Dans la construction historique du problème social que constitue la violence juvénile, le rôle de l'expertise est primordial. L'expert, agissant au coeur ou à la lisière du système institutionnel de protection de la jeunesse, peut être celui qui recueille et met en forme l'expression de cette violence. De ce fait, il contribue à l'extension de sa définition: violence physique, mais aussi psychique, voire symbolique. Les experts dépassent alors la posture du simple diagnostic pour s'inscrire dans une démarche de soin et de réhabilitation sociale. Depuis le XIXe siècle, médecins, psychiatres, puis psychologues, pédagogues, sociologues et anthropologues, ont investi la question de la jeunesse irrégulière, contribuant ainsi à la définition d'une population-cible pour les politiques publiques.
Dès la fin du XIXe siècle se dessine en Europe une véritable « révolution de l'avortement ». Les pratiques abortives, plus sûres, répondent au rejet des morales officielles et au désir nouveau des couples de limiter la taille de leur famille. Cette banalisation de l'avortement entraînera en Belgique une réaction dont l'ampleur étonne encore. Morale catholique, nationalisme exacerbé et crainte de la dépopulation concourent à faire de l'avortement, ce « fléau du siècle », un véritable crime contre la société et la nation. Cet ouvrage aborde l'histoire de la justice et de l'avortement durant l'entredeux- guerres. La première partie s'intéresse au contexte légal et idéologique de l'avortement en Belgique et aux préoccupations qui ont incité le législateur belge à « renforcer » la loi en 1923. La seconde partie, consacrée à la quantification de la répression judiciaire de l'avortement dans l'entre-deux-guerres, permet de voir dans quelle mesure l'évolution des mentalités s'est répercutée dans la pratique judiciaire. La dernière partie propose une analyse des dossiers d'abandon de poursuite de l'arrondissement judiciaire de Dinant, qui permet de mieux cerner le profil et les motivations des différents protagonistes de l'avortement et de sa répression.
De nos jours, dans les villes, la violence des jeunes alarme, inquiète. « Ils sont de plus en plus violents, de plus en plus jeunes », entend-on régulièrement de l'opinion publique. Pourtant, ces commentaires ne reposent sur aucune base scientifique fiable : ils relèvent d'un discours construit depuis près de deux cents ans sur des faits peu représentatifs et des impressions non critiquées. Jusqu'ici, ville et violence, jeunesse et violence, voire jeunesse et ville étaient analysées de manière séparée ; en revanche, la problématique de la violence des jeunes dans l'espace public urbain n'avait pas donné lieu à des recherches croisées. Par la confrontation systématique des sources (répressives, discursives) et selon une pluralité d'approches méthodologiques (travail sur archives, enquête orale), les auteurs de ce livre, historiens, criminologues ou sociologues, tentent de cerner l'écart existant entre perception et réalité du phénomène aux différentes périodes de l'histoire. Sur la base de recherches récentes, ils proposent de mieux comprendre quand, comment et pourquoi s'est construite dans la société européenne cette représentation de la jeunesse comme vecteur de violence associé à la vie urbaine.
Depuis quelques années, l'histoire des forces de l'ordre fait l'objet de nombreuses recherches à l'étranger. Dans le sillage de celles-ci, cet ouvrage brosse un tableau général de l'évolution de l'appareil policier belge de l'Indépendance à la veille de la Première Guerre mondiale. Quelle fut la nature du système mis en place en 1830 ? Comment ce dernier s'est-il adapté à l'évolution de la société belge au XIXe siècle ? Quels sont les facteurs qui ont animé la dynamique des forces de l'ordre à cette époque, et en quoi les débats s'articulant autour de celles-ci ont-ils préludé aux questions policières du siècle suivant ? Tels sont les principaux thèmes abordés dans cette synthèse, illustrée de documents d'époque, afin de permettre au lecteur d'approfondir les problématiques évoquées et de trouver éventuellement de nouvelles pistes de recherches.
Les actes des dix-neuvièmes journées belgo-néerlandaises d'histoire du droit offrent un aperçu général de la recherche actuelle en histoire du droit et de la justice, en particulier des travaux de jeunes chercheurs. Les études réunies dans ce recueil couvrent une large palette chronologique: - Droit et justice au XXe siècle - De l'Antiquité romaine au Moyen-Âge - Histoire de la justice du Moyen-Âge au XVIIe siècle - Le temps des Révolutions - XIXe siècle : le pouvoir judiciaire face au bouillonnement sociétal - Quelques aspects oubliés de l'histoire récente du droit.
