Souvent, la philosophie prend la latitude de se poser là où elle veut. La collection « Empreintes philosophiques » témoigne d'un art de la suivre à la trace, où qu'elle soit et sans a priori : les arts, les lettres, les sciences, les religions, bref tous les savoirs du monde que la philosophie informe autant qu'elle s'en informe, par ce jeu des empreintes.
L'Iris, symbole de la région bruxelloise, et le Croissant, symbole de l'islam : à Bruxelles, comme dans toute l'Europe, la présence de l'islam est désormais définitive. Elle est particulièrement importante. Comment appréhender cet espace urbain sous l'angle de la présence de l'islam ? Il importe tout d'abord de décrire, de manière aussi détaillée que possible, les multiples aspects de cette nouvelle présence religieuse : les mosquées, les multiples organisations islamiques, l'enseignement religieux, le commerce halal, les médias, le web, les mobilisations collectives, les lobbies européens, les connexions politiques. On mesure alors l'ampleur, la force dynamique et la diversité de cette présence. Mais comment, dans cette ville aux aspects nouveaux qu'est Bruxelles, se construisent les relations entre musulmans et non-musulmans ? Comment s'opère leur « co-inclusion réciproque » ? Au-delà des relations personnelles, a-t-on pris la mesure des enjeux urbains liés à cette nouvelle présence ? Ou bien les réflexions sur Bruxelles et son devenir tendent-elles à ignorer - dans une sorte de déni -, la dimension religieuse islamique, alors que des médias et des acteurs politiques, au contraire, la survalorisent et la stigmatisent parfois ? A-t-on pris en compte le fait que la dimension religieuse de la ville « post-séculière » devient un nouvel enjeu de société ? Les musulmans ont-il pris la mesure des enjeux liés à leur présence, qui vont bien au-delà de la seule constitution de mosquées ou de la revendication du port du foulard ? Comment se vivent-t-il en tant que bruxellois musulmans ? C'est à ces quelques questions que cet ouvrage tente de répondre à la suite d'une enquête sur le terrain bruxellois, cette ville qui, désormais, est « aussi » une ville musulmane. Bruxelles, capitale de l'Europe, est un laboratoire du devenir de l'islam européen.
En publiant en 1972 Histoire et Absolu, Jacques Colette offrait une compréhension rigoureuse de la pensée de l'existence à travers l'analyse minutieuse de quatre ouvrages fondamentaux de Kierkegaard : les Miettes philosophiques, le Post-scriptum, le Concept d'angoisse ainsi que La maladie à la mort. Le temps est venu de rendre cet essai magistral à nouveau accessible. Il a marqué la réception de Kierkegaard et il reste un ouvrage majeur pour s'introduire dans son oeuvre philosophique. Cette édition revue et corrigée, menée par Joaquim Hernandez-Dispaux, est augmentée d'un essai inédit de Jacques Colette.
Les modalités de recrutement des enseignants et les systèmes de formations connaissent depuis une dizaine d'années de nombreux bouleversements. Ceux-ci sont liés à des modifications profondes des programmes scolaires, des exigences en termes de diplômes, des structures de formation. Ces contextes de changement conduisent à de nouveaux questionnements sur les complémentarités possibles et souhaitables entre les mondes de l'éducation et de l'enseignement, de la formation, de la recherche. Les chercheurs dans les domaines des didactiques des disciplines se sont toujours impliqués dans ce type de problématique. Pour y répondre, ils proposent dans le cadre de cet ouvrage d'interroger les fondements de la transmission des savoirs, d'analyser les pratiques des enseignants et des formateurs, de construire avec et pour les enseignants et les élèves des dispositifs pouvant répondre aux défis actuels. Cet ouvrage est composé d'un ensemble d'études et de propositions issues de travaux et de réflexions de professeurs, de chercheurs, d'étudiants, d'inspecteurs, de décideurs institutionnels. Il est donc destiné à tout acteur potentiel, professionnel ou expert, des mondes de l'enseignement, de l'éducation et de la recherche.
