filter
Categories
Support
Price
PASCAL CHARVET
-
Novembre 401 avant notre ère, nord de Babylone. Dix mille mercenaires armés comme les trois cents aux Thermopyles. Tous leurs chefs ont été massacrés par les Perses. Isolés au coeur de l'empire perse, ils décident de survivre à tout prix. Pour cela, ils vont devoir s'ouvrir un chemin au travers de territoires hostiles, harcelés par des ennemis dix fois plus nombreux, du nord de l'Irak à l'Arménie, pour rejoindre la mer Noire, à mille cinq cents kilomètres de là. Ces «hommes de bronze» avancent dans la neige, transis de froid, avec leurs équipages et leurs concubines. Le récit héroïque de leur expédition prend ainsi l'allure d'une épopée mais aussi d'un extraordinaire voyage d'exploration et de découverte.
Elu général par ceux qu'on appelle désormais les Dix-Mille, magistral écrivain d'action, Xénophon livre le premier reportage de guerre au Moyen-Orient, doublé d'un récit ethnographique. Une aventure initiatique aux séquences quasi-cinématographiques et à l'adrénaline puissante, sublimée par une traduction moderne et dynamique. -
Ces anonymes latins du Moyen-Âge sont d'origines et de dates diverses. L'inventeur des textes, qui en est aussi le traducteur, est parti de la découverte d'un long poème, d'une beauté rauque et brutale, intitulé Sémiramis, tout entier traversé par l'ombre de cette reine amante d'un taureau (« Le nom d'une femme a été saccagé par le ventre d'un taureau », ainsi commence le poème). À ce poème se sont ajoutées d'autres pièces variées, incantatoires ou lyriques, précieuses, dans tous les sens du terme, par la hardiesse de leurs images et les surprises qu'elles ménagent. Contrairement à la poésie du Moyen-Âge que l'on connaît, la rhétorique est ici bousculée et les ruptures d'une étonnante modernité.
-
De l'antique poétesse de Lesbos qui fut pour les Anciens l'égale d'Homère, il ne restait que des bribes de vers brûlant de volupté dans une langue d'une étonnante simplicité. Pascal Charvet nous en donne ici une version dépouillée faite à partir de papyrus dernièrement découverts, qui complètent les extraits de jadis. Les poèmes sont ainsi livrés dans leur état le plus récent, en respectant les nombreuses lacunes. Cette présentation permet de deviner l'architecture des poèmes, même des plus fragmentaires, laissant à l'imagination du lecteur le soin d'en restaurer la fresque originale.
Sans cesse errant, se rappelant.
La douce Atthis, de désir.
Son coeur fragile elle alourdit.
-
Les érudits connaissent de lui l'étrange et long poème de la dédicace de l'église Sainte-Sophie ; on peut, dans l'Anthologie palatine, s'arrêter admiratif devant ses épigrammes ; mais jusqu'à leur édition par La Délirante son nom évoquait surtout le Chef des Silentiaires chargés de veiller sur le silence dans le palais de l'empereur. Pascal Charvet a parfaitement su préserver la poésie de ces épigrammes par sa très belle exigence face au texte grec et son souci d'une exacte et toujours harmonieuse résonance en français, comme dans ce terme d'« érotique », qui signifie autant amoureux que sensuel, mais aussi inspiré par Éros, c'est-à-dire philosophique ou religieux. Ailleurs, c'est plutôt l'amour secret dans les sérails gardés de Byzance, et nous nous retrouvons très proches de Cavafys. Il reste ces images brillantes de jeunes filles aux « coeurs de lionnes », dont les dessins d'Eurydice El-Etr disent bien le tranchant et la vivacité.
-
Du fond de ma calèche, je regardais se lever les étoiles.
N'ayez pas peur, Cynthie ; ce n'est que la susurration des roseaux inclinés par notre passage dans leur forêt mobile. J'ai un poignard pour les jaloux et du sang pour toi. Que ce tombeau ne vous cause aucune épouvante ; c'est celui d'une femme jadis aimée comme vous : Cecilia Metella reposait ici. Le palmier de la villa abandonnée se balance à demi noyé dans l'améthyste et l'azur des clartés phébéennes.
Mais toi, pâlie par les reflets de la candeur de Diane, ô Cynthie, tu es mille fois plus gracieuse que ce palmier. Les mânes de Délie, de Lalagé, de Lydie, de Lesbie, d'Olympia posés sur des corniches ébréchées, balbutient autour de toi des paroles mystérieuses. Tes regards se croisent avec ceux des étoiles et se mêlent à leurs rayons. Mais, Cynthie, il n'y a de vrai que le bonheur dont tu peux jouir.
Ces constellations si brillantes sur ta tête ne s'harmonisent à tes félicités que par l'illusion d'une perspective trompeuse. Jeune Italienne, le temps fuit ! Cynthie, ta voix s'affaiblit : il expire sur tes lèvres, le refrain que t'apprit le pêcheur napolitain dans sa barque vélivole, ou le rameur vénitien dans sa gondole légère. Va aux défaillances de ton repos ; je protégerai ton sommeil.
-
Quand en 327 avant J-C Alexandre le Grand décide d'engager la conquête de l'Inde, il est autant animé par le désir de soumettre ce pays à son autorité que par celui d'aller explorer ces terres fabuleuses, aux confins du monde habité.
Cinq siècles plus tard, l'historien grec Arrien relate ce voyage presque mythique où les batailles se doublent de la découverte d'un Orient à la fois réel et légendaire. Fleuves immenses, villes aux fabuleuses richesses, étrangeté des multiples classes, guerriers valeureux, peuples aux moeurs surprenantes, animaux terrifiants : l'Inde se révèle au regard grec tout au long de ce récit passionnant qui nous conduit à travers l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde du Nord actuels.
En contrepoint du regard d'Alexandre, le récit d'Arrien est accompagné de nombreux extraits de la littérature classique indienne poèmes cosmogoniques, traités politiques, paraboles religieuses, théâtre et art d'aimer, qui viennent en écho évoquer l'Inde telle qu'en elle-même. Pour faire de ce livre polyphonique un ouvrage unique, trois éminents chercheurs, un helléniste, une spécialiste de littérature sanscrite et un spécialiste de l'ethnographie indienne antique, ont croisé leurs commentaires, animant l'épopée fulgurante d'Alexandre par la confrontation vivante du regard grec et de la culture indienne.