Kharkiv. Marioupol. Lougansk. Tchernihiv. Boutcha...
« Je prie mes lecteurs, tous ceux qui sont auprès de nous par la pensée en ce moment, de graver dans leur mémoire ces noms de villes ukrainiennes. Ces lieux nous appartiennent à nous tous. La responsabilité de leur sécurité incombe au monde entier. ».
Dès le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, l'écrivaine et photographe Evgenia Belorusets a entrepris de tenir un journal, dans lequel elle raconte le quotidien des habitants de Kiev : le sifflement des bombes, le silence des rues dévastées, la sidération, l'effroi, l'incertitude. Mais la vie, aussi, qui continue vaille que vaille à travers les gestes les plus anodins - échanger quelques mots avec un voisin, s'asseoir un moment sur un banc dans un parc, attraper au vol le miracle d'un sourire, d'un rayon de soleil, d'une minute de répit.
Avec ce document exceptionnel, dans lequel dialoguent textes et photographies, Evgenia Belorusets fait acte de résistance à sa manière intime, tentant, par les seules armes de l'art et de la littérature, de nous faire prendre la mesure exacte, à hauteur d'humanité, du drame qui se joue aujourd'hui à nos portes.
Subjugué par son professeur de philologie, le jeune Roland devient son ami. Mais certains comportements du professeur, avec sa propre femme comme avec lui, commencent à l'intriguer. Bientôt remué par une mer de sensations confuses, de sentiments ébauchés qu'il tente de cerner, Roland cherche à percer le secret de son maître... Chef-d'oeuvre de Zweig, «La Confusion des sentiments» est le grand roman de l'ambivalence, de la haine et de l'amour, de la passion refoulée. Traduction inédite, avec une préface de la romancière et psychanalyste Sarah Chiche.
Mourir pour ses idées, se suicider politiquement, devenir un martyre, c'est être un vaincu de l'Histoire, et c'est ce que fit le jeune philosophe révolutionnaire Adam Lux le 4 novembre 1793, jour où il fut guillotiné pour avoir écrit et publié un éloge de Charlotte Corday. Zweig a écrit en 1928 sur cet homme qui mourut dans l'adoration politique d'une femme un texte étonnant, traversé par trois thèmes : la déception en politique ; l'engagement politique des intellectuels ; et l'art de se tromper politiquement.
« Ce qu'on a oublié de faire une fois, on l'oubliera encore bien d'autres fois. » Oublier un nom, casser un bibelot familier, se tromper de clefs, commettre un lapsus, tous ces petits accidents ordinaires doivent s'interpréter comme des manifestations de l'inconscient. En effet celui-ci travaille sans cesse, infatigablement. Freud a montré comment le rêve était la voie royale d'accès à l'inconscient. Il dessine dans cet ouvrage de 1901 d'autres chemins vers cette part qui échappe à notre contrôle et qui, par ses manifestations, traduit nos désirs. Traduction entièrement révisée par Olivier Mannoni
« L'amour et la fidélité qu'on nous témoigne ici sont la preuve éclatante que nous sommes en vie. ».
Nous savons tous qui est Anne Frank, mais nous connaissons moins ses proches. Ses grands-parents, ses parents, ses oncles, tantes et cousins ont eu une vie avant et après elle, ont connu l'amour, les épreuves, le succès et les drames. Ainsi se dessine, génération après génération, le portrait d'une famille juive ancrée dans une époque faste et éclairée, jusqu'au moment où tout a basculé.
Dans ce document poignant, à partir d'archives privées (lettres, photos, poèmes), l'écrivaine Mirjam Pressler nous raconte la destinée de la famille Frank qui, malgré la séparation, a su rester unie dans les pires moments de son histoire et de l'histoire du monde.
Zweig aimait Freud ; Freud appréciait Zweig. L'auteur de «La Confusion des sentiments» lui rendit hommage en 1932 avec ce portrait saisissant qui célèbre la puissance de l'esprit.
