L'inceste ne fait pas de bruit et c'est pour cela que cette violence sexuelle, dans le secret de s familles empoisonne des générations et des générations. Le psychanalyste transgénérationnel Bruno Clavier peut en témoigner, lui qui fut victime par deux fois d'un inceste durant son enfance. A travers son témoignage et de ceux de ses patients, il sera beaucoup question du phénomène d''amnésie traumatique (l'oubli d'événements traumatisants), de la responsabilité d'une certaine psychanalyse dans la non-prise en compte des violences sexuelles, et des manières qui s'offrent aujourd'hui de s'en sortir. La psychologue clinicienne spécialiste en psychocriminalité Inès Gauthier revient, dans un second temps, sur le profil et les motivations des agresseurs sexuels.
Penser, c'est apprendre à désobéir, à ne pas se soumettre ou obéir à des idéologies. Ce recueil en grande partie inédit d'essais, interviews, conférences, discours, critiques littéraires, depuis un essai sur le travail et l'action jusqu'à des textes sur la liberté et la condition humaine, en passant par un remarquable "Hannah Arendt par Hannah Arendt", montre ce que penser librement veut dire : sans appuis ou garde-fous, sans les piliers de la religion, de la morale, de la politique ou de la philosophie, interroger sans répit au lieu d'offrir des réponses figées.
Comment mettre en veille nos connaissances d'humains du 21e siècle pour renouer avec les éléments et réapprendre à vivre sur Terre ?
Voici un livre sur la banalité du génie. Ce qu'on appelle la sublimation et qu'on a longtemps cru réservée aux "grands hommes", artistes ou créateurs, est à la base d'une de nos activités les plus quotidiennes : le travail, et plus particulièrement le travail de qualité. C'est cette intelligence-là qui fait que nous avons plaisir à oeuvrer, elle qui donne un sens à nos actes et nos pensées, elle qui nous rend créatifs. Sans elle, nous souffrons au travail. Son ennemi a un nom : l'organisation néolibérale du travail, qui nous plonge dans la servitude et nous déshumanise. Après "Souffrance en France", Christophe Dejours explore, avec "Ce qu'il y a de meilleur en nous", la force qui nous permet de ne pas subir le travail.
La crise sanitaire semble avoir servi de révélateur à ce qui était une tendance de fond : la mise à distance de l'autre, l'évaluation préalable des conséquences de la prise de contact, nous projetant dans un monde de sécheresse, de froidure et de solitude émotionnelle et physique. En réalité, on observe que cette évolution a provoqué une résistance, comme une révolte, où les baisers occupent à nouveau une place de choix : pour vivre plus chaleureusement ou intensément, il nous faudra prendre le risque de nous embrasser. Revisitant toute l'histoire du baiser, qui fut longtemps une pratique plus politique et religieuse qu'amoureuse, et s'appuyant notamment sur une récente étude sociologique, Kaufmann analyse l'émergence étonnante d'une nouvelle forme de romantisme dans nos sentiments.
La religion ? Une manière de penser poétiquement notre rapport au monde. Mieux même : une création poétique. Alliant intelligence philosophique et littéraire, le grand livre sur la religion qu'on attendait de l'auteur de «Sphères».
Une réflexion indispensable sur les mouvements de protestation et de contestation contemporains, par l'une des figures montantes de la pensée philosophique et politique allemande.
Pourquoi avons-nous cette étrange impression que la ville ne nous appartient pas ? De n'être que de passage alors même que nous y résidons ? Quel est ce malaise que nous ressentons à la vue d'un banc «design» segmenté en places individuelles, de pics au rebord d'une vitrine, de grillages et de caméras tous azimuts ? Ce sont autant de symptômes de suspicion et de mépris de la ville à notre égard, autant de sensations de dépossession. Loin d'être une chose inerte, l'espace urbain formé par les urbanistes et architectes est politique, vivant et signifiant. Il envoie des signaux de reconnaissance et de mépris à destination de ceux qui y vivent. C'est pourquoi il est plus que temps d'apprendre à décrypter le langage urbain pour pouvoir reprendre place en son sein et exiger de ceux qui la fabriquent, architectes et politiques en tête, qu'ils prennent en compte sa destination véritable : servir ses habitants.