À partir d'une démarche de sociologie historique, ce livre aborde les raisons du « succès », depuis plus de cinquante ans, du radicalisme jihadiste-terroriste au sein de l'islam sunnite et, en partie, dans le monde entier, cette vision politico-religieuse ayant réussi à imposer son agenda et sa logique d'action violente, d'où le titre: Jihad u akbar, « Le Jihad est grand ». En cheminant pas à pas au fil des quatre grands moments d'actions et d'idées qui prônent et pratiquent la violence armée comme vision intrinsèquement religieuse, l'analyse dégage les logiques sociologiques à l'oeuvre: organisationnelles, pragmatiques, cognitives. Au départ de groupuscules marginaux des années 1960-1970, ces logique sont abouti à la constitution d'un véritable sous-système au sein de l'islam sunnite, ayant son autonomie d'action, sa capacité de communication avec ses contextes et sa puissance de reproduction. L'action jihadiste-terroriste impose une réaction armée et policière. Mais celle-ci est loin de suffire car elle conforte en partie la dynamique de la violence instaurée à partir de l'attentat du 11 septembre 2001, véritable coup de maître du programme jihadiste-terroriste. Dégager les logiques internes au système religieux lui-même et les logiques microsociologiques, contextuelles et géopolitiques permet de comprendre l'ampleur de l'enjeu auquel les sociétés musulmanes et non musulmanes sont confrontées si elles veulent sortir de cette spirale de la violence dans laquelle elles ont été embarquées à long terme. En effet, si le radicalisme jihadiste-terroriste a mis des dizaines d'années pour s'implanter, il en faudra tout autant pour s'en défaire. Et cela à condition d'une mobilisation collective de multiples énergies sociales, dont celles qui devraient se dégager plus spécifiquement dans les pays européens, tant parmi les musulmans que parmi les non-musulmans. En conclusion, l'ouvrage pointe quelques scénarios d évolution possible du jihadisme-terroriste dans ce temps de l'après-Printemps arabe.
Philippe, la cinquantaine, se croit en bonne santé mais s'entend annoncer qu'il doit être opéré de pontages coronaires. Chaque année, des centaines de milliers de personnes dans le monde bénéficient d'opérations cardiaques. Ce qui est moins habituel, c'est que cette fois le patient est un patron d'anesthésie spécialisé dans ce type d'interventions, et qu'il sera opéré dans son propre service.
- Et alors, comment est-ce de l'autre côté du drap?
À la question posée par tous ses collègues, il a décidé de répondre par cet essai, imaginé au moment même des faits et couché sur papier les jours qui ont suivi.
Dix ans plus tard, une préface de Gebrine El Khoury, le chirurgien qui a opéré l'auteur, donne une nouvelle actualité à ces pages sans concessions, pleines d'informations, souvent drôles et parfois émouvantes, à l'attention des futurs opérés, de leurs familles, des soignants et même des décideurs hospitaliers.
Les populations musulmanes en Belgique n'avaient plus fait l'objet d'une étude globale depuis plus de dix ans. Ce volume aborde la question des identités et appartenances, à partir des positionnements face aux pratiques religieuses dans la sphère publique mais aussi des processus tels que les conversions (vers ou dans l'islam) ou les engagements citoyens. Il s'intéresse en outre aux courants dits réformistes, notamment les Frères musulmans et les mouvements Nurçu et Fetullah Gülen, d'origine turque, mais aussi aux guérisseurs qui officient dans les milieux salafistes. Enfin, ces études examinent les relations qui se créent entre les musulmans et la société globale, notamment à travers la participation politique, la gestion publique du culte ou encore l'intégration spécifique du droit de la famille. Ces multiples champs sont traversés par une variété de dynamiques de fond qui animent et complexifient les manières d'être musulman en Belgique. Il importe d'en saisir les nouveaux enjeux pour en pointer les perspectives futures. C'est précisément ce que permet le cadrage initial de cet ouvrage qui, sans méconnaître la littérature existante, veut en dépasser certaines lacunes et permettre d'aller plus loin dans la compréhension du laboratoire foisonnant, interactif et ouvert qu'incarnent ces présences déjà longues, mais encore peu connues, de l'islam en Belgique. Ce livre s'adresse à un large public, scientifique ou non, intéressé par la compréhension des dynamiques et enjeux sociaux, culturels et religieux de notre société multiculturelle. Il réunit les contributions de Ikram Akodad, Nadia Fadil, Marie-Claire Foblets, Aicha Haddou, Jean-François Husson, Iman Lechkar, Ural Manço, Konrad Pedziwiatr, Christiane Timmerman, Corinne Torrekens, Hanifa Touag, Els Vanderwaeren, Müserref Yardim, Fatima Zibouh.