"Un jour, les frères chassés se sont réunis, ont tué et mangé le père, ce qui a mis fin à l'existence de la harde paternelle." Freud résume ainsi le grand "mythe scientifique" qu'il a construit pour expliquer la naissance de l'humanité. S'appuyant sur un matériel anthropologique, linguistique, clinique, il cherche à comprendre ici la psychologie collective à l'aide de la psychanalyse. Le primitif, l'enfant et le névrosé sont les sujets de l'interprétation psychanalytique, qui devient, par la virtuosité de Freud, une théorie générale de l'humanité. Traduction entièrement révisée par Olivier Mannoni.
Éternel étudiant, Jonathan Fabrizius mène sa vie à Hambourg quand la firme automobile Santubara lui propose de rédiger une brochure bien payée ( 5000 plus les frais ) sur les richesses culturelles de la Pologne, afin de préparer le rallye promotionnel d'une nouvelle 8 cylindres de luxe. Il commence à se documenter : Dantzig ! les Borusses !
L'ordre des Chevaliers teutoniques ! Le Jugement dernier de Memling ! La presqu'île de la Vistule !
Mais la route vers les territoires mystérieux, longtemps interdits, de l'Est, est jalonnée de chocs. En voiture, Jonathan est escorté d'un ancien pilote de course et de Frau Winkelvoss, cadre exubérante de la firme, qui ne pense qu'à gommer joyeusement le passé. Et en Prusse orientale - l'ancien, glorieux et désormais maudit nom de la région - ce sont non seulement les bunkers de Göring et de Hitler qui attendent au tournant un Jonathan avide de vérité historique, mais aussi les fantômes de ses parents morts en 1945, l'année de sa naissance.
Écrit peu après la chute du mur de Berlin par Walter Kempowski, ce road-trip tragicomique explore de manière inattendue la question qui a divisé les Allemands au XXème siècle : « Hitler, connais pas » ou « Plus jamais ça ! » ?
C'est à la disparition du monde des "choses" ou des "objets" que Byung-Chul Han consacre ce nouveau livre. Les choses stabilisent la vie humaine, lui confèrent une continuité. Pôles de repos du monde, les choses sont aujourd'hui totalement recouvertes par les informations. Mais il n'est pas possible de séjourner auprès des informations... Quel rapport entretenons-nous désormais avec les choses ? Que deviennent-elles lorsque, pénétrées par les informations, elles deviennent elles-mêmes des informations et s'immatérialisent ? Han poursuit sa critique de la rationalité technique et numérique en s'interrogeant sur la signification des objets et leur effet dans notre existence. Sans doute le plus nostalgique, le plus touchant et le plus polémique des livres de Han parus en langue française.
"Chacun a son histoire de maladie et de mort, chacun a ses pertes, ses images aux noires ramifications et qui ne pâlissent pas. Les morts ne sont jamais morts, ils ont leur place dans les premières phrases d'une rencontre, d'une discussion, ils sont assis dans les jardins, aux tables, devant les soupières, les corbeilles de pain blanc tranché, ils ordonnent, allons, parlez de moi à présent, ne baissez pas les bras, n'arrêtez pas de parler de moi." Zsuzsa Bánk passe un dernier été auprès de son père qui va mourir. Histoires intime et politique se mêlent. À la fois infiniment pudique et très cru, d'une grande tendresse et d'une violence inouïe, un texte lumineux et bouleversant dont les effets rappellent ceux de "L'Année de la pensée magique" de Joan Didion.
Quiproquos amoureux, complexité des sentiments à l'âge où s'éveille le désir : les deux nouvellles qui composent ce recueil, "Une histoire au crépuscule" (1911), sorte de marivaudage gothique, et "Petite nouvelle d'été" (1906), qui évoquera certainement quelque chose aux lecteurs de «La Pornographie» de Gombrowicz, parlent de cruauté, d'aveuglement et d'emprise. Brillant et psychanalytique, Zweig y montre qu'aimer et être aimé coïncident beaucoup plus rarement qu'on le croit...
« Tous les humains, même les plus normaux, sont capables de rêver. » (S. Freud).
