Bertrand Louart, menuisier-ébéniste à la coopérative Longo maï, pose de façon simple et pédagogique, le dilemme de la critique sociale actuelle : comment critiquer un système dont nous sommes matériellement hyper-dépendants ? En effet, l'histoire du capitalisme industriel est, depuis l'époque des enclosures, celle de la destruction de l'autonomie collective et individuelle. Pour sortir de cette impasse, il défend, contre tous les admirateurs de l'abondance industrielle, la réappropriation des arts et des métiers : reprendre en mains nos conditions d'existence, à la fois pour mieux vivre et saper la mégamachine.
Deux essais de Lewis Mumford, "Technique autoritaire et technique démocratique" (1963) et "L'héritage de l'homme" (1972) où il défend sa conception d'un être humain inventeur de symboles plus que d'outils techniques, et expose son concept de Mégamachine. Une excellente introduction à l'auteur du Mythe de la machine.
Ce texte est la retranscription d'une conférence-débat tenue par Pasolini le 21 octobre 1975 à Lecce, une dizaine de jours seulement avant sa mort. Prenant pour point de départ la question du dialecte, Pasolini y développe une critique éloquente du consumérisme. Traduction inédite.
Voici le livre qui a révélé au public la contre-culture, à tel point que Theodore Roszak a souvent été réputé l'inventeur du terme... C'est une défense de la contre-culture qui, malgré ses aspects bizarres et hétéroclites, son usage des drogues, son ingénuité, la superficialité de ses expériences spirituelles, sa probable récupération, ne peut être considérée comme un caprice de la jeunesse.
Pour Roszak, il s'agit au contraire d'un rejet instinctif et salutaire des tendances morbides de la société de consommation d'après-guerre et de la société technologique d'abondance : un refus politique de la technocratie.
L'alternumérisme a le vent en poupe : cyberminimalisme, smartphones équitables, inclusion numérique, ateliers de détox digitale, logiciel libre, open data, démocratie en ligne, neutralité du net... ils sont nombreux à croire, (ou à vouloir nous faire croire), que la nouvelle économie de l'information pourrait tourner à l'avantage de tous ou, du moins, qu'on pourrait en contenir les effets les plus néfastes. Ce livre détruit méthodiquement cette théorie dangereuse, appelle à s'extraire de l'utopie numérique, à refuser la numérisation du monde.
Ce livre propose une redécouverte et un inventaire de la pensée de Wilhem Reich (1897-1957). Auteur-phare de la révolte étudiante de 68, Reich était un psychanalyste mais aussi un biologiste. Pierre Bourlier fait sienne la conception originale de la sexualité et de la vie défendue par Reich, tout en soulignant que celui-ci restait tributaire des idéologies de son temps : scientisme, médicalisation, fascination pour les machines. Bourlier montre surtout que notre soumission aux technologies de pointe et au discours de la science est profondément complémentaire du besoin massif de développement personnel, de théories ésotériques ou de mysticisme religieux que nous observons autour de nous, ou en nous.
Membre fondateur du parti communiste italien en 1921, puis opposant farouche au stalinisme comme au fascisme, figure de premier plan de la littérature italienne, Ignazio Silone signe avec Sortie de secours un livre à mi-chemin entre le récit autobiographique et l'essai politique.
Il y traite de ses premiers éveils à l'injustice sociale dans son milieu d'origine, la société paysanne des Abbruzes, comme de son engagement dans le parti communiste. L'essai conclusif, « Repenser le progrès », est une critique visionnaire de la société de consommation et de l'emprise des médias dans la société de masse. uvre majeure de Silone, Sortie de secours n'avait pas été réédité en France depuis sa sortie en 1966.
Marina Garcés propose une conception élargie des lumières, qui ne soient limitées ni géographiquement (à l'Occident) ni historiquement (aux XVIIe et XVIIIe siècle), en un mot, des lumières plus globales qu'universelles. Elle appelle à de nouvelles lumières radicales, dans un contexte caractérisé par la condition posthume (l'effondrement des écosystèmes et la disparition possible de l´espère humaine), la servitude culturelle (science et impuissance se donnent la main), l'analphabétisme éclairé (la saturation de l'attention par le trop-plein d'information), et l'intelligence déléguée (le solutionnisme technologique). Un combat contre les savoirs établis et les autorités, par une figure montante de la philosophie espagnole.
