« Je le considère comme le meilleur, le plus lumineux, le plus poétique de tous mes livres jusqu'ici », écrit Robert Walser à son éditeur lorsqu'en 1917, il lui présente Vie de poète : vingt-cinq proses brèves où se côtoient les figures du mécène et du critique, plusieurs portraits féminins, Hölderlin aussi, et puis la grande route, la forêt, les contes, un poêle ou un bouton de chemise... ce recueil dessine la biographie éclatée d'un poète, qui laisse entrevoir celle de Walser lui-même.
Comme le suggère le titre au singulier de ce recueil publié en 1917, Walser fait résonner toute la gamme des possibilités de la « petite prose ». Dans une profusion de détails jouissive, fiction et éléments autobiographiques s'entrecroisent en une vivante galerie de portraits, réels ou fictifs, dont quelques doubles du poète. Sans oublier d'impertinentes petites farces burlesques ou satiriques ainsi que deux textes plus amples, dont « Tobold », qui conclut le volume sur un écho du temps où Walser travailla comme laquais dans un château de Silésie.
Un homme hanté par son enfance rentre au pays. Il y a grandi aux côtés de Vito, son meilleur ami.
Ces deux adolescents en Allemagne de l'Est ont connu une tragédie, l'homme évoque en pointillé la culpabilité qui le ronge depuis, et la tentative de se reconstruire.
Car sa vie lui échappe, kidnappée par l'accident avec l'ami. Malgré son épouse et sa fille bien-aimées, les démons de la mélancolie sont réveillés dans ce paysage de l'Elbe, où campent les néo-nazis et où plane l'ombre d'une sourde menace, toujours plus difficile à ignorer.
L'inondation de l'Elbe, déluge qui engloutit tout, permet enfin de vraiment recommencer.
R. Walser (1878-1956), de retour dans sa ville natale, Bienne, composa ce recueil de six nouvelles entre 1913 et 1921. Ces textes abordent des thèmes qui lui sont chers : la promenade, la condition et le travail de l'artiste, etc.
Ce recueil, qui fait place aussi bien à l'essai qu'à la poésie, met face à face vingt et un textes et les images qui leur correspondent. Des pages d'époques, de longueur et de genres différents, qui déploient toute la gamme d'un styliste virtuose : poèmes, proses, caprices, petite scène dramatique, critique d'art, compte-rendu d'exposition... avec pour dénominateur commun, la peinture. Walser y exprime toute la saveur des peintures galantes de Fragonard, fait bruisser de vie les images d'un album d'Anker ; converse avec l'Olympia de Manet, révèle des détails inattendus de La Vénus du Titien, rehausse le mordant des miniatures de Daumier... Voici un itinéraire dans la galerie intérieure de Robert Walser, à la découverte d'une sensibilité perçante, chaloupée et délicieusement espiègle.
A Berne, du début des années 1920 jusqu'en 1933, Robert Walser mène une double vie littéraire : il publie proses et poèmes dans les principaux journaux et revues de tout l'espace germanophone ; mais au revers de cette vie publique, à l'insu de tous, il élabore ses textes en toute liberté dans son territoire secret, d'une écriture microscopique, au crayon. Dos d'enveloppes, marges de documents officiels, les supports les plus hétéroclites lui offrent un espace de créativité débridée que la sélection de proses présentée ici invite à découvrir, comme un continent textuel insoupçonné.
Maître des petites proses et poète du quotidien, paradoxal dans son destin comme dans ses textes, Robert Walser (1878-1956) est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands écrivains du XXe siècle. Son oeuvre, célébrée par Franz Kafka, S. Sontag ou W. G. Sebald, ne cesse de fasciner et de gagner de nouveaux lecteurs. Traduit de l'allemand par Marion Graf. Choix de textes et postface de Peter Utz "L'optimisme est une chose magnifique, voilà la réflexion que m'a inspirée une voix retentissante qui sortait de la bouche d'un promeneur".
Robert Walser, le promeneur le plus passionné parmi les écrivains, a passé les 27 dernières années de sa vie en internement. Une longue période de silence, dont on ne possède presque aucun témoignage. L'écrivain avait complètement cessé d'écrire, mais non de lire, ni surtout de réfléchir et de penser le monde, comme nous le prouvent les récits de ses promenades avec le journaliste Carl Seelig. Aussi riches en anecdotes qu'en considérations sur l'art, la société et la politique, ainsi que sur les propres textes de Walser, les promenades offrent un matériau rare pour explorer l'oeuvre de cet écrivain à l'esprit primesautier unique en son genre.
