« Fais de ton mieux », dit la mère à l'enfant.
Se remémorant le petit garçon qu'il a été, l'immense écrivain Ngugi wa Thiong'o raconte comment, de son enfance à son adolescence, l'Histoire pénètre dans la cour familiale au Kenya, l'atteint et le change. La Seconde Guerre mondiale traverse sa vie, son pays se soulève contre le pouvoir colonial, la rébellion Mau-Mau monte au coeur de sa région, ses frères sont divisés entre résistants et collaborateurs. Ce qui le sauvera de la tourmente, ce sont les veillées traditionnelles, les livres et l'école qui l'aidera à réaliser ses rêves. On pleure, on se révolte, vibre au plus près des situations dramatiques et parfois cocasses. Et à partir d'un récit par petites touches se révèle le terreau qui va nourrir l'oeuvre du merveilleux conteur qu'est l'auteur.
« Fais de ton mieux », lui répète sa mère au moment où il va entrer dans un des rares lycées acceptant des Africains. Et il comprend : « Rêve, même en temps de guerre ».
Chant dombres et de lumières. Nour, 1947 est un bouleversant récit dune quête qui ne peut connaître de fin, celle de lamour et de la liberté. Marqué par la disparition de la femme aimée et par lembrasement de Madagascar en 1947, pendant sept nuits ce récit choral fouille les archives orales et écrites, fait résonner les voix et entendre le silence. À partir des journaux et lettres des missionnaires installés dans lîle aux xviiie et xixe siècles sélabore la longue histoire des dominations successives, dominations cependant toujours imparfaites, face à linsoumission et à la résistance. Roman polyphonique où les temps resurgissent, temps des mythes, temps des grands ancêtres, temps des esclavages, temps des missionnaires, ou encore temps des colonialismes, Nour, 1947 pose la figure centrale de la femme au milieu des folies des hommes.
Il y a cinquante ans certains pays d'Europe comme la Belgique et la France ont ouvert grand les bras pour accueillir les travailleurs invités issus des zones rurales d'Anatolie. Ils seront les « travailleurs invités ». Ils seront nos pères et nos mères ; vos ouvriers, vos nettoyeuses, puis vos bouchers, vos épiciers, vos voisins, parfois vos amis. Depuis cinquante ans, nous avons fait l'objet de quantité d'enquêtes et d'études, produit des discours et des statistiques à foison ; connu de nombreuses défaites et quelques victoires. Ce récit démarre à la fin des années 1960, avec l'arrivée du père de l'auteur en Europe - une traversée clandestine de plusieurs frontières - et s'achève, par trois points de suspension, avec la décision de l'auteur de retourner vivre à Istanbul pour y poursuivre sa recherche identitaire... quelques mois seulement avant l'explosion d'un mouvement de contestation sans précédent en Turquie.
Entre les deux, l'auteur pose un regard personnel, tendre mais lucide, sur les combats de l'immigration, sur la langue, sur le rapport à l'autre et à la communauté, à la sexualité et au mariage, à la tradition et à la modernité. Ainsi, il rend hommage aux aînés et au passé, mais aussi, nous emmène dans une exploration de ce présent métissé qui est le nôtre, d'un monde qui est devenu village mais où nos villages ne sont plus. Avec émotion et humour, il convie toutes les figures de l'ici et de l'ailleurs et compose une rhapsodie anatolienne bouleversante.
De diverses résidences, de Mayotte à Madagascar, de la Brière à Bibracte, de Francfort à Varsovie, des promenades et des errances dans les villes et sur les sentiers, Raharimanana a collecté un matériau conséquent de vidéos et de photographies et a composé des chants et musiques sur le marovany, harpe malgache.
Lors de ses pérégrinations, il a capté l'invisible, l'esprit parcourant ce qui vient à nous, qui est là, qui ne refuse pas de se dévoiler pour peu que les portes de nos perceptions s'ouvrent. Voir au-delà des yeux, tisser au-delà des fils. Il a puisé dans les possibles des sens pour les transcrire en mots et organisé 100 poèmes en 10 temps. Le projet «â€‰La Voix, le Loin », installation poétique, théâtre-performance est né.
L'ouvrage propose au lecteur une promenade à travers ces poèmes, expérience tactile, visuelle et mentale, et l'invite à suivre ses sens, à se déplacer, à décentrer le regard et faire confiance à son propre ressenti.
