« Si la géographie des bourreaux a permis l'extermination de millions d'êtres humains, il ne reste d'elle que ruines et musées. À l'opposé, la géographie du texte de Si c'est un homme ne cesse de vivre et de vivre encore, à mesure que des mains de lecteurs se saisissent du livre, et le lisent, s'en saisiront dans le futur et le liront, géographie donc ô combien vivante, innervée, nourrie, palpitante, humaine.
Humaine parce que jamais le texte ne parle d'autre chose, même en creux, que d'humanité. C'est l'humanité qui s'enfuit. C'est l'humanité que l'on malmène. C'est l'humanité que l'on broie comme un grain dans un mortier. C'est l'humanité que l'on nie. C'est l'humanité que l'on tente d'effacer, mais c'est l'humanité qui demeure. Elle demeure dans la voix de Primo Levi qui ne cède que rarement à la colère et qui fait le choix d'une description posée des faits, des actes, des lieux, des états et des sentiments.
Exempt de hargne, vide de rage et d'esprit de vengeance, le récit accueille les ombres, les silhouettes, les visages, les souffrances de ceux dont «la vie est courte mais le nombre infini» ».
Philippe Claudel
Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Galaad, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, servante écarlate parmi d'autres à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de sa femme. Le soir, dans sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau clandestin, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Paru en 1985, La Servante écarlate est aujourd'hui un classique de la littérature anglo-saxonne et un étendard de la lutte pour les droits des femmes. Si la série adaptée de ce chef-d'oeuvre a donné un visage à Defred, celui d'Elisabeth Moss, cette nouvelle traduction révèle toute sa modernité ainsi que la finesse et l'intelligence de Margaret Atwood. La Servante est un roman polysémique, empli de références littéraires et bibliques, drôle même... et c'est à nous, lecteurs, de découvrir ses multiples facettes.
Issu d'une famille aisée à New York, Holden Caulfield intègre le pensionnat Pencey Prep en Pennsylvanie. Mais, quand il est viré à la fin du semestre car il a « foiré en quatre matières », il s'en va plus tôt que prévu pour quelques jours d'aventure. C'est ainsi qu'on devient son partenaire et confident dans une aventure de délinquance innocente. Même s'il n'a pas envie de raconter « toutes ces conneries », c'est exactement ce qu'il va faire - heureusement pour nous, puisqu'on découvre une histoire captivante, un portrait incontournable de l'Amérique de l'après-guerre et l'un des personnages les plus aimés de la littérature.
Holden passe son temps entre taxis, boîtes de jazz et les étrangers d'un New York transi de froid de l'époque McCarthy. C'est une ville parfois éblouissante, parfois ahurissante, mais toujours frappante, dans laquelle Holden essaie de fuir les « ploucs » et trouver sa place à lui. Quand il décide de partir, seul Phoebe, sa petite soeur et peut-être sa seule amie depuis la mort de son petit frère, Allie, veut l'accompagner. Avec un humour féroce pince-sans-rire et une innocence désarmante, Holden a ému des millions de lecteurs à travers le monde.
Après soixante ans, L'Attrape-coeurs, premier et unique roman de J. D. Salinger, tient toujours la forme. Pourquoi un tel succès? Objet de réflexions sur la souffrance de l'adolescence, la transition de l'enfance à l'âge adulte et toutes les questions existentielles qui nous traversent durant cette période, le livre reste un rite de passage pour les jeunes de tous âges.
À bord d'un paquebot en route pour l'Argentine, deux hommes s'affrontent aux échecs. Le premier, Mirko Czentovic, est le champion mondial de ce jeu. Le second, M. B., n'a pas touché à un échiquier depuis vingt ans, par ordre du médecin. Car la dernière fois qu'il a joué, un contexte particulièrement douloureux l'a rendu schizophrène. Ces deux personnages singuliers et mystérieux attisent la curiosité du narrateur, passionné de psychologie. Dès lors, il se met en tête de les faire parler, et nous livre deux troublants récits enchâssés. Une traduction inédite en poche de ce classique de la littérature sans cesse réédité depuis sa parution posthume en 1943.
