En Zamonie, tout le monde vit pour et par les livres. Hildegunst Taillemythes, jeune dragon de 77 ans et aspirant écrivain, ne fait pas exception. Quand, sur son lit de mort, son parrain en écriture lui tend un manuscrit qu'il considère comme le meilleur jamais composé, Hildegunst se jure d'en retrouver l'auteur. Il part alors pour Bouquinbourg, «ce pays où la lecture peut rendre fou, où les livres risquent de blesser, d'empoisonner, et même de tuer»...
De l'or, de l'or, de l'or ! En 1523, le général Pizarro part à la conquête du Pérou et entre dans la ville de Cajamalca. Ses hommes et lui sont éblouis par ce qu'ils découvrent : il y a de l'or partout. Pour s'en emparer, Pizzaro a un plan : il va capturer l'Inca, l'empereur du Pérou, et réclamer le plus d'or possible en échange de lui. Mais jusqu'où ira cette fièvre de posséder, violente et incompréhensible ? Et aura-t-elle jamais une fin ?
La poésie fut la grande affaire de sa vie : pendant près de quarante ans, de 1924 à 1961, moment du procès Eichmann, Hannah Arendt ne cessa d'en écrire. Ses poèmes, où l'on croisera les figures de Martin Heidegger et de Walter Benjamin, parlent d'exil, d'amour et de mort, de nature et de nostalgie. Rassemblés ici pour la première fois, souvent totalement inédits, ils nous font pénétrer dans le jardin secret de la plus grande philosophe du XXe siècle.
Une farandole tsigane pour dire le jaune du soleil, le noir des camps nazis et le rouge de la vie Ceija Stojka disait : "Nous sommes un peuple qui dans le désespoir sait danser et chanter." Et c'est bien dans un tourbillon de couleurs, de lumière et de rires que commence cette histoire. Avec le goût de la pluie sur les lèvres, le vent dans les cheveux et les herbes folles en farandole tsigane. Mais vient la nuit des camps, celle des barbelés et du pouvoir d'un tout petit homme raciste.
Après Auschwitz, après la peur, resurgit le soleil pour dire oui à la vie. Respirer profondément, tendre les poings vers le ciel et rester unis, parce qu'on est plus forts quand on chante tous ensemble. Jouer à cloche-pied avec des listes de mots, pour conjurer le malheur et s'ouvrir au bonheur. La petite-fille est devenue arrière-arrière-grand-mère, mais chez les Roms, le voyage n'est jamais fini.
La société bourgeoise allemande fin de siècle, celui que Brecht appelle un « grand éducateur de la nouvelle Europe », Frank Wedekind, la connaît bien.
Il y a trempé dans toutes circonstances de sa vie. Rien d'étonnant à ce que son théâtre, ses poèmes, sa prose décrivent et dénoncent avec tant de rigueur les mensonges de son code moral, dont la première victime est la femme. (...) Dans ses nouvelles, Wedekind a pris majoritairement un biais exploratoire, celui de la femme, parce que socialement marginalisée, quelle que fût son appartenance sociale, comme en témoigne le choix présenté dans ce livre initialement paru chez Ludd en 1990. À contre-courant des idées reçues, Wedekind y peint des énergies féminines.
Le hasard des traductions fait que les textes ici rassemblés constituent des moments de la pensée de Wedekind, et traduisent par là même une dynamique de réflexion. Je m'ennuie est un extrait de son Journal rédigé au château de Lenzbourg (...). Le premier pas est également un extrait de son Journal : les lieux sont clairs, Wedekind séjourne à Paris du 1er mai 1892 au 23 janvier 1894. La Princesse Russalka, nouvelle, poème et pantomime, paraît pour la première fois en 1897 (à Paris ! Leipzig et Munich). Entre-temps, il a rédigé ses réflexions sur le monde du cirque et ses deux grandes nouvelles Un mauvais Démon et Marianne. Et ce notamment au contact de Karl Henckel, des frères Carl et Gerhart Hauptmann et de Peter Hille. Pour mieux se séparer des principes d'écritures réalistes ou socialistes des uns et des autres, et de devenir soi-même l'idéaliste, le danseur de corde, l'humoriste, le « Schnellmacher » - le peintre de l'instant -, précurseur de l'expressionnisme !
