Après une jeunesse libertaire et anarchiste, Alexandra David-Néel (1868-1969) s'illustra comme cantatrice, journaliste, féministe, orientaliste. Voyageuse inlassable toujours prête au départ, elle consacra sa vie à circuler en Asie, surtout en Inde et au Tibet. Elle fut la première Occidentale à suivre les enseignements d'un maître en Himalaya, à rencontrer un dalaï-lama, à pénétrer à Lhassa en 1924, capitale alors interdite aux étrangers, n'hésitant pas à affronter tous les dangers pendant quatre mois dans des terres inconnues. Cette marche clandestine de 2 000 km rendit A. David-Néel célèbre dans le monde entier.
Marie-Madeleine Peyronnet, la secrétaire personnelle de l'exploratrice, qui l'avait surnommée « Tortue », offre une préface à cet ouvrage.
Le portrait de l'intrépide voyageuse réalisé par Joëlle Désiré-Marchand met en lumière sa détermination, son courage, sa lucidité, l'originalité de ses engagements et la fidélité à ses idéaux de jeunesse. Une femme qui demeure une véritable source d'inspiration pour aujourd'hui. Le lecteur pourra aussi découvrir plusieurs textes totalement inédits de cette grande dame de l'exploration.
« Plus j'avance dans la vie et plus s'affirme en moi la conviction selon laquelle il ne peut y avoir de changement de société sans un profond changement humain. Et plus je pense aussi - c'est là une certitude - que seule une réelle et intime convergence des consciences peut nous éviter de choir dans la fragmentation et l'abîme. Ensemble, il nous faut de toute urgence prendre «conscience de notre inconscience«, de notre démesure écologique et sociétale, et réagir.
« Il s'agit bien de coopérer et d'imaginer ensemble, en conscience et dans le respect, le monde dans lequel nous voulons évoluer et nous accomplir.
« Tout en revenant sur des rencontres qui ont jalonné mon existence, j'ai essayé, sans prétention aucune, de baliser en pointillé ce chemin difficile dont la triste actualité nous montre qu'il devient un impératif. »
Dans notre conscience collective, le terme «migration» évoque presque exclusivement l'immigration : celle de l'ère postcoloniale, celle des pauvres hères que nous croisons aux feux rouges et dont nous avons peur, ou celle des réfugiés africains ou orientaux qui fuient «leur pays» sur des embarcations de fortune pour, selon nos sensibilités politiques, envahir « le nôtre » ou y trouver refuge.
Nous nous trompons.
Loin d'être anormal, l'acte de quitter le confort ou la dureté du familier est un acte fondateur de l'expérience humaine. Tant que l'on n'est pas parti, on ne sait pas vraiment qui l'on est. La démarche permet de s'émanciper et de croître, d'apprendre d'où l'on vient et ce vers quoi l'on veut tendre.
Notre conception moderne du nomadisme, axée sur la mobilité, est une caricature. Le nomade ne peut pas être défini par son seul mouvement mais par son rapport au lieu, à son écosystème, à la nature, à sa communauté, aux autres et à lui-même.
Quelque chose de fondamental s'est brisé en nous lorsque nous sommes passés d'une espèce massivement nomade à une espèce massivement sédentaire. Ce quelque chose est en train de nous dévorer.
Saisir la dimension universelle, pluriverselle et épique de la migration, c'est comprendre que si « guerre des civilisations » il y a, ce n'est pas celle décrite par ceux qui voudraient en découdre mais la redite d'un conflit ancestral qui opposait déjà Caïn, le fratricide paysan sédentaire, à Abel, le berger nomade. C'est prendre conscience que nos instincts nomades et sédentaires sont non seulement réconciliables mais qu'en choisissant de ne pas les réconcilier nous courrons au suicide.
Après des millénaires de sédentarisation, la crise existentielle que traverse l'humanité appelle à l'émergence d'une nouvelle métaphysique du mouvement, rendue plus urgente que jamais à l'heure du bouleversement climatique.
Derrière la réflexion à laquelle nous convie Félix Marquardt, c'est une véritable éthique du nomadisme, basée sur l'ouverture à l'Altérité, qui se dessine.
