Une traduction d'Eloi Recoing qui met en valeur l'écriture d'Ibsen dans sa plus célèbre pièce, où Nora, femme mariée, se retrouve acculée à quitter son mari et son foyer. Fuite ou acte enfin libératoire ?
Les frères Tomas et Peter Stockmann se ressemblent comme le jour à la nuit. Ensemble, ils ont pourtant fondé l'"établissement des bains" d'une petite ville portuaire du sud de la Norvège. Tomas, médecin intègre, mesure la qualité des eaux. En tant que maire, Peter compte sur la prospérité de la station thermale pour asseoir son pouvoir. Quand les eaux s'avèrent contaminées par la tannerie locale, les masques tombent. Le médecin croit devoir la vérité au peuple quand le politicien ne songe qu'à défendre ses intérêts. Le socle d'une pure tragédie ? Henrik Ibsen maintient sa fable sur une crête plus ambigüe. Autour de la fratrie déchirée, les citoyens papillonnent, hésitent et bifurquent jusqu'à la bouffonnerie. Quant à nous, c'est entre la consternation et le rire franc que nous balançons.
Dans une mise en scène de Jean-François Sivadier.
«Baal» est l'oeuvre de Brecht de jeunesse, pourtant sans cesse remaniée. Choisi dans sa version originelle de 1919 et traduit par Éloi Recoing, ce texte éclaire, avec lyrisme et fracas, la question d'une jeunesse traumatisée par la guerre, rebelle et déterminée.
A la veille d'une bataille, le chef de la cavalerie rêve de gloire. Contre la volonté de sa hiérarchie, il charge les Suédois et les anéantit. Mais il sera condamné pour sa désobéissance.
Gregers Werle, homme idéaliste, revient dans sa ville natale après un long exil, et se trouve mêlé aux affaires d'une étrange famille, causant des résultats désastreux. Les secrets qui se cachent derrière la façade du foyer apparemment heureux des Ekdal se dévoilent peu à peu à lui...
Initialement, Brecht a voulu adapter Mesure pour mesure. Mais nous sommes au début des années trente et le danger du fascisme devient de jour en jour plus menaçant. Au cours de son travail, il transforme donc la pièce de Shakespeare en une parabole qui n'est rien d'autre qu'une attaque en règle contre les idées racistes que propageait le parti national-socialiste dirigé par Hitler. Les riches Têtes rondes qui tiennent le pouvoir dans un pays qui s'appelle Yahoo, fraternisent, in fine, avec les riches Têtes pointues pour faire pendre les pauvres des deux races.
Brecht donne comme explication du malheur le capitalisme. Mais serait-il la seule cause des persécutions raciales ? Quoi qu'il en soit, il se pourrait que la pièce soit aujourd'hui mieux entendue et appréciée à sa juste valeur que du vivant de Brecht.
Rosmer, veuf depuis un an, a cessé ses fonctions de pasteur et s'est retiré dans le domaine familial : Rosmersholm. Rebekka, l'amie fidèle de son épouse disparue, vit toujours sous son toit, sans statut précis. Eprise d'idées progressistes, elle cherche à redonner confiance à Rosmer afin qu'il sorte de ce cadre conservateur. En quête d'affirmation de soi, il aspire à une vie nouvelle, mais ce lieu mortifère et des révélations sur le suicide de sa femme vont vite peser sur cette illusion.
Parce que les Schroffenstein sont liés par un contrat d'héritage, le soupçon, cette maladie noire de l'âme, s'insinue dans les esprits et engendre la mort. Ce qui devait régir, pour le bien de tous, la vie d'une communauté, se retourne contre elle.
La bienveillance et la bonté ne peuvent-elles exister qu'à l'état de nature ? L'innocence s'acquiert-elle par le meurtre ? Ceux qui s'aiment doivent-ils être sacrifiés pour que la paix revienne, condition de tout bonheur ?
A vingt-quatre ans, Kleist s'interroge sur l'origine radicale du mal, et pour son entrée en littérature, s'élève d'emblée au firmament du théâtre.