Dans son essai La désobéissance civile (Civil Desobedience, 1849) Thoreau proclame son hostilité au
gouvernement américain, qui tolère l'esclavagisme et mène une guerre de conquête au Mexique.
Refusant de payer ses impôts, alors même qu'il est en désaccord avec la politique de l'état, il est
arrêté et doit passer la nuit au poste. L'essai eut une grande influence sur le Mahatma Gandhi et sur
Martin Luther King.
Ce texte historique intéressera toute personne concernée par la politique et particulièrement par le
débat qui a lieu en ce moment autour de la désobéissance civile.
Les "faucheurs" de plants de maïs transgéniques, les associations qui, comme Droit au Logement
(DAL), et jusqu'aux opposants à l'avortement, nombreux sont ceux pour qui la désobéissance à la loi
devient une forme d'action politique.
Économiste, philosophe et théoricien politique britannique, John Stuart Mill (1806-1873) est davantage connu comme l'un des fondateurs du libéralisme social que comme précurseur de l'écologie politique.
Et pourtant, il pressent que vivre sans croissance sera non seulement une nécessité pour éviter à l'humanité un choc social, économique et environnemental, mais également le meilleur moyen de repenser la liberté et l'épanouissement humain hors du consumérisme et des rivalités matérielles. À ses yeux, l'émancipation de tous les individus passe prioritairement par un rapport renouvelé à la vie de l'esprit et à la beauté du monde partagé.
La philosophe Camille Dejardin met ainsi en lumière son « libéralisme utopique », frugal et romantique, qui nous invite à dépasser notre condition de « consommateur-revendicateur » pour retrouver le sens des limites, essentiel à une (co)existence harmonieuse.
En France, la stérilisation féminine déchaîne les passions. Jugées, infantilisées, méprisées ou considérées comme "anormales", les femmes désireuses d'y accéder doivent affronter un corps médical réticent et les critiques de leurs proches. Les gynécologues sont nombreux·ses à refuser cet acte à une femme "trop" jeune, qui "changera d'avis", voire "trop" nullipare. Résultat, la stérilisation relève d'un véritable parcours de la combattante alors qu'elle est légale depuis 2001. Si elle a si mauvaise réputation c'est parce qu'elle véhicule un lourd bagage : stérilisations forcées, politiques natalistes, injonction à la maternité...
Laurène Levy s'attèle à ce sujet complexe avec clarté et pédagogie dans un essai qui confronte des approches historique, scientifique et féministe.
« Le rapport de l'homme à la nature est, plus que jamais, celui de l'homme à la femme ». En liant les problématiques écologistes et féministes, F. d'Eaubonne dénonce à la fois le sexisme et la démesure de la société patriarcale qui exploite les femmes comme la terre au nom du profit. Rejetant les principes de croissance économique et démographique, elle insiste sur les limites de la planète. « Aucun régime politique, aucune invention géniale ne changera ce petit fait désolant : notre planète ne compte que 40 000 kilomètres de tour, et rien ne lui en ajoutera un seul. » Face au péril et à l'incapacité des hommes au pouvoir de gérer la crise écologique et politique, il revient aux femmes de se réapproprier leur fécondité et d'oeuvrer à la mutation de la société vers une société écoféministe.
Tout à la fois récit, essai, mais aussi témoignage d'une époque et d'un engagement, Des paillettes sur le compost est une exploration sensible et politique du quotidien. Dans un style enlevé - parfois cru, souvent cri -, Myriam Bahaffou montre que c'est dans les replis de situations ordinaires (un rendez-vous chez l'esthéticienne, un déjeuner en terrasse) que se déploie la puissance des écoféminismes.
Elle dynamite les codes et jongle avec les concepts, comme elle navigue dans la vie entre recherche et militantisme. Elle explore, dissèque, raconte des histoires. Loin d'être une philosophie désincarnée, un label marketing ou un argument électoral, l'écoféminisme se révèle en prise directe avec la réalité et la chair. Les mots de Donna Haraway, Audre Lorde, Jacques Derrida et bell hooks se mêlent aux cris des guerrières du Rojava et aux incantations des fées et sorcières... dans ce livre qui, dans la pure tradition écoféministe, laisse joyeusement s'entrelacer les voix et les formes narratives
Dans un monde où le changement de sexe n'est qu'une rapide opération sans effets secondaires, cette pratique du changisme perturbe les relations de couple sans modifier les rapports de domination traditionnels. Cléo, lassée de subir le sexisme ordinaire, veut tenter l'expérience contre l'avis de son compagnon, Jules.
Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) est un économiste mathématicien considéré comme l'un des fondateurs du mouvement décroissant. Né en Roumanie, il étudie les mathématiques à Paris, puis part à Harvard où il met à profit ses connaissances mathématiques pour proposer une autre vision de l'économie. Critique de l'économie néoclassique et de la notion de croissance, il y substitue la bioéconomie qui prend notamment en compte l'épuisement des ressources. Il appelle ainsi dès les années 1960 à une réforme profonde de la science économique.
Sylvie Ferrari remet ici en avant ce penseur hors du commun, économiste écologiste avant l'heure qui a offert à la décroissance un cadre conceptuel et théorique pour accompagner un changement de société aujourd'hui plus que nécessaire !
Plus célèbre pour ses motifs floraux que pour son engagement politique, William Morris (1834-1896) consacre pourtant une partie de sa vie à dénoncer les contradictions internes du capitalisme.
À travers ses discours, ses utopies politiques ou sa pratique artistique, il alerte sur les effets destructeurs de l'industrialisme, tant écologiques que sociaux. Convaincu que la beauté donne sens à l'existence, il appelle à la convivialité, à l'épanouissement personnel et à l'émancipation collective, grâce à la réappropriation des activités créatrices.
Florent Bussy nous montre que sa vision d'une société fondée sur le partage plutôt que la concurrence, l'égalité plutôt que la domination, la beauté plutôt que l'artifice, la qualité plutôt que le gaspillage est une source d'inspiration inestimable pour tout projet de transformation sociale radicale.
Le punk rock est un formidable élan de créativité et d'énergie artistique qui se décline dans de multiples sous-genres. Mais c'est aussi une constellation d'idées et de pratiques collectives qui forment depuis les années 1980 un puissant mouvement contestataire, notamment sur le plan écologique.
Ce livre montre que la contre-culture punk, et en particulier son courant anarcho-punk, a eu, depuis plus de quarante ans, une influence décisive dans la diffusion de modes d'action politiques et environnementaux. De communautés rurales anarcho-pacifistes à la lutte antinucléaire, en passant par les positions en faveur du droit des animaux et la critique de la technologie, les punks ont su détecter et s'approprier avant l'heure de nouvelles formes de résistance à l'ordre néolibéral triomphant.
« Le féminisme, ça pense ! » Ce livre rassemble des entretiens et des articles écrits par Geneviève Fraisse et parus dans divers journaux et revues depuis les années 1970, mettant ainsi en lumière la pensée féministe et ses évolutions. « Les sexes font l'histoire », observe la philosophe, qui nous rappelle que c'est dans l'histoire en acte que les questions théoriques du féminisme ont pris et continuent d'avoir des chances de prendre forme.
Les femmes ont changé le Code civil, lutté pour s'imposer dans l'espace politique, franchi des interdits non explicites comme passer le baccalauréat ou reconnaître la multiplicité des sexualités. Mais, même si les droits civils et politiques se sont égalisés, si les droits économiques ont été énoncés et l'égalité dans la famille pensée et actée, le réel est encore loin de pratiquer l'égalité des sexes, comme on le redécouvre à chaque nouveau « scandale ». Geneviève Fraisse revient sur l'ensemble de ces enjeux et de ces luttes, jusqu'à ce qui se dessine aujourd'hui autour du corps des femmes, du corps reproducteur (PMA, GPA et filiations nouvelles) au corps sexuel (violences, du harcèlement au viol). Une pensée d'une brûlante actualité.
Édition revue et augmentée d'un avant-propos inédit de l'autrice.
Comment ne pas être touché par l'histoire de Gel, cette machine toute-puissante qui voudrait devenir un homme ? Gel est contrôleur du Nord, c'est une intelligence artificielle qui oeuvre à la reconstruction d'une Terre sur laquelle ne subsiste plus aucun être humain vivant. Mais Gel a un hobby : l'homme ! Il étudie les vestiges de l'humanité disparue, découvre l'existence des livres, du cinéma, de l'art, etc. si bien qu'il se met à désirer devenir lui-même humain, et ce à n'importe quel prix...