Contemplons dès lors ces quelques textes comme un état préparatoire à une oeuvre théâtrale géniale et comme le chemin frayé à des grands descripteurs allemands de la condition féminine. Frank Wedekind avait ouvert la voie à Lola, L'Ange bleu de Heinrich Mann, à Agathe Schweigert, à Susi, les fortes faibles femmes de La Force des faibles d'Anna Seghers, à la Mère Carrar et à Mère Courage de Brecht.
Hermann Hesse n'est pas seulement l'auteur de romans mondialement connus. Il a aussi livré une oeuvre poétique majeure que cette publication nous invite à (re)découvrir. Les textes de jeunesse témoignent de sa difficulté à vivre et de sa révolte contre un milieu familial piétiste. Puis viennent la dénonciation des ravages de la Première Guerre mondiale et l'évocation du mal fait aux hommes. En fait, l'existence entière entre dans les poèmes de cet homme : les crises personnelles et le suivi psychothérapique, la peinture et la beauté du monde, l'exil et le rejet du nazisme, les voyages en Inde, l'amour et ses déchirements... En 70 ans d'écriture, le poète s'est mis à nu pour montrer le quotidien d'un homme, ses joies et ses peines, ses révoltes, son désir profond d'un monde meilleur.
" Wrga, la borgne, avait un petit changeon. Mais elle faisait semblant de ne pas le savoir et appelait parfois la mal-née par son beau prénom. "C'est par cette phrase qui semble devoir à la trouble féerie des contes que commence l'étrange et tragique récit de l'existence de Zitha. Enfant sans père, sans paroles et, selon toute apparence, sans pensée, Zitha serait un " changeon " - c'est du moins ce qu'affirme le prétendant de sa mère -, ainsi que les sombres légendes carinthiennes du début du XXe siècle (où se situe l'histoire) dénomment les enfants illégitimes, muets ou débiles. Autrement dit, le " changeon " est un monstre dont il faudrait à toute force se débarrasser pour que cesse la malédiction dont il menace les vivants. Le génie singulier de Christine Lavant trouve dans ce bref récit l'occasion de brosser une nouvelle fois, après Das Kind (Lignes, 2006), le portrait d'un enfant à qui le monde se refuse, ou ne s'offre à lui que sur le mode d'une souffrance sans frein.
"Plier une hirondelle" est le monologue d'une femme qui s'affirme aussi bien avec malice qu'avec désespoir. C'est une boucle. Une femme raconte une histoire. C'est l'histoire d'un oiseau, dit-elle et commence à gazouiller. C'est l'histoire d'une femme, dit-elle et commence à faire des listes, des rimes, des poèmes. Elle raconte ses rêves. C'est l'histoire de deux soeurs - une histoire composée sous forme de fragments. Fragments assemblés non sans ruptures. À l'image du souvenir qui demande une composition sans cesse renouvelée.
Les écrits de Hermann Hesse sur la littérature ont été rassemblés par le second fils de l'écrivain, Heiner Hesse, et édités en deux volumes en 1970. Parti à la recherche des articles publiés par son père sur une période qui s'étend de 1900 à sa mort, en 1962, il découvrit dans une soixantaine de journaux et revues plus de 3000 contributions consacrées à la littérature et n'en retint qu'un dixième.
L'image que l'on avait en Allemagne d'un Hermann Hesse solitaire et vivant hors du temps, évitant toute forme de relation avec ses contemporains, va s'en trouver bouleversée. Pendant une soixantaine d'années Hermann Hesse prend une part très active à la vie littéraire de son temps. Exerçant ce qu'il a appelé lui-même une "critique positive" ou une "critique par amour", il observe, recense, éclaire, explique, se donne pour tâche de faire lire, ne s'intéresse qu'à des écrivains et des oeuvres dont il peut se sentir, sur le plan spirituel et artistique, solidaire.