Dans quelle mesure la philosophie française du XXe siècle est-elle habitée, voire hantée par la pensée kierkegaardienne ? Dans quelle mesure l'a-t-elle été dès les années 1930, certes en « découvrant l'existence » avec Husserl et Heidegger, mais aussi et simultanément avec Kierkegaard ? Et dans quelle mesure l'est-elle encore, au moment même où c'est en rupture avec le paradigme « historique » de la phénoménologie qu'elle trace de nouveaux chemins de pensée ? C'est à ces questions que ce recueil, réunissant des spécialistes internationaux de l'oeuvre de Kierkegaard et des historiens de la philosophie française contemporaine, tente de répondre sur un mode à la fois historique et thématique, afin de montrer que, loin d'appartenir à un passé révolu, la pensée kierkegaardienne est bel et bien encore devant nous.
Il n'y a plus grand-monde pour mettre encore en doute le bouleversement profond qui est en train de modifier l'équilibre climatique de notre planète. Force est cependant de constater que cette prise de conscience, indispensable, ne suscite que fort peu d'initiatives pour renverser le cours d'une évolution inquiétante. Peut-être cette insouciance est-elle, au moins en partie, attribuable au fait que nos contemporains accordent encore aux savants, aux chercheurs, aux ingénieurs, le pouvoir de découvrir des ressources minérales, énergétiques, alimentaires, qui soient inédites, propres, inépuisables. Ce livre tente de démontrer qu'il ne faut pas trop se leurrer à ce sujet. La notion même de développement, actuellement basée sur une énergie pratiquement gratuite, risque bien de se révéler d'ores et déjà dépassée par les faits. Une telle démonstration exige que soient clairement exposés, sur une base scientifique, les tenants et aboutissants des problèmes posés, en particulier, par une soif démesurée d'énergie qu'exacerbe une démographie apparemment incontrôlable.
Belgique, France, Québec. Trois « pays » francophones, trois façons de nommer une figure de la pauvreté urbaine : sans-abri, sans domicile fixe, itinérant. Bien qu'immémoriale, cette figure a été perçue de façon nouvelle par nos contemporains au cours des années 1980. Parce que les catégories sont des constructions sociales qui tendent à s'institutionnaliser, elles méritent toute l'attention des chercheurs. Les figures de la pauvreté sont révélatrices d'un (dés)ordre social. Elles mettent en rapport les situations vécues et la « réaction sociale » à leur égard. C'est ce qui a poussé les auteurs de ce livre à proposer une relecture du phénomène, travail comparatif et de confrontation sur l'interdépendance entre contexte national et actions entreprises en direction des personnes. Ce travail est né d'une interrogation portée sur la place et l'utilité de la recherche face à l'installation et à la banalisation du phénomène du sans-abrisme dans les pays riches industrialisés : comment se construit un problème social dans différents contextes ? Comment les chercheurs délimitent-ils leur objet au regard du problème social considéré ? Quelle place occupe la recherche ? Comment est-elle mobilisée ? Comment se situe-t-elle par rapport à l'action politique ? Ces questions permettent de distinguer trois étapes essentielles, les trois parties de cet ouvrage. Tout d'abord, on décrit les éléments essentiels de la genèse de ce qui est apparu comme un problème social dans chacun des pays. Ensuite, on voit comment, face à ce problème social devenu problème public, la recherche s'est développée et organisée différemment, tant au niveau des institutions que des jeux d'acteurs et de leurs effets. Enfin, les parcours de recherche, dans leur grande diversité, permettent de reformuler les enjeux de connaissances, indissociables des situations qui les ont fait naître et des réactions sociales qui les ont accompagnés tout au long de ces deux dernières décennies.
