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SYLVIE GENTIL
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Zhalie est née du mariage entre une prostituée et un voleur qu'un rêve a réunis : celui de faire de ce village pauvre et déshérité une grandiose Babylone semblable aux immenses métropoles du monde. Chroniques d'une conquête, d'une ambition et d'une folie, c'est aussi l'histoire en accéléré de la construction d'une ville planétaire - parabole d'une Chine moderne tournée en dérision. Un monde bouleversé par les puissances conjuguées du pouvoir et de l'argent.
Et, comme si la nature se mettait au diapason de l'extravagance humaine, voici que les arbres reverdissent et que le temps est bouleversé. Il fallait cet humour magique et l'écriture flamboyante de Yan Lianke pour nous donner à lire cette épopée poétique née du mensonge et du vice.
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Dans l'empire chinois, bandes armées communistes et nationalistes se vouent une haine sans merci tout en combattant en ordre dispersé l'envahisseur japonais. À Gaomi, le commandant Yu, chef des brigands du lieu, et Dai Fenglian, maîtresse d'une grande distillerie, héros flamboyants de la résistance, mènent les paysans à la bataille. Bientôt, les champs de sorgho seront détrempés du sang de l'ennemi.
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You Sipo, qui était arrivée au village des monts Balou en chantant un air d'opéra, est désormais silencieuse, elle a trop à faire pour élever seule ses enfants malheureusement idiots de naissance. Alors qu'elle est à la recherche d'un « gens-complet » pour marier sa troisième fille, elle apprend que seule une décoction d'os humains venant d'un proche parent serait susceptible de guérir ses enfants. You Sipo fouille la tombe de son défunt époux, le médicament est efficace, mais le squelette du père ne suffit pas. You Sipo se décide au sacrifice suprême. Une dernière fois elle se promène dans le village endormi et retrouve sa voix, arrachant à leurs rêves tous ces gens qui au fil des ans l'ont tant méprisée et lui en ont tant voulu d'avoir fait de leur village celui des « quatre idiots ».
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Yan Lianke signe ici un roman épique, baroque, où la puissance de l'imaginaire s'appuie sur une construction savamment orchestrée et se pare d'une langue magnifique d'invention et de drôlerie. Un village isolé est devenu le refuge de tous les infirmes et éclopés de la région. Aveugles, borgnes, boiteux, sourds et paralytiques y coulent des jours paisibles en marge de l'Histoire. Tout change lorsque le chef du district décide d'unir ses habitants dans une incroyable troupe de cirque, dont le but est de réunir assez d'argent pour acheter aux Russes la momie de Lénine et attirer grâce à elle des foules de touristes.
Pour moi, c'est mon meilleur roman, un drame noir mais avec beaucoup d'humour, sexuellement débridé, joyeux, heureux. une réflexion profonde sur la société chinoise.
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Tour de force éditorial et véritable exploit littéraire, cet ambitieux roman est une des plus brillantes surprises de ces dernières années en Chine. La descendante d'un héros révolutionnaire tente de retracer son histoire et d'éclaircir le mystère entourant sa mort, à travers les témoignages de trois de ses compagnons de route, étayés, complétés ou contredits par une collection d'articles, interviews, confessions, lettres et archives émanant de ceux qui l'ont côtoyé aux diverses époques de sa vie. Ce roman construit de façon très originale se lit d'abord comme un passionnant roman d'aventures où se croisent, se trahissent et s'entretuent agents secrets et agents doubles, en un ballet picaresque et virevoltant qui est aussi une relecture sans illusions des années révolutionnaires.
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Pour avoir châtré au bistouri son fils, violoniste homosexuel, un médecin croupit dans un cachot. Jeu de monologues centré autour de cette figure paternelle, sombre et tourmenté, hanté par le vertige de la vacuité, Lèvres pêche révèle le mal de vivre des homosexuels en Chine. Premier roman sur le sujet jamais publié en Chine Populaire, il y fut rapidement mis à l'index.
