"Moi-même je le raconte, je le vois, et je me dis c'est pas possible d'avoir survécu..."
Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 à Avignon avec son père, son petit-frère de douze ans et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Auschwitz-Birkenau : elle sera seule à en revenir, après avoir été transférée à Bergen-Belsen, Raguhn et Theresienstadt. Dans ce convoi du printemps 1944 se trouvaient deux jeunes filles dont elle devint amie, plus tard : Simone Veil et Marceline Rosenberg, pas encore Loridan - Ivens.
Aujourd'hui, à son tour, Ginette Kolinka raconte ce qu'elle a vu et connu dans les camps d'extermination. Ce à quoi elle a survécu. Les coups, la faim, le froid. La haine. Les mots. Le corps et la nudité. Les toilettes de ciment et de terre battue. La cruauté. Parfois, la fraternité. La robe que lui offrit Simone et qui la sauva. Que tous, nous sachions, non pas tout de ce qui fut à Birkenau, mais assez pour ne jamais oublier ; pour ne pas cesser d'y croire, même si Ginette Kolinka, à presque 94 ans, raconte en fermant les yeux et se demande encore et encore comment elle a pu survivre à "ça"...
« Je me suis longtemps refusée à imiter les confrères qui publient leurs Mémoires, persuadés que leur moi mérite exhibition et que les épisodes de leur vie personnelle et professionnelle suscite l'intérêt. Le journalisme est un métier comme un autre et la télévision n'est souvent qu'une usine à baudruches. A tous ceux qui m'interrogeaient à ce sujet, je n'ai cessé de déclarer qu'à ce petit jeu narcissique, on ne me prendrait pas. Publier cet ouvrage m'oblige à manger mon chapeau. Me voici à mon tour piégée dans ce paradoxe : écrire comme tout le monde, en espérant intéresser tout le monde à une vie qui ne serait pas celle de tout le monde. Il faut assumer ses contradictions et ne pas avoir peur de se désavouer. C'est dit...
Les personnes que je croise me regardent comme une vieille connaissance à laquelle elles associent deux images contradictoires : la présentatrice d'une émission qui fut célèbre il y a plus de vingt ans et qui demeure dans la mémoire collective ; la femme qui fit, à son corps défendant, des milliers de « une » de journaux à l'occasion d'un scandale planétaire impliquant son mari. N'étant pas seulement l'une et ne me reconnaissant pas dans l'autre, je me demande ce qui, de tout cela, peut rester pertinent.
Je vais tenter d'être juste. Pas exhaustive mais sincère. Je parlerai de mes parents, de cette enfance très protégée qui aurait pu mettre hors de ma portée les armes nécessaires pour lutter dans la vie ; je convoquerai certains personnages hauts en couleur que j'ai eu la chance de croiser et tenterai de brosser le portrait le plus fidèle possible du monde des médias tel que je l'ai connu ; j'évoquerai les grands bonheurs de la vie et les épreuves qui l'ont écorchée... »A.S
"C'est lui", "c'est elle", "on s'est trouvés", "je t'aime", "je t'aimerai toujours"..., si chaque histoire d'amour est unique, toutes se vivent, s'écrivent ou se chantent avec les mêmes paroles. Aujourd'hui, j'ai rencontre l'homme de ma vie clame Diane Dufresne, Que je t'aime, crie Johnny, Juliette est le soleil s'émerveille le Roméo de Shakespeare quand nous disons souvent de l'autre aimé qu'il est une lumière dans nos vies. Nos relations peuvent varier, nos mots d'amour sont identiques car nos sentiments sont semblables. Pour la première fois dans un livre, Julie Neveux, linguiste et experte de l'expression de nos émotions, analyse et décrypte ce langage amoureux, du fameux "coup de foudre" où l'on "tombe" amoureux, aux redoutables "il faut qu'on parle", "j'étouffe".
En quatre grandes parties, retraçant les phases de l'amour, de l'amour fantasme (où le nom de l'autre cristallise nos désirs et le destin s'invite pour donner du poids à la rencontre), à l'amour fusion (quand les métaphores du soleil disent l'intensité, je t'aime le souhait d'être lié à jamais à ce toi singulier), l'amour possession, (temps de la domestication, des surnoms voués à s'approprier l'autre devenu familier) et l'amour figé (où le langage tourne à vide, les toujours d'éternité deviennent cris de lassitudes, le toi accusateur, et les partenaires des caricatures s'échangeant de sempiternelles répliques), Julie Neveux révèle combien nos mots d'amour construisent nos histoires. Et comment nous pouvons les comprendre en nous voyant les dire. Pour illustrer son propos, elle s'appuie à la fois sur les mots de l'amour les plus célèbres (ceux des artistes, de Louis Aragon à Annie Ernaux en passant par Barthes, Corneille, Barbara, Stromae, Fellini, Ingmar Bergman...) et ceux des personnages qu'elle invente, Juliette et Roméo, dont le récit de la romance scande les chapitres pour incarner la théorie.
Essai de linguistique, répertoire culturel amoureux et analyse de nos relations sentimentales, ce livre est un trésor de sens qu'on dévore comme un grand roman d'amour plein d'esprit et d'humour.
Qu'est-ce qu'un superfail ? En français de la rue, on pourrait traduire ce terme populaire d'Internet par « méga-ratage ». Attention, il n'est pas si facile de réussir à échouer ! Pour y parvenir à la perfection, il faut suivre des règles précises, étudiées chaque semaine par Guillaume Erner dans l'émission Superfail sur France Culture, dont le présent livre est une version condensée, réécrite... et réussie.
Dans chacun des cas retenus, le superfail survient dans une situation que l'on pensait contrôlée, rationnelle, imparable. Et à chaque fois, par la faute de préjugés, d'ignorances, de négligences, de fausses bonnes idées, ces projets destinés au succès s'écroulent piteusement.