De manière récurrente, les politiques ont invoqué comme finalité de promouvoir une plus grande « démocratisation » de l'enseignement. Dans les faits, la démocratisation scolaire s'est révélées surtout une « massification ». Elle a été davantage « quantitative ». Les chances d'obtenir un diplôme restent toujours aussi mal réparties en fonction des origines sociales ou culturelles. La réussite scolaire est très inégale et les jeux de distinction face à l'offre éducative sont multiples. Dans cette situation, l'« égalité des chances » semble (de plus en plus ?) un idéal inaccessible, au point que nombre d'interrogations sont aujourd'hui ouvertes sur ce que recouvre ou doit recouvrir la notion de « justice scolaire ». Dans les pratiques, les voies à suivre semblent également de plus en plus difficiles à mettre en oeuvre. Bref, l'école démocratique de masse reste encore à inventer. On s'interroge ici sur plusieurs facettes des processus qui se jouent au sein de l'école : Quelles nouvelles définitions de la justice scolaire défendre d'un point de vue éthique et politique ? La réalité du « marché scolaire » est-elle indépassable et hors de portée de l'action des pouvoirs publics ? Les pratiques des établissements peuvent-elles contribuer à l'égalisation des chances ou sont-elles seulement le reflet des inégalités sociales ? Les dispositifs pédagogiques peuvent-ils faire la différence dans la réussite des élèves ? Sont-ils neutres socialement ? Les élèves victimes de relégation peuvent-ils encore croire dans le discours et les pratiques scolaires ? Au-delà de l'école, les dispositifs d'insertion sont-ils en mesure d'éviter le caractère irréversible de l'exclusion ?
Dans l'exercice de leur métier, les chercheurs veulent repousser les frontières de la connaissance, explorer des régions jusque-là inconnues dans leur discipline. Pour cela, ils sont capables de développer des routines très complexes, des procédures très rigoureuses. Ils inventent des dispositifs d'expérimentation qui tournent à la perfection. Ils se démènent pour obtenir les précieux financements qui leur permettront de continuer leurs programmes. Ils siègent dans des conseils, donnent des cours, encadrent des thésards, communiquent dans les médias.
Par passion pour la recherche, ils sont aussi capables de se mettre en danger, intellectuellement et même physiquement, de prendre des risques calculés pour démontrer une hypothèse, résoudre une équation ou un problème, prouver l'existence d'une particule ou d'une étoile ou déchiffrer un génome... ils arpentent les quatre coins du globe, fréquentent les grands fauves comme les redoutables bactéries, se laissent couler dans les abysses océanes ou s'élèvent dans la stratosphère, ou encore, avec un eurêka au bord des lèvres, s'immergent dans des calculs et des réflexions sans fin. Ce sont des savanturiers. Non, leur vie n'est pas toujours de tout repos. À l'occasion de l'Année Louvain de l'aventure scientifique (2016-2017), ce livre donne un aperçu de quelques-unes de leurs échappées.
L'aventure est au coin de la science!
Au XVIIe siècle, les élèves du collège jésuite de Bruxelles exposaient publiquement dans la rue les emblèmes qu'ils réalisaient, notamment à la gloire de la dynastie habsbourgeoise au pouvoir. Consacrée au gouvernorat de Léopold-Guillaume de Habsbourg (1647-1656), cette enquête vise à identifier les raisons qui ont conduit les jésuites à choisir l'emblématique pour formuler un éloge, à travers lequel la Compagnie de Jésus diffusait ses valeurs et ses idéaux. La célébration d'un prince est en effet un exercice délicat, d'autant plus complexe et périlleux que Léopold-Guillaume n'était pas le souverain légitime des Pays-Bas méridionaux, mais travaillait au service de son cousin, Philippe IV d'Espagne. Après avoir replacé le corpus dans son contexte, ce premier volume fait le point sur la manière dont l'éloge se déploie au sein du mode de pensée particulier qu'est l'emblématique afin de mettre au jour les caractéristiques et les qualités du genre. Une place de choix est réservée dans l'étude aux décors éphémères produits pour les expositions afin d'examiner comment les emblèmes étaient mis en valeur lors de leur diffusion. Un second volume (en ligne) propose une édition critique inédite, accompagnée d'une traduction française des textes en grec ancien et en latin, des 208 emblèmes qui composent les expositions de 1647, 1648 et 1651, où la figure de Léopold-Guillaume occupe une place centrale.