Si le poète est au bord du vide, sur une
Après la mort de leurs parents, Estevèl et Hérodiane quittent le village Saint-Jean en bord de mer pour la capitale. Ils s'installent dans une petite chambre, en haut de l'escalier serpent qui mène à Paradi, un bidonville sur les hauteurs de Port-au-Prince. Dans cet enfer de béton et de crasse, l'amour peut-il être plus fort que tout ? L'amour impossible entre un frère et une soeur, entre un peintre sensible et son modèle, entre une jeune fille à la beauté fracassante, passionnée de lecture mais pauvre et le riche héritier d'une des grandes fortunes du pays ? C'est la mer qui viendra aux secours des rêves brisés... Gary Victor construit son oeuvre, roman après roman, en éclatant les frontières des genres. Il puise ses sources d'inspiration dans l'imaginaire haïtien d'une richesse extraordinaire, où le réel et le merveilleux s'entrecroisent et s'interpénètrent. Dans ce roman, il aborde des thèmes universels, tels que la justice sociale, les rapports entre riches et pauvres, entre frère et soeur, l'influence des religions (vodou et catholicisme), l'amour entre hommes, le sexe comme passeport pour la réussite sociale...
Du phare du Creac'h à Ouessant au mont Koghi en Nouvelle-Calédonie, Nicolas Kurtovich façonne un pont d'émotions au plus haut du monde, étonné d'être ce témoin amoureux où les êtres, terres, landes, roches et montagnes se confient à lui.
Des falaises bretonnes aux rives de la Grande-Terre, on l'accompagne dans ce voyage imaginaire en creux et en surplombs.
D'une brume à l'autre, d'une mer à l'autre, de l'observation minutieuse et délicate de son entourage immédiat au foisonnement d'une poésie sensible, il nous montre que d'un lieu on peut aimer, chérir, embrasser tous les autres, quel que soit le pays, quel que soit le continent.
Ces nouvelles sont les premières écrites par Gary Victor et rassemblées à nouveau ici. En regard de l'oeuvre essentielle de l'auteur, elles constituent une mise en bouche, un avant-goût des romans à venir. Elles racontent des histoires tellement invraisemblables et pourtant si réelles dans lesquelles Gary Victor sait si bien nous embarquer.
D'emblée, Gary Victor mène reconnaissance, dans un monde dont l'absurdité éclate au moindre regard, et qui se révèle instantanément comme saturé de violence. Celle-ci en constitue peut-être la matrice. Si elle a parfois pour cadre le spectacle du quotidien haïtien, il est alors presque évident que la trame de cette violence est désormais généralisée, à l'échelle planétaire. (Yves Chemla)
Les Comores, un archipel morcelé : une réalité, un récit, une pièce de théâtre Un vent poétique puissant souffle dans ce texte aussi dense qu'intense, maintes fois mis en scène.
Une tragédie traduisant l'effondrement d'une histoire d'archipel. Où il est question du plus grand cimetière marin du monde, des enjeux géostratégiques de la France dans l'océan Indien, des droits bafoués d'un peuple du Sud encore sous tutelle, des choix politiques d'une île appelée Mayotte, de la sécurité de l'Europe et de la disparition annoncée d'un pays.
Sur le fil du temps, la mémoire comme un funambule. Fil tendu sur le vide et la cendre et qui vibre des tumultes du présent. Vide et silence sur le véritable visage du colonialisme, cendre soufflée dans les yeux pour dégager les ruines des " splendeurs coloniales ". Splendeurs pour qui exactement ?
Aujourd'hui, qu'écrire du passé quand il n'en reste plus que la cendre ? Le feu peut-il raconter la même histoire que le bois calciné ?
Le silence est impossible, car il rend complice, le refus d'entendre sert si bien le crime. Des voix d'hommes et de femmes pour raconter les multiples facettes d'une réalité complexe, certes, mais où le rapport de pouvoir est défini et où les rôles du vaincu et du vainqueur sont distribués à l'avance.
Écritures des bois calcinés, des histoires de tous horizons : voici la réalité vue par ceux qui étaient sous le feu de la colonisation. Sur le fil du temps, sous les soubresauts de la mémoire...
Lisez ces nouvelles, riez ou pleurez, et surtout gardez les yeux ouverts...
Vazguen, vieux danseur sur fil, parcourt les orphelinats à la recherche d'un digne successeur, obligatoirement un garçon.
Mais les temps changent, seule Tamar, une jeune fille, se passionne pour cet art. Résigné, le grand-père revêche et vantard, exigeant jusqu'à l'obsession, oblige Tamar à s'entraîner sans relâche et à mentir sur son âge et son genre.
Dans cette histoire de transmission de l'art populaire des danseurs sur fil, les auteurs livrent une image décalée et tendre d'une Arménie aux contours arides, entre le poids de l'histoire et une jeunesse d'une vitalité résolument tournée vers l'avenir.
