Le bourdonnement incessant des cigales et la chaleur ne facilitent pas les choses pour Asa. La jeune femme vient de déménager à la campagne, et elle tente de s'adapter à la situation. Si son mari a changé d'emploi, elle a perdu le sien, et elle vit désormais près de ses beaux-parents, soucieuse de remplir ses journées vides de toute occupation sérieuse. Asa se décide donc à explorer son environnement et, lors d'une de ses promenades, tombe dans un trou. Cet incident sera le premier d'une série d'expériences étranges dans un monde peuplé de créatures bizarres. L'existence d'Asa prend alors un tournant imprévu...
Le Trou peut se lire comme une fable sur le monde du travail, le couple et les normes sociales qui régissent nos sociétés aux dépens des femmes. Sous la plume de Hiroko Oyamada, la critique sociale rencontre une envoûtante réécriture du monde par les moyens du réalisme magique.
L'Usine, un gigantesque complexe industriel de la taille d'une ville, s'étend à perte de vue. C'est là qu'une femme et deux hommes, sans liens apparents, vont désormais travailler à des postes pour le moins curieux. L'un d'entre eux est chargé d'étudier des mousses pour végétaliser les toits. Un autre corrige des écrits de toutes sortes dont l'usage reste mystérieux. La dernière, elle, est préposée à la déchiqueteuse de documents. Très vite, la monotonie et l'absence de sens les saisit, mais lorsqu'il faut gagner sa vie, on est prêt à accepter beaucoup de choses... Même si cela implique de voir ce lieu de travail pénétrer chaque strate de son existence ?
Dans une ambiance kafkaïenne où la réalité perd peu à peu de ses contours, et alors que d'étranges animaux commencent à rôder dans les rues, les trois narrateurs se confrontent de plus en plus à l'emprise de l'Usine. Hiroko Oyamada livre un roman sur l'aliénation au travail où les apparences sont souvent trompeuses.
« On en rit, ou on en sourit. On en redemande ».
Le Monde.
Psychiatre obèse et jovial, le docteur Irabu roule en Porsche caca d'oie. Avec son infirmière exhibitionniste, il soigne les obsédés du texto, les paranoïaques et les divorcés en colère. Très impliqué dans la vie de ses patients, il prodigue piqûres et remèdes loufoques. Contre une crise de foie, la natation. Contre les troubles de l'érection, un parc d'attractions. Et si la folie guérissait la folie ?
" sans but, j'ai pris la direction de la gare, où j'ai acheté un sucre d'orge à un marchand ambulant, que j'ai donné à mon fils, puis, l'idée me traversant l'esprit, j'ai acheté un ticket pour kichijôji et je suis montée dans un train.
là, me tenant à une poignée, je regardais vaguement une affiche suspendue au milieu de l'allée, quand j'ai vu le nom de mon mari. c'était une publicité pour une revue dans laquelle il publiait un long essai intitulé françois villon. tandis que je contemplais ce titre et le nom de mon mari, des larmes de douleur, je ne sais pas pourquoi, ont jailli de mes yeux et embué ma vue. ".
fille unique, dorothy vit une existence morne avec son père, le pasteur acariâtre d'une petite paroisse du suffolk.
frappée par une soudaine amnésie, elle se retrouve à la rue et va partager l'existence des déshérités, des clochards de londres aux cueilleurs saisonniers de houblon. mais, à mesure que la mémoire lui revient, dorothy trouvera-t-elle en elle-même la force d'aspirer à une autre vie ? publié en 1935 et inédit en français, une fille de pasteur est l'un des premiers romans de george orwell. avec une lucidité et une acuité implacables, orwell dépeint l'hypocrisie, la pauvreté et la misère spirituelle qui vont accompagner dorothy dans son odyssée à travers l'angleterre des années trente.
Adolescente, Kasumi a fui les rivages mortifères d'Hokkaïdô. Elle vit désormais à Tôkyô avec son mari et ses enfants. Par passion, elle cède à ses principes et retourne à Hokkaïdô en famille, pour rejoindre son amant. Là, sa fille Yuka disparaît. Le corps de l'enfant, étranglée, est retrouvé dans l'océan. Les vagues d'Hokkaïdô, charriant la terreur, réclament leur dû à celle qui est partie.
Otsuki, un ancien toxicomane qui a décroché de l'université et se laisse entretenir par des maîtresses, vit une existence de parasite à Tokyo. Une rencontre fortuite avec un ancien collègue le mène à accepter un emploi auprès d'un mystérieux maître calligraphe. Otsuki plonge petit à petit dans un cauchemar labyrinthique, à travers les bas-fonds miteux d'un enfer urbain peuplé de personnages troubles et criminels. Un univers étrange et sensuel qui évoque Murakami, Edogawa Ranpo, Kyotaro Nishimura ; une écriture poétique qui mène une réflexion métaphysique sur la calligraphie, la sexualité et le temps.