Dans cet ouvrage, issu de deux conférences données en 1908, Landauer livre sa conception d'un socialisme non-autoritaire et non-centralisé qui se construirait contre le capitalisme et non pas dans sa continuité : le socialisme est l'affirmation d'une volonté et d'un idéal, pas de "conditions objectives enfin réunies".
Texte d'une grande éloquence, c'est une critique frontale de l'orthodoxie marxiste, dominante en Allemagne à cette époque, qui anticipe les attaques qui ébranleront les certitudes du mouvement socialiste dans la seconde moitié du XXème siècle. Un texte historique incontournable de la pensée socialiste anti-autoritaire, pour la première fois traduit en français.
Dans ces conférences, inédites en français, tenues en 1951, Mumford précise que « l'art et la technique représentent deux aspects inhérents à l'organisme humain », constate que « la technique devient de plus en plus automatique, de plus en plus impersonnelle, (.) tandis que l'art, par réaction, semble devenir plus névrotique et plus autodestructeur », et expose son but : « rétablir la relation fonctionnelle entre ces deux aspects de la vie ».
Si les notions d'équilibre et de mesure, chères à Mumford, n'ont pas suffi à elles seules à restaurer quoi que ce soit, elles semblent indispensables à la menée de la dernière aventure humaine : l'instauration de la liberté individuelle et collective.
Pour Jacques Luzi (co-fondateur de la revue Agone), l'avenir du capitalisme repose largement sur le projet transhumaniste. Ce projet tourne autour du rêve de repousser sans cesse les frontières de la maladie et de la mort. Il ne fait, selon lui, que radicaliser des tendances existant de longue date dans les sociétés occidentales : la fuite devant les aspects tragiques de notre condition.
Prenant appui sur sa connaissance des sociétés antiques et "primitives", l'auteur en appelle, pour résister à l'emprise des marchands sur nos vies, à l'élaboration d'une nouvelle culture autour de la conscience et l'acceptation de notre condition de mortels.
L'affaire Terminator et la contestation des OGM ont révélé au grand public que les grands semenciers sont prêts à tout pour empêcher les agriculteurs d'utiliser le grain qu'ils récoltent. Mais pour Jean-Pierre Berlan, ancien économiste de l'INRA, cette confiscation du vivant à des fins de profit ne date pas d'hier.
Dans La Planète des clones, il montre que la grande innovation agronomique du XXè siècle, le maïs hybride, relève de la même logique : faire croire que les semences mises au point par des chercheurs sont plus productives que le grain récolté dans les champs. Ce livre se lit comme une enquête policière et démasque l'imposture du progrès le plus célébré de la science agronomique.
Dans le sillage des travaux d'André Pichot, Bertrand Louart signe une ambitieuse histoire critique de la biologie moderne. Ce qui unifie cette science est la conception des êtres vivants en tant que machines. Il dévoile les fondements idéologiques de sélection naturelle et de programme génétique. Une attaque percutante contre le darwinisme, d'un point de vue athée et libertaire.
Ce livre est paru en janvier 2013, six mois avant les révélations d'Edward Snowden sur le recueil universel de "données personnelles" par la NSA. Six ans plus tard, nous en proposons une réédition, avec une préface conséquente et les tribunes publiées entretemps dans la presse par le groupe MARCUSE. Ce livre retrace comment a pris forme un monde où la plupart de nos actes quotidiens passent par l'informatique et sont donc automatiquement enregistrés. Il détaille les conséquences fâcheuses de ce mode de vie connecté "H 24" sur notre liberté et sur notre capacité à nous opposer aux grandes organisations dont nous dépendons d'un point de vue matériel.
Dans cet essai, paru pour la première fois dans la revue Politics en 1946, Macdonald esquisse un bilan sans concession du projet marxiste d'émancipation, et plus généralement des idées révolutionnaires du XIXe siècle, au sortir des deux Guerres mondiales : que reste-t-il du socialisme, et même de la démocratie, après trente ans de guerre industrielle, de dictatures totalitaires, de centralisation étatique ? Peut-on encore croire que la science fasse progresser l'homme, après l'invention des gaz de combat, des camps d'extermination et de la bombe atomique ? Le diagnostic de Macdonald tranche avec l'atmosphère optimiste d'après guerre, alimentée par la victoire des Alliés sur le IIIe Reich, par l'euphorie qui gagne une partie de la gauche du fait du prestige acquis par l'URSS, et les succès électoraux de la social-démocratie à l'Ouest.