Ester Mann est professeure, scénariste et écrivaine et une partie de son coeur bat pour l'Arménie. Lévon Minasian est acteur, scénariste et réalisateur de films tels Le Piano, L'homme de l'île sandwich, Moskvitch, mon amour, Bravo Virtuose. Le fil des anges est leur premier roman.
Un mineur blanc, noir de charbon et un boulanger noir, blanc de farine, vivent côte à côte. Un soir, autour d'une soupe, leur conversation les entraîne dans un univers où s'entremêlent leurs imaginaires, leurs souvenirs, leurs cultures.
Qui est noir ? qui est blanc ? Leurs histoires, si différentes soient-elles, sont brodées au fil des expériences humaines.
Tous les êtres humains sont égaux. Il faut affirmer et montrer, toujours et toujours, les évidences de la condition humaine. Les cultures sont différentes, la diversité enrichit.
En affirmant ces valeurs, ce dernier album aux éditions Vents d'ailleurs laisse une nouvelle fois la part belle à la création et nous plonge dans l'univers singulier de Muriel Diallo.
Des images au plus proche de nos sens, façonnées par grandes touches de peinture, trames de tissus et lambeaux de livres ou de cartes, font glisser progressivement notre regard d'un monde monochrome à un univers chatoyant où ocres terriennes, plan de Paris et girafe se côtoient allègrement.
Dans le monde de Muriel Diallo, noir et blanc, nuit et jour, neige et chaleur, mondes réel et imaginaire sont autant de notions aussi opposées que complémentaires.
Le marais s
"On est contre, on se le dit, on se le répète.
On en parle, on s'emporte, on s'émeut, on conteste : on ne peut pas laisser faire.
On scrute l'avenir.
On se dit, alors ?
On est toujours là, on veut le débat, on se le redit, on refuse de s'installer dans l'attente.
On se dit, quoi !
On parle, on discourt, on s'indigne, on proteste.
On se dit, alors, quoi : on est écrivain, on va écrire.
- un message : « Alors, on fait quoi ? »
C'est le début des Correspondances.
Né d'une initiative lancée par deux auteurs, Nicole Caligaris et Éric Pessan, à l'automne 2007, en réaction à la politique d'immigration pratiquée en France, ce recueil présente treize correspondances littéraires entre auteurs d'horizons et d'origines divers.
Jean-Baptiste Adjibi, Kangni Alem, Gustave Akakpo, Arno Bertina, François Bon, Nicole Caligaris, Patrick Chatelier, Sonia Chiambretto, Marie Cosnay, Mourad Djebel, Abdelkader Djemai, Eugène Ébodé, Christophe Fourvel, Brigitte Giraud, Mohamed Hmoudane, Driss Jaydane, Pierre Le Pillouër, Claude Mouchard, Pierre Ménard, Samira Negrouche, Nimrod, Éric Pessan, Nathalie Quintane, Raharimanana, Aristide Tarnagda, Sayouba Traoré
"Initié dès ma naissance aux brûlures rougeoyantes du zinglin, j'allais devenir beaucoup plus tard un artiste écrivain zinglindor, massacrant allégrement les formes, les couleurs, la syntaxe et les normes esthétiques traditionnelles.
Dérangeur infatigable, saccageant les remparts derrière lesquels sommeillent les mazorats, les impuissants, les paresseux et les débiles, j'apporte le scandale pour secouer les dormeurs, réveiller les inconscients et faire chier de rage diarrhéique les hypocrites et les jaloux ?"
La coutume, c'est la coutume. Les canons du conquérant européen ont fait taire les querelles ancestrales. Les rivalités entre clans restent là, qui structurent l'existence. L'école du Blanc ouvre les têtes. Mais la grande initiation ne saurait s'éteindre. Jésus, Marie, Mahomet, le bois sacré, le savoir des fonctionnaires, l'enseignement des vieilles, cet immense kaléidoscope fait désormais l'humain. Les vérités se valent. Les rencontres sont difficiles. Et le sida : mal mystérieux frappant le tabou suprême. Sita promène sa jeunesse dans les rues de Sindou. Une vie à l'abri de la coutume. Une jeunesse sous la protection des anciens. La maladie se déclare. Et la vie est mélangée. Plus personne ne comprend rien. On sait seulement que la femme est coupable. Culpabilité femelle qui n'a même pas besoin d'être démontrée.