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Parmi les étrangetés de la société chinoise des années 80, le lycée n°8, à la fois établissement scolaire et usine autogérée de conserves de lapin. Tandis que Zhang Hongqiu et Fang Fugui tentent d'y enseigner la théorie de la relativité, leurs épouses sont préposées à d'autres tâches : Du Xiaoying, diplômée de russe, dépiaute des centaines de lapins, et Li Yuchan est esthéticienne au funérarium...
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Xia Hong a quinze ans et sa meilleure amie se suicide. Désemparée, elle quitte Shanghaï pour fuir pour le Sud, où elle rencontre Saining, un guitariste. Elle veut tout vivre avec lui : sa passion pour le rock, chanter dans son groupe, et devenir un oiseau de nuit. Leur amour les enivre et les noie peu à peu dans le sexe, la drogue et la folie.
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La question fondamentale du rôle de l'écrivain, et du pouvoir de la fiction, est au coeur de cet essai, qui s'interroge sur la capacité de la littérature à rendre compte du réel qui nous entoure. Yan Lianke retrace l'évolution d'un système de causalité absolue, à ce qu'il appelle le « mythoréalisme », la seule forme littéraire qui aille « à la recherche de ces noyaux atomiques enfouis qui font exploser la vie et la réalité » pour en découvrir les causes cachées et invisibles.
Si le mythoréalisme a toujours existé (la Bible, l'Iliade, l'Odyssée en sont de parfaites illustrations), il est aussi l'avenir nécessaire de la littérature chinoise, car il a la faculté de nous faire toucher du doigt la raison profonde « des éléments les plus chaotiques et incompréhensibles du passé et du présent ».
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Mei Mei et Jie Jie, les deux soeurs filmées par l'Acteur, sont atteintes du " virus du panda ", animal totem qui ne fait l'amour que deux fois par an. Autour d'eux gravite le petit monde de la " scène " shanghaïenne. On court les bars, les fêtes, les vernissages. Enchaînement d'instants qui esquisse le portrait d'êtres très réels, une bande cosmopolite où Chinois, Européens, gens de HongKong ou Américains côtoient les Shanghaïens. Ils parlent, ils parlent, de tout, mais surtout d'amour et de sexe. Tous souffrent du syndrome de mélancolie, le grand mal de leur génération : comme celui du panda, c'est un de ces virus qui " lorsqu'ils existent depuis de nombreuses années, peuvent prendre le nom de culture ".
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Et tout ce qui reste est pour toi
Xu Xing
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 22 August 2003
- 9782879293899
" Je n'avais plus envie de bouger depuis que j'avais traversé la moitié de la Chine à vélo.
Comme si j'avais compris qu'il nous reste peu de choses en ce bas monde, et que même ce reste-là n'est pas forcément pour nous. " Pékin. Le narrateur est sommé par le comité de quartier de surveiller l'entrée de l'immeuble. Installé sur un petit banc il préfère regarder passer les filles : l'antenne de télévision est volée sous son nez. Il la retrouve quelques jours plus tard sous le bras d'une vague connaissance avec qui il sympathise et qu'il suit dans le milieu marginal des " artistes " pékinois.
Jusqu'à ce que tous ces peintres, acteurs et " intellectuels " provoquent chez lui un peu de dégoût et beaucoup d'ennui. Il est temps de changer d'air. Séjour au Tibet. Le narrateur regagne sa ville natale. Nous sommes en 1989, au lendemain du Quatre Juin, l'atmosphère est sinistre, ce qui le pousse à rejoindre son ami Xi Yong en Allemagne. Après deux mois d'usine et de brötchen - la nourriture préférée de Xi Yong, tombé amoureux de la boulangère -, il décide de réaliser son rêve : un voyage en Europe.
À Berlin, après une soirée passée avec un groupe de punks, il entonne L'Internationale et se fait remarquer par la police qui lui conseille d'aller plutôt voir de l'autre côté... La voix du narrateur nous est proche, mais le croire sur parole serait la pire des erreurs. Ironique, oisif, et pourvu d'un sens aigu du grotesque, il est, avant tout, un écrivain.
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Variations sans theme
Xu Xing
- Editions de l'olivier
- Petite Bibliotheque De L'olivier
- 22 August 2003
- 9782879294131
Un serveur de restaurant épris d'une pianiste, deux amis qui pédalent sur leur bicyclette " comme si leur vie en dépendait ", trois compagnons d'asile, un type qui passe son temps dans un carrefour à renseigner les gens sur leur chemin...
Les personnages de ces nouvelles sont vagabonds dans l'âme. Ils se moquent à peu près de tout, sauf des femmes, et partagent le même goût pour l'absurde et les histoires drôles. Mais dès qu'ils ouvrent leur coeur, ils révèlent des blessures dont les cicatrices semblent bien fragiles. Ces nouvelles écrites dans les années 80 sont autant d'" échantillons " du talent de Xu Xing. Il parsème ses histoires de souvenirs personnels, d'adresses au lecteur, de critiques idéologiques, sans jamais se déparer de son humour décapant, et prend beaucoup de libertés avec la " création littéraire ".
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Dans cette forêt, le sol est en peau de zèbre et le feuillage est fait de milliers d'oreilles.
Tôt ou tard, elle attire dans ses replis tous ceux qui rêvent d'une autre vie. Minnie, Mickey, Ce et Ct, les quatre personnages qui se croisent au gré du destin facétieux qui semble les manipuler, en font l'expérience. Femme, homme, animal, jouet ou fantôme, ils ont à leur disposition un nombre illimité d'existences. Du moins le croient-ils. Comment sortir de l'insouciance de l'enfance ? Comment résister à l'attrait des lumières de la ville où s'affairent les adultes ? La lucidité se gagne-t-elle par la sincérité ou la méfiance vis-à-vis de ses propres sentiments ? Notre existence est-elle écrite d'avance ? La force poétique de Tian Yuan donne à ces questions leur véritable dimension : celle d'un conte philosophique, qui puise ses images dans un univers hallucinatoire.
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a six mois, qiu savait parler.
a un an, il avait appris de son grand-père comment injurier le monde. a deux ans, il était accusé d'avoir monopolisé l'intelligence familiale. ce brillant étudiant en médecine est surtout un curieux insatiable, que tout amuse. on le dit grossier, volage et doté d'un aplomb excessif, mais peu lui importe cette réputation car rien ne le trouble, sauf les femmes. les regarder est, pour lui, la seule façon de grandir.
partagé entre la nostalgie d'un premier amour platonique et sa passion pour une femme qu'il n'a fait que croiser, qiu se concentre sur son éducation sentimentale auprès de sa petite amie du moment. ensemble ils complètent leurs connaissances anatomiques par de longues et inépuisables réflexions sur le développement intellectuel et sentimental de l'être humain. sur ce sujet, qiu est intarissable. c'est sa vie d'étudiant que raconte ce roman, à la fois cru, tendre et plein d'humour.
sa liberté de ton et sa vitalité surprennent : délibérément ancré dans la littérature chinoise classique, il concilie ainsi tradition et modernité.
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Qiu Shui est obsédé par les seins des filles. L'une d'entre elles, Zhu Shang, le hante en permanence. Cet adolescent brillant, peu sensible à la morale, prodiguée par sa mère ou par son professeur de vie politique, préfère s'en remettre aux conseils de son mentor, un délinquant plein d'expérience, se perdre dans la lecture d'Henry Miller et des classiques chinois de l'érotisme, ou encore miser sur les relations de son père pour tirer son épingle du jeu. Il est prêt à tout pour ne pas se laisser imposer une vision du monde et de son avenir : ni l'argent ni le travail n'intéressent cet enfant de la « réforme économique ».
Une fille pour mes 18 ans est un roman d'apprentissage d'une grande liberté de ton, mêlant réalité crue, tendresse et humour. C'est aussi le portrait d'une génération iconoclaste dans la Chine des années 80, et dont l'insolence tient lieu de conscience politique.
Traduit du chinois par Sylvie Gentil.