Un Ours naît d'un gratouillement. Autrement dit, de nulle part. Qui est-il ? Il se met en route et il entre dans la Forêt Merveilleuse pour essayer de découvrir s'il est bien lui-même. Cet Ours très positif ouvre les yeux et les oreilles, au fi l des rencontres, il s'aperçoit que les autres, amicaux, intimidants ou serviables - la Vache Complaisante, le Lézard Paresseux, le Pingouin Pénultième, la Tortue-Taxi, semblent parfaitement le connaître. Au terme de son voyage initiatique, il saura qu'il est bien lui. Oren Lavie propose un conte philosophique, porté par les mots simples, des situations cocasses tout en fi nesse, un Ours délicieusement résilient.
Paru en allemand en 2003, ce livre n'est pas l'oeuvre d'un érudit, mais d'un véritable écrivain, au style concis, alerte, souvent humoristique.
C'est peu de dire qu'on ne s'ennuie pas un instant : on est captivé, fasciné, emporté, ému par le récit de cette existence errante et de plus en plus persécutée, ponctuée de très beaux portraits des femmes qui ont compté pour Mandelstam. Et, dans le même temps, le lecteur a le sentiment d'accéder peu à peu et presque sans effort à une oeuvre réputée difficile, qui se révèle, à travers les nombreuses citations qui ponctuent le récit, dans toute sa richesse.
Les 23 chapitres de ce récit linéaire empruntent tous leurs titres (comme l'ouvrage entier : "Mon temps, mon fauve") à l'oeuvre du poète. Chaque chapitre commence, en en-tête, par un résumé précis de son contenu, comme dans les romans des époques classiques. Cela va donc de l'enfance et des origines familiales jusqu'à la fin lamentable au goulag, en passant par une multitude d'étapes et de séjours à Petrograd, à Moscou, à Kiev, en Crimée, toujours dans la pauvreté, souvent dans la misère et la famine, puis la maladie.
Factions politiques, cénacles littéraires (symbolistes, futuristes, akméistes, etc.), personnages grands et moins grands de cette comédie humaine en forme de tragédie - russe et internationale - entrent en scène, ressortent, réapparaissent sans que jamais ce ballet un peu vertigineux ne devienne confus ni lassant. La vie de Mandelstam, de cet homme opiniâtrement amoureux de la vie qu'il n'a cessé de célébrer jusqu'à son dernier souffle, est un hymne à la dignité fragile de l'homme dans une époque menaçante, et à la liberté.
Cette soixantaine de textes, dont la moitié pour la première fois en français, donnent à entendre les réflexions lucides et subtiles de Robert Walser sur l'art musical.
Envolées lyriques pour la Flûte enchantée de Mozart ou ironie acérée face aux mondanités des auditeurs et poses affectées des musiciens, le poète s'attache à toutes les mélodies.
Mais ce n'est pas une surprise s'il marque sa préférence pour les formes modestes, brèves et les sons du quotidien. Avec la précision qui le caractérise, Walser s'attache à écouter le silence de la neige, les flonflons des cafés ou la petite musique qui accompagne le badinage amoureux. Sa prose elle-même est empreinte de musicalité, tressautant tantôt gaiement d'un sujet à l'autre, tantôt entonnant des lamentos aux accents plus graves.
Nietzsche qualifiait Les Gens de Seldwyla de « trésor de la prose allemande », un recueil d'histoires parmi les rares selon lui qui méritent d'être « lues et relues ». Il faut situer cette oeuvre majeure du XIXe siècle entre Gogol pour son réalisme et Bouvard et Pécuchet pour sa satire.
Seldwyla une petite ville proverbiale dans la campagne où rien n'est grave et où on est à la fois capable de se féliciter de ce que l'on est et doué d'autodérision. Où on a des idées, même si souvent la paresse prend le dessus. A Seldwyla, peu importe de creuser à nouveau une route fraîchement bitumée parce qu'on a oublié de remplacer les conduites d'eau.
La narration est d'une vitalité telle qu'elle nous fait avancer à grands pas dans le récit. Les dialogues sont nombreux et l'ironie toujours présente.