Si la poutre est pourrie, la maison vacille. Et le jour hésite. Une sombre affaire. Qui réveille les rages antiques. Qui enseigne des angoisses nouvelles. Qui amplifie les bêtises des hommes. » Sayouba Traoré dépeint une Afrique contemporaine où chacun est placé dans une stratégie de survie. Les vieux sont obligés de prendre en charge des jeunes diplômés chômeurs, les jeunes attendent un avenir qui se dérobe constamment. Son roman narre les incompréhensions entre générations, les déchirures qui craquellent les couples, la vie quotidienne qui oscille entre nostalgie du village et rêve d'un confort urbain tout aussi illusoire.
Newton se promène avec sa machine à coudre sur la tête pour proposer ses services à qui veut : un petit ourlet par-ci, un petit raccommodage par-là. On rencontre dans toute l'Afrique de l'Ouest ces petits tailleurs qu'on appelle à Abidjan les Toclo toclo.
Seulement Newton a des ambitions et une imagination débordante : il crée, coud, vend des modèles dignes de la plus haute couture... qui lui valent des bordées d'injures de la part des malheureux clients qui ont eu la mauvaise idée de lui confier leurs vêtements.
Jusqu'au jour où il rencontre la plus belle fille du monde et se lance dans le projet fou de lui créer la plus belle robe du monde !
Comment voulez-vous que je vous parle moi qui ai été engendré par la guerre, comment voulez-vous que j'agisse moi, moi qui porte dans la tête les noms des morts fusillés des générations et des générations assassinées [.].
Un homme, machette à la main, le geste suspendu et la pensée qui revisite les cicatrices, les guerres, les haines. Un temps immémorial, au temps où le geste ne s'accouplait pas avec la pensée, un temps hors de la langue, au temps où seul le bruit de la machette disait la destinée de chaque être, de chaque génération, de l'homme contre l'homme, de la nation contre la nation. Un narrateur sans nom. Un pays sans nom. Une terre sans nom. Au temps où la mort ne peut être que. Une initiation dans le silence et la négation de la parole. Mais le geste suspendu du narrateur et la parole qui persiste à être, la mère qui raconte le viol permanent.
Cicatrices est un roman qui interroge sur la langue, sur le legs des ans, la barbarie recommencée et le rêve des hommes. De paix ou de violence ? Un roman singulier et troublant.
Adam Gesbo, écrivain en proie à un délire schizophrénique, guette l'ombre à travers la fenètre de sa cellule et tente d'échapper au regard du père et à l'appel de Dieu. L'espace et le temps s'abolissent, les personnages se dédoublent pour dépeindre une fresque où seuls les fous sont sains d'esprit.
Déhia, jeune femme universitaire, promise à un avenir radieux, se heurte dans sa propre famille à l'extrême violence de l'histoire récente algérienne. Belle femme dans une société où la religion, la corruption, la violence tiennent lieu de boussole, comment peut-elle vivre, comment tracer sa voie sans se perdre ? Adel, cadre dans une entreprise, s'accroche à ses idéaux, essaie d'échapper aux pressions, petites et grandes, avant de tenter sa chance loin, très loin... Deux mémoires saccagées, une femme et un homme au passé amer qui prennent le chemin de la vie, malgré tout, ensemble.
Il était une fois, dans un pays fort lointain, un jeune prince juste et avisé nommé Bodhi. Centième fils du grand roi Brahmadatta, il ne devait pourtant jamais régner. Or, un beau matin, un grand sage lui prédit: « Un jour tu seras roi, mais jamais sous ce toit. » Il le mit en garde contre les ogres et les ogresses qui infestaient les chemins menant vers son futur royaume. Qu'à cela ne tienne ! Le jeune prince Bodhi se mit en route. Cinq de ses frères l'accompagnaient, chacun briguant le destin du benjamin. Mais sauront-ils résister aux tentations qu'utilisent les ogres pour attirer les voyageurs intempérants et les dévorer tranquillement ? Lequel d'entre eux sera-t-il assez sage pour monter sur le trône ?
L'illustration dans cet ouvrage est utilisée de deux manières :
- comme les Jâtaka dont s'inspire l'ouvrage, 9 planches peuvent être posées côte à côte pour former un ensemble graphique complet où se déroule la totalité de l'histoire ;
- un album souple plus conventiennel permet un accès linéaire à ce conte.
L'auteur et l'illustratrice ont choisi de s'inspirer librement du Telapatta-Jâtaka dit « Jâtaka des ogresses » car il constitue un petit traité d'éthique d'une incroyable modernité. La question centrale qui y est développée concerne l'exercice du pouvoir. Comment prétendre gouverner un royaume, un pays, un peuple, quand on ne sait se gouverner soi-même et qu'on demeure l'esclave de ses propres pulsions, d'appétits inextinguibles ? Ce récit apporte une contribution imagée à la réflexion que l'on peut avoir à tout âge sur des valeurs humaines de première importance.