L'autre image que ces textes vont détruire est celle d'un "romantique de la troisième génération" qui persisterait à camper sur ses positions, à ignorer les tentatives et les recherches, sur le plan littéraire, les plus audacieuses de son temps. Il n'est pour s'en persuader que de lire l'article que Hermann Hesse consacre à l'Expressionnisme ou l'amusant dialogue platonicien qui traite de la Nouvelle tonalité. Par ailleurs, les choix de l'écrivain font preuve d'une toujours très grande liberté de jugement et d'un éclectisme jamais démenti avec le temps.
On ne peut, en définitive, que s'étonner devant l'extraordinaire activité du lecteur que fut Hermann Hesse ! Il semble avoir tout lu de ce qui s'est publié de littérature allemande ou traduite en allemand pendant plus de soixante ans. Et en dépit de toutes les épreuves rencontrées, de tous les revers essuyés au cours de sa vie d'écrivain, Hermann Hesse n'a jamais perdu sa foi dans le livre et c'est une véritable leçon d'humilité et de courage qu'il donne, dans ces pages, à d'autres lecteurs, tentés comme lui, au détour du chemin, de renoncer : "Nous n'avons pas l'intention de déplorer que le livre ait pratiquement renoncé à ses privilèges d'antan et que, tout récemment, aux yeux des masses, il ait perdu, semble-t-il, à cause du cinéma et de la radio, de sa valeur et de sa force d'attraction. Nous n'avons néanmoins pas à craindre une destruction future, au contraire : avec le temps, plus certains besoins de distraction et besoins d'instruction populaire seront satisfaits grâce à d'autres inventions, plus le livre recouvrera de dignité et d'autorité. Car l'idée que l'écrit et le livre ont des fonctions éternelles supplantera bientôt la griserie du progrès la plus infantile. Il apparaîtra que la formulation par le mot et la transmission de ces formulations par l'écriture, ne sont pas que des auxiliaires importants, mais sont surtout l'unique moyen grâce auquel l'humanité peut accéder à une histoire et à une conscience durable de soi."
L'aube des années 80, à guldenberg, une petite cité thermale de rda : des écoliers trouvent, à la fin de l'été, le corps de horn pendu dans la forêt.
Muté dans ce trou perdu quelques années auparavant sur ordre du parti, profondément blessé par la mesure disciplinaire dont il a fait l'objet, horn était resté l'étranger, un être secret et renfermé. après sa mort, les langues se délient et cinq voix se conjuguent pour raconter, de leur point de vue, la " fin de horn ". leurs perspectives, contrastées et contradictoires, leurs souvenirs, refoulés ou falsifiés sont les pièces d'un puzzle oú le lecteur voit se dessiner peu à peu la figure d'un homme vaincu par un appareil politique, bafoué par la bassesse et la lâcheté de ses concitoyens.
Christoph hein a un talent particulier, corrosif. il réalise à sa manière le projet de son héros, le dr spodek l'un des cinq narrateurs dont nous connaissons l'âme : écrire une chronique de la bassesse humaine.
Catherine david, le nouvel observateur ce qui est tout à fait exceptionnel chez christoph hein, c'est qu'il réussit à dresser une chronique de son époque tout en faisant exister des personnages avec leurs conflits intérieurs, leurs dissensions familiales, leur besoin de tendresse.
Nicole zand, le monde la fin de horn : un des rares romans que l'on ne repose pas avant d'avoir lu jusqu'à la dernière page, la dernière ligne.
Mireille gansel, la quinzaine littéraire.
Hermann Hesse a vécu près de la nature toute sa vie. Grand marcheur, il consignait par écrit au retour de ses promenades ses observations et ses expériences. Ces notes sont le terreau d'une partie importante de son oeuvre et ont inspiré ses plus belles pages.
Mais Hesse était également un jardinier passionné. Nul mieux que lui ne sait décrire l'éclosion de la végétation au printemps, le vol d'un papillon dans la langueur d'un après-midi d'été, le plaisir de brûler des feuilles en automne, la limpide beauté d'un matin de gelée blanche. Au fil des saisons, il observe les moindres transformations dans son jardin comme si elles constituaient autant de clefs pour déchiffrer l'univers.