L'heure du bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron a sonné. François Dosse avait soutenu le projet qu'il portait en 2017, discernant un prolongement politique de l'éthique du philosophe Paul Ricoeur (Le philosophe et le président, Ricoeur & Macron, Stock, 2017). Force est de constater que la politique menée a tourné le dos à l'ambition, préconisée par le philosophe, d'« une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes ». Après s'être appuyé sur des idées fortes dans sa phase de conquête du pouvoir, Macron s'en est rapidement débarrassé dans son exercice.
Dans cet essai, François Dosse passe en revue les grandes orientations du quinquennat du président Macron. S'il retrouve dans sa politique mémorielle et dans son européisme une cohérence avec ses sources d'inspiration, il en va tout autrement de sa pratique du pouvoir : privilégiant la verticalité, celle-ci aggrave la crise de notre démocratie, amplifie des inégalités déjà criantes, enferme notre pays dans ses frontières et ne parvient pas à répondre au défi écologique. La pandémie de Covid-19 a achevé de révéler les dysfonctionnements d'un pouvoir navigant à vue.
Alors que cette crise en appelle impérieusement à un changement de cap, ce que nous propose le président à nouveau candidat n'est autre que de continuer à marcher... sans boussole.
Roger Duchêne, éditeur de Madame de Sévigné à la Pléiade, biographe à succès chez Fayard (Ninon de Lenclos, Molière, La Fontaine, Madame de Sévigné...) avait publié en 1994 chez Robert Laffont un Impossible Marcel Proust.
Cette imposante biographie se distinguait notamment par l'utilisation de la correspondance et des textes de jeunesse pour raconter, avec précision et sans les confondre, l'histoire de la vie et celle des oeuvres de l'auteur de la Recherche.
Paru dans la collection « Biographies sans masque », l'ouvrage fut très bien accueilli à sa sortie et ce d'autant plus qu'il avançait sans tabou, s'aventurant sur des chemins peu fréquentés : l'argent, la sexualité, la judaïté....
Cette biographie remarquable, devenue un classique, méritait, en cette « année Proust », d'être de nouveau disponible, revue et augmentée et dotée d'un titre neuf.
Le fils de l'auteur, l'universitaire Hervé Duchêne, signe une longue préface enthousiasmante qui met en valeur ces qualités.
«?Le plus grand crime de tous les temps?», écrit Arthur Conan Doyle en 1909...
Pourquoi tous ces morts, au beau milieu de l'Afrique coloniale?? Pourquoi cet oubli incompréhensible?? Pourquoi ce silence, que rien ou si peu ne vient troubler?? Et pourquoi toutes ces mains coupées, sinistrement immortalisées par des clichés?? On parle aujourd'hui de dix millions de morts au Congo entre 1885 et 1908, soit le tiers ou la moitié de la population concernée.
Pas une ligne dans les livres d'histoire, aucun souvenir dans la mémoire des peuples. Pas ou si peu de résurgences en ces temps de repentance sinon quelques jets de peinture couleur sang sur la statue équestre de l'impérial prédateur, Léopold II roi des Belges.
Pour répondre à ce mystère qui a disparu des forges de la conscience collective, sont convoqués ici ceux qui se sont exprimés précisément sur ce massacre au moment même où les faits se déroulaient : Stanley l'explorateur, Roger Casement, Joseph Conrad, Mark Twain, Savorgnan de Brazza, Conan Doyle ou encore André Gide.
Autant de témoignages pour définitivement ne jamais oublier.
Que serait devenue l'oeuvre de l'auteur du Grand Meaulnes si la guerre ne l'avait emporté en pleine gloire, à 28 ans ? Ce roman, même inachevé, répond en partie à la question.
Comme dans Le Grand Meaulnes, c'est sur le thème de la quête éperdue de la pureté qu'Alain-Fournier tend la trame de son écheveau. On y retrouve, transfigurés, les souvenirs et lieux d'enfance qui peuplent l'imaginaire du romancier, mais surtout et pour la première fois, les éléments de sa vie adulte cristallisés autour de Mirande où il fut en garnison. On y apprécie également le style, d'une pureté confondante.