S'intéresser à l'interdisciplinarité des pratiques enseignantes revient à se poser des questions vitales pour toute équipe éducative : pourquoi travailler ensemble, en tant que formateurs d'enseignants, et en tant qu'enseignants dans les écoles ? Au nom de quels enjeux et en vue de quels objectifs ? Autour de quels projets concrets ? Certes, dans l'état actuel des choses, l'interdisciplinarité demeure davantage un idéal, présent dans les écoles à travers quelques expériences pilotes, qu'une expérience déjà fortement ancrée dans les pratiques. Un idéal, un projet, voire une utopie, diront certains. Mais n'est-ce pas justement l'une des spécificités des recherches sur l'école que de confronter l'existant au désirable ? Un auteur comme Edgard Morin n'a cessé de souligner combien, loin d'être un luxe de la pensée, l'interdisciplinarité constituait une condition de pertinence de toute démarche se voulant en prise sur l'évolution des connaissances et de la société. Pour interroger les conditions de possibilité et de fécondité de cette approche, il convenait de donner la parole à des chercheurs, des enseignants et des formateurs qui y ont consacré des expériences. La première intervention qu'on découvrira ici est celle de Sabine Daro, qui a mis en place depuis plusieurs années nombre de projets interdisciplinaires destinés aux professeurs de l'enseignement fondamental. Myriam De Kesel présente ensuite, au nom de l'équipe enseignante qu'elle coordonne, le dispositif de formation initiale qui est mis en place depuis une dizaine d'années à l'UCL en vue de former les futurs enseignants à l'interdisciplinarité. La parole est ensuite donnée à Barbara Dufour et Alain Maingain, qui reviennent sur les fondements et sur les modalités de démarches interdisciplinaires qu'ils ont longuement mises au point puis en oeuvre dans le cadre d'expériences pilotes. Myriam De Kesel et Jim Plumat présentent ensuite, sous le titre « La guerre des mots», un exemple d'atelier interdisciplinaire centré sur le dialogue entre les didactiques des sciences. Enfin, ce sont les différents visages scolaires de l'histoire qui figurent au centre de la contribution d'Elodie Vaeremans, Marie-Emilie Ricker et Jean-Louis Dufays : l'Histoire en tant que discipline à part entière, mais aussi l'histoire de l'art et l'histoire de la littérature, trois regards qui servent ici à éclairer deux thématiques toujours actuelles, celle des migrations et celle des conditions sociales au xixe siècle.
La Belgique a proclamé son indépendance le 4 octobre 1830. En 2030, soit dans huit ans, elle célébrera son deux centième anniversaire. Mais dans quel État, avec ou sans majuscule ? Et dans quel état d'esprit ? Avec notamment ces questions directes. Quel sera son visage institutionnel, notamment au lendemain de 2024 ? Vers quel type de société politique évolue-t-elle ? Quelles sont les perspectives d'avenir ? Dix universitaires, Francophones et Flamands, tous spécialistes en droit public, se sont risqués à répondre à ces questions prospectives. Pas pour le plaisir de jouer aux pronostics. Mais pour tirer parti du regard qu'ils ont toujours porté sur le passé, pour profiter de l'évaluation qu'ils font du présent et pour utiliser l'imagination qui est la leur pour concevoir et, pourquoi pas ?, construire demain. Une mine de réflexions libres, comme il convient dans la communauté universitaire, à l'intention des hommes et femmes politiques de notre pays mais aussi des citoyens du futur. À l'horizon 2030, la Belgique aura-t-elle encore un sens ? Si oui, lequel ? Sinon, quel avenir pour les citoyens d'un État à l'existence aussi éphémère ?
« Lectures de Michel Henry ». Cette expression témoigne d'un double objectif : d'une part, faire le point sur la réception de la pensée henryenne, en rééditant quelques grands textes qui en ont marqué l'histoire, tout en publiant également des travaux inédits témoignant de l'actualité des recherches en phénoménologie matérielle ; d'autre part, explorer, en compagnie des meilleurs spécialistes, la manière dont Michel Henry conçoit lui-même l'inscription de son geste dans l'histoire de la philosophie, au prisme de ses propres lectures de quelques-uns de ses grands noms. C'est une évidence, la manière dont Michel Henry lit ces auteurs est originale. Elle peut encore nous apprendre à les re-lire, à notre tour.
Il est urgent de réinvestir l'humanisme, ce mouvement d'émancipation culturelle, né à la Renaissance et fondé sur l'élan de l'esprit critique, sur le retour aux sources antiques et sur le développement des universités - notion qui paraît à certains désuète, voire politiquement « récupérée ». Des chercheurs et des enseignants disent ici en quoi la formation universitaire, au-delà des sept arts libéraux qui assurent la maîtrise des chiffres et des lettres, ne peut qu'être humaniste, aujourd'hui comme hier : son objectif est de forger des citoyennes et des citoyens qui mettent leurs talents et leurs compétences au service des autres et chez qui l'intelligence va de pair avec la conscience éthique.