Publié en 1901, Sur le rêve offre une synthèse vivante de la monumentale Interprétation des rêves, qui est au coeur de la méthode psychanalytique. En une dizaine de courts chapitres, décryptant plusieurs rêves dont les siens, Freud propose une typologie des rêves, explique leur fonctionnement et le rôle qu'y jouent le désir, la censure et le refoulement. Ce faisant, il aborde divers thèmes comme les rêves des enfants, la créativité du rêve ou la part d'érotisme que recèlent nos rêves, sans oublier d'initier son lecteur à l'art délicat d'interpréter les symboles oniriques.
« Cela ne cesse de me faire une impression singulière de voir que les histoires de malades que j'écris se lisent comme des nouvelles ».
La psychanalyse repose, à ses débuts, sur cinq cas célèbres : Dora, Le Petit Hans, L'Homme aux rats, Le Président Schreber, et L'Homme aux loups. Une jeune fille manipulée et abusée par son père, un garçon pris de panique à la vue des chevaux, un jeune homme obsédé par un horrible supplice chinois, un respectable magistrat se disant persécuté par Dieu, un Russe bipolaire aux étranges hallucinations... Chacun incarne une notion clé : l'hystérie, la phobie, l'obsession, la castration, la paranoïa. Freud les a regroupés dans ce livre publié d'abord en 1935 chez Denoël et qui, depuis lors, a marqué, charmé et inspiré des générations de thérapeutes et d'étudiants grâce à sa puissance narrative.
Six textes inédits de Stefan Zweig sur la poésie et les poètes, et en premier lieu Charles Baudelaire, dont on va célébrer le bicentenaire, mais aussi Victor Hugo, Paul Verlaine, Rainer Maria Rilke, etc.
Le projet culturel de notre modernité semble parvenu à son point d'aboutissement : la science, la technique, l'économie, l'organisation sociale et politique ont rendu les êtres et les choses disponibles de manière permanente et illimitée.
Mais alors que toutes les expériences et les richesses potentielles de l'existence gisent à notre portée, elles se dérobent soudain à nous. Le monde se referme mystérieusement ; il devient illisible et muet. Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Le surgissement de crises erratiques révèle l'inanité d'une volonté de contrôle débouchant sur un chaos généralisé. Et, à mesure que les promesses d'épanouissement se muent en injonctions de réussite et nos désirs en cycles infinis de frustrations, la maîtrise de nos propres vies nous échappe.
S'il en est ainsi, suggère Hartmut Rosa, c'est que le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Telle est la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous débattons. Pour la résoudre, cet essai ne nous engage pas à nous réfugier dans une posture contemplative, mais à réinventer notre relation au monde.
Qu'est-ce qu'un héros ? Deux textes de Stefan Zweig à redécouvrir, dans la veine du «Wagon plombé». Deux textessur deux explorateurs, deux moments de l'Histoire, deux lieux cruciaux pour aujourd'hui (les océans, les pôles). Le premier, qui donne son titre au livre, raconte la découverte du Pacifique, en septembre 1513, par Vasco Nunez de Balboa (cette « fuite dans l'immortalité » renvoie au fait que Bilboa, sorte de bandit rebelle dont la tête risquait d'être mise à prix, n'avait pas d'autre issue pour s'en sortir que de devenir un héros). Le second, intitulé « La lutte pour le pôle Sud », raconte la dernière et tragique expédition de Robert Falcon Scott en Antarctique, en janvier 1912.
Dans ce livre, où chaque page représente un âge, se trouve tout ce que l'on apprend au cours d'une vie, de 0 à 99 ans.
?Un ouvrage destiné à toute la famille, à feuilleter dans un sens comme dans l'autre, pour apprendre à grandir et réapprendre à s'émerveiller.
Ce livre est dédié à toutes les amitiés : les éphémères, celles qui durent toute une vie, celles qui sont devenues des histoires d'amour et celles que nous n'avons pas osé sauver.
Dans une colonie néerlandaise des tropiques, un lieu moite, malsain, aussi bien par son climat que par ses moeurs, une femme voilée demande de l'aide à un ancien médecin, et le fait plonger peu à peu dans une folie meurtrière. Tel un de ces fous de Malaisie qui dévalent parfois subitement les rues armés de leur kriss et poignardent tous ceux qui se trouvent sur leur chemin dans une course insensée que l'on nomme amok, le héros de cette nouvelle se lance à la poursuite de cette mystérieuse femme.