À celle qui lui inspira Yvonne de Galais dans Le Grand Meaulnes, la seule femme capable selon lui de lui apporter « la paix et le repos », Alain-Fournier écrivait : « C'est à vous que j'aimerais raconter Colombe Blanchet. »
Le compositeur Felix Mendelssohn (1809-1847) effectue entre 1830 et 1832 un grand voyage européen ; musicien de génie, sans doute le plus précoce de l'histoire de la musique, brillant dessinateur, doué en tout, il est aussi cet érudit qui traduit le poète Térence à dix-sept ans, assiste avec passion aux cours d'Hegel et fréquente Goethe comme ami... Durant ces véritables « années d'apprentissage », il visite et étudie l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la France et l'Angleterre.
Dans ces lettres, qui constituent un véritable journal de voyage, adressées à sa famille et à ses amis, Mendelssohn évoque des figures de l'art, de la littérature et de la politique de son temps. Il se révèle tel qu'en lui-même, d'une intelligence exceptionnelle et curieuse de tout ; mais c'est d'abord l'homme à la sensibilité contemplative qui affleure, avec son style incomparable, léger, vivace et spirituel comme sa musique.
Lettres présentées par Nicolas Dufetel, d'après l'édition d'Abraham-Auguste Rolland.
Certaines aventures se cachent derrière de simples opportunités. C'est ce qui est arrivé à Maël Baseilhac le jour où il s'envola pour le Guyana, un petit pays d'Amérique latine coincé entre le Suriname et le Venezuela. Il croyait partir chercher de l'or en Amazonie, il trouva bien plus que cela...
Lorsque l'espoir et la folie se confondent, on accède véritablement à soi. Parmi les "bagmen" d'une mine clandestine, Maël vit son esprit s'assombrir, son humanité reculer devant le désespoir, avant de naître à nouveau.
Lorsqu'il quitta cet univers aussi brutal que fascinant, il ne put laisser ses compagnons d'infortune se réduire à des souvenirs. Il repartait avec leurs fantômes, et un seul objet qui le rappelait à eux : une pépite d'or qu'il porte pour toujours contre son cou.
À eux, qui finiraient leur vie à creuser la terre pour nourrir leurs familles, Maël devait au moins ceci : la mémoire.Cette histoire, aussi singulière que collective, en est le récit. Elle raconte l'espoir, l'amitié, l'injustice de la nature, et la folie des hommes.
« La grandeur de l'esprit n'a d'égale en vous que la grandeur du coeur. » (Hugo à George Sand).
Exactement contemporains, George Sand et Victor Hugo, ces deux grands « monuments » littéraires de leur siècle, ne se sont pourtant jamais rencontrés.
Alors que tout ce que le xixe siècle comptait de célébrités, tant dans le domaine artistique - musiciens, écrivains, peintres, comédiens - que dans le monde politique et journalistique, est un jour passé par Nohant, et que ces deux « monstres sacrés » fréquentaient les mêmes milieux à Paris, il fallut attendre 1856 et la publication des Contemplations pour qu'une relation épistolaire s'instaure entre eux.
Pour autant, celle-ci ne déboucha jamais sur une vraie rencontre, même lorsque Hugo rentra d'exil.
Sand resta toujours réticente face au génie du poète, comme en témoigne sa correspondance avant 1856. Leurs lettres ensuite dévoilèrent un curieux mélange d'admiration et d'agacement réciproques.
Plusieurs textes annexes importants, tant de Hugo que de Sand (articles, discours, éloge funèbre de Sand par Hugo), viennent éclairer cette relation qu'on pourrait qualifier, sinon d'ambiguë, d'au moins complexe, entre ces deux personnalités à la fois si proches et si différentes.
Au soir de sa vie, Antoine Marcel (petit-fils du célèbre philosophe Gabriel Marcel, auteur notamment d'Homo viator), grand bourlingueur, scaphandrier, adepte des cabanes et de la solitude, cultivateur de bonzaïs et fin sinologue, revient sur ses pas. Il veut nous donner le goût de « vivre en poésie ».
Partir à l'aventure y prédispose, assurément. Les poches vides et sur des semelles de vent, à l'exemple de Rimbaud.
De l'Afrique à l'Extrême-Orient il nous emmène, méditant et philosophant au rythme de ses pas, au gré de paysages aux vastes horizons comme de ses rencontres. Chemin faisant, une philosophie s'élabore, une poésie s'exprime, indissociable des longs parcours d'une vie.