« Écrit au début des années soixante par un jeune inconnu qui devait se suicider en 1969, à l'âge de trente-deux ans, parce qu'il se croyait un écrivain raté, La Conjuration des imbéciles n'a été éditée qu'en 1980. Le plus drôle dans cette histoire, pour peu qu'on goûte l'humour noir, c'est qu'aussitôt publié, le roman a connu un immense succès outre-Atlantique et s'est vu couronné en 1981 par le prestigieux prix Pulitzer. Une façon pour les Américains de démentir à retardement le pied de nez posthume que leur adressait l'écrivain, plaçant en exergue à son livre cette citation de Swift: "Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui." » - Bernard Le Saux, Le Matin
Quinze ans après les événements racontés dans La Servante écarlate, roman dystopique désormais culte, le régime théocratique de la République de Galaad a toujours la mainmise sur le pouvoir, mais certains signes ne trompent pas : il est en train de pourrir de l'intérieur. À ce moment crucial, les vies de trois femmes radicalement différentes convergent, avec des conséquences potentiellement explosives.
Avec Les Testaments, Margaret Atwood poursuit l'histoire de Galaad dans un savant mélange de suspense, de vivacité et de virtuosité.
Une nouvelle édition dans un design contemporain et soigné qui accompagnera la nouveauté de Bret Easton Ellis, Les Éclats.
« J'ai commencé à prendre des notes pour American Psycho pendant la dernière semaine de décembre 1986 et je me suis mis à en décrire les grandes lignes au début du printemps 1987, après m'être installé à New York et alors que je m'apprêtais à louer un appartement sur 13th Street. Le titre du premier chapitre, «April Fool's Day», indique que ce qu'on va lire n'est pas exactement un récit fiable, qu'il s'agit peut-être entièrement d'un rêve, de la sensibilité collective de la culture consumériste yuppie vue à travers les yeux d'un sociopathe dérangé qui a une prise très fragile sur la réalité. Et c'est peut-être ce qu'est devenu le livre au moment où j'ai commencé à l'écrire en 1987, dans la mesure où je vivais dans une sorte de monde onirique, moi aussi - le surréalisme que j'expérimentais personnellement subissant une mutation dans le domaine fictif de Patrick Bateman. Je n'ai pas parlé de ça pendant ou après la controverse qu'a provoquée le roman en 1991 ; c'est seulement au cours des dernières années, en commençant la tournée mondiale de mon livre, que j'ai faite à contrecoeur en 2010, que j'ai admis être, à tant de niveaux différents, Patrick Bateman, du moins pendant que je travaillais sur le livre. Nous partagions une relation illusoire et distante au monde qui nous épouvantait, auquel nous voulions cependant tous les deux être connectés. Nous ressentions du dégoût pour la société qui nous avait créés, de même qu'une résistance à ce qu'on attendait de nous, et nous étions enragés à l'idée qu'il n'y avait nulle part où aller. Patrick dit à un moment donné : «Je veux m'insérer.» En 1987, c'était également vrai pour moi. » Bret Easton Ellis, extrait de sa préface.
«Le monde de Buzzati, comme celui de Kafka, est plein de détours, à la manière des labyrinthes: ce carrefour d'espace et de temps où l'homme est placé et qu'il déplace avec lui, sans pouvoir le laisser derrière lui, univers mobile dont les dimensions sont celles d'une cellule de prison dont on barbouille les murs aux couleurs de l'infini, c'est le bastion où l'on guette jour après jour l'invasion des Tartares, sans savoir s'il existe réellement des Tartares, ni s'il y en a eu autrefois, ni si le danger existe de les voir surgir, au galop, de ce désert où l'on use ses yeux et sa vie à scruter l'horizon.» Marcel Brion.
Ce livre réunit deux récits situés dans le sud de l'Italie, deux textes qui se dressent contre la violence des hommes en général et celle de la Mafia en particulier. « Le contraire de la mort » raconte le deuil de Maria, une jeune fille de dix-sept ans qui a vu son amoureux Gaetano partir pour l'Afghanistan, d'où il n'est pas revenu. « La bague » fait le portrait de deux jeunes hommes, Giuseppe et Vincenzo, qui, parce qu'ils ont choisi d'exercer un vrai métier et refusé de faire le jeu de la Camorra, vivent dans la misère.
Dans ces nouvelles, Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, ouvrage qui lui a valu un succès international et une condamnation à mort par la Mafia napolitaine, interroge la mémoire et le temps, l'amour et la mort à travers le sort funeste de deux amoureux, de deux amis.