Au fil de la quête de Gel, ce Faust de métal tenté par l'impossible, Roger Zelazny explore à sa manière ce qui fait le propre de l'humain et proclame en quelque sorte par avance la défaite des prétentions à la numérisation du cerveau humain et autres lubies des Folamour de la Silicon Valley.
Depuis une quarantaine d'années, les inscriptions urbaines et leurs acteurs sont les cibles d'une lutte structurée mettant en oeuvre toute une ingénierie de contrôle, à la fois visuel et matériel, dans les espaces urbains. Graffeurs eux-mêmes, les deux auteurs ont vu leurs inscriptions disparaître de plus en plus rapidement. Leur regard s'est alors décalé :
Du graffiti, c'est sur son effacement qu'ils se sont penchés. À partir de la répression de ce geste d'apparence anodine, cet ouvrage illustré montre ce qui se joue de politique dans les espaces urbains et alerte sur ces effacements qui sont aussi le signe avant-coureur de logiques de contrôle urbaines bien plus insidieuses, qui ne concernent plus seulement celles et ceux qui écrivent dans la ville.
"Et la planète mise au féminin reverdirait pour tous !".
Écrivaine libertaire et prolifique, militante chevronnée, pionnière du mouvement féministe et de la décroissance, Françoise d'Eaubonne (1920-2005) est à l'origine du concept d'écoféminisme. L'oppression patriarcale des femmes et l'exploitation capitaliste de la planète découleraient des mêmes mécanismes de domination et doivent donc être combattues ensemble.
Incompris voire tourné en dérision en France, son projet de muter vers une société autogestionnaire, fondée sur l'égalité des sexes, des peuples et la préservation de la nature fait largement écho aux idéaux de la décroissance.
Caroline Golbldum nous montre la pertinence et l'actualité des idées et modes d'action écoféministes dans un contexte d'urgence climatique.
En 2008, les États-Unis s'apprêtent à voter pour leur prochain président. Dans l'État de l'Indiana, dans le comté de Monroe, dans la petite ville de Bloomington, la rumeur enfle et semble se confirmer peu à peu... Et si c'était ici qu'allait se décider le résultat du scrutin ? Depuis que le pays s'est converti à la « démocratie électronique », le puissant ordinateur Multivac sélectionne LE citoyen qui décidera du nom du prochain leader du monde libre. L'omnisciente machine est en effet capable d'analyser ses réponses à un questionnaire qu'elle a elle-même savamment établi, les recoupant avec les tendances observées dans le reste de la société, pour déterminer le résultat de l'élection... qui, désormais, n'a plus de raison d'être.
À l'heure où les systèmes démocratiques de la planète vacillent sur leur base, il peut être intéressant de se rappeler le point de vue d'Isaac Asimov sur les dérives d'une société politique ivre de technologie, d'efficacité et de rendement.
En faisant du capitalisme patriarcal le dénominateur commun de l'oppression des femmes et de l'exploitation de la planète, Françoise d'Eaubonne offre de nouvelles perspectives au mouvement féministe et à la lutte écologiste. Pour empêcher l'assassinat généralisé du vivant, il n'y a aucune alternative sinon l'écoféminisme. C'est le féminisme ou la mort. Longtemps inaccessible, ce texte devenu référence est introduit par deux chercheuses et militantes.
A l'aune de leur engagements et d'une lecture croisée de ce manifeste visionnaire, Myriam Bahaffou et Julie Gorecki soulignent les ambiguïtés de ce courant en pleine résurgence et nous proposent des pistes pour bâtir un écoféminisme résolument radical, intersectionnel et décolonial.