L'ouvrage relève de genres différents, mais on y sent de bout en bout le souffle d'une même énergie. La dimension autobiographique y est avant tout au service d'une réflexion sur la meilleure manière d'« habiter la terre en poésie », à la lumière d'une existence consacrée à l'étude du taoïsme philosophique et du bouddhisme zen, et parsemée d'aventures vécues.
George Sand est sans conteste l'une des plus grandes épistolières françaises : sa correspondance comprend plus de 20 000 lettres.
Ce volume offre une vue générale sur l'ensemble des femmes avec lesquelles George Sand a établi des relations épistolaires. Seront présentes ses trois destinatrices les plus célèbres : Marie d'Agoult, Pauline Garcia-Viardot et la comédienne Marie Dorval. Mais l'accent est mis aussi sur les femmes de son entourage familial, sa mère, sa grand-mère, sa fille, ses nièces, sa belle-fille ; sur ses amies, même si elles n'ont pas la notoriété d'une Marie Dorval, compagnes de couvent comme Émilie De Wismes ou les soeurs Bazoin, amies d'enfance comme Laure Decerfz, rencontres de voyages comme Zoé Leroy.
Ces lettres, adressées par une femme à des femmes, nous permet de pénétrer plus avant encore dans les secrets de l'âme et du coeur de celle qui a toute sa vie assumée en tant que chef de famille et a revendiqué le statut de « camarade Sand ».
On n'imagine pas caractères plus dissemblables, conceptions de la vie plus différentes et rapports à la littérature plus divergents que ceux de George Sand et Gustave Flaubert.
Pourtant, leur correspondance est l'une des plus belles qui soient et apporte un éclairage indispensable sur leurs oeuvres et leurs démarches artistiques. Son intérêt est multiple : tant pour l'histoire littéraire que pour la connaissance des idées philosophiques, esthétiques et politiques de l'époque. Cependant, elle est souvent réservée aux seuls spécialistes.
Cette réédition de la correspondance croisée Sand/Flaubert essaye de la rendre plus abordable dans sa présentation, de telle sorte que le lecteur puisse naviguer dans les échanges épistolaires entre le « vieux troubadour » et le « chère maître » avec fluidité.
Dans ces lettres se déploie une profonde amitié entre ces deux écrivains qui échangent sur leur art, les affres de l'écriture, leurs contemporains, les événements politiques de leur temps, leurs amis et familles comme sur les choses plus triviales de l'existence. Enthousiasme et dégoût, joie ou tristesse, colère ou allégresse, cette correspondance est vibrante de vitalité et d'esprit. Sa lecture s'avère à la fois passionnante et émouvante.
Trilogie fleuve de 400 minutes, aux budgets et recettes pharaoniques, Matrix est entré dans la culture populaire comme une référence incontournable pour plusieurs générations. Si bien que plus de 20 ans après le premier volet, le quatrième opus enflamme déjà toutes les imaginations.
Si Matrix est une oeuvre qui, par sa profondeur et ses ambitions, dépasse le cadre des effets spéciaux novateurs, des combats superbement orchestrés et du souffle épique, c'est parce qu'elle est à la croisée de bien des chemins. Elle a clos un XXe siècle paroxysmique : la technologie triomphante s'est mise au service des plus grandes avancées sociétales comme des pires crimes de masse de l'histoire de l'humanité. Elle a accompagné l'ouverture d'un XXIe siècle plein de promesses scientifiques, mais surtout de doutes sur la survie même de l'humanité.
Matrix se donne ainsi à lire, à interpréter, à analyser, en parallèle de la pensée de Baudrillard, Arendt, Bronner, et des classiques comme Blade Runner, Terminator, The Truman Show... Elle aide à comprendre notre monde, en quête de ses futurs possibles, et prouve qu'on ne peut plus aujourd'hui cloisonner les domaines de réflexions, entre Science, SF, philosophie, art ou histoire.
Tout l'objet de cet essai, le premier du genre en français, est de penser au travers de Matrix un monde qui a radicalement changé en quelques décennies, en partant des concepts, notions ou personnages clés de l'oeuvre.
Les innombrables passionnés de la trilogie y trouveront un nouveau terrain de réflexion, et tous ceux qui avaient aimé cette oeuvre pourront la redécouvrir différemment.