Les 22 textes que nous présentons ici - articles, essais, notes, passages du journal et de la correspondance de l'écrivain - tous inédits en français, forment un ensemble cohérent où le lecteur pourra prendre connaissance de l'un des aspects fondamentaux de sa pensée. Ils sont également une merveilleuse initiation à l'art d'observer et de se rapprocher de la nature.
Das Kind relève d'un merveilleux rare et étrange. C'est le récit du séjour d'une jeune fille dans un hôpital ophtalmologique. On y soigne ses yeux, qu'elle a presque aveugles, à cause des scrofules dont son corps souffre et qui feront qu'elle ne pourra jamais montrer qu'une peau malade, stigmatisée. Elle a alors 12 ans. 12 ans : c'est l'âge que décrit ce livre. Et ce livre est écrit dans le langage qu'on a quand on n'a que 12 ans. C'est sans doute la prouesse littéraire de Das Kind (L'Enfant), qu'écrit dans cette langue d'enfant, pour dire des visions et des terreurs d'enfant, des supplications et des espérances d'enfant, il n'emprunte rien à la puérilité de l'enfance, sans pourtant non plus jamais recourir à la lucidité rétrospective de l'adulte. Ni niaiserie ni apitoiement. L'enfant en appelle certes ici à toutes les figures possibles de l'autorité et du salut, mais aucune n'est réelle cependant. Pas davantage le médecin chef que l' " ange fort ", que Dieu même, à la fin. Toutes ces figures merveilleuses n'existent pas comme telles, sans doute, mais par contraste avec le monstrueux sous les traits duquel l'enfant se représente.
Auteur de ces Psaumes, Said s'inscrit dans une triple tradition : la Bible, la poésie persane et la poésie allemande. Il y interpelle Dieu, un dieu, tour à tour père, frère, ami, voisin, confident, dans de courtes prières poétiques - celles d'un incrédule qui croit en l'utopie d'un monde qui ne doit pas rester comme il est. Iranien exilé en Allemagne depuis 1965, Said y est devenu l'un de ses plus grands poètes vivants.
Deux soeurs, installées en Allemagne, acceptent l'offre d'un riche membre de leur communauté d'origine : il leur propose une importante somme d'argent pour l'exhumation de leur père car il veut réunir dans un même tombeau les dépouilles de ses amis bulgares morts en exil. Un convoi de limousines les conduit donc à Sofia et leur chauffeur, Apostoloff, entreprend de leur faire découvrir les richesses du pays : la céramique. à base de bleu de cobalt toxique, le littoral de la mer Noire. défiguré ou l'architecture locale (un crime contre l'esthétique). Les péripéties de cette odyssée, racontées avec un humour corrosif, sont l'occasion pour l'auteur de mener une réflexion sans concession sur des questions existentielles comme les racines des migrants, le sentiment de nostalgie ou la famille.
Et maintenant quoi ? Des femmes ? Des cigarettes ? Du whisky ? Et ça, à longueur de journée ?
Richard Ellwanger ne sait plus comment occuper son temps depuis qu'il a quitté son poste de chef de la police de Munich.
À peine le temps d'y songer qu'on lui propose une affaire dans la lointaine New York. Une femme de la haute a été tuée et sa famille suspecte son mari. Ils veulent engager Ellwanger comme détective privé, mais pour lui, cela signifie quitter son quartier adoré et son non moins adoré compagnon à moustache, Killmousky, pour frayer avec la très chic société new-yorkaise dont il ne maîtrise aucun code.
Noël ! cette fois encore, les batailles de boules de neige font rage entre les internes du lycée. mais cette année, la véritable guerre a lieu entre les lycéens et les collégiens de la même petite ville. alors que les flocons tourbillonnent dans la nuit, un singulier combat se prépare entre les champions de chaque établissement.
Claudia a 39 ans, elle est médecin, elle n'a aucune ambition, aucun intérêt politique, aucun désir.