On comprendra grâce à Rater est un art que la meilleure façon d'échouer consiste à s'y mettre à plusieurs. Rassemblez des gens intelligents, compétents, qui ont fait leurs preuves. Ce n'est qu'à cette condition que l'on peut envisager un superfail. D'une part, il faut que le projet ait été superbement conçu au départ. D'autre part, de l'intelligence de chacun peut naître la bêtise collective. On sait bien que si on demande à une commission de dessiner un cheval, on obtiendra un chameau. Au travers d'une multitude de cas, ce livre à la fois savant et humoristique se propose de livrer les dix secrets de l'échec collectif. Et par exemple : comment réussir à incendier Notre-Dame ? Comment fabriquer un smartphone dernier cri qui prend feu ? Comment construire un avion qui tombe ou un aéroport qui ne décolle jamais ? Si l'on veut ne pas prendre le risque de réussir, voici le livre qu'il faut lire. Dans une période de catastrophisme généralisé, il est aussi une manière de dire que l'on pourrait peut-être en sourire... tout en cherchant à comprendre.
En 1988, Claire rencontre François Mitterrand.
Elle est étudiante en droit, il est président de la République.
Cinquante ans de vie les séparent.
Ils s'aimeront à huis-clos, jusqu'à la fin, en 1996.
Voici révélé le dernier secret du grand président.
A la fois récit amoureux et histoire d'un règne, ce livre exceptionnel mêle portraits, dialogues, souvenirs, déjeuners à l'Elysée, soirées, lectures, promenades sur les quais de la Seine, carnets, temps volé au temps.
Dans une langue magnifique et pure, au plus proche de ces deux êtres, comme un grand tableau au Louvre où se dessinent amour et mort, Solenn de Royer nous offre des pages intimes et politiques, qu'à votre tour vous n'oublierez jamais.
Souvent, les journées de Jean-Luc Ployé commencent dans une petite salle sombre d'une prison de haute sécurité. Par réflexe, il passe la main sous la table pour vérifier la présence d'une alarme, et s'assure qu'un gardien armé reste à proximité. Face à lui viennent s'asseoir Alain Penin, violeur multirécidiviste massacrant celle qui lui résiste à coups de tournevis, ou encore Jacques Rançon, criminel sexuel qui découpe les parties génitales de ses victimes. Des heures durant, parfois toute la journée, il les questionne sur leurs crimes, leur vie personnelle et familiale, leurs fantasmes, et leur fait passer des tests de personnalité. Il y a aussi, chaque jour, des victimes, jeune fille agressée par son père, femme violée, enfant perdu. Dans la vie solitaire de l'expert se succèdent les trajets en voiture entre les commissariats et tribunaux de France ; les repas seul au restaurant, l'estomac noué ; les combats pour trouver le sommeil.
Qu'est-ce qui pousse un homme à se confronter chaque jour à la violence que produit notre société, en accueillant les récits de la plus implacable cruauté et ceux d'une souffrance absolue ? Comment rentre-t-on chez soi après avoir passé huit heures à échanger avec Michel Fourniret ou Francis Heaulme ? Peut-on être un père tranquille et un compagnon tendre quand on rencontre à la chaîne des victimes traumatisées ? Expert psychologue près la Cour de Cassation, Jean-Luc Ployé, du haut de ses 1 000 procès d'assises et 15 000 expertises, renverse l'analyse dans un document exceptionnel.
Expert de sa propre histoire, enquêteur de toutes les psychés, l'auteur livre ainsi le récit de son enfance invisible dans une famille très nombreuse. Atteint de bégaiement, moqué par ses parents et voisins, il deviendra l'un des plus grands experts de France, dévoué à sa carrière au point de délaisser ses enfants et ses compagnes. Car La Passion du mal, entre regard, bienveillance, voyeurisme et réparation, le consume tout entier : il lui faut sonder les profondeurs de l'âme humaine, comprendre et dire pour que justice se fasse, dans une société dévorée par la violence et en quête de douceur.
On ne compte plus celles qui ont franchi le seuil de son cabinet. Obstétricien et gynécologue, spécialiste de la procréation médicalement assistée (PMA) de renommée internationale, le Professeur François Olivennes redonne chaque jour espoir à des femmes et des couples infertiles. Et souvent bien plus que l'espoir : une chance de devenir parents.
Parmi ses patientes, certaines l'ont particulièrement marqué, par leur originalité, leur opiniâtreté, leurs folles requêtes, aussi... Cet ouvrage relate quelques-unes des situations les plus mémorables auxquelles il a eu affaire : ainsi cette célèbre actrice américaine demandant au Pr Olivennes de la suivre dans le plus grand secret ; ou bien cette belle-mère qui vient le soudoyer pour que le premier de ses fils donne son sperme en lieu et place du second ; ou encore ce couple, elle quarantenaire et lui presque le double, qui vient évaluer ses chances d'enfanter...
Il faut aussi répondre à la détresse - une grossesse désirée après la perte d'un enfant - ; à l'urgence - avant qu'un conjoint ne soit emporté par la maladie. Il est d'ailleurs souvent question de détresse et d'urgence dans le cabinet de François Olivennes : passés 37 ans, les femmes voient leur fécondité brutalement chuter, quant aux hommes, ils sont de plus en plus nombreux à avoir des problèmes de fertilité... Il y a aussi ces refus que le médecin doit opposer à d'improbables exigences qui portent atteinte à la loi ou au bien-être de l'enfant... Et bien sûr les questions éthiques auxquelles il se heurte, face au handicap, à la précarité ou à l'orientation sexuelle de certains patients : qui faut-il aider, et au nom de quoi renoncerait-on à le faire ?