« Arrivé au travail, je suspendis ma veste de sport en plastique, enlevai mon masque blanc de chirurgien (noir à l'emplacement de ma bouche et de mon nez) et empli mes poumons de ce bon air-purifié-à-la-machine qui ne gardait qu'une légère odeur d'huile et d'ozone ; un des avantages de travailler à Air Central était qu'on y respirait le meilleur air de la ville. » Dans un futur proche, les voitures à essence sont bannies et les rares récalcitrants s'exposent à la peine maximum. Le monde étouffe jour après jour un peu plus sous le poids de la pollution atmosphérique. Malgré tout, la vie continue et les entreprises poursuivent leurs activités ultra-polluantes. Jim Morrison, employé attaché à l'organisme Air Central, pourtant garant de la qualité de l'air, ne peut que constater son impuissance. D'ailleurs, la traque qu'il livre à un mystérieux nostalgique de l'ère automobile a-t-elle encore un sens ?
La vision pessimiste mais lucide de l'auteur de Vent d'est, vent d'ouest, publiée en 1972 - même année que la publication du rapport Meadows - n'a malheureusement pas perdu de son actualité. Cette enquête surprenante critique avec ironie la philosophie des « petits gestes du quotidien » et ne manque pas de nous faire sourire (jaune).
Deirdre, une star de la télévision à la beauté incomparable, décède brutalement lors d'un incendie.
Mais c'est sans compter sur le pari fou de son impresario et d'un scientifique de génie, Maltzer, qui décident de transplanter son cerveau dans un corps artificiel.
Quand Deirdre revient à la vie dans son corps de métal elle veut alors reprendre sa carrière, au grand désarroi de son impresario qui est convaincu que, sans la sensualité d'un corps de femme, sa carrière est vouée à l'échec. Maltzer, quant à lui, est dépassé par sa création et regrette d'avoir joué à l'apprenti sorcier.
Écrit en 1944, ce texte fait écho aux débats actuels autour du transhumanisme et des « corps augmentés ».
Mais surtout, c'est le récit d'une femme qui se bat pour faire entendre ses opinions face à deux hommes.
On ne sait ni où, ni comment, ni pourquoi, mais c'est arrivé. Ces quelques individus épars se sont trouvés dans le brouillard lourd et épais, et se serrent les coudes en attendant d'en savoir plus. Plus sur ce qui s'est passé. Plus sur la réalité des radiations qui les entourent. Plus sur l'avenir du monde. Et encore plus sur leur chance de survie.
Cantonnés dans un camp militaire dans la campagne française, ils vont se confronter au silence qu'on leur oppose sur cette catastrophe.
Parue pour la première fois en 1979, « Les retombées », nouvelle d'anticipation inquiétante et sombre, offre un scénario possible de la catastrophe nucléaire et de la gestion d'urgence mise en oeuvre par les autorités.
« C´est en tant que morts en sursis que nous existons désormais ».
Infatigable pourfendeur de la bombe atomique, Günther Anders (1902-1992) qui préférait au titre de philosophe celui de « semeur de panique », a fait des catastrophes de son siècle le point de départ de ses réflexions. Il a analysé le décalage périlleux, provoqué par la société industrielle, entre nos compétences techniques et nos facultés d´imagination. Alors que la technique rend infinie notre capacité de nuisance, notre aptitude à appréhender les conséquences de nos actes s´amoindrit ostensiblement. En soulignant le caractère visionnaire de son oeuvre, Florent Bussy nous rappelle que la peur est un instrument de lucidité et d´adaptation au présent face à l´imminence de catastrophes planétaires.
"C'est une des anomalies de notre société toujours plus fragmentée et stratifiée que cette survivance d'un contact régulier de communauté à communauté ; un certain nombre de gens doivent se rendre tous les jours dans des districts périphériques, où ils travaillent isolés, dans un monde étranger et malveillant." Le monde n'est plus qu'une seule cité divisée en millions de districts. Ces différentes zones confient toute leur maintenance et leur sécurité à un programme central. Et lorsque celui-ci est dérobé, rien ne va plus...
Dans cette fable où l'alliance inquiétante de la dépendance technologique et du repli identitaire paraît ne pouvoir déboucher que sur le chaos annoncé, Silverberg pose la question de la surpopulation et du vivre-ensemble à l'ère des mégalopoles connectées.
221 fois. C'est la fréquence à laquelle nous consultons notre téléphone chaque jour. L'addiction est profonde et semble se généraliser.