La bulle d'institution de l'Université de Louvain, en 1425, exprimait déjà en des termes étonnamment simples et actuels les principes fondateurs d'une université, sa vocation, son enracinement dans la cité et les liens privilégiés qui unissent ses étudiants, ses docteurs et ses professeurs. On trouve dans le présent petit livre une traduction française inédite de ce document essentiel de la fin du Moyen Âge, due à Lambert Isebaert.
Cet ouvrage est une boussole pour l'esprit, de ceux qu'on garde à portée de main pour tenir le cap.
Cet ouvrage réunit une partie des contributions proposées en juillet 2007 au XIIe colloque de la Société internationale du théâtre médiéval (SITM). En montrant la permanence des formes dramatiques médiévales dans la tradition textuelle et scénique occidentale, et en rappelant le succès de certains de ses retours à la scène, l'ouvrage réhabilite la qualité dramatique du théâtre médiéval, et il réfléchit aux diverses manières de la mettre au jour. Entre amateurs et professionnels du spectacle : quelle est la chance du théâtre médiéval ? Si elles ne se cristallisent que dans le jeu amateur du théâtre universitaire, les pratiques scientifiques qui étudient ensemble les textes et leurs archives rendent seule possible la définition de ces textes comme performances. À l'inverse, il apparaît qu'une fois replacées dans leur contexte historique ou politique, des adaptations du théâtre médiéval par des dramaturges ou des acteurs professionnels ne rendent pas toujours justice à sa théâtralité propre. La renaissance du théâtre médiéval, c'est alors l'alliance de la science et de la scène, qui seule permet d'explorer le véritable potentiel dramatique de textes méconnus.
Contredire l'entreprise, c'est produire un discours critique qui dit quelque chose de l'entreprise - mais quelque chose qu'elle ne maîtrise pas. C'est donc s'inscrire à rebours du discours autorisé, égratigner le côté lisse de cette communication aujourd'hui sujette à la contestation et à la méfiance des publics liés à l'entreprise : travailleurs, consommateurs, associations, partenaires sociaux, pouvoirs publics. En prenant le contrepied du thème d'un colloque précédent (« Dire l'entreprise », 1990), les organisateurs de la journée d'hommage au Pr Axel Gryspeerdt ont paradoxalement illustré la continuité des interrogations qui travaillent les discours de et sur l'entreprise. En faisant la part belle aux praticiens de la communication, à la diversité des sujets et à leur dimension internationale, les éditeurs offrent ici un panorama à la fois cohérent et contrasté de ce thème d'actualité et d'avenir.
Dans l'ample paysage du soufisme marocain, la confrérie des Hamadcha occupe une place singulière. Cette confrérie a la particularité d'avoir eu, au début du 18e siècle, deux fondateurs : Sidi Ali ben Hamdouch et Sidi Ahmed Dghoughi. Elle est au croisement de l'islam et du monde africain, où convergent des aspirations mystiques et des pratiques de guérison via des formes de « commerce avec l'invisible » - un invisible polarisé par les djinns, dont la belle et redoutable Lalla Aicha Qandicha. La musique, la danse et la transe sont les axes du rituel, tout comme les sacrifices d'animaux et autres rites dévotionnels et thaumaturgiques. La modernité a certainement induit le déclin de cette confrérie. Les autorités ne voyaient pas d'un bon oeil ces pratiques qui renvoyaient à l'image d'un Maroc archaïque, même si elles trouvaient toujours des adeptes. Les chercheurs même ignoraient ces réalités considérées comme résiduelles. Mais depuis quelques années, l'image des Hamadcha commence à changer. On les découvre porteurs d'un « patrimoine immatériel » ; les pratiques thaumaturgiques elles-mêmes sont regardées avec moins de dédain. La plupart des textes recueillis dans ce volume proviennent d'un colloque à l'Université catholique de Louvain en octobre 2012, tenu conjointement à deux concerts rituels d'un groupe de Hamadcha, à Louvain-la-Neuve et à Bruxelles. Ce volume entend éclairer la réalité actuelle des Hamadcha, amenés à se confronter à l'époque contemporaine et à interroger en même temps le sens du rapport actuel avec l'invisible. Il est superbement illustré d'un article complémentaire, inspiré d'une démarche d'anthropologie visuelle.