Mais ce livre dit avant tout la force du désir, la confiance nécessaire, et au milieu de trajectoires parfois douloureuses, la beauté, la cocasserie et la joie d'un métier. En effet, si les échecs et certaines tragédies le marquent profondément, quoi de plus heureux et valorisant pour un praticien consulté comme un sorcier de la vie que d'annoncer à une de ses patientes qu'elle est enfin enceinte ? Riche d'une expérience de plus de trente ans, il nous livre ici ses souvenirs les plus marquants dans un livre tendre, drôle, léger et instructif.
« Je reviens d'un rêve, comme on tombe de son lit, le visage marqué par le pli des événements.... » Ce rêve de toujours, pour Laure Gasparotto, c'est la vigne. Ne plus seulement goûter et analyser les crus, légendaires, oubliés, novateurs, ni même les raconter dans ses livres mais tenter l'aventure, à son tour, les mains dans la terre : devenir vigneronne.
Mère de deux enfants et récemment séparée de leur père, la narratrice décide de tout changer. Epaulée par quelques amis, elle quitte Paris et achète un terrain dans les terrasses du Larzac. Ainsi naît son domaine, Les Gentillières. Au coeur de ces vallées pierreuses et secrètes, où la terre et le ciel luttent et échangent, l'enthousiasme l'emporte. La nature se donne, les jeunes enfants courent et arrachent le raisin rougissant, c'est déjà l'excitation des premières vendanges... Le monde de la vigne, pétri de légendes et de savoir-faire ancestral, est aussi un commerce, où il faut « faire son vin », le nommer, dessiner l'étiquette, le laisser prendre, le faire découvrir. Une aventure totale, entre chais, tracteurs, sécateurs et grêles....
Car le métier est rude, obsédant et dangereux. La vigneronne est seule dans ses champs, isolée face aux raideurs de l'administration et dans un univers masculin. La vigne réclame, la vigne vampirise. Ce n'est pas un métier mais une vie...
Dans ce récit de métamorphoses, Laure Gasparotto se raconte au fil des jours. Elle a changé de vie, et chaque instant fut le laboratoire de recherche et développement personnel, coûteux, passionné. Et si finalement, ce n'est pas notre vie, mais nous-mêmes que nous devions réinventer ?
Vous ne connaissez pas Françoise Dumas ? C'est normal, la discrétion est sa ligne de conduite. Pourtant, ces cinquante dernières années, c'est elle qui a tiré les ficelles des plus belles soirées de France, organisant des réceptions restées dans la mémoire de tous ceux qui y ont participé et que voici racontées pour la première fois.
Jeune Parisienne dans les années 1950, Françoise Dumas se retrouve au lycée avec Marie Laforêt et Florence Delay. La voici sous le signe des arts ! Quelques années plus tard, elle apprend son métier, un tout nouveau métier, en entrant dans le cabinet de relations publiques Georges Cravenne, dont on se souvient encore aujourd'hui comme de l'inventeur de la cérémonie des Césars du cinéma. La jeune Françoise nous raconte ses débuts et sa réussite fulgurante, qui se concrétisera par la fondation d'une agence spécialisée dans l'organisation de réceptions connue dans le monde entier. Il ne s'agit pas de célébrité, loin de là, mais d'art de vivre, et d'un art de vivre qui a marqué la sociabilité dans le monde entier : l'art de vivre à la française. Aux côtés de Françoise Dumas qui l'a également appris sous la conduite des dernières grandes maîtresses de maison, comme Marie-Hélène de Rothschild ou Ira de Fürstenberg, nous apprenons les petits et grands secrets de l'art de recevoir, du service de table à la véritable campagne diplomatique qu'est le placement des invités. Toute réception réussie est une bonne dramaturgie.
Celle qui se qualifie de « maîtresse de maison par procuration » organise pour les autres des événements, dîners, mariages, cérémonies, aussi merveilleux que discrets. Ayant eu pour clients des familles princières et de grands groupes du luxe, des fondations de « premières dames » et des musées prestigieux, elle nous fait pénétrer dans l'intimité de ceux qui sont devenus ses amis, de la famille de Monaco à la famille Arnault, de Bernadette Chirac à Karl Lagerfeld. Une artiste de la douceur de vivre.
« A Auschwitz, j'ai cherché ma mère partout dans le camp des femmes. Je demandais à toutes les Françaises. Je cherchais par date d'arrivée, j'allais voir dans les baraquements. Ma mère était très débrouillarde, très joyeuse. Elle avait une telle force de vie que j'étais certaine de la retrouver. Puis j'ai rencontré une femme qui se souvenait d'elle. C'est toi Julia ? m'a-t-elle demandé. Il paraît que ma mère parlait de moi sans arrêt.
J'espérais que mon père, comme il savait travailler le cuir, serait employé dans un bon commando. Mais quelques jours après notre arrivée, je l'ai croisé sur le chantier du Revier, l'infirmerie des femmes. Il s'était porté volontaire parce qu'il voulait savoir ce qu'il était arrivé à sa femme. Qu'est-ce qu'on peut contre un grand amour ? C'est la dernière fois que je l'ai vu. On m'a dit qu'il avait été envoyé nettoyer le ghetto de Varsovie puis, avec tout son commando, assassiné.