Ce chef-d'oeuvre de Stefan Zweig est ici publié dans une traduction inédite en poche. Comme dans sa parution originale de 1922, il est suivi de La Ruelle au clair de lune, nouvelle avec laquelle il présente nombre de points communs.
Au printemps 1940, quelques mois avant de se suicider, Walter Benjamin rédige une suite d'aphorismes denses et étincelants, bouleversants blocs de prose poétique au centre desquels rayonne «Angelus Novus», le tableau de Klee, que le philosophe associe à l'Ange de l'Histoire. Réunis sous le titre "Sur le concept d'histoire", ces aphorismes sont le texte le plus commenté de Benjamin. Leur répondent ici deux autres essais : "Eduard Fuchs, le collectionneur et l'historien" (1937), et le célèbre "Paris, la capitale du XIXe siècle" (1935), traversés par une même question : peut-on sauver le passé ? Avec une préface de Patrick Boucheron, professeur au Collège de France.
C'est dans cette fameuse histoire critique de la photographie que Walter Benjamin définit pour la première fois le concept d'aura, clé de voûte de sa théorie esthétique, ainsi que la notion d'inconscient optique, ce quelque chose qu'en prenant une photo nous captons sans le savoir et que, par exemple, certains psychogénéalogistes vont traquer pour éclairer notre histoire. «Petite histoire de la photographie» (1931) est suivi de «Un portrait d'enfant» (1934), où Benjamin, analysant une photographie du jeune Kafka baignée de tristesse, se trouve soudainement renvoyé à sa propre enfance. Avec ce livre, qui est l'autre volet de «L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique», partez en compagnie d'un maître penseur à la recherche de la puissance des images.
Dans quels temps vivons-nous ? Voici qu'une frénésie primaire pousse à mordre, haïr, dénoncer. Les rumeurs et les «fake news» aveuglent jusqu'aux politiques les plus expérimentés. Dans nombre de démocraties, le mensonge est la vérité. Les populations semblent adorer l'incompétence au pouvoir. Le cynisme et la désinhibition se généralisent. L'amour de la liberté devient un cliché. Puissant ou dominé, chacun revendique le droit d'être une exception aux règles et à la morale... C'est le moment d'écouter la parole du plus important philosophe européen actuel. En cinq essais sur les thèmes de l'immigration, du Brexit, de la cohésion sociale et de la nation, Peter Sloterdijk analyse la montée des populismes et leur vision simpliste du monde, dénonce l'improvisation de politiques réduits à réparer chaque matin les erreurs qu'ils ont commises la veille. Lui qui avait prévu le retour de la colère et de la violence, il nous exhorte aussi à ne pas oublier que l'Europe, malgré ses défauts, reste à ce jour le seul système de coopération durable.
L'antisémitisme, le judaïsme et la guerre : deux nouvelles de Zweig, écrites l'une alors qu'il a vingt ans, l'autre sur la fin de sa vie, explorent l'ambivalence à l'égard de ses origines de celui qui se disait volontiers "juif par hasard". Dans un shtetl d'Europe centrale, au moment de fêter un mariage, les juifs doivent soudain fuir dans la nuit et la neige une bande de tueurs : «Dans la neige», récit peu connu de 1901, livre comme une préfiguration des persécutions nazies. Il est suivi du «Chandelier enterré», longue nouvelle écrite en 1937, alors que les persécutions sont devenues réalité. Zweig y dépeint, à travers les pérégrinations du chandelier à sept branches du temple de Jérusalem aux Ve et VIe siècles, le désespoir du peuple en exil, l'oppression, l'injustice et la détermination des juifs à retourner en Terre sainte.
Après avoir combattu dans la résistance française, son grand-père a contribué à la fondation de la RDA.
Sa mère a cru à l'avenir du jeune état communiste, tandis que son père rêvait déjà de le voir disparaître. Maxim Leo avait 20 ans au moment de la chute du mur ; il raconte aujourd'hui d'une plume alerte et captivante l'histoire d'une famille peu commune : la sienne. Un portrait de l'Allemagne de l'Est sans fard ni "ostalgie" et toujours proche de la réalité vécue par ses habitants.