Elle a une liaison avec henry, architecte séparé de sa famille. on se voit, mais jamais on ne parle de ses propres problèmes, on sait que l'autre en a, ça suffit. il meurt subitement, bêtement. mais ce n'est pas une raison pour sortir de cette "morale" sans aspérité qui réprime les sentiments pour éviter la souffrance. rarement une vie si pauvre en amour a été définie avec une telle richesse de mots. "chroniqueur de son temps ", christoph hein affirme : " je ne fais qu'écrire ce que je vois et ce que j'entends.
Je n'invente pas d'histoires, je les trouve. ".
."Un homme qui a le temps de réfléchir dans un bistrot à ce que les autres, qui sont à l'extérieur, n'ont pas vécu", ainsi se définissait Anton Kuh, habitué des cafés d'avant-guerre à vienne et à Prague, où il occupait ses journées à observer ses prochains et à épingler les absurdités de l'empire austro-hongrois agonisant. Les textes réunis ici, pour la première fois en français, constituent un portrait décapant d'une société en décomposition, ainsi qu'un aperçu terriblement lucide de la montée des forces qui allaient bientôt anéantir ce monde de valses et de flonflons.
Ouvrage traduit avec le concours du Centre National du Livre.
Auteur de romans policiers à succès, lisa bratt mène seule une vie bien rangée après deux divorces, dans un univers douillet et volontairement isolé.
Mais un soir, elle ramène chez elle annabella, une jeune sdf victime d'une agression dont elle a été par hasard le témoin. leur trouble cohabitation dérègle totalement l'existence de lisa. elle continue cependant à travailler à son prochain roman - dont l'héroïne ; une passionnée de roses, projette d'empoisonner son mari - et un jeu subtil s'installe bientôt entre la vie réelle et la fiction... mais la nuit où lisa découvre annabella totalement ivre, ce sont les souvenirs de sa propre enfance qui remontent à la surface.
Après la mort de sa soeur jumelle, son père parti, lisa n'a plus été pour une mère alcoolique que l'"enfant de reste"... tout en nuances, ce roman d'une grande justesse raconte, dans un style sobre et précis, le glissement inexorable d'une vie banale vers le cauchemar. du grand art, qui n'est pas sans rappeler celui de patricia highsmith.
C'est l'histoire d'une fille livrée à la fureur destructrice d'une mère infantile et sadique. La fille se défend comme elle peut contre cette femme instable, mais aussi contre le monde extérieur : les adultes qui la jugent, ses camarades de classe qui l'évitent. Elle tourmente son petit frère, vole dans les magasins, partout elle se distingue par son comportement asocial. Jamais elle ne demande d'aide. A qui, d'ailleurs, pourrait-elle s'adresser ? Elle est seule et doit se construire seule. C'est la trajectoire bouleversante d'une fille mal aimée qui, malgré tout, possède une force et un appétit de vivre qui lui permettent d'avancer.
Avec La fille sans nom, Angelika Klussendorf nous fait découvrir l'une des faces sombres de l'ex-République démocratique allemande, celle où l'enfance n'avait pas sa place, et signe un roman d'une grande sobriété, sans pathos ni misérabilisme.
Au début, il y a une valise avec de maigres affaires et une chambre en sous-location. La jeune fille qui s'est donné le nom d'April - d'après la chanson de Deep Purple - a quitté son foyer social et a interrompu son apprentissage pour un poste d'employée de bureau. Elle essaie de trouver ses marques dans le Leipzig de la fin des années soixante-dix, en se heurtant souvent à ses propres limites. Elle franchit cependant toutes les barrières qui lui sont imposées, y compris la frontière qui sépare les deux Allemagne, lorsqu'elle rejoint le Berlin-Ouest des années quatre-vingt. Mais à tout nouveau départ succède une rechute, à tout instant de bonheur une destruction, à toute ivresse le dégrisement. Et toujours revient la question des modèles de l'enfance, de l'empreinte laissée par une mère irresponsable et un père alcoolique.
Après La Fille sans nom (Grand Prix de l'héroïne Madame Figaro 2015), Angelika Klüssendorf signe une nouvelle oeuvre bouleversante. Dans une prose sans complaisance ni pathos, elle relate le parcours d'un être qui se libère d'un passé apparemment sans issue.
Un roman poignant sur l'adolescence. Une peinture lucide des conditions sociales avant la chute du Mur.