Deux enfants à l'aventure. L'un d'eux interpelle l'autre et lui demande s'il se rappelle quand la route n'en finissait pas, quand ils ont eu peur des chiens, quand il a fait sombre tout à coup et que la pluie s'est mise à tomber, quand deux renards ont eu un accident, quand des vaches ont couru vers eux... Deux enfants courageux, qui surmontent ensemble mille et un dangers réels ou imaginaires, avant de s'endormir fiers et contents, des histoires plein la tête en se jurant de n'avoir plus jamais peur.
Le texte poétique et intimiste de Zoran Drvenkar et les images naïves, douces, très enfantines de Jutta Bauer sont un hommage extraordinaire à l'enfance, aux moments uniques de complicité et de jeux qui font grandir et apprendre beaucoup plus que les heures de classe.
En 1909, à Berlin, alors que ses romans valent à Robert Walser un début de gloire, son éditeur Bruno Cassirer fait paraître un recueil de poèmes illustrés d'eaux-fortes du peintre Karl Walser, frère de l'auteur.
Ces poèmes, écrits dix ans auparavant, sont pour certains les premiers textes de Walser à avoir été publiés, en 1898, dans les pages du quotidien bernois Der Bund. Première dans l'oeuvre, cette poésie d'un jeune homme de vingt ans a déjà l'intensité musicale, l'inimitable tonalité de ferveur douloureuse et espiègle qui caractérise Walser. Cent ans après leur publication, il était temps de donner à lire ces poèmes au lecteur de langue française, dans une édition bilingue.
Chacune des huit petites histoires de ce livre présente un enfant au tempérament bien trempé. Il y a Ruby, le poussin, à qui sa mère demande de surveiller son petit frère pendant qu'elle prend un bain... Il y a Arthur, le lapin, qui ne veut pas mettre ses nouveaux vêtements et aller voir Tante Eunice. Il préfère traîner dans ses vieux vêtements devant son programme préféré. Harriet, la petite chatte reine des gémisseuses, qui veut une tranche de gâteau avant de passer à table.
Harry, le porcelet, qui ne veut pas manger ses carottes...
Chacun arrivera avec beaucoup de finesse et de persévérance à ses fins et les parents seront au final les dindons de la farce.
Un album politiquement incorrect dans la veine des Eva Janikovszky.
La correspondance de Robert Walser couvre toute sa vie : de l'adolescence aux années de son internement à Herisau. Elle donne donc un aperçu de ses déménagements, de ses lectures et de ses déplacements, des années de guerre et de mobilisation en 1914-1918 et de sa vie quotidienne, et surtout de son travail, de ses hautes exigences éditoriales, de son héroïque combat d'écrivain de tous les instants.
Le volume propose un choix de quelque 250 lettres de Walser à ses principaux interlocuteurs (une trentaine au total) : sa soeur Fanny, divers rédacteurs de « feuilletons », éditeurs, directeurs de revues (Max Brod, Max Rychner, Christian Morgenstern) et de rares collègues (Hermann Hesse, Carl Seelig). Deux tiers des lettres sont adressées à deux femmes : Frieda Mermet surtout, figure maternelle, amie, confidente, et la jeune Therese Breitbach. Seules de très rares réponses ont été conservées Les confidences y sont rares, et la plupart du temps, déguisées, à la façon des petites proses. En effet, les lettres mettent en oeuvre tous les registres de langue, familière et raffinée, joueuse, polémique et provocatrice, formulations commerciales, politesses et courtoisies, dialecte alémanique, et même. trois lettres en français.
Un index, des fac-similés et des notes complètent le volume, présenté par Peter Utz et Marion Graf, qui en est la traductrice.
Jürg Schubiger, qui a décidément plus d'une corde à son arc, décoche les flèches de Cupidon. Il nous raconte, par exemple, que deux êtres amoureux ne savaient pas comment s'y prendre pour s'embrasser. Ils en restaient donc aux salutations polies, jusqu'au jour où leur bouche se trouvèrent. Si simple, ils ne l'auraient pas imaginé !
Une vingtaine de poèmes sur le thème de l'amour illustrés par Wolf Erlbruch qui a choisi des animaux amoureux dont les paires sont parfois improbables : hibou et écureuil, escargot et souris, chien et chèvre, et même chat et chien se lancent dans l'aventure amoureuse ! Seuls lapins, canards et ours restent entre eux.
