Le protestantisme français doit beaucoup à Elie Gounelle et à Henri Nick, deux figures majeures parmi les réformés français du XXe siècle. Elie Gounelle lança le mouvement des « Solidarités » à Roubaix en 1896 avant de devenir, avec Wilfred Monod, le chef de file du Christianisme social. Henri Nick se consacra à l'évangélisation pendant plus de cinquante ans au « Foyer du peuple » qu'il avait fondé parmi les ouvriers de Fives, à Lille. Mais avant tout cela, ces deux hommes furent camarades d'études puis pasteurs non loin l'un de l'autre; ils poursuivirent leur collaboration et leur amitié dans le Nord de la France. Au travers de 168 lettres échangées par Gounelle et Nick durant leurs années d'études et leurs ministères cévenols, nous rencontrons toute une génération d'étudiants en théologie et de pasteurs, le plus souvent issus du Réveil, qui découvrirent les dimensions sociales du message biblique.
La formation des ministres du culte en France n'a suscité que peu d'intérêt de la part des pouvoirs publics au cours des dernières décennies. La notion de la neutralité de l'Etat par rapport aux religions, vision commune aux institutions publiques et religieuses, explique pour une part ce détachement. La recomposition religieuse en Occident, due autant aux processus migratoires qu'à l'individualisation du croire, suscite cependant des interrogations. Quelles régulations doivent assumer l'Etat et les religions instituées pour prévenir les tensions et assurer la coexistence pacifique et tolérante de divers systèmes de croyances ? Comprendre la manière dont les cadres religieux sont formés, et ce qu'ils représentent dans les différentes communautés, apporte des éléments de réponse. Dans cet ouvrage centré sur le cas français, l'attention est portée sur les cadres religieux dans leurs différents contextes d'appartenance : catholique, protestant, évangélique, juif, musulman, hindou, bouddhiste et religions émergentes. Or, les manières dont prêtres, pasteurs, imams ou gurus sont définis et formés sont loin de converger. De ce fait, la responsabilité de l'Etat dans la gestion de la formation ne peut s'exercer de façon unilatérale. Ce livre fournit de précieuses pistes pour l'analyse et la mise en place d'une politique adaptée à des situations diverses et complexes.