Argantorota est l'unique déesse gauloise. Son nom « Roue-d'Argent » fait allusion à la ronde des étoiles. Mère de Lougous, elle correspond à la déesse galloise Arianrhod. Priée d'évoquer sa vie, elle raconte... celle de sa mère, la Cavalière, la Grande Reine, Épona, à qui elle s'identifie étrangement. C'est ainsi que l'on découvre la naissance de sa mère, sous un ciel fauve, en plein commencement du monde, puis la cavalcade par laquelle celle-ci séduit le roi Pillos, et comment elle élimine par ruse, en le ridiculisant, un prétendant redoutable. Au terme de trois ans de mariage, elle accouche d'un garçon et d'un poulain, qui lui sont cruellement dérobés. Nectanos les retrouve, après qu'elle a été injustement accusée et punie par Pillos d'avoir tué l'enfant.
Argantorota, qui aime confondre la vie de sa mère avec la sienne, aborde alors sa propre aventure et retrace les séjours tumultueux qu'elle effectue à la cour du roi Matous, où elle va, à son tour, accoucher de jumeaux. On la découvre aussi sur son rocher noir, où elle accueille les âmes qui viennent des étoiles ou y remontent. C'est là qu'un jour Cernounnos obtient d'elle que, par magie, elle anéantisse le gros des troupes des Difformes. Elle réalise cet exploit avec l'aide de deux sorcières, en mobilisant... des arbrisseaux. À la fin, Argantorota organise l'année en la partageant entre ses deux fils et reçoit de la bouche même de sa mère le titre de Grande-Reine.
Une enfant parle : la neuvième d'une fratrie de dix. Elle fait partie des petits. Elle est née après la guerre. Un mystère la hante. Pourquoi, dans sa famille nombreuse, sa soeur aînée qui était la cinquième est-elle subitement devenue la sixième ? Elle ne sait pas parce qu'elle n'a jamais demandé. Et ce silence, ce non-dit, la torture. Plus âgée, elle enquête et comprend que Paul, devenu le cinquième, est un enfant adopté, qu'il est apparu dans la famille à l'âge de quatre ans, avant sa naissance à elle, pendant la guerre. Que c'est un enfant juif dont le nom a été changé, qu'il s'appelait auparavant Samuel Tanenboim et que son accueil dans sa famille, les Delorme, l'a sauvé des rafles nazies et françaises. Comme l'archéologue qui tente par l'intensité de son regard de recomposer l'image du bouclier d'Alexandre à travers les tessons dispersés devant lui, Agnès Verlet ressuscite un passé, déchiffre l'histoire en faisant resurgir les images qui vont reconstituer la béance créée par l'irruption de ce frère, venu d'ailleurs. Un livre magnifique.