Boccace a trente-cinq ans en 1348 quand, « juste effet de la colère de Dieu », éclate la grande peste qui flagelle l'Italie. Composé dans les années qui suivent, le « Livre des dix journées » s'ouvrira sur ce tableau apocalyptique, à la force grandiose et terrible, qui n'a rien à envier à la description de la peste d'Athènes chez Thucydide. C'est en effet dans ce contexte que sept jeunes filles courtoises et trois jeunes hommes qui ont conservé leur noblesse d'âme se retirent sur les pentes enchanteresses de Fiesole pour fuir la contagion de Florence, devenue un immense sépulcre, et pendant deux semaines se réunissent à l'ombre des bosquets et se distraient chaque jour par le récit de dix nouvelles, une pour chacun, tantôt sur un sujet libre, tantôt sur un sujet fixé à l'avance pour tous, par la reine ou le roi de la journée. Tel est le premier chef-d'oeuvre de la prose littéraire en langue « vulgaire ».
Comment un pécheur endurci pourrait-il être adoré comme un saint après sa mort? Par quel prodige, en donnant un grand banquet à base de poules, une belle marquise fidèle à son mari parvient-elle à réprimer l'amour du roi de France? Pourquoi un moine, pourtant surpris en plein ébat avec sa belle par son abbé, est-il pardonné par ce dernier?
Audacieux, licencieux et plein d'esprit, les héros du Décaméron célèbrent la joie de vivre. Un des premiers chefs-d'oeuvre de la prose littéraire italienne.
Avec ce premier roman publié en 1906 en Italie, Sibilla Aleramo connaît une gloire soudaine à l'âge de trente ans : Une femme est aussitôt traduit en français, Anatole France s'enthousiasme dans un article du Figaro sur ce prodige de la littérature italienne et le Tout-Paris la fête : Rodin, Anna de Noailles, Valéry Larbaud, Charles Péguy, Apollinaire, Colette se disputent la compagnie de cette jeune femme fascinante.
" Qui n'a pas vu Sibilla Aleramo à Rome en cette première décennie du XXe siècle n'a rien vu ", s'exclamera l'écrivain Stephan Zweig après l'avoir rencontrée à Rome, à son tour conquis par cette figure légendaire, après Gorki, Brandes, Pirandello et tant d'autres. Une femme, roman autobiographique, rempli de passion, osé, reflète le tempérament totalement indépendant et affranchi de Sibilla et porte déjà la marque si personnelle qui caractérise toute l'oeuvre de cet écrivain unique dans l'histoire de la littérature moderne.
Près d'un siècle après sa parution, l'oeuvre de Sibilla Aleramo continue, de génération en génération, à conquérir de nouveaux lecteurs qui se reconnaissent dans cette voix chaude, sensuelle, éprise de liberté, d'amour et de justice sociale - dans l'éternelle rebelle Sibilla.
Le Château d'Udine a paru en 1934 en Italie. C'est d'abord un livre sur l'impossibilité de se remettre de l'épreuve insoutenable de la Première Guerre mondiale, cette épreuve qui, des années durant, alimentera en lui de grandioses fureurs. Fureurs contradictoires, d'ailleurs, faites de mépris cinglant pour un commandement incapable, d'estime affectueuse mais sans illusions pour les hommes de troupe ou pour certains compagnons d'armes, d'orgueil et de culpabilité mêlés à propos d'un conflit qu'il avait souhaité, mais dont il a vite vu et compris quelle effroyable réalité il recouvrait. Pourtant, dans ce livre, Gadda ne parle pas seulement de la guerre. D'autres récits lui sont suggérés par des aventures plus pacifiques ; à commencer par une croisière en Méditerranée sur un paquebot de luxe, qu'il dut sans doute suivre en qualité d'envoyé spécial de quelque magazine. Enfin, dans un apparent désordre, il a ajouté à cet ensemble déjà composite quelques récits pseudo-historiques ainsi que des scènes de vie milanaise ou romaine. Cette diversité de sujets, outre qu'elle épouse les humeurs toujours changeantes de cet écorché vif, permet au lecteur d'accéder à l'univers si singulièrement multiple qui est le sien. Dans sa variété, Le Château d'Udine montre comment Gadda est tout entier présent dans le plus bref, dans le plus apparemment anodin de ses textes, car quel qu'en soit le sujet, c'est toujours cette même écriture qui s'impose, continuellement emportée par une passion violente, torrentielle. Gadda s'exprime dans une langue d'une richesse et d'une véhémence flamboyantes, truffée de références et d'emprunts dialectaux, car, à la fois spontanément et délibérément, il est un écrivain éminemment baroque.