Pour retrouver l'homme qu'elle aime, un écrivain maudit, Marguerite accepte de livrer son âme au diable. Version contemporaine du mythe de Faust, transposé à Moscou dans les années 1930, Le Maître et Marguerite est aussi l'une des histoires d'amour les plus émouvantes jamais écrites. Mikhaïl Boulgakov a travaillé à son roman durant douze ans, en pleine dictature stalinienne, conscient qu'il n'aurait aucune chance de le voir paraître de son vivant. Écrit pour la liberté des artistes et contre le conformisme, cet objet d'admiration universelle fut publié un quart de siècle après la mort de celui qui est aujourd'hui considéré comme l'égal de Dostoïevski, Gogol ou Tchekhov.
Cette édition s'accompagne d'un appareil critique et d'une introduction de la spécialiste de la littérature russe Marianne Gourg, qui a également révisé la traduction.
Dans ce recueil d'essais à la fois drôles, érudits, débordants de curiosité et étrangement prémonitoires, Margaret Atwood tourne son intelligence exceptionnelle et son humour espiègle sur notre monde et nous rend compte de ses réflexions. Elle revient sur le krach financier, l'ascension de Trump et la pandémie. De la crise climatique à la question de l'avortement, personne n'est plus à même d'interroger les mystères multiples et variés de l'humanité. Cette anthologie non seulement saisit parfaitement notre époque, mais nous en dit un peu plus sur la personnalité de l'autrice emblématique de La Servante écarlate, sur ses combats et sur les écrivains qu'elle affectionne, de Richard Powers à Doris Lessing en passant par Alice Munro.
Extrait : Le marché des futurs - QUELQUES HISTOIRES QUE NOUS RACONTONS SUR LES TEMPS À VENIR (2013) :
« L'apocalypse zombie doit donc une partie de son attrait au fait que, aussi effroyable que puisse vous paraître la situation actuelle, elle pourrait encore empirer. Cela fait paraître le présent plutôt plaisant, en comparaison. [Vous] vous trouvez laid ? Eh bien, songez que vous seriez bien plus laid encore si vous deveniez un zombie. Tous ces soins dentaires en pure perte, sans parler des traitements capillaires ! »
Dans cette relecture originale du mythe grec, à la fois subtile, féministe et impertinente, Pénélope, hantée par la mort de ses servantes, raconte depuis les Enfers sa propre version de l'histoire : celle d'une femme, d'une épouse, d'une mère et d'une reine bien plus forte que ce que les hommes ont toujours voulu croire.
« Quelque chose est pourri dans l'état du Danemark ! » Le soir venu, le spectre du roi défunt hante les brumes du château d'Elseneur. Il crie vengeance. Honte à son frère Claudius, le lâche assassin ! Hamlet, son fils, l'a promis : ce crime ne restera pas impuni. Mais au bord du gouffre, voilà que le jeune homme vacille : « Être ou bien ne pas être ? » Jeu de miroirs, faux-semblants, théâtre dans le théâtre... Folie simulée ou véritable démence ? Le meurtre est pourtant bien réel. Et la mort d'Ophélie annonce de nouveaux désastres. Au coeur de la tragédie jaillissent alors les voix mystérieuses du pouvoir et de la guerre, de l'amour et de la mort. La poésie de Shakespeare fuse à chaque instant, racontant le mythe universel d'une humanité confrontée à ses démons.
Une édition bilingue de Hamlet dans une traduction inédite en poche de Michel Grivelet saluée par Pierre Assouline.
Sherman McCoy mène une vie luxueuse entre Wall Street, dont il est l'un des jeunes lions, et Park Avenue. Un soir, revenant de l'aéroport avec sa maîtresse, il rate la sortie de l'autoroute, et se perd dans le Bronx. Au moment où il croit enfin échapper à ce quartier de tous les dangers, deux jeunes noirs s'avancent, menaçants, vers sa Mercedes... Le couple parvient à s'enfuir, mais écrase l'un des deux hommes. Pour Sherman McCoy, c'est le début de la chute. Sa vie affective et professionnelle est pulvérisée, et l'univers dont il se croyait le maître flambe sur le bûcher de toutes les vanités. Graduellement, inexorablement, l'étau se resserre, sans que l'on sache, jusqu'aux toutes dernières pages, comment le cauchemar se terminera.
Puisqu'elle est la seule femme de son équipe, c'est Mme Shibata, une jeune trentenaire diplômée, qui hérite des tâches quotidiennes les plus ingrates. Faire le café, ranger la salle de réunion, laver les tasses sales de tous ses homologues masculins... Mais un jour, dans un accès de rébellion non prémédité, elle refuse. L'odeur d'un mégot se consumant au fond d'une énième tasse de café lui donne la nausée.