Il existe une relation quasi filiale entre Flaubert et Maupassant. Le premier a 52 ans quand débute cette correspondance, le second 23 ans. Ils ne se quitteront plus jusqu'à la mort de Flaubert, en 1880. Ainsi, cette correspondance permet de suivre Flaubert dans les sept dernières années de sa vie et Maupassant dans ses sept premières années en littérature.
Flaubert s'intéresse d'abord à lui parce qu'il est le neveu d'Alfred Le Poittevin, son ami d'enfance. De cette relation va naître une véritable amitié que traduit fidèlement ces lettres.
Comme l'écrit la préfacière, « tous deux éprouvent du mépris pour la masse, l'esprit bourgeois, l'égalitarisme, le suffrage universel, la soutane ; et tous deux se délectent à la lecture des grands auteurs. La détestation de la médiocrité et l'amour de la littérature les réunissent ».
Par certains côtés, Flaubert tient avec Maupassant le rôle que tenait George Sand avec lui, celui d'un « conseiller de vie » plus qu'un esthète. Cette correspondance est un morceau de vie partagé entre deux génies.
Les Lettres à Peter Gast, surnom donné par Nietzsche (1844-1900) au compositeur Heinrich Köselitz, à la fois son secrétaire et confident, dont il fera un véritable double, constituent une correspondance unique dans l'histoire de la philosophie. Et la plus importante que Nietzsche ait entretenue avec un ami.
Au-delà de ses considérations sur la musique - l'art majeur selon Nietzsche -, ces lettres constituent un témoignage capital sur sa pensée, au moment de sa pleine maturité intellectuelle, entre 1876 et le 3 janvier 1889, jour du basculement du philosophe vers la folie.
Elles attestent de son évolution et de ses différents jalons, depuis la rupture avec Wagner (Humain trop Humain) jusqu'à son ultime autobiographie (Ecce Home), en passant par l'accomplissement du Gai savoir ou de Ainsi parlait Zarathoustra.
Peter Gast est ainsi le témoin privilégié de la philosophie de Nietzsche : ces lettres en constituent le reflet en même temps que celui de la vie quotidienne du penseur allemand. Elles ont donc aussi valeur de journal.
Comme l'écrit Didier Raymond, spécialiste du philosophe allemand, dans la préface de ces Entretiens, « Schopenhauer affirme à de nombreuses reprises, notamment dans ses aphorismes sur la sagesse dans la vie, que l'oeuvre est inséparable de son sujet ». Pour lui, comme pour Nietzsche, qu'il influencera, une oeuvre est toujours par nature biographique. C'est pourquoi ces entretiens sont si importants, ils permettent d'appréhender l'homme Schopenhauer dans sa réalité.
Il est rare qu'un aussi grand penseur se prête à de tels dialogues. La forme de l'entretien est un genre auquel Schopenhauer s'est adonné volontiers au cours de l'année 1858, deux ans avant sa mort, avec des personnes de tous horizons (enseignant, journaliste, politique, disciple...), alors qu'il est célébré dans toute l'Europe. Ainsi accède-t-on à la véritable personnalité du philosophe, à certains aspects de son caractère, insolites et étranges parfois.
Sa misogynie, son pessimisme, son mépris de la science et de l'histoire se donnent libre cours dans des conversations à bâtons rompus et sans filtre. Elles permettent de découvrir un Schopenhauer enjoué et volontiers sarcastique que le sombre auteur du Monde comme volonté et comme représentation ne laissait pas pressentir.
« Je n'ai que ma plume et ma me`re », e´crit Baudelaire a` son tuteur le 5 mars 1852. Les rapports de Baudelaire à sa condition d'homme et de créateur sont étroitement liés à ceux, étranges et passionnels, qu'il entretint toute sa vie avec sa mère.
Cette relation étroite est également due à sa condition financière : accumulant les dettes, toujours en manque d'argent, il se plaint en permanence à sa mère. D'ailleurs, il ne parle pour ainsi dire jamais de poésie ou d'art avec elle. Tout y est affaire de choses matérielles et de soucis intimes. Ce qui donne à ces lettres attachantes la vision d'un Baudelaire se débattant avec les problèmes du quotidien.