Au camp, pendant l'appel, on soufflait dans le dos de la femme devant nous et on frottait le tissu mince de sa robe. Celle qui était derrière nous faisait pareil. Quand on avait une journée sans travail, on s'asseyait par terre et on se racontait notre enfance. Et puis on chantait. »
Née à Paris en juin 1925, de parents polonais, Julia Wallach a quinze ans quand les Allemands entrent dans Paris, et dix-sept ans quand elle est arrêtée avec son père sur dénonciation d'une voisine, en 1943, puis déportés de Drancy vers Auschwitz-Birkenau... Julia connaît la faim, le froid, les coups, et la marche de la mort à travers la Pologne et l'Allemagne enneigées. Pendant quatre mois, sans plus rien à manger, ils avancent. En avril 1945, avec quelques femmes, Julia trouve encore la force de s'enfuir....
Elle qui a survécu au typhus et aux sélections, aux coups, au froid et à la faim, aux deuils et au chagrin, va pas à pas, reconstruire sa vie, tomber amoureuse et fonder une famille dont les photos magnifiques ornent les murs de cet appartement qu'elle n'a jamais plus quitté. Son livre est le récit d'une longue marche vers la vie, ponctué d'éclats de rire et de colère, drapé, avec une élégance sans faille, dans la force de caractère qui n'a jamais cessé de l'animer.
« Parfois je me demande ce qui est du domaine de la fiction et ce qui est du domaine de la réalité. Qu'est-ce que j'ai inventé pour mes personnages et qu'est-ce que j'ai vraiment vécu ? Est-ce que moi je les ai passés, mes diplômes ? J'ai des montées d'angoisse. Qu'est-ce qui prouve, là, maintenant, que je suis réellement médecin ? On pourrait essayer de trouver des gens qui voudraient témoigner pour moi. On pourrait essayer de retrouver un exemplaire de ma thèse, mais j'ai cherché et je ne sais pas où est ma thèse, elle n'est pas à la bibliothèque universitaire, j'ai appelé, ils n'ont pas de traces de ma thèse de docteur en médecine. Elle doit être quelque part chez mes parents mais la seule chose que j'ai trouvée, c'est un petit papier du médecin qui a été mon directeur de thèse, et dans son CV il y a marqué qu'il a été le directeur de la thèse de Thomas Lilti. Ça me rassure un peu, mais est-ce que cela prouve que je suis docteur en médecine ? »
Ancien médecin devenu réalisateur, brutalement à l'arrêt du fait du confinement, Thomas Lilti s'engage comme bénévole à l'hôpital où il tournait quelques jours plus tôt dans des services désaffectés, transformés en plateau de cinéma. Saisissant retour de l'autre côté du miroir, en pleine crise sanitaire, dans un grand hôpital de Seine-Saint-Denis.
Un retour si bouleversant qu'au fil des jours, il s'interroge à voix haute. Qu'est-ce que la vocation de médecin ? Que cache le secret médical ? Et ce monde très hiérarchisé autour du sacro-saint « docteur » ? Qu'est-ce qui fait un bon médecin ? Quelle place pour le patient ? Comment s'exerce réellement ce fameux serment d'Hippocrate, fondateur de l'exercice de la médecine ? Comment trouver sa place lorsqu'on est soi-même fils de médecin ?
Réflexion unique sur l'engagement des soignants, l'évolution du domaine de la santé, l'éthique médicale, le réel et la fiction, Le serment est aussi le récit d'un parcours initiatique passionnant. Par son humour, sa façon d'aller au plus juste de sa pensée, ses certitudes et ses doutes, son talent de conteur, Thomas Lilti invente une voix unique. Elle nous invite à découvrir les paradoxes fascinants d'un monde aux secrets si bien gardés.
Voici les saisons de couture de Loïc Prigent. Depuis 2011, celui qui est le plus influent documentariste de la mode tient un compte twitter (@LoicPrigent) qui fait grincer des dents tout le milieu de la mode et rire tous les autres (et parfois le milieu lui-même). Laissant ses oreilles traîner dans les défilés et les studios, il y recueille les bons mots, les rosseries, les énormités, les béatitudes et les coups de griffe des participants de ce petit cercle qui gouverne le goût du monde entier. Mannequins ? Attachés de presse ? Créateurs ? Qui parle ? Ecoutez-les, orchestrés par Loïc Prigent, porte-voix de cette nouvelle comédie humaine. Il y invente un nouveau genre littéraire : le pépiement.
« Ne pleure pas. Pense à ton maquillage. »
« - C'était bien ton dîner?
- J'ai dit que des trucs que j'avais déjà dits et écouté que des conversations que j'avais déjà entendues. »
« - Quel jour on est ?
- Mais comment veux tu que je le sache ? »
« J'ai tellement faim, je pourrais manger. »
A coup sûr, le livre le plus drôle des années 10. Et, qui sait, le plus poétique ?
Le livre est le choix des meilleures phrases de ces cinq années, auxquelles Loïc Prigent a ajouté un grand nombre d'inédits.
Georges Kiejman est un homme de combat et un survivant, dont l'ascension singulière épouse l'histoire d'un siècle tumultueux. Né à Paris le 12 août 1932 de parents juifs polonais illettrés qui ont fui la misère, il échappe miraculeusement aux rafles et à la déportation. Réfugié avec sa mère dans le Berry, il ne reverra jamais son père, assassiné à Auschwitz en 1943. S'ensuit un incroyable parcours, de la pièce unique dénuée de tout confort qu'il partage avec sa mère dans le quartier de Belleville de l'après-guerre aux ors de la République.