Du fait de sa grossesse, annonce-t-elle. Seule ombre au tableau : Mme Shibata n'est pas enceinte...
Une mécanique folle se met alors en marche tandis qu'une nouvelle vie s'offre à elle. Sa condition la protège désormais des heures supplémentaires, de la photocopieuse et de la machine à café. Elle peut enfin se reposer, suivre des cours d'aérobic prénatale, et même... assister à sa première échographie. Alors que son ventre grossit et que la frontière avec la réalité s'estompe, une question demeure : jusqu'où cette « grossesse » peut-elle aller ?
1617, Vardø, au nord du cercle polaire, en Norvège. Maren Magnusdatter, vingt ans, regarde depuis le village la violente tempête qui s'abat sur la mer. Quarante pêcheurs, dont son frère et son père, gisent sur les rochers en contrebas, noyés. Ce sont les hommes de Vardø qui ont été ainsi décimés, et les femmes vont désormais devoir assurer seules leur survie.
Trois ans plus tard, Absalom Cornet débarque d'Écosse. Cet homme sinistre y brûlait des sorcières. Il est accompagné de sa jeune épouse norvégienne, Ursa. Enivrée et terrifiée par l'autorité de son mari, elle se lie d'amitié avec Maren et découvre que les femmes peuvent être indépendantes. Absalom, lui, ne voit en Vardø qu'un endroit où Dieu n'a pas sa place, un endroit hanté par un puissant démon.
Inspiré de faits réels, Les Graciées captive par sa prose, viscérale et immersive. Sous la plume de Kiran Millwood Hargrave, ce village de pêcheurs froid et boueux prend vie.
Antan a tout l'air de n'être qu'un paisible village polonais. L'existence y est ponctuée par le temps : le temps d'aimer, de souffrir puis de mourir. Antan est situé au centre de l'univers - coeur du monde, coeur des hommes, coeur de l'histoire. Mais qui préside à son destin ? Dieu, qui du haut des cieux lui envoie les maux et les bonheurs dévolus aux humains, ou le châtelain Popielski, envoûté par le Jeu du labyrinthe que lui a offert le rabbin et qui, d'un coup de dés, renverse peut-être l'ordre des choses ? Un homme se transforme en bête, les âmes des morts errent dans le bourg jusqu'à se croire vivantes, des animaux parlent à une vieille folle... Au cours ordinaire de la vie se substitue brutalement la guerre avec son cortège d'événements diaboliques.
Un conte ponctué de purs moments d'émotion, de fragiles instants de vérité saisis au vol par une plume d'une fraîcheur et d'une originalité peu communes, celle d'Olga Tokarczuk, la romancière polonaise contemporaine la plus traduite dans le monde, récompensée du prix international Man Booker 2018.
À soixante ans, le professeur Roland de D. se remémore sa rencontre, alors qu'il n'avait que dix-neuf ans, avec celui qui devint rapidement un maître pour lui.
Dans la fascination que le mentor exerce sur son élève se mêlent amitié, admiration, désir charnel et amour. Leur relation établit alors pour le jeune homme une réalité nouvelle où les catégories habituelles n'ont plus cours. Face au comportement de son professeur, qui oscille entre chaleur et rejet, Roland hésite entre haine et amour. Et cette confusion le plonge dans de profonds tourments.
C'est en 1954 que l'agent de Marilyn, Charles Feldman, contacte Ben Hecht pour lui demander d'aider l'actrice à écrire ses mémoires. À 28 ans, elle a déjà tourné une vingtaine de films, dont ses premiers succès - Niagara et Les hommes préfèrent les blondes - et elle est lasse des inventions et potins des feuilles à scandales. Elle lui dicte les mots qu'il couche sur papier. Pour des raisons personnelles, elle ne poursuit pas ces séances de travail, mais confie le texte inachevé au photographe Milton Greene, son ami de toujours.
Publiés aux États-Unis et en France en 1974, ces textes de jeunesse, intimes et bouleversants, politiques et féministes, sont une révélation.