Ressemblance ou dissemblance, quelle garantie de réussite ?
Les brèves scènes dramatiques qui ont marqué les débuts et la fin de la carrière de robert walser (1878-1956), retrouvées, pour certaines, dans les célèbres microgrammes, sont à lire autant qu'à jouer.
Comme un mobile, le moindre souffle suffit à faire bouger le délicat filigrane de ces dialogues. tout walser est là, dans cette théâtralité du langage, dans cette rhétorique précise, tour à tour grandiloquente et joyeusement contradictoire, et surtout, dans ces duels acérés entre des personnages assujettis à des rapports de force subtils et impitoyables.
Les brèves scènes dramatiques qui ont marqué les débuts et la fin de la carrière de robert walser (1878-1956), retrouvées, pour certaines, dans les célèbres microgrammes, sont à lire autant qu'à jouer.
Comme un mobile, le moindre souffle suffit à faire bouger le délicat filigrane de ces dialogues. tout walser est là, dans cette théâtralité du langage, dans cette rhétorique précise, tour à tour grandiloquente et joyeusement contradictoire, et surtout, dans ces duels acérés entre des personnages assujettis à des rapports de force subtils et impitoyables.
« À quoi peut bien servir l'énergie, en l'absence de génie ? À propos, aujourd'hui, je me suis levé énergiquement, c'est-à-dire d'assez bonne heure, et de ce fait, je peux écarter le reproche d'être velléitaire. »
Imaginez un pays où la mort n'existe pas. Un pays où l'on n'a pas besoin de se souhaiter «.bonne journée.» ou «.bonne chance.» parce que l'on sait que de toute façon la journée sera bonne et que l'on ne manquera jamais de chance. Jusqu'au jour ou, appuyée sur son parapluie noir, la mort fait une halte dans un village, discrètement et sans bruit. Dès lors les catastrophes s'enchaînent. Un texte poétique et profond sur la mort et son appréhension, un sujet cher à l'auteur Jürg Schubiger, illustré par le trait naïf et coloré de R. S. Berner, l'illustratrice des livres des saisons.
En 1957, après la mort de Robert Walser, son exécuteur testamentaire publie dans une revue une page en fac-similé extraite d'un ensemble de 526 documents gardés précieusement par l'auteur. Pour lui, il s'agit d'une "écriture secrète", facile à mettre en relation avec sa prétendue maladie psychique. Or un germaniste découvre aussitôt qu'il s'agit de textes écrits dans une forme
miniaturisée à l'extrême. Dès lors il leur donne le nom de "microgrammes". Ces textes, peu à peu déchiffrés, publiés en allemand, et partiellement en français (Zoé, 2003), relèvent de tous les genres, théâtre, poèmes, petites proses, et font partie de ce que Walser a appelé le "territoire du crayon". Leur déchiffrement intégral représente un exploit unique de lecture microscopique. Leur contenu promet une connaissance approfondie des secrets de la créativité poétique de Walser. Ce livre reproduit une suite de microgrammes en
couleurs pour en montrer la beauté et la diversité. Il permet de rêver aux raisons qui ont poussé l'écrivain à choisir tel support (enveloppe, calendrier, formulaire") et à y inscrire tel texte. "Pour moi, à l'aide du crayon, je pouvais mieux jouer, composer ; il me semblait que le plaisir d'écrire, alors, reprenait vie.". L'album se termine par une chronologie illustrée de Robert Walser.
T out commence pendant les vacances, lorsque la famille Kalinkin part à la campagne visiter la grand-mère. Le père souhaite apprendre à lire à son fils avant que celui-ci ne commence la grande école à la rentrée. L'enfant n'est pas très motivé mais décide d'apprendre à parler au chat. Grâce aux animaux de la ferme il y arrive... Et ma foi c'est très pratique d'avoir un chat qui parle à la maison... même si parfois quelques subtilités de langage lui échappent encore !
Une bande dessinée délicieusement vintage, dans la tradition des BD belges. Un album qui rappellera aux plus grands leurs premiers émois de bédéphiles. Même l'humour est délicatement suranné... Mais il y a dans cette BD quelque chose d'intemporel et d'universel qui parle à toutes les générations.