Le 18 mars 1996, une poignée d'Africains en situation irrégulière occupe l'église Saint-Ambroise. Ils sont devenus quelques mois plus tard, les "sans-papiers de Saint-Bernard". Armés de cette nouvelle identité, ils ont mené deux grèves de la faim, dénoncé les "lois Pasqua", se sont confrontés à Jean-Louis Debré, ont trouvé des partenaires d'importance avec la création d'un collège de médiateurs... L'ambition de cet ouvrage est de restituer les méandres de cet épisode politique en le confrontant à quelques catégories sociologiques classiques : action organisée, idéologie, identité, pouvoir, système politique.
Une dissemblance notoire apparaît entre l´immigré clandestin, glorieusement hors la loi puisqu´épreuve extrême des réalités de l´exploitation capitaliste, figure étendard des mobilisations gauchistes des années 1970, et le sans-papiers contemporain, c´est-à-dire celui que l´on a privé de Droits et dont on n´a pas respecté l´humanité.
Hier, l´exploitation. Aujourd´hui l´exclusion, la relégation, la reconnaissance de l´autre dans son identité particulière, et ce plus particulièrement s´il est porteur de stigmates, de témoignages du « mépris social ». Les luttes contemporaines de sans-papiers n´affirment pas une autre vérité.
Ce changement de paradigme politique, tout entier dominé par la question des droits de l´Homme, marque une étape de l´individualisme démocratique et de l´affirmation, corrélative, d´une démocratie des droits de l´Homme.
Cet ouvrage a pour enjeu de débattre du schéma théorique forgé par Alfred Schütz, promoteur de l'idée de sociologie phénoménologique. Les catégories princeps de la recherche sont dès lors celles de conscience, de temporalité et de signification.