Kenneth White nous conte le récit d'un voyage qu'il effectua pour atteindre le Nord rugueux et sauvage du Japon : Hokkaidô, ses ports et ses montagnes. Point de départ : Tokyo, la ville tentaculaire.
Après quelques jours passés à s'imprégner des signes de cette ville chaotique, l'auteur part sur les traces du poète zen Bashô jusqu'à Hokkaidô, cette terre que les Japonais ont conquise sur les Aïnous, un peuple de pêcheurs et de chasseurs implanté au nord du Japon et à l'est de la Russie, et où, chaque année, des cygnes sauvages migrent depuis la Sibérie. Dans un registre unique alliant expérience physique, poésie dynamique, pensée vive, le texte rapide et à niveaux multiples de White est plus qu'un livre de voyage, c'est un livre qui ouvre un espace de vie profond et intense.
Dans La Route bleue, Kenneth White part à la recherche du Labrador, territoire canadien fantasmé depuis longtemps. Nous le suivons dans son périple depuis Montréal. En chemin, il rencontre des Amérindiens, des mineurs, des chasseurs, des descendants d'Écossais, de jeunes Pocahontas, de vieux chamans. Il visite les mines et les réserves, écume les bars, scrute les paysages et écoute le monde. Plein d'humour et de poésie, ce récit de voyage est aussi un texte d'initiation. Le routard qui nous parle est un intellectuel nomade et inversement : aux petits tracas quotidiens du voyageur, aux dialogues truculents avec Eskimo Joe ou d'autres personnages hauts en couleurs, alternent rêverie philosophique et références à une constellation d'écrivains et de penseurs libres.
Kenneth White nous emmène sur les petites îles de l'Atlantique tropical, cet archipel à la courbe gracieuse qui s'étend de la côte du Venezuela à la Floride : les Antilles. Il les a fréquenté de longues années durant, sillonnant l'espace marin, les arpentant à pied.
Tout commence dans l'Archivo General de Indias à Séville, où White tombe sur un vieux livre où il était question des premières approches de ces îles : la Deseada, Marigalanta, La Dominica, Barbados etc. C'est comme une musique lointaine à ses oreilles. L'Archipel du songe est une histoire de migrations, de langues diverses, de rencontres avec des conteurs et des pêcheurs, d'expériences diverses vécues à travers les territoires, de moments de sensation et d'extase dans des solitudes en compagnie d'iguanes et de flamants roses.
Paru pour la première fois en 1978, Dérives retrace « les années de la grande dérive » dont Kenneth White fait l'expérience. Au départ, le besoin de sortir des codes et des structures, de recommencer à la base. D'où une suite d'errances et d'expériences, de rencontres lumineuses avec des poètes, musiciens, junkies, amantes, d'abord en Grande Bretagne, dans un Londres underground, un Glasgow labyrinthique, avant de poursuivre la quête dans un Dublin secret, avec toujours dans l'air une musique faite de blues, de rock, de raga, et de cris de mouettes. Puis c'est le Continent, à travers un Anvers fumeux, un Amsterdam métaphysique, un Barcelone délirant, un Marseille lumineux. Et, terre ultime, l'Afrique du Nord : le désert, le sable immémorial, le vent du vide, le silence.
Les voyages de Kenneth White sont plus que des voyages, ce sont des itinéraires de l'esprit. Et son écriture, jamais seulement descriptive, ouvre un champ d'énergie. Cette fois, le territoire, c'est l'océan Indien, tout ce splendide espace qui s'étend entre le mince détroit de la mer Rouge et l'ample golfe du Bengale : moussons et volcans ; requins et tortues ; épices et aromates. Et les compagnons de route sont, ici, des naturalistes fervents et quelques rares philosophes, là, des pêcheurs, des vagabonds, des hors-la-loi et des solitaires.
Parcours d'île en île, certaines grandes et diversement peuplées, d'où des tableaux vifs, drôle et en couleur de politiques, de cultures et de moeurs, d'autres à peine plus que des bancs de sable hantés par des oiseaux migrateurs.
Prenant pour point de départ le grand port du Pacifique Nord, il trace un itinéraire qui longe le littoral de la Colombie-Britannique avant d'atteindre la péninsule de l'Alaska, en passant par Juneau, la capitale des affaires, et Skagway, longtemps le fief de l'escroc Soapy Smith. En route, dans le style vif et allègre qu'on lui connaît, il esquisse des portraits de coureurs de bois français, d'environnementalistes tels que l'Écossais John Muir, tous suivant des pistes d'ombres et de lumières sur fond de vie sauvage, et de vie autochtone, celle des Kwakiutlset des Tlingits. Les livres de voyage de Kenneth White sont des navigations mentales, des initiations à des états-limites de l'existence et de la conscience. Cet ouvrage inédit en est un exemple éminent et frappant.