Rapide, intelligent, cultivé, séducteur, mais aussi implacable et déterminé, il devient un avocat réputé dans les années 1960. Il est à la fois le défenseur du monde de l'édition et de celui du cinéma, l'ami de Simone Signoret et François Truffaut, le conseil de Carlo Ponti et de Claude Gallimard. A cette époque, il fait également une rencontre fondamentale en la personne de Pierre Mendès France que lui présente Françoise Giroud dont il est proche. Il se met au service de PMF dans ses campagnes victorieuses comme dans ses échecs et restera son ami jusqu'à sa mort. Epoux de l'actrice Marie-France Pisier, puis de la journaliste Laure de Broglie, il accède à la notoriété en sauvant de la réclusion criminelle à perpétuité le révolutionnaire et braqueur Pierre Goldman. Il sera ensuite de tous les grands procès -avocat de Malik Oussekine, le jeune étudiant frappé à mort par des policiers en 1986, du gouvernement américain contre le terroriste Georges Ibrahim Abdallah, de Mohamed El Fayed dans le cadre de la mort de Lady Diana, puis de Jacques Chirac et de Liliane Bettencourt. A la fin des années 1980, il lie une relation de confiance avec François Mitterrand sous la présidence duquel il sera trois fois ministre et avec lequel il partagera vacances, week-end et conversations sur la littérature.
Pour la première fois, Georges Kiejman accepte de raconter. Portraits, choses vues, secrets, dialogues... Au carrefour des arts, de la justice et de la politique, grand amoureux des femmes à qui il rend un hommage pudique, il lève le voile sur ce que cachent sa robe noire et son intelligence ironique : un homme qui voulait être aimé.
Ce texte, étincelant, joyeux, traversé d'ombres et de mélancolie, a été écrit par Vanessa Schneider, romancière, grand reporter au Monde, en complicité intellectuelle et littéraire avec Georges Kiejman.
Négocier avec la mort, négocier avec la vie. Homme du GIGN pendant douze ans, prêt au combat ou à partir en hélicoptère ou à 220 km/heure sur l'autoroute, David Corona est un cas à part dans ce corps d'élite. Il a toujours cru au pouvoir du dialogue, des sensations, des hésitations, de l'émotion douloureuse, atroce, vécue.... Souvent dangereuse. Face à un homme retranché chez lui, les armes à la main. Lors d'une attaque terroriste en France ou sur des terrains extérieurs. Lors d'un assaut, dans un petit village, dans une cellule de prison, derrière la porte d'un appartement, à chaque fois il se propose, ou on le réclame : il est le négociateur du GIGN. Celui qui peut-être, par les mots, par la confiance en l'humanité, va éviter les tirs et le combat. Ou non...
C'est un parcours à part que nous raconte ici David Corona, avec simplicité et conviction. Comment on aguerrit son corps dans l'eau glaciale, comment on apprend le combat à mains nues, au couteau, au fusil longue distance. Mais aussi comment on travaille en équipe, quelles que soient les circonstances. Comment on fabrique un corps d'élite, ensemble. Enfin, comment on développe son regard, sa concentration, son attention à l'extrême, dans un monde où tout se disperse.
A ces formations classiques, David Corona a ajouté un travail personnel qui fonde sa nouvelle vie : féru de psychologie, il découvre d'autres approches : méditation, hypnose, travail des profondeurs. Et finit par quitter son métier d'origine, pour aider de grands sportifs, des entreprises, et leur faire travailler le contrôle, la bienveillance, l'agir ensemble.
Ce livre est également un manuel de développement par temps incertains. Non pas une main de fer dans un gant de velours, mais une main humaine qui croit à l'être dans sa complexité et sa beauté.
« La naissance est un fabuleux voyage », nous dit René Frydman, mais il n'est pas sans turbulences ! Un vol long-courrier dont on ne connaîtrait pas la destination ni son voisin de cabine : voilà à peu près ce qui attend les mères et les pères.
Cette passionnante Histoire de la naissance part des mythes et légendes autour de la création physique de l'être humain, de l'Egypte ancienne à nos jours, pour retracer l'évolution prodigieuse de la médecine obstétrique et exposer l'état actuel de nos connaissances. Des premières fécondations in vitro, avec les souvenirs de René Frydman sur la désormais fameuse première bébé-éprouvette, Amandine, aux plus récentes découvertes, telle la possibilité de recueillir de l'ADN foetal dans le sang maternel, le livre inscrit la question de la naissance, avec ses progrès et les questions que peuvent poser certaines découvertes, dans une perspective de long terme, qui permet d'examiner posément les questions éthiques que peuvent poser certaines pratiques, comme celle de l'avortement.
Une fresque aussi savante qu'accessible, et qui n'oublie jamais l'humain, parsemée qu'elle est d'histoires vécues et de souvenirs de l'éminent chercheur. Ainsi, à propos de la première vidéo d'un foetus in utero : « Je n'oublierai jamais le face-à-face avec ce petit visage sorti des limbes, aux paupières fermées, à la peau translucide, une ébauche d'humain. Comment ne pas songer à son futur, à ses joies et ses peines ? »
Une histoire de la naissance est une coédition avec France Culture.
La directrice du lycée de Beer Sheva eut ce jugement définitif sur le petit Elie : « Ah, celui-là, c'est un bon à rien ! Il faudra lui dénicher une institution à poigne, sinon ça finira mal pour lui... » . Le « bon à rien », né dans l'immédiat après-guerre et dans une configuration tragiquement exemplaire de l'époque, s'est forgé la plus magnifique des existences.
Son père, Michaël Yhiel Shkolnik, est né en 1910 en Bessarabie, qui faisait alors partie de l'empire russe, puis de la Roumanie, puis de la Moldavie. Officier dans l'Armée Rouge, il participera aux grandes batailles du front de l'Est (Leningrad, Moscou, Stalingrad.) Sa mère a survécu à la déportation mais y a perdu deux enfants et y laissera sa santé mentale...