Pourtant, au sein même de cette société sans contact, des hommes et des femmes consacrent de leur temps et de leur énergie à résister à la numérisation de nos vies. Partout en France, ils et elles s'opposent à la construction des antennes 5G de la future « smart city », alertent sur les dangers de la surexposition des enfants (mais pas que) aux écrans, dénoncent les ravages d'une agriculture 4.0, refusent la « dématérialisation » des services publics, ou troquent leurs smartphones contre de « bêtes » téléphones (eh oui, c'est possible !).
Dans ce nouveau livre, Nicolas Bérard nous présente un état des lieux de la société hyperconnectée qu'on nous impose et nous emmène à la rencontre de ces citoyens et citoyennes technorésistant·es. Autant d'exemples et de pistes d'actions pour nourrir nos imaginaires, trouver des allié·es et entrer en action Nicolas Bérard est journaliste et enquête depuis plusieurs années sur les questions de l'énergie, des ondes et de la « smart city ». En 2017, il a publié Sexy, Linky? qui dénonce les effets néfastes de ce compteur dit intelligent, et, en 2020, 5G mon amour, une enquête sur la face cachée des réseaux mobiles.
Dans un monde surpeuplé ravagé par la pollution, les guerres nucléaires et où les ressources s'épuisent, des expéditions sont envoyées dans le futur pour trouver des territoires à exploiter.
Lorin et Jan, un couple de scientifiques, font partie d'une de ces expéditions et découvrent un futur vierge de toutes traces humaines et animales. Tandis que Jan est prise de panique face au silence qui règne dans la forêt et semble impatiente de retrouver son quotidien au 62e étage de sa tour, Lorin y voit la promesse d'une vie paisible, reconnectée à la nature et décide de tout mettre en place pour ne plus repartir...
Dans cette nouvelle de 1970 à l'apparence classique se révèlent des préoccupations écologiques précoces mises en scène à travers les visions dissonantes d'un couple pourtant uni.
Socialiste, soutien des luttes féministes et défenseur des droits des homosexuels, Edward Carpenter fut une grande figure de l'époque victorienne.
Habité par une quête en faveur de l'égalité sociale articulée à une critique farouche du capitalisme industriel, l'«écrivain maraîcher» n'envisageait pas la théorie sans la pratique. Cultivant son jardin au sein d'une communauté d'amants et d'ami·es, il revendiquait une « simplification profonde de la vie quotidienne la dégageant de toutes les choses qui s'interposent entre nous et la Nature ».
Alors que la nécessité d'imaginer un avenir compatible avec la survie du vivant devient incontournable, Cy Lecerf Maulpoix nous invite à travers le portrait de cette figure ardente mais oubliée, à bâtir une écologie politique réellement inclusive.
« Détruire les éléments contaminés pour préserver ceux qui sont sains. La chasse aux sorcières provoquée par le Sida à la fin des années 1990, les groupes d'autodéfense qui entraient par effraction dans les centres de dépistage et de traitement de tout le pays pour trouver l'identité des personnes contaminées, tout ça reposait sur un principe similaire : identifier?! détruire?! Ils ne recherchaient pas seulement les gens atteints d'une forme aigüe de la maladie, mais aussi celles et ceux qui avaient été testés positifs au VIH-I, II et/ou III. J'avais eu de la chance, les employés des locaux de la Cellule d'intervention où mon dossier était conservé étaient parvenus à contenir la foule pendant qu'un volontaire mort de peur se démenait comme un forcené pour effacer les archives informatiques et que deux autres brûlaient les archives papier dans le lavabo des toilettes. » En 1986, lorsqu'une jeune biologiste ambitieuse découvre qu'elle est séropositive, elle renonce à une brillante carrière de chercheuse et se réinvente en tant que professeure discrète dans une petite ville de Pennsylvanie. Suivant les recommandations des médecins lui intimant une vie sans stress ni tensions, elle se réfugie dans la permaculture et limite ses relations sociales, espérant survivre jusqu'à ce qu'un remède contre le VIH soit découvert.
Entre pandémie et désastres environnementaux, ce récit à la première personne révèle une histoire de ce qu'aurait pu être une vie avec le sida. Texte fort et sensible, cette longue nouvelle relate le refus intemporel d'une personne d'accepter la défaite, et dont les subterfuges et réflexions servent une trame narrative dynamique et surprenante.