Un mur est construit à la hâte entre les Uns et les Autres. Un camion reste coincé dans le béton, à l'intérieur deux enfants jouent malgré l'interdiction, Primo du Nord, Tima du Sud, Primo des Uns et Tima des Autres. Une flûte devient un serpent menaçant et accusateur : l'Homme est-il mauvais ?
Pour le défendre, il faut interroger la Vache, l'Arbre, le Loup, l'Eau et l'Enfant. L'Homme peut-il être sauvé ?
El Hadj, couvert d'un burnous blanc à la naissance, est bien le fils préféré du cheikh Moussa. Jeune homme fier, il assiste aux échanges entre son père, sage du village, et le lieutenant Rimbaud, arabophile et traducteur du Coran. Intrépide, impatient, il combat les envahisseurs avec rage. En vain. Seule consolation, la belle Agathe, une ravissante Espagnole chrétienne, vivant avec sa mère à Sebdou, dans la province de Tlemcen. Le mariage est controversé, Agathe se convertit à l'islam par amour et devient H'jira, la pierre précieuse.
Ensemble ils affrontent les revers de l'histoire, la conquête de l'Algérie par les Français, les attaques et les résistances. Soutenant les luttes de l'émir Abd el-Kader, ils partent, après sa défaite, pour Mecca, Damas et Fès où ils se mêlent aux migrants, construisent leur vie parmi les musulmans, les chrétiens et les juifs et se lient d'amitié avec Réda, Zem, Boros et les autres.
2010, élection présidentielle en Côte d'Ivoire, le président sortant Laurent Gbagbo affronte au second tour Alassane Ouattara. Le contexte est tendu : le pays, premier exportateur mondial de cacao, sort de près de vingt ans de crises politiques et militaires à répétition.
Tentatives de coup d'État, rébellion, pays coupé en deux pendant dix ans entre un Nord rebelle et un Sud loyaliste, massacres, instrumentalisation des identités, énormes enjeux économiques en toile de fond.
La présidentielle va-t-elle permettre de mettre fin à ce cycle infernal ?
Non, elle dégénère, Gbagbo et Ouattara disent chacun avoir remporté le scrutin. La communauté internationale prend parti, déclare Ouattara vainqueur et pourtant Gbagbo ne lâche pas le pouvoir. Pour la première fois de son histoire, l'ONU entre directement en guerre : elle décide, sous l'impulsion de la France, ancienne puissance coloniale, de mener une opération militaire à Abidjan avec l'implication de l'armée française.
Officiellement, pour des raisons humanitaires. Le 11 avril 2011, cette intervention se solde par l'arrestation de Gbagbo, aujourd'hui en détention à la Cour pénale internationale à La Haye. L'histoire semble terminée.
Cependant les soutiens à Laurent Gbagbo sont nombreux, la validité de l'élection est mise en doute, des voix s'élèvent pour contester la version officielle. Qui croire ?
C'est sur cette histoire récente que se penche Fanny Pigeaud entrant dans le détail de l'élection présidentielle de 2010, elle démonte le mécanisme qui a mené le pays vers la guerre. Elle explore les implications régionales, françaises et internationales. Et s'interroge : la présidentielle a-t-elle été organisée correctement, comme l'ont affirmé dirigeants et médias occidentaux ? Les raisons de l'intervention de l'ONU et de la France étaient-elles réellement humanitaires ?
En 1968, les ethnologues Richard et Sally Price enregistrent deux veillées dans un village saamaka du fleuve Suriname. Dans cet ouvrage, ils recréent ces soirées animées pleines d'humour et de sagesse, où les participants dansent, chantent et se livrent à des joutes verbales. Les gens du village et les parents du défunt se réunissent pour conter les aventures de l'araignée Anansi, la supercherie de Cerf, les rivalités de Chien et Cabri, la lubricité des diables, et le rôle clé de Caïman dans la découverte des tambours. Même Éléphant, rappelé du passé africains de leurs ancêtres, et des personnages rencontrés par les Saamaka au cours de leurs expériences comme mains-d'oeuvre en Guyane française participent à ces histoires.
55 chansons accompagnées de leur notation musicale permettent de mieux suivre encore les contes et leur dramaturgie.
35 photos, prises en pays saamaka et en Guyane, nous font rencontrer les participants de ces soirées.