«Qui n'a pas connu mai 1968 à Paris n'a pas connu l'ardeur de vivre. S'il me fallait résumer toutes ses images en une seule, je dirais qu'au-dessus d'une demi-ville (la rive gauche de la Seine) le possible s'était ouvert comme un immense éventail. Tout ce qu'on avait cru à jamais planifié, dépolitisé, aseptisé, enfermé dans des conformismes, barré par des feux rouges, se libérait d'un coup pour une improvisation absolue. C'était la fête, avec ce qu'elle comporte de désordre et de destruction. Le potlatch, comme disent les spécialistes. Les économistes avaient cru, à tort, que l'homme moderne peut s'en passer.» Alfred Fabre-Luce.
Alfred Fabre-Luce a commencé à étudier les causes de la guerre de 1914 dans un livre La Victoire (1924) qui, bravant les mythes et les mensonges, fit à l'époque scandale et qui exerça une profonde influence. L'histoire officielle affirmait alors que la Première Guerre mondiale était née d'un complot contre la paix ourdi par les gouvernements de Vienne et de Berlin. A deux reprises, en 1935 puis en 1951, des commissions internationales d'historiens firent justice de cette allégation et confirmèrent les analyses du jeune auteur français.
On considère depuis qu'on ne peut attribuer à aucun gouvernement une volonté préméditée de guerre. Les recherches se poursuivirent et accentuèrent ces premières conclusions, comme le montre bien la préface de Georges-Henri Soutou, qui situe la personnalité et les travaux d'Alfred Fabre-Luce dans la galerie des historiens et des témoins de la guerre de 14-18. Alfred Fabre-Luce y contribua à nouveau, notamment en 1967, dans son livre L'Histoire démaquillée, à propos de l'attentat de Sarajevo et de l'attitude du gouvernement français devant la mobilisation russe.
L'essentiel de ses écrits sur ces questions est réuni ici. Leur lecture permet de retrouver le talent de celui qui fut le premier historien lucide de cette crise. Elle permet aussi de dresser le tableau véridique des causes de la catastrophe européenne.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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L'homme-journal : deux mots, et un trait d'union - qui est l'essentiel. Je lis une nouvelle, j'apprends un changement du monde, je suis entraîné par ce changement. Mais aussi, je viens de loin et porte vers l'avenir un ancien patrimoine. Le nouveau ne devient tout à fait « vrai » que quand il s'y est incorporé (en le modifiant). Mon titre annonce un mouvement de va-et-vient entre l'actualité et une culture. En soumettant mes réactions à des lecteurs, je les invite à entrer dans le jeu, à me confirmer ou à me désavouer, en somme, à se connaître. J'ai dû souvent, au moment de dédicacer un livre à un ménage d'amis, choisir entre eux à regret. L'ouvrage s'adressait à elle ou à lui. Cette fois, il y a des pages pour chacun. Le ton change, les sensations succèdent aux idées. On peut commencer où l'on voudra : l'ordre est seulement chronologique. Mais sans que je l'aie voulu, des thèmes reviennent, des notes s'épanouissent en essais. Ces reprises épousent mieux qu'une composition plus rigoureuse le mouvement réel d'une pensée. Sur quelques sujets « tabou », je me suis exprimé - comme d'habitude - en pleine indépendance, sans souci des groupes de pression. Cette indépendance pourrait être un peu grisante. On trouvera, j'espère, que j'en ai usé avec beaucoup de mesure.