Le jeune Elie nait à Bucarest en 1946. C'est là qu'il apprend le français. Son père ne songe qu'à fuir la Roumanie communiste et à gagner Israël . Un jour il disparait, enlevé par la Securitate et emprisonné trois mois à cause de ses demandes répétées de visa. En 1961 leur parvient enfin un « certificat de voyage », Israël « achetant » à l'époque des Juifs à l'Etat roumain (« notre meilleur produit d'exportation avec le pétrole » dixit Ceaucescu). Au sein de la « drôle de famille » qui accueille les arrivants en Terre promise, l'oncle Avi exercera une profonde influence sur l'adolescent, d'où le choix d'un nouveau patronyme : Barnavi.
Après un séjour d'un an dans un kibboutz au nord du Neguev, les retrouvailles avec ses parents sont douloureuses : son père sera plus tard placé dans un Ehpad, et sa mère internée pour démence. Elie travaille pour payer ses études au collège français Saint-Joseph de Jaffa. Incorporé dans Tsahal, parachutiste volontaire, bientôt officier, il participe à la Guerre des Six Jours puis comme réserviste à la première guerre du Liban et à l'opération « Paix en Galilée ».
A Jérusalem puis à Tel Aviv, des études de sciences politiques et d'histoire le font se passionner pour la séquence historique qui va de la fin du Moyen Age à la Révolution française.
La France devient sa « seconde patrie intellectuelle et affective ». Il part faire sa thèse de Doctorat à La Sorbonne et c'est à Paris que se font les rencontres essentielles pour la suite de sa carrière intellectuelle : Roland Mousnier, Pierre Chaunu, Pierre Nora, Jacques Revel, François Furet, Jacques Le Goff...
La politique va prendre une grande importance, parallèlement à son activité d'historien : enseignant en Allemagne, à Montréal, à l'ENS d'Ulm, à Limoges, à Reims, il retournera vivre à Tel Aviv avec sa nouvelle épouse Kirsten rencontrée à Francfort. Membre du comité central du parti travailliste, il décline le poste de chef de cabinet de Shimon Peres pour apporter son appui à Shlomo Ben-Ami. L'assassinat de Rabin met fin au processus de paix auquel il avait oeuvré sans relâche.
Ambassadeur d'Israël en France de 2000 à 2002, il décrit ici l'envers des coulisses tout en brossant mille portraits de ses interlocuteurs à Paris (Lanzmann, Sarkozy, Chirac, Villepin, Jospin, Régis Debray, Edwy Plenel, Jean Daniel, DSK...).
Débarqué de son ambassade par Shimon Peres, il prend une année sabbatique pour proposer la création d'un musée de l'Europe à Bruxelles et consacrera de longues années à cette passion européenne tout en reprenant son enseignement d'histoire à l'université de Tel Aviv et la direction scientifique de la Maison de l'histoire européenne à Bruxelles.
« Promets-moi de dire au monde ce que des hommes ont été capables de faire à d'autres ». Telle a été l'espérance formulée par Fanny quelques heures avant son assassinat dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Aujourd'hui, sa jeune soeur Esther tient sa promesse.
Dans les années 1930, sa famille fuyant l'antisémitisme polonais, migre vers la France et s'installe passage Ronce, quartier de Belleville. C'est là qu'Esther grandit avec ses cinq frères et sa soeur, dans ce quartier populaire, avec ses marchés, ses rues poussiéreuses, ses échoppes de cordonniers et de tailleurs. Une existence modeste mais heureuse qui bascule en mai 1940. Il y a d'abord l'arrestation de son frère Marcel puis celle de Samuel, envoyé à Drancy. La rafle du Vel d'Hiv les 16 et 17 juillet 1942 est un coup de hache. Esther ne reverra jamais ses parents. Elle se réfugie chez une gardienne, réussit à gagner la zone libre, revient à Paris où elle est finalement arrêtée lors d'un contrôle d'identité puis internée au camp de Drancy. Birkenau : Esther est rasée, tatouée, on lui assigne une baraque, un kommando. L'enfer commence : le travail forcé, le froid, la promiscuité, les coups, la maladie, la faim. Et la mort, partout.
Soixante-quinze ans après la libération des camps, Esther continue de faire vivre la mémoire des siens et d'honorer la promesse faite à sa soeur. La Petite fille du passage ronce est ce récit, mais aussi un projet historique et littéraire différent. Avec la complicité d'Isabelle Ernot, il s'ouvre comme un diptyque : le témoignage est suivi par un dialogue avec les disparus, par des lettres, à sa soeur Fanny et à sa mère Gela, ou encore lors d'une déambulation sur son chemin d'écolière entre Ménilmontant et Belleville. Le récit revient sans cesse vers ce passage Ronce, disparu, qui n'existe plus qu'ici : en cette stèle de mots, vivace et émouvante.
RICHIE. C'est ainsi que ses étudiants le surnommaient, scandant ce prénom, brandissant sa photo, comme s'il s'agissait d'une rock star ou d'un gourou. Le soir de sa mort énigmatique dans un hôtel de New-York, une foule de jeunes gens se retrouva, une bougie à la main, devant le temple de la nomenklatura française, Sciences Po. Quelques jours plus tard, le visage mélancolique de Richard Descoings couvrait la façade de l'église Saint-Sulpice. Sur le parvis, politiques, grands patrons et professeurs défilèrent silencieusement, comme si l'on enterrait un roi secret. Au premier rang, l'épouse et le compagnon pleurèrent ensemble sa disparition.
Après des années d'enquête, Raphaëlle Bacqué nous livre ce destin balzacien : l'ascension vertigineuse au coeur de la vie politique française d'un fils de bonne famille, amateur de transgression. Un de ces hommes qui traversent leur temps et le transforment. Il a fait de Sciences Po le vivier de tous les pouvoirs. Distribuant à l'élite des cours rémunérés, faisant de son conseil d'administration une pièce maîtresse de l'échiquier politique, le Tout Paris l'adorait. Mais il a aussi ouvert les amphithéâtres aux élèves des banlieues. Envoyé ses étudiants dans les universités les plus prestigieuses du monde. Changé la vie de milliers de jeunes gens. Tout juste s'interrogeait-on sur ce directeur homosexuel, pourtant marié à une femme dont il avait fait sa principale adjointe.