Naître et donner naissance ne vont plus de soi. Nombreux sont ceux et celles qui remettent en question leur désir de reproduction. Sans compter le désir parfois contrarié d'enfant (infertilité, âge trop avancé, etc.). Autrefois considéré comme miraculeux et spontané, cet acte est de plus en plus soumis à une logique de contrôle. D'un côté, il est de plus en plus déterminé, mécanisé et médicalisé : PMA, clonage, manipulations génétiques. De l'autre, la fatalité climatique assombrit tout projet tourné vers l'avenir. Sommes-nous déjà trop nombreux ? Peut-on vraiment donner naissance à un être dans un monde en ruine ? Impensé par la philosophie, il est urgent d'interroger et de dessiner les contours de l'acte qu'est naître et s'engager au monde afin de répondre aux défis de l'anthropocène. Pour que la naissance contribue à sauvegarder la permanence d'un monde «habitable».
Les 1001 ruses des riches sympas (autrement dit : le business social, le capitalisme "humaniste", la finance solidaire, etc.) pour piquer, grâce à l'entreprenariat social, l'argent des pauvres, des classes moyennes, des mutuelles, de l'Etat. Par le directeur du Centre d'économie sociale au CNAM.
De l'obsolescence programmée et de la précarité délibérée des technologies numériques à la logique du "trop grand et puissant pour se casser la figure" qui fut celle de la crise financière mondiale de 2008, cet essai de l'un des anthropologues les plus influents de notre époque montre comment l'économie capitaliste non seulement fait de l'argent avec l'échec, les pannes, les effondrements, mais produit aussi à chaque fois de la souffrance et de la frustration ; et il essaie de comprendre pourquoi nous avons tellement tendance à l'oublier.
Soudain, ils sont devenus riches. Très riches. Millionnaires. Et ce fut par le seul fait du hasard. Eux, ce sont les grands gagnants du Loto. Pour la première fois, la Française des Jeux a permis à des sociologues d'avoir accès à eux. Pour la première fois aussi, ces gagnants ont accepté de participer à des entretiens approfondis. Ce qu'ils disent, c'est une vie bouleversée, c'est la joie, mais ce sont aussi les questions, des dizaines de questions, qui touchent à la famille et aux amis, au travail, à l'argent, au changement de vie, aux rêves à réaliser. Et par-dessus tout, celle-ci, parfaitement résumée par les auteurs : " Au-delà de l'émerveillement, de l'enchantement comparables à ceux de l'enfant découvrant le monde, les gagnants ont à devenir riches, ce à quoi leur éducation ne les a pas préparés. Le gagnant a définitivement gagné lorsqu'il a été gagné par son gain. Comme le marin doit s'amariner avant d'avoir le pied marin. Le gagnant est pris de court. Il lui faudra du temps pour devenir ce qu'il n'est pas de naissance. " Comment apprivoiser la richesse soudaine : tel est finalement l'un des grands thèmes de cet essai qui, au-delà des portraits de gagnants qu'il propose, est le premier à analyser en profondeur et à mettre en perspective cette forme de richesse. La réputation des auteurs, et le fait que la Française des Jeux soit associée à la promotion du livre, font également de cette parution un événement.
Dans quelle société vivons-nous ? Depuis vingt ans, nous assistons à de profondes transformations sociales sans qu'il nous soit toujours possible de leur donner un sens et de les replacer dans une dynamique globale, tant
notre environnement est devenu complexe, fragile, incertain, et par là même difficile à déchiffrer.
L'ambition de ce livre est double : dégager une dynamique générale des mutations sociales et politiques à l'oeuvre à travers les principaux domaines institués (travail, école, famille, etc.) ; et proposer de ces mutations une autre lecture que celle, dominante, qui s'en tient à la « crise » ou au « déclin ».
Il est de bon ton, en effet, d'évoquer « le déclin de la France » ou de prophétiser « la fin de ». Mais obsédés par ce qui se défait, nous passons à côté de ce qui se recompose : la mutation des appartenances collectives et
des inégalités sociales, le nouveau partage des responsabilités et des compétences dans le travail, la diversification des modèles familiaux et des marchés scolaires, les nouvelles dynamiques identitaires, la tension
entre aspiration à l'autonomie et demande de sécurité, les métamorphoses du rôle de l'Etat.
Les Français s'attendent, une fois la crise actuelle surmontée, à évoluer de nouveau dans un monde de certitudes. Michel Kokoreff et Jacques Rodriguez montrent au contraire que ce sont justement l'incertitude et notre faculté à gérer celle-ci qui structurent la « nouvelle » société française. Autrement dit, ce que nous cache la crise, c'est que désormais l'incertitude fait société.