont prospéré pendant quatre décennies. Depuis les années 1990, eux aussi subissent les effets de l'intensification du travail, des restructurations dans les entreprises et de la peur du chômage. Pourtant, les cadres, plus que les autres salariés, semblent embrasser leur condition. Ils trouvent dans le stress, les responsabilités, la compétition, et des marges de manoeuvre pourtant réduites autant de sources de gratification symbolique.
Loin d'une adhésion enchantée à l'idéologie managériale, les cadres rencontrés au cours de son enquête par Gaëtan Flocco expriment un rapport au travail qui, malgré tout, relève autant de la réalisation de soi que de l'exploitation. Ainsi, le livre explore l'ambivalence fondamentale qui fait des cadres les complices de leur propre servitude.
Après la crise financière de 2007-2008, il est devenu banal de dénoncer l'absurdité d'un marché
Economiste, Frédéric Lordon est connu pour ses essais critiques sur la mondialisation financière, qui ont rencontré un grand succès public. Il a ici choisi une forme singulière, celle du théâtre, pour mettre en scène la crise de la finance mondiale. Le rideau s'ouvre : Messieurs les Banquiers, son Altesse le président de la République française, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Gouverneur de la Banque centrale et le petit peuple des conseillers de la Cour.
La pièce peut commencer : complètement lessivés par la crise des désormais célèbres "subpraïmes" (sic), les Banquiers vont bientôt sonner à la porte de l'Etat pour lui demander de mettre la main au porte-monnaie... Frédéric Lordon se révèle un versificateur virtuose, qui a fait le choix de l'alexandrin pour raconter la déconfiture d'un système qui a tous les traits de l'Ancien Régime. Mais si la forme évoque la tragédie classique, D'un retournement l'autre est aussi une farce sinistre qui dresse un portrait dévastateur de notre élite (le lecteur reconnaîtra sans peine ses plus célèbres représentants).
On rit jaune, à écouter cet aréopage de beaux parleurs affolés par l'interminable maelstrom qu'ils ont provoqué, mais qui jamais n'abjureront leur foi dans les vertus du marché. Crise de la finance, sauvetage public, Explosion de la dette et rigueur hystérique. Et comme d'habitude, à qui va l'addition ? Qui donc de la farce pour être le dindon ? On l'aura compris : le "retournement" à venir n'aura rien à voir avec celui d'un cours de bourse...