Monarque éclairé mais omnipotent, encensé par les médias puis brûlé avec le même entrain, personne ne l'a percé à jour. Raphaëlle Bacqué nous entraîne aujourd'hui sur ses pas ; dans les boîtes du Marais, les cabinets ministériels de la gauche et les salons sarkozystes ; dans les soirées étudiantes déjantées, les bureaux du conseil d'Etat, les couloirs de la Cour des comptes et les plus grandes universités du monde ; dans ses nuits solitaires réchauffées par des substances interdites... Personne n'a résisté à la folie de Richard Descoings. Surtout pas lui.
« Tu es vilaine. » C'est la première phrase que Bob Marley lance à Pascaline Bongo, la fille aînée du président gabonais Omar Bongo. Elle a 23 ans et elle vient de se glisser dans la loge du chanteur, après un de ses concerts aux États-Unis.
Nous sommes en 1979, Bob a 34 ans et est à l'apogée de sa carrière. Autour de lui, un essaim de groupies tente désespérément d'attirer son attention, sous le regard attentif de sa femme et choriste, Rita Marley. Mais Pascaline, fille chérie de son père tout-puissant, n'a pas l'habitude de se faire rembarrer. Grande et sculpturale, elle regarde un instant la superstar droit dans les yeux, médusée, puis éclate d'un grand rire. C'est parce qu'elle a les cheveux défrisés, or pour les rastas, les cheveux, c'est sacré, ils ne doivent être ni coupés, ni coiffés...
Pascaline propose alors à Bob de donner un concert au Gabon, pour l'anniversaire de son père. Le chanteur n'a jamais joué en Afrique. Il répond « oui » à son invitation. Ainsi commence la grande histoire d'amour, la dernière de sa vie, longtemps gardée secrète, entre Pascaline et lui. Une passion qui cristallise l'histoire de la décolonisation, de la religion rasta, du traumatisme de l'esclavage.
Anne-Sophie Jahn a enquêté pendant de longs mois et recueilli le témoignage inédit de Pascaline Bongo. Son récit personnel mêle scènes et confidences, solos et foules en transe, sur un ton libre, brûlant, désirable. Ainsi revit l'icône rastafari, partie à 36 ans.
C'est une région méconnue des Français, prise entre les terrils du nord, et un sud si proche et si lointain, comme un pôle balzacien : Paris.
Au coeur de la Picardie, entre Amiens et le Vimeu, grandissent deux jeunes garçons que tout oppose. A quelques années d'écarts, ils ne fréquentent pas les mêmes écoles, pas les mêmes rues, pas les mêmes soirées. L'un a un père neurologue, et une professeur de français merveilleuse, sa grand-mère dit « Manette ». L'autre vit dans une maison abîmée, loin de tout, et rêve en mots.
Tous deux vont fuir vers la capitale pour accomplir leur destin personnel, et se faire un nom. Eddy Bellegueule devient Edouard Louis, romancier célèbre, traduit dans le monde entier, gay, très engagé à gauche, proche du sociologue Didier Eribon. Emmanuel Macron, Manu pour ses amis d'Amiens, sera Président de la République. Ainsi cette ville - où ont aussi grandi François Ruffin et Najat Vallaud-Belkacem -, a-t-elle été le terrain d'enquête d'Hervé Algalarrondo. Il a sillonné la Picardie pour comprendre et retracer le seul monde impénétrable des gloires françaises : la jeunesse. Il a retrouvé les enseignants, les très proches ou anciens amis, les histoires méconnues et les rêves de nos jeunes Rastignac.
Portraits, récits, engagements, secrets : personne n'avait jusqu'ici fait ce travail de rencontre et de traque minutieuse, mené avec talent et tendresse
« Il n'y a de grandes oeuvres d'art qu'à l'ombre d'un grand rêve ». Jean-Jacques Annaud avait fixé le sien dès l'âge de neuf ans, quand, un peu crânement, il annonçait à sa mère qu'il serait cinéaste ou rien. Aujourd'hui, l'objectif est atteint et certains des films de cet enfant déterminé comme La guerre du feu, L'ours, Le nom de la rose, L'amant, Sept ans au Tibet, Stalingrad, Le dernier loup, ont fait rêver des millions de spectateurs dans le monde. Une vie de cinéma revient, à la première personne, sur ce parcours étonnant. On y découvre un gamin rêveur issu d'un milieu modeste, un bourreau de travail, un homme d'audace et de passion qui, quels que soient les événements, heureux ou non, ne s'est jamais perdu de vue.
Technicien hors pair, toujours à l'affût de nouvelles technologies, après ses études de cinéma (école de Vaugirard puis l'IDHEC, l'ancienne Femis) et une licence de lettres, Jean-Jacques Annaud a fait ses premières armes dans la publicité dont il deviendra une des stars avec quelque cinq cents spots à son actif.
Mais, en chemin, il n'oubliait pas son ambition, le long-métrage, le « grand cinéma ». Ce sera, en 1976, La victoire en chantant, un premier film qui lui vaut l'oscar de meilleur film étranger. Dès lors, tous les projets ou presque de ce voyageur infatigable le conduiront aux quatre coins du monde, en Côte d'Ivoire, au Canada, en Argentine, en Allemagne, en Espagne, au Kenya, en Italie, en Écosse, au Vietnam, en Tunisie, au Qatar, en Mongolie. Seul compte le sujet, qu'il aime universel. Résultat : il est sans conteste le plus international des réalisateurs français et l'un des plus célèbres.
