Paru en 1762, le Contrat social, en affirmant le principe de souveraineté du peuple, a constitué un tournant décisif pour la modernité et s'est imposé comme un des textes majeurs de la philosophie politique.
Il a aussi acquis le statut de monument, plus célèbre que connu, plus révéré - ou honni - qu'interrogé. Retrouver, dans les formules fameuses et les pages d'anthologie, le mouvement de la réflexion et les questions vives qui nourrissent une oeuvre beaucoup plus problématique qu'affirmative, c'est découvrir une pensée qui se tient au plus près des préoccupations d'aujourd'hui : comment intégrer les intérêts de tous dans la détermination de l'intérêt commun ? Comment lutter contre la pente de tout gouvernement à déposséder les citoyens de la souveraineté ? Comment former en chacun ce sentiment d'obligation sans lequel le lien social se défait ?
En 1909, Freud est invité à la Clark University, aux États-Unis, pour présenter une discipline nouvelle : la psychanalyse. Devant un public d'intellectuels, il en retrace la genèse, la méthode et les principales découvertes : la mise au jour de l'inconscient, le processus du refoulement, l' interprétation des rêves, l'existence de la sexualité infantile... Introduction essentielle à la théorie freudienne, ces cinq leçons témoignent de l'ampleur des énigmes que Freud s'est efforcé d'élucider.
«La scène est au Pirée. Attablés dans la maison du vieux Céphale, Socrate et quelques amis entreprennent de discuter des récompenses promises au juste dans l'au-delà. Qui peut le mieux cerner l'essence de la justice? La sagesse traditionnelle, les mythes anciens semblent impuissants et Socrate a vite raison des prétentions du sophiste Thrasymaque.
Le dialogue sur l'amour, engagé entre Socrate et Alcibiade, proposé dans une lecture renouvelée.
Le texte fondateur de la philosophie moderne et de la raison occidentale. Son approche déductive, fondée sur la vérification des évidences, apporte une nouvelle architecture à l'édifice du savoir. Avec un dossier comportant des extraits commentés, organisés autour de thèmes tels que la méthode et la connaissance, la morale, la métaphysique, la physique ou encore la physiologie.
Paru en 1755, le Discorns sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes peut être considéré comme la matrice de l'oeuvre morale et politique de Rousseau : il y affirme sa stature de philosophe, l'originalité de sa voix, la force de son "système".
Résoudre le problème posé par l'Académie de Dijon, "quelle est la source de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ?" en d'autres termes expliquer que riches et puissants dominent leurs semblables sur lesquels ils n'ont pas de réelle supériorité, exige aux yeux de Rousseau de poser à nouveaux frais la question "qu'est-ce que l'homme ?". Pour cela, il faut comprendre comment s'est formée sa "nature actuelle", si éloignée de ce que serait son état de nature : "Si je me suis étendu si longtemps sur la supposition de cette condition primitive, c'est qu'ayant d'anciennes erreurs et des préjugés invétérés à détruire, j'ai cru devoir creuser jusqu'à la racine."
Le ton du Gorgias est particulièrement violent, et pas seulement à l'égard de la rhétorique. Le dialogue formule une des critiques les plus radicales qui aient été adressées à la démocratie athénienne, à ses valeurs dominantes et à sa politique de prestige. En effet, Socrate s'en prend à tous les aspects de cette politique, du plus concret au plus idéologique. Mais l'essentiel de la critique vise la condition qui donne à la démocratie athénienne ses principaux caractères.
Or cette condition est la même que celle qui assurait l'influence de la rhétorique. Il s'agit de la foule comme sujet dominant de la scène politique. Le gouvernement de la liberté est un gouvernement de la foule, c'est-à-dire de l'illusion, du faux-semblant et de la séduction. La critique de la rhétorique débouche donc directement sur la critique de la démocratie.
Athènes, 399 avant notre ère. Socrate, citoyen sans fortune ni pouvoir politique, comparaît devant le Tribunal de la cité. Quels sont les faits reprochés ? On l'accuse de ne pas reconnaître l'existence des dieux traditionnels, d'introduire de nouvelles divinités et de corrompre la jeunesse. Face à ses juges, Socrate assure seul sa défense et met en garde les Athéniens : le philosophe est un bienfait pour la cité et celle-ci se condamne elle-même en mettant à mort son héros. Mais le verdict est sans appel : la condamnation à mort. Élevée au rang de mythe fondateur de la philosophie,...
Après l'éclatante campagne des Provinciales, Pascal aurait eu pour projet de composer une Apologie de la religion chrétienne. À sa mort, ses proches entreprirent de reconstituer cet ouvrage à partir des fragments épars trouvés dans ses papiers:c'est ainsi que naquirent les Pensées.Ni traité de métaphysique, ni autobiographie mystique, ni même seulement apologie de la religion chrétienne, les Pensées décrivent l'homme dans sa grandeur et sa misère, posent les fondements d'une politique et d'une morale, sondent le sens de la vie et exhortent les coeurs à se tourner vers Dieu. Par le style fulgurant de l'auteur, la force de sa réflexion et son ardeur à persuader, elles constituent l'une des oeuvres les plus fascinantes de la littérature française. Ainsi que l'écrivait Chateaubriand, «les sentiments de Pascal sont remarquables surtout par la profondeur de leur tristesse, et par je ne sais quelle immensité:on est suspendu au milieu de ces sentiments comme dans l'infini».
"Dire qu'il est trop tôt ou trop tard pour faire de la philosophie, cela revient à dire que l'heure d'être heureux n'est pas venue encore ou qu'elle a déjà passé." Le bonheur est la fin de l'existence humaine. Qui le niera ? Mais il est plus difficile de tirer au clair les moyens d'y parvenir.Il faut lire ce texte inoubliable pour découvrir que la pensée et l'amitié sont les seuls vrais havres du sage. Pour être heureux, renouons