Le Chef contre l'homme de Marcel Martinet n'est pas un texte circonstanciel face à l'extrême droite car il ne se limite pas à montrer les dangers du national-socialisme et du fascisme. Il demande aux individus un effort de lucidité afin de combattre les mécanismes qui en autorisent l'avènement, à commencer par ceux qui génèrent cette attitude de respect de la hiérarchie ancrée dans les normes mêmes de toute société inégalitaire. Le texte de Martinet est suivi par une analyse de Philippe Geneste intitulée Le Refus de la hiérarchie et d'une biographie.
Il est fou ! est un recueil de onze « minutes » imprimé en 1933 à 90 exemplaires sur la petite presse à bras du poète Carlos Rodriguez Pintos par Guy Lévis Mano, il inaugure le catalogue de ce qui allait devenir la maison GLM. Ces poèmes parlés font suite à dix années d'intenses activités littéraires (revues, expositions, rencontres), et marquent le début d'une aventure éditoriale qui fera de GLM l'éditeur attentif des poètes et artistes les plus célèbres du XXe siècle (Breton, Char, Dali, Dupin, Éluard, Jouve, Lorca, Mirò, Picasso)... Suivant la volonté testamentaire de l'auteur les éditions Quiero proposent une nouvelle version à quatre mains avec le graveur & ymagier David Audibert.
Dans ce livre, qui rassemble deux articles parus en 1981 dans la revue Topique, la philosophe Simone Debout revient sur l'apport décisif de la pensée de Donatien Alphonse François de Sade dans la construction du système imaginé par l'utopiste Charles Fourier : l'Harmonie. Dans une langue riche et précise, elle montre comment les deux penseurs, en faisant la critique des « moralistes » des Lumières (et de la Révolution française), ont pointé les limites et les dérives d'une civilisation, la nôtre, où le mouvement passionnel est entravé, suborné dirait Emmanuel Loi, par le fétichisme de la marchandise. Dénonçant la misère de la fausse industrie et prônant les richesses partagées d'un nouveau monde amoureux, Fourier établit des plans à partir de sa découverte majeure des lois de l'attraction passionnelle.
Le Diamant de l'herbe, édité par l'auteur en 1840 chez Duverger à Paris, est devenu un classique de la littérature repris par de nombreux éditeurs contemporains. Ce petit conte cruel réussit en à peine une vingtaine de pages à emporter le lecteur au coeur du mystère amoureux. Les éditions Quiero proposent une version à quatre mains entièrement imprimée en typographie au plomb et accompagnée des gravures originales du peintre Simon Ortner.
Ce recueil s'ancre dans l'histoire tragique de l'emprisonnement au début de la seconde guerre mondiale de près d'un demi-millions de réfugiés espagnols dans des camps de concentration français. Ces camps sont au centre de la correspondance solaire entre Serge Pey et Joan Jordà qui conjugue les raisons d'un engagement avec la joie grave du désespoir, la poésie et l'art avec l'insurrection. Les Poupées de Rivesaltes égraine sur 60 « lames » le traitement que les soldats français ont fait subir aux réfugiés espagnols qui fuyaient la dictature. C'est aussi l'affirmation d'un art poétique qui prône la libération de la liberté.
Ce recueil de Guy Lévis Mano, édité une première fois en 1935 et réimprimé en 1967 est un long poème écrit sur le vif qui décrit l'ambiance de l'atelier et donne à voir, depuis les casses où gronde la révolte des caractères, la vie laborieuse des typographes et les rapports qu'ils entretiennent avec la lettre et les mots imprimés...Trois typographes en avaient marre est un monument typographique et poétique dont l'édition, heureux hasard du calendrier, a précédé deux des plus belles luttes sociales du siècle dernier. Souhaitons que le ras-le-bol des typographes soit suivi des mêmes mouvements.Guy Lévis Mano qui en fut l'auteur, l'éditeur et l'ouvrier ne voulait pas d'une réédition à l'identique de son livre. L'occasion pour nous d'une nouvelle mise en forme typographique, histoire de dire comme lui que : « nous n'en avons pas marre d'en avoir marre » !
Abîmes, c'est l'impossible « roman » de formation d'un jeune homme qui, comme tant d'autres, cherche le bonheur et ne le trouve pas, cherche à comprendre les malheurs de sa mère et la perd, cherche un signe du père et ne voit rien venir. C'est un lent travail quotidien d'écriture qui s'étire sur plusieurs années avec de multiples tentatives, dont ce Hors-texte est la fleur. On y suit au fil du temps les aventures d'Antoine, bien sûr, mais aussi Ana et Anna, Clara, Léa et Mattéo : un corps se forme par le texte. John Baguette y défend avec humeur la virgule libre et livre ici, avec cette collection des ébauches écartées du livre qui en est le fruit, une voix sensible et semblable à son manifeste mais qui dépasse la seule fiction pour s'inscrire dans le champ de la réflexion littéraire.
Le Bleu des émeutiers est le lieu d'une rencontre avec la poésie incandescente du peintre Jacques Le Scanff. Ce recueil retrace les errances et les découvertes du peintre, ses interrogations face à la montagne noire, aux feux ocres des émeutes où s'éclairent et se réchauffent les traits bleus du nouveau monde. Le peintre et le poète passant ainsi d'une amitié à l'autre comme les fleuves d'encre échoués sur la page du cahier. Inscrivant les visages brouillons des émeutiers sur des pentes vertigineuses d'où ils prennent leur élan vers la source vive de la poésie.
Alors que le gouvernement vient de rappeler avec la création du revenu minimum d'activité la vieille figure de l'assistance par le travail et qu'il dénonce la " paresse de cette France qui ne travaille pas " ; alors que les bourgeois oisifs stigmatisent les pauvres qu'ils ont eux-mêmes mis au rencard social ; alors que l'individualisme libéral met à bas la sécurité sociale ou sécurité collective, on assiste à un retour de l'idéologie de l'arbitraire avec " charité pour les pauvres " et autres " économiquement Faibles "; alors que les économistes entonnent la sempiternelle ritournelle du misérable paresseux qui entrave la croissance et pèse sur la richesse nationale par son imprévoyance chronique; alors que par un retournement de la chaîne causale on explique que c'est l'allocation qui crée le chômeur, voila que revient le vagabond, voila que revient la figure du dépossédé.
Ce numéro rassemble une littérature qui nous permet de suivre la conscience que les vagabonds ont d'eux-mêmes, de donner des clés pour comprendre les mécanismes de la construction d'une vie en deça des institutions reconnues, c'est-à-dire d'une vie hors-la-loi.
"Le romancier suédois Stig Dagerman (1923-1954) est nommé, à l'âge de vingt-deux ans, responsable de la rubrique culturelle du quotidien anarcho-syndicaliste suédois Arbetaren (Le Travailleur). Il ne cessa jamais d'y écrire. Curieusement passée sous silence par la critique littéraire, plus prompte à brandir l'icône du poète maudit (et notamment son article « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier »), cet apprentissage d'écriture sous-tend l'oeuvre entière de l'écrivain suédois. Bien sûr, le monde symbolique de la littérature ne se réduit pas au monde discursif des idéologies, mais on ne peut comprendre l'entière portée du travail littéraire de Dagerman sans intégrer sa dimension de chroniqueur syndicaliste. Tombe alors l'image anachronique du littérateur romantique et s'offrent à la sagacité des lecteurs des pistes inédites d'interprétation.
Outre la remise en contexte de quelques-uns des textes majeurs de Stig Dagerman, ce numéro sera l'occasion de découvrir de nombreux articles inédits."
Que peut la littérature face à la question sociale de l'école ? « Nous avons besoin d'individus capables d'évoluer sans cesse, capables de détruire et de renouveler sans cesse ce qui les entoure et de se renouveler eux-mêmes ; d'individus dont l'indépendance intellectuelle soit la plus grande force, qui ne se laisseront jamais assujettir pour être toujours prêts à accepter ce qui est le meilleur, heureux du triomphe des idées nouvelles ; des individus enfin qui aspirent à vivre de multiples vies en une seule vie. La société craint de tels êtres. Mais espérons que nous ne manquerons jamais d'écoles capables de nous les donner, d'écoles où les êtres humains puissent grandir, libres et heureux, selon leurs aspirations. » Francisco Ferrer, La Société craint nos écoles,1905.
Ce numéro est publié à l'occasion d'une rencontre organisée à la Bibliothèque de Marseille le 4 février 2006. Autour de trois thèmes - littérature prolétarienne, voyage, pacifisme et engagement politique - nous avons souhaité réunir des lecteurs attentifs des oeuvres de Jean Giono (1895-1970) et de Harry Martinson (1904-1978), qui sont dans leurs pays respectifs, la France et la Suède, des classiques de la littérature du XXe siècle.
À travers le parcours de ces deux écrivains issus du peuple, sont interrogés les rapports de classes qui régissent le champ littéraire, comme le devenir bourgeois de tout écrivain de profession. La rencontre improbable des écrits d'un fils de cordonnier d'origine italienne et de ceux d'un valet de ferme orphelin est l'occasion de prendre la mesure du " voyage " que propose leur littérature, des tensions qui se nouent entre l'imaginaire et le réel. Ce numéro permet d'aborder également, à travers le combat qu'ils ont tous les deux menés pour la paix, le rôle et la responsabilité de l'écrivain dans la société.
Les fragments retenus ici forment une « conversation » avec la poésie, les poèmes d'André du Bouchet. Ce dialogue avec l'oeuvre du poète de Truinas, Philippe Cottenceau le poursuivait au jour le jour dans la réalisation de cerfs-volants - papier que tu donnes à boire au soleil - qui constituaient pour lui autant de mise en acte d'une recherche poétique commencée sur les bords de Loire et poursuivie sur tous les continents où fleurissent ces objets dédiés au vent.
Les textes rassemblés ici sous le titre de Phloèmes décrivent un voyage intérieur, une circulation qui comme son nom l'indique (le phloème est la partie de l'écorce où circule la sève) nous donne à entendre l'intime solitude d'un être parfois profondément révolté, comme dans le texte manifeste « Décanaliser Lacan », contre les analyses dont il continue à être l'objet... parfois simplement émerveillé par le monde qui l'entoure comme dans « Souviens-toi Madagascar », récit de son voyage en 2007.
"Où l'on découvre que la littérature est un moyen de faire entendre la voix des derniers paysans d'Europe avant qu'elle ne périsse sous les coups de la bourgeoisie triomphante. Alors que « l'odeur de décomposition du monde paysan » est partout perceptible dans les campagnes, il n'est pas inutile de rappeler que ce sont les mêmes stratégies de développement qui ont conduit à « la destruction des villes et des relations sociales particulières qui s'y étaient construites » qui livrent aujourd'hui la campagne à la contemplation de sa ruine et de son désert.
Ce premier numéro de la revue Marginales consacré aux « paysans » entend donc combattre quelques idées reçues sur ce sujet en donnant la parole à des écrivains, des artistes, des paysans, des témoins..."
Trois typographes en avaient marre est un divertissement typographique édité une première fois en 1935 puis en 1967 par GLM. Guy Lévis Mano qui en fut l'auteur, l'éditeur et l'ouvrier ne souhaitait pas d'une réédition à l'identique de son livre. L'occasion pour nous d'une nouvelle mise en forme typographique, histoire de dire avec lui que : «?nous n'en avons pas marre d'en avoir marre?» ! Cette nouvelle édition au format « poche » est suivie d'une postface de Samuel Autexier qui présente la petite histoire de ce livre.