Mais par-delà cette apparente trivialité, les formules assassines sur l'humanité et « l'ennui » qui toujours assaille le poète, se révèle aussi une relation terrible et ambigüe, voire sado-masochiste. On voit un génie implorer sa mère de le reconnaître et de l'aimer, alors qu'elle est persuadée qu'il gâche son existence. Cette obsession de gagner l'amour de cette femme adorée et haïe à la fois rend cette correspondance troublante singulière.
Le présent volume regroupe la totalité des essais écrits durant toute sa vie par Henry David Thoreau (1817-1862), l'auteur de Walden et de La Désobéissance civile.
Au total, près de quarante textes, dont dix sont traduits et présentés pour la première en français. Du premier rédigé à vingt ans jusqu'au dernier, révisé sur son lit de mort, toutes les thématiques chères à Thoreau s'y retrouvent. Leur ordonnancement chronologique permet de suivre le fil de sa pensée, son évolution, ses bifurcations, et ses engagements. À côté de ses essais célébrant différents aspects de cette Nature qu'il n'a cessé d'arpenter, on trouve des textes qui sont de véritables bréviaires de sa philosophie vécue sans concession, et des brûlots politiques qui, bien qu'inscrits dans un contexte historique particulier, n'en continuent pas moins de résonner jusqu'à nous. Car c'est le propre de Thoreau de transcender ce qu'il vit à un instant pour lui donner une dimension plus ample qui trouve des échos avec nos propres interrogations. Ce que dénonce ou célèbre Thoreau nous parle plus que jamais : le temps pour soi, la simplicité volontaire, l'attention à la nature, l'hégémonie de la valeur travail, la soumission à l'argent, la désobéissance civile, le recours à la violence pour une cause que l'on croit juste...
À côté des deux seuls livres qu'il a publiés de son vivant et de son immense journal, ces essais constituent l'autre chef-d'oeuvre de Henry David Thoreau, son indispensable complément, son précieux prolongement, qui fait de son auteur notre contemporain.
Prenez une jeune parisienne, blogueuse, réalisatrice de documentaires télévisuels, curieuse du monde, pas particulièrement calée en histoire des religions et encore moins en sciences politiques. Lâchez-la dans Jérusalem, avec sa fillette qui n'a ni sa langue ni son esprit d'à-propos dans sa poche, et vous avez Lost in Jérusalem...
Que comprend-on de cette ville quand on n'en a pas les codes ? Quelles rencontres peut-on faire quand on se promène librement avec sa candeur en bandoulière ? Qu'apprend-on sur soi-même quand on évolue dans le plus grand bain de spiritualité au monde ?
Neuf ans après son premier voyage, Katia Chapoutier est retournée dans la mythique cité biblique. Entre chroniques rieuses et carnet de route, Toujours Lost in Jérusalem offre un regard décomplexé mais jamais simpliste sur la « ville trois fois sainte ».
De quoi émouvoir les amoureux de Jérusalem et passionner ceux qui envisagent de s'y rendre.
Le Guide des perplexes et des égarés propose de renouer avec la raison en débusquant les paradoxes qui se dissimulent dans les questions épineuses de la société telles que la communication, l'islamisme, le complotisme, la religion dans la cité, l'abstentionnisme, la Justice, l'élite, les discriminations, le patriarcat, le sanitaire, l'écologie, la démocratie et l'humanisme en ce siècle, et qui les rendent finalement indécidables.
Les sonneurs de tocsin sont aujourd'hui légion. Ils dénoncent les périls et convoquent les affects, nous sommant de nous indigner à tout propos, ils ne s'adressent qu'aux émotions et non à l'intelligence. L'homo sapiens, qui était surtout rationalis, est en effet devenu l'homo emoticus. Ainsi les problématiques d'aujourd'hui sont désormais des cactus qu'il ne sait plus trop comment saisir sans qu'elles deviennent des choses qui fâchent.
Le Guide des perplexes et des égarés aspire à remettre de l'ordre dans les esprits bringuebalés par des informations multiples et de tous types.
Ce vadémécum est indispensable en un moment où les choix d'avenir qui se présentent aux citoyens français sont cruciaux et nécessitent - pour agir en toute rationalité - d'avoir des idées claires, de décrypter les discours et de faire le tri des promesses et des perspectives raisonnables et accessibles.
Un glossaire final permet avec humour de revenir à l'essentiel.