Qui était Marilyn Monroe ? Qui se cache derrière la pétillante blonde qui va mettre fin à ses jours à 36 ans, en pleine gloire ? Lire cette Confession inachevée, c'est se rapprocher d'elle, entendre sa voix bien reconnaissable dévoiler les deux faces de sa personnalité, les étapes de sa brève existence. D'abord Norma Jean, l'enfant dont la mère est internée, ballottée entre différentes familles d'accueil. La jeune fille crie son manque d'amour et son besoin constant d'attirer l'attention. Puis Marilyn, le sex-symbol qui côtoie et déteste Hollywood, avec ses ratés, ses dragueurs et ses escrocs, qui se heurte à la jalousie des femmes, mais reste lucide sur la tragédie de son milieu d'adoption.
C'est l'hiver au nord du cercle polaire arctique. Elsa, neuf ans, est la fille d'éleveurs de rennes samis. Un jour, alors qu'elle se rend seule à skis à l'enclos, elle est témoin du meurtre brutal de son faon, Nástegallu. Elle reconnaît le criminel : Robert, un Suédois du village voisin qui harcèle sa famille et sa communauté depuis des années.
Mais celui-ci la menace de mort et la petite fille, terrorisée, garde le silence. Dix ans ont passé. Face à l'indifférence des autorités et de la police, la haine et les menaces à l'encontre du peuple sami n'ont cessé de s'intensifier. Et lorsque Elsa se retrouve à son tour prise pour cible, quelque chose en elle se brise : le poids du secret, le traumatisme et la peur qu'elle porte depuis son enfance refont surface, libérant une rage nouvelle, celle de vaincre et de vivre.
Stöld retrace la lutte d'une jeune femme pour défendre son héritage et sa place dans une société où la xénophobie fait loi, et dans laquelle les idées modernes se heurtent à une culture façonnée par les traditions et la peur.
Bix Bouton a 40 ans, quatre enfants, et en apparence tout pour être heureux. Son entreprise, Mandala, connaît un succès tel qu'il est devenu l'un de ces « demi-dieux de la technologie » admirés de tous. Pourtant, il est tourmenté, insatisfait, en quête désespérée d'une nouvelle idée - jusqu'au jour où il tombe par hasard sur un groupe de discussion dont l'un des membres, professeur à l'université, expérimente un nouveau concept : l'externalisation de la mémoire. Nous sommes en 2010.
En l'espace d'une décennie, OwnYourUnconscious, la nouvelle technologie développée par l'entreprise de Bix permettant non seulement d'accéder à tous ses souvenirs mais aussi de les partager en échange de l'accès à ceux des autres, a séduit les foules. Mais à quel prix ?
Roman miroir de Qu'avons-nous fait de nos rêves ?, prix Pulitzer 2011, La Maison en pain d'épices est un récit électrisant, foisonnant et terriblement actuel sur la quête d'authenticité, de lien et de sens dans un monde où la mémoire et les identités ne nous appartiennent plus.
Appelé par sa grand-mère, Lipsha Morrissey revient dans la réserve de ses ancêtres, où il tombe aussitôt amoureux de la belle Shawnee Ray. Mais elle est sur le point d'épouser Lyman Lamartine, l'homme d'affaires de la réserve, à qui tout réussit : multipliant les entreprises - honnêtes et louches -, il gagne de l'argent et fascine hommes et femmes. Sauf Lipsha, qui fait une découverte déterminante pour l'avenir de tous : dans les bois sacrés de la réserve, Lyman et ses comparses ont décidé d'ériger un palais du jeu, le Bingo Palace.
Paru en 1996, Bingo Palace n'avait jamais été réédité depuis. Les lecteurs de Louise Erdrich, couronnée du prix Pulitzer 2021 pour Celui qui veille, y renoueront avec les familles Morrissey et Pillager, rencontrées dès son premier roman, Love Medicine. Mais, surtout, y retrouveront son amour pour le peuple indien et ses traditions, qui imprègne toute son oeuvre.
Prisonnier depuis huit ans dans un camp de travaux forcés en Asie centrale sous le régime stalinien, Ivan Denissovitch Choukhov, petit homme bon et débrouillard, est un zek, un détenu dans le langage administratif soviétique. Harcelé par ses bourreaux, le froid et la faim, il s'efforce de survivre avec dignité. Alexandre Soljenitsyne nous plonge dans le quotidien d'une victime des camps de travail, et c'est toute l'horreur de cet univers « hors la vie » qui nous saute au visage.
En 1962, avec ce texte inoubliable écrit en deux mois dans une langue vive, truculente et lyrique, Soljenitsyne et le monde du goulag entraient en littérature.