Jean-Jacques Annaud est aussi un remarquable directeur d'acteurs qui a su capter le talent des plus grands, de Patrick Dewaere à Sean Connery, de Ed Harris à Jude Law, de José Garcia à Brad Pitt, de Rachel Weisz à Patrick Dempsey. Il a aussi révélé nombre de jeunes comédiens inconnus comme Ron Perlman qu'il emploiera trois fois.
Enfin ce livre plein d'anecdotes dévoile les secrets, les exigences et les folies de la fabrique du cinéma : en se racontant, Jean-Jacques Annaud écrit un chapitre de l'histoire du cinéma mondial.
Lorsque Mossoul tombe aux mains de Daech, plusieurs dizaines de milliers de Chrétiens fuient la plaine de Ninive, au nord de l'Irak. En quelques heures, des familles entières abandonnent leurs maisons, leurs églises et leurs cimetières, fuyant un assaut de cruauté. Elles quittent la terre de Noé, d'Abraham et de saint Thomas, la leur depuis deux millénaires.
Au cours d'une incroyable épopée, le père Michaeel Najeeb, sauve des centaines de manuscrits vieux de plusieurs siècles que les djihadistes ont juré de réduire en flamme, comme ils ont détruit Palmyre ou saccagé le tombeau de Jonas. Au péril de sa vie, ce dominicain de Mossoul nettoie, restaure et protège ces textes sacrés.
Au cours de ce long exode, il construit aussi une arche pour sauver des familles de toutes confessions, chrétiens, Yézidis ou musulmans, tous enfants du désastre. Il les nourrit, les loge, les encourage.
Voici un récit à hauteur d'homme, spirituel et pleine d'espoir. Parfois le destin est une grâce.
C'est un éloge qui n'a jamais été fait : le courage ne peut se vivre qu'en actes, au marché de la mort et de la vie, dans les instants limites. Il ne s'offre, ne s'échange pas, ne se transmet pas. Mais il se confond : courage ou audace, courage ou témérité, courage ou colère... Si cet éloge est difficile, exigeant, à hauteur d'homme et non des dieux, c'est parce que les mots peuvent sembler fragiles. Face au feu qui gronde. Devant la violence nue. Quand tout geste est irréversible. A l'instant de sauver l'autre, en y risquant sa vie.
Pour faite cet éloge, il faut avoir vécu avec coeur, et ne pas aimer donner des leçons. Il faut ce mélange de force, de simplicité. Il faut avoir connu la peur. Il faut de la solitude et de la fraternité. Et il faut raconter. Au fil des pages, ici, la traversée est magnifique. Un souvenir d'enfance. Le regard maternel. Une histoire méconnue. Mais aussi : cette négociation dangereuse. Une tractation dans un désert qu'on ne peut nommer. L'escalade à mains nues d'une façade en flammes. La perte d'un frère d'arme.
N'en doutez pas : l'époque est au courage, affirment Jean-Claude Gallet et Romain Gubert, dans ce court livre, à la fois traité, récit, carnet de bord, leçon de vie. Le premier, ancien général des Pompiers de Paris, aux carrières nombreuses, qui sauva Notre Dame. Le deuxième, grand reporter, écrivain. Ensemble, ils ne donnent qu'une seule leçon : le courage est un don, auquel il faut se préparer, et qui peut se dire.
Le 27 octobre 2015, Magali Laurent attend impatiemment le retour de sa petite fille de trois ans, partie en vacances avec son père en Tunisie. Soudain, un coup de fil fait basculer son monde : Magali apprend que son ex-mari est en réalité en Turquie, et qu'il compte aller en Syrie pour rejoindre Daech. Affolée, effarée, elle comprend qu'il la manipulait depuis des mois, préparant secrètement son départ pour le djihad, jusqu'à enlever leur fille.
La vie de Magali bascule dans un univers qui ressemblerait au Bureau des légendes s'il n'était pas d'une tragique réalité. Terrorisme, combattants étrangers en Syrie, communications cryptées et législation complexe... Elle est immergée dans le quotidien des services antiterroristes, bien que se trouvant vouée à l'attente dans l'espoir d'un signe de Lila.
Et pourtant, l'histoire avait commencé de façon si banale... Un coup de foudre amoureux près de Tunis, sept ans de relation, le mariage, puis la naissance de Lila. Même si Magali et son mari finissent par se séparer, il se révèle un père aimant auquel elle confie souvent sa fille... Sauf que, pendant ce temps, il lui dissimule sa plongée dans l'islam radical.
« J'ai mis au monde un enfant pour lui faire vivre l'enfer », dit aujourd'hui Magali Laurent, qui ignore où est sa fille. Mais après avoir traversé l'enfer, elle a décidé de vivre malgré tout. Aujourd'hui maman d'une deuxième petite fille, elle continue à espérer, à se battre. C'est aussi pour cela qu'elle a décidé de se livrer.
Pour laisser une trace à Lila, dans l'espoir qu'elle soit vivante, et qu'elle puisse un jour lire cette histoire, son histoire. Et pour laisser une trace de Lila, sa fille qu'elle a parfois revue via des communications vidéo sur Skype, sa petite fille déjà voilée, en Syrie, qui implorait sa mère de venir la rejoindre... Avant que les contacts soient définitivement rompus en 2017.
D'une dignité, d'une force et d'une honnêteté remarquables, Magali Laurent ne cache rien. De ses doutes et de ses souffrances, mais aussi de la culpabilité et des interrogations qui la rongent. Par-delà le drame effrayant qui est le sien, elle délivre un exceptionnel message d'humanité. Puisse Lila le découvrir un jour.