Fruit de recherches multidisciplinaires, l'histoire de la justice pénale, de la criminalité et de sa régulation est un thème en pleine expansion depuis une quarantaine d'années. Historiens sociaux, historiens du droit, sociologues, criminologues et anthropologues sont à l'origine de ce renouveau. Sur la base de ces diverses traditions intellectuelles, l'histoire de la justice pénale témoigne d'audaces et d'une créativité stimulantes. Cette thématique présente une autre caractéristique : elle a retenu l'attention des spécialistes de toutes les périodes historiques, depuis l'antiquité jusqu'à l'époque la plus récente. À travers douze contributions de chercheurs débutants ou confirmés, issus des universités belges, néerlandaises et françaises, on propose ici une approche renouvelée de différents thèmes relatifs à la criminalité et à sa régulation dans l'histoire.
À la fin du XIXe siècle, Bruxelles est secouée par un scandale révélant la présence de mineures anglaises dans les maisons closes de la capitale. En cascade, les répercussions de l'« affaire de la traite des blanches » sont immédiates (campagnes médiatiques, enquêtes, séries de procès). À bien des égards, l'histoire des « petites anglaises » fait aussi l'effet d'un véritable détonateur : elle déliera les imaginaires et déchaînera les passions sur la fameuse question de la « traite des blanches », en Belgique et ailleurs, pendant de longues décennies. Issues d'un projet collectif de longue haleine, les contributions de cet ouvrage portent sur l'anatomie du scandale et ses suites. En premier lieu, à partir des dossiers issus de l'enquête judiciaire, on propose ici d'éclairer le rôle des protagonistes de l'affaire. La seconde partie est consacrée aux grands débats que le scandale a contribué à alimenter après la Première Guerre mondiale. Fruit d'une recherche menée en sociohistoire, cette publication invite à suivre, du sordide au mythe, l'histoire et le souvenir d'une des plus célèbres affaires de « traite des blanches ».
Le xviie siècle est un temps de troubles pour les Pays-Bas espagnols. Après l'intermède glorieux des Archiducs, ce territoire est de nouveau ravagé par les luttes incessantes que se livrent les différents souverains d'Europe à l'instar des guerres de Louis XIV. La ville de Namur, place forte stratégique sur le chemin des armées belligérantes au confluent de la Sambre et de la Meuse, n'est pas épargnée par les conflits et subit les conséquences de ce temps de « Malheurs ». Dans ce contexte, cet ouvrage analyse l'activité pénale et la criminalité réprimée par la justice urbaine dans la seconde moitié du xviie siècle. À partir des archives judiciaires de la Haute Cour, l'auteur analyse l'organisation et le fonctionnement complexe de la justice urbaine, l'action répressive de cette dernière et les différents crimes et délits jugés et réprimés à Namur. Ce livre met en lumière les processus de régulation des infractions, les acteurs qui les commettent et les jugent, mais surtout les mentalités face au crime en cette époque troublée.
Namur, Place Saint Rémy, 1417. Jehenin monte sur l'échafaud et est décapité à l'épée. Nivelles, 1514. Guillaume y échappe, par la grâce de l'Empereur. Olne, sur la Grand-Place du village, 1758. Jean meurt sur le bûcher. Hermès y échappe. Il terminera ses jours dans une cellule. Anvers, sur la Grand Place, 1804. Adrien est guillotiné. Bruxelles, sur la Grand-Place, 1807. Marie est guillotinée. Anvers, 1816. Michel est condamné à mort. Gracié, il échappe à la guillotine. Il fera vingt ans de fers. Bruxelles, sur la Grand-Place, 1843. Jean-Jacques est guillotiné. Mons, 1922. Armand est condamné à mort. Il est gracié. Mons, Tir communal, 1947. Le noyau de la « bande Chéron » est exécuté. Ils sont six à passer devant le peloton. Arthuria est graciée. Elle y échappe. À travers neuf récits, construits principalement sur la base des sources judiciaires, un groupe d'historiens, issus de l'Université catholique de Louvain, de l'Université de Liège et de l'Université libre de Bruxelles, racontent l'histoire de la justice pénale en Belgique du Moyen-Âge jusqu'au 20e siècle, dans sa manifestation ultime, la peine de mort. Plongé dans l'exercice de la justice d'autrefois, le présaent ouvrage permet également au lecteur d'accompagner les protagonistes dans le cours de leur vie quotidienne, dans leur environnement social et culturel, dans leur condition d'homme ou de femme. Le présent ouvrage est issu d'un séminaire organisé à l'UCL, dirigé par Jérôme de Brouwer et Xavier Rousseaux au sein du Centre d'histoire du droit et de la justice (CHDJ).