Sur l'obsolescence du clivage droite-gauche, sur l'impérialisme de la méthode scientifique et de la technique moderne, sur la prolifération du phénomène bureaucratique au sein même du capitalisme dit libéral, cet auteur est d'une clairvoyance exemplaire.
50 poèmes et chansons de Laurent Cavalié (chanteur de feu le groupe Du Bartas), parfois inspirés du répertoire de la révolte anticoloniale (africain et antillais). Textes présentés en occitan et en français.
« Ma-langue-nôtre fissurera les apparences / Et creusera / Pour dire le sourd bourdonnement du monde du dessous / Elle se jettera au beau milieu de la rumeur muette de l'endroit, elle écoutera le chahut des morts / Une haleine archaïque qui me monte à la bouche et se rue à la face de la modernité / Ma-langue-nôtre est une naissance sans fin pour réparer les siècles / Une fumée de sauge à peine tiède pour m'embrumer la raison. »
La psychanalyse, telle qu'elle règne aujourd'hui en maître, a renié la dimension subversive de son héritage et les débats qui l'agitaient. Ce conformisme n'est pas sans effet sur la pratique, comme le montrent, par exemple, les désastreuses « présentations de malades ». Contre une interprétation orthodoxe et superficielle de Lacan faisant l'impasse sur des controverses majeures, Florent Gabarron-Garcia défend une « clinique du réel », attentive à la dimension sociale et politique des histoires personnelles. A l'appui de son propos : une historiographie minutieuse du mouvement psychanalytique, une lecture croisée de L'Anti-oedipe et de Lacan et de passionnants récits de cure.
Par une collection de textes basés sur des cas précis d'informatisation (l'apiculture, la vocation d'informaticien, la commande vocale dans les entrepôts de la grande distribution), cet ouvrage montre que la numérisation détruit ce qui peut être encore sauvé dans les différents métiers, intensifie le travail, isole les individu et robotise les rapports sociaux.
Loin d'être un processus neutre, ou une solution aux problèmes sociaux de notre époque, l'informatique répond à des intérêts bien précis. Cela peut et doit être stoppé: c'est ce que nous enseigne notamment l'opposition aux compteurs Linky.
Les événements de l'automne 2014 autour du chantier de barrage dans la forêt de Sivens (Tarn) marquent le franchissement d'un nouveau seuil dans le conflit qui oppose l'État français à des fractions de sa population, sur les questions d'aménagement des territoires.
Les éditions La Lenteur font paraitre à chaud un recueil de documents sur ces évènements. Tracts, articles, échanges épistolaires, tribunes de presse et témoignages : 150 pages qui retracent la montée en puissance de la mobilisation et donnent une idée de la diversité des tendances en son sein. 150 pages qui proposent aussi une perspective politique : le rejet du développement économique.
Ce livre est un recueil sur le soulèvement de 2011 et la guerre civile qui s'en est suivie : interviews, témoignages, récits d'engagements citoyens et insurrectionnels, analyses des enjeux géopolitiques... tirés aussi bien de blogs consacrés à la révolution syrienne, de la grande presse, que de brochures ou journaux militants. Il s'agit de faire pièce aux calomnies de droite comme d'extrême-gauche qui nient qu'un soulèvement à caractère révolutionnaire a (aussi) eu lieu en Syrie : celui-ci ne peut être réduit ni à une sédition jihadiste, ni à une « révolution bourgeoise » au service des intérêts américains.
Dossier : Comment peut-on être occitaniste ? Contributions à une réflexion sur l'usage des langues de France : « La lenga-nòstra-meuna » de Laurent Cavalié , « Quelles sont les langues de l'émancipation ? », texte collectif écrit à l'occasion du Festival des luttes populaires d'Armissan , « Ecrire et chanter en arpitan aujourd'hui » par Nicolas Gey - Remarques de Pierre Bourlier, à l'occasion de l'épidémie de Covid-19, sur le complotisme des élites, la désinformation et la fascination du pouvoir - Nicolas Bonanni, « Réflexions sur le marxisme comme science de l'Histoire à travers l'oeuvre de Jack London » - Présentation de La Culture du narcissisme de Christopher Lasch par Julien Mattern
Allia, il était introuvable depuis de nombreuses années. Maintenant que la "marmite du diable" s'est remise à déborder à Fukushima, il nous a semblé que l'exposé détaillé du précédent, en quelque sorte canonique, de Tchernobyl, serait aussi des plus utiles pour ceux qui veulent comprendre ce qui se passe maintenant au Japon, puis s'efforcer de faire quelque chose de ce qu'ils auront compris.