Depuis une vingtaine d'années, la grâce a pris une place de choix dans le paysage de l'histoire de la justice à la fin du Moyen Âge et aux débuts de l'époque moderne. Tirant parti de sources d'une grande richesse, les historiens ont montré que la clémence est le complément indispensable de la sévérité dans l'exercice de la justice du XIIIe au XVIIe siècle. Ils ont ainsi nuancé l'image d'une justice médiévale expéditive et sanguinaire. Mieux, ils ont montré que si l'intransigeance des juges est affirmée dans les textes normatifs, la pratique judiciaire se fonde plus sur l'exercice du pardon que sur la force du bourreau. Par ailleurs, l'historiographie récente a mis en avant la manière dont les pratiques de grâce sont un instrument politique de la croissance de l'État et de l'affirmation de sa souveraineté. À travers les huit contributions de ce volume, de jeunes chercheurs en histoire analysent cette place déterminante de la grâce dans la justice médiévale et moderne.
La guerre est de retour aux portes du Vieux Continent, avec son cortège de faits tragiques, de déplacements de population, d'images frappées du sceau d'une inhumanité que l'on ne pensait plus revoir de sitôt, de nouvelles incertaines, tour à tour vérifiées et contredites à la vitesse du flux médiatique, de menaces globales...
Depuis sa création en 1865, La Revue générale ne s'est jamais soumise à l'impératif de l'actualité immédiate. Il n'en reste pas moins que son souci d'offrir, sur des sujets contemporains, des mises en perspective plus larges s'est trouvé ravivé par le conflit qui s'est ouvert au début de l'année 2022 entre la Russie et l'Ukraine. La guerre est de retour aux portes du Vieux Continent, avec son cortège de faits tragiques, de déplacements de population, d'images frappées du sceau d'une inhumanité que l'on ne pensait plus revoir de sitôt, de nouvelles incertaines, tour à tour vérifiées et contredites à la vitesse du flux médiatique, de menaces globales. Avec sa sémantique aussi, et ses références lointaines, puisées dans des guerres passées, mais qui font encore aujourd'hui leur lot de victimes. Notre dossier rassemble des analyses et des réflexions portant sur les implications géopolitiques, diplomatiques, économiques ou encore culturelles d'événements qui redéfinissent pour longtemps les rapports entre d'une part la Russie et d'autre part l'OTAN, l'Europe, l'Occident. La fracture serait-elle consommée entre ces deux aires civilisationnelles ? Et tenter de la penser ne serait-il pas l'un des plus humbles moyens de la dépasser ? Attendre et espérer...
Âge d'or de la civilisation minoenne, la période néopalatiale (1600-1425 avant notre ère) révéla un paysage architectural foisonnant et complexe. Bien que cette architecture fut largement étudiée et commentée, à ce jour, elle reste l'objet de bon nombre d'interrogations et souffre de l'absence d'approches réellement systématiques et exhaustives. En se basant sur les principes de la théorie de la syntaxe spatiale et en les étoffant de méthodologies auxiliaires, cet ouvrage se propose d'analyser le bâti néopalatial sous ses formes les plus diverses. Ce faisant, il vise également à une meilleure compréhension du fonctionnement de la société minoenne au début de l'âge du Bronze Récent. Ce livre s'adresse à toute personne ayant un intérêt pour la civilisation minoenne, et en particulier son âge d'or et sa production architecturale. De manière plus générale, il sera également utile aux lecteurs s'intéressant aux rapports complexes entre la société et son espace bâti, ainsi qu'à l'application de l'analyse de la syntaxe spatiale dans le cadre de la recherche en archéologie.
La réforme de l'organisation des cours dits « philosophiques » - cette formule ambiguë pour dire que l'on enseigne, à l'École en Belgique, la « morale non confessionnelle » et les religions reconnues par l'État - est à l'ordre du jour. Il est devenu urgent de changer un paradigme inadapté à une société pluraliste. Mais comment et pourquoi ? Ce volume offre un ensemble, unique en son genre, de pistes et perspectives : des pédagogues, des professeurs de philosophie et de sciences des religions, des constitutionalistes, des représentants du Ministère compétent et du Conseil consultatif des cours philosophiques, de l'inspection des cultes et du cours de morale, mais aussi de la Laïcité et du monde politique apportent des analyses prospectives pour nourrir le débat.