Takeshi Kitano a marqué les cinéphiles par ses films délicats et poétiques sur l'enfance. On redécouvre sa prédilection pour cette période douce-amère à travers ces trois nouvelles. Lors de la fête des sports de l'école primaire, deux frères hésitent entre crainte et excitation. Après la mort de leur père, deux orphelins contemplent les étoiles avec le télescope qu'il leur avait offert. Un collégien passionné d'histoire fugue pour aller visiter les temples de Kyôto et y rencontre une jeune fille...
"Le premier souci de celui qui se prétend guerrier est d'avoir toujours la mort présente à l'esprit, chaque jour et chaque nuit, du matin du premier jour de l'année jusqu'à la nuit du Nouvel An." Ainsi s'ouvre le Code d'honneur du samouraï, oeuvre de Taïra Shigésuké, érudit confucéen et expert militaire japonais de la seconde moitié du XVIIe siècle. Il ne s'agit pas d'un manuel de stratégie militaire ou de maniement du sabre, mais d'un guide destiné aux novices, définissant les règles de vie, de conduite et d'honneur auxquelles doit se plier tout jeune samouraï. L'honneur, la mort, le sacrifice de soi, le dévouement au maître et la piété filiale sont les leitmotiv de ce code moral, écrit lors d'une période de paix relative pour prévenir le relâchement du comportement des guerriers désoeuvrés.
Cette morale rigoureuse ne fut d'ailleurs pas l'apanage des seuls samouraïs, mais déborda largement les classes sociales et les siècles pour imprégner toute la société civile jusqu'à nos jours. Sans évoquer le geste de Mishima s'ouvrant le ventre en 1970 dans une ultime réaction contre un monde qui perdait ses valeurs fondamentales, on pensera aux victimes anonymes du karôshi, ces "morts à la tâche" des entreprises japonaises, avatars contemporains et sans panache des samouraïs, et témoignages malgré eux de la persistance de ces valeurs dans la société japonaise actuelle. Le Code d'honneur du samouraï permet de mieux comprendre l'esprit du Japon.
Ce livre réunit trois nouvelles sur l'enfance et l'adolescence, écrites par Takeshi Kitano dans le courant des années 1980, avant qu'il entame sa carrière de cinéaste.
Dans " Le champion en kimono ouaté ", un enfant studieux et peu sportif doit participer à la course de vitesse de son école.
Dans " Nid d'étoiles ", deux frères sont contraints de déménager à Ôsaka avec leur mère après le décès de leur père.
Dans " Okamé-san ", un collégien tokyoïte passionné d'histoire, après une altercation familiale, part visiter seul les temples de Kyôto.
Très émouvantes, ces trois micro-fictions sur la difficulté d'être enfant et adolescent sont écrites avec la lucidité, la sensibilité et le lyrisme qui imprègnent les films de Kitano. Le futur cinéaste y annonce sa veine tendre, drôle et poétique, celle de A Scene At the Sea (1991), Kids Return (1996) ou L'Été de Kikujiro (1999). Avec une économie de mots proche de sa grammaire de réalisateur, il se met en quête de cette part d'enfance et d'innocence perdues qui hante son cinéma, et parvient comme nul autre à nous toucher droit au coeur.
Le texte sera illustré par des portraits d'enfants et d'adolescents réalisés par Emmanuel Guibert.
Mots-clés : Takeshi Kitano, Kid's return, enfance et adolescence
Voici des contes populaires qui figurent parmi les plus célèbres au Japon et auxquels le grand écrivain Dazai Osamu (1909-1948) donne une interprétation personnelle par la voix d'un narrateur quelque peu original, censé les lire à sa fille dans un abri antiaérien.
Le narrateur surprend une jeune femme en train de voler dans un supermarché. Elle s'enfuit, ne laissant qu'une flaque d'eau derrière elle. Mais il parvient à la retrouver : sa maison se trouve " après le pont rouge ", sous lequel la rivière et la mer se rejoignent, mélangeant leurs eaux. Lors d'ébats passionnés, la jeune fille perd toute l'eau qui s'accumule en elle lorsqu'elle éprouve des sensations fortes. Elle le supplie de l'aider à " guérir ". Fasciné, le narrateur abandonne son travail et se consacre à son " traitement ". Jusqu'au jour où elle semble guérie, ce qui va perturber l'équilibre de leur relation. À travers cette histoire incongrue, le lecteur découvre dans le détail les codes sociaux rigoureux au Japon, grâce à une écriture ciselée et à un remarquable don d'observation.
Ieyasu, le célèbre chef de guerre, bâtisseur de la ville d'Edo {devenue Tokyo) et premier shogun de la dynastie des Tokugawa qui dirigea le Japon de 1603 à 1867, n'avait probablement pas dès l'origine une telle ambition. Fils aîné du maître du Mikawa, une petite province prise en étau par les puissants clans Oda et Imagawa, il passe une grande partie de son enfance comme otage chez les premiers puis les seconds. Il retrouve la liberté à quatorze ans et épouse une femme proche des Imagawa. En 1560, il s'allie à Oda Nobunaga, lui apporte un précieux soutien dans sa politique d'expansion territoriale et lui témoigne une loyauté indéfectible au point de faire exécuter sa femme et ordonner à son fils aîné de se faire seppuku. Ieyasu est un homme rustique, peu curieux des goûts raffinés des nobles de la capitale, il a toutefois les qualités d'un guerrier patient et rusé. Il modifie souvent ses alliances au moment où cela l'arrange Il s'allie d'abord à Takeda Shingen, à qui il voue une véritable admiration, puis change d'avis et cause la mort de Shingen et de son fils. En 1586, Ieyasu fait allégeance à Hideyoshi après l'avoir affronté à la bataille de Nagakute...C'est le portrait de l'un des trois plus grands seigneurs de guerre de l'histoire du Japon qui est brossé dans cette saga très documentée. Un grand roman épique où les valeurs chevaleresques et le code d'honneur des samouraïs croisent les intrigues politiques et les conspirations les plus perfides dans une lutte effrénée pour le pouvoir.
Shiba Ryôtarô (1923-1996) est considéré au Japon comme le maître du roman historique d'après-guerre. Révélé en 1959 par Fukurô no shiro (Le Château des hiboux), qui obtient le prestigieux prix Naoki, il renouvelle le genre en l'enrichissant d'une véritable dimension érudite. Auteur de centaines d'essais, de récits et de romans historiques, prépubliés en feuilletons et suivis par des millions de lecteurs, il rencontre un immense succès qui a fait de lui l'un des auteurs japonais les plus populaires de la seconde moitié du XXe siècle.
Eriko, une lycéenne de 15 ans, se retrouve confrontée à une situation inexplicable : partie à la recherche de son petit frère, Daigo, qui tardait à rentrer de l'école, elle le retrouve dans le square de son quartier, mais n'arrive plus à rentrer chez elle, comme si elle débarquait dans un monde parallèle. Où se trouve le monde réel ?
Est-ce celui où elle déambule avec son frère, où elle reconnaît certains lieux et personnes mais sous un jour différent de celui sous lequel elle les connaissait jusque-là, ou est-ce le monde où vivent ses parents et qu'elle n'arrive plus à pénétrer ? Lorsque, après de multiples détours, Eriko et Daigo finissent par retrouver la maison familiale, les parents n'y habitent plus semble-t-il...
Aucune réponse n'est jamais donnée clairement sur cette expérience étrange. Les lecteurs choisiront entre la possibilité de l'existence de mondes parallèles (pourquoi pas ?), l'idée (moins séduisante) que la narratrice se laisse déborder par son imagination, ou celle (à peine esquissée) que les parents auraient été victimes d'un accident et que ce deuxième monde pourrait être créé par la jeune fille lors d'un travail de deuil difficile. Les lectures de ce roman restent multiples et ambiguës.
Une réinterprétation contemporaine de la légende du rêve du papillon dans laquelle un homme s'endort et rêve qu'il est un papillon, puis, lorsqu'il se réveille, se demande s'il est homme ou papillon.
Le Japon sera mis à l'honneur lors du Salon du livre de jeunesse 2003 à Montreuil.
En 1614, Japon est dirigé par les shoguns qui ont su unifier le pays en imposant la paix. Pour en finir définitivement avec les années de chaos, le shogunat décide de mettre un terme à la rivalité existant entre les clans Iga et Koga, deux familles ninja rompues à l'antique art martial du Shinobi, dernier vestige du passé guerrier des Japonais. Profitant de la haine ancestrale existant entre les deux familles, le premier shogun oblige les chefs des deux tribus à désigner respectivement les cinq meilleurs guerriers pour un combat à mort au terme duquel sera désigné l'héritier du royaume. Ainsi se voit scellé le sort d'Oboro et Gennosuke, les héritiers des deux familles Iga et Koga qui devront choisir entre leur amour et la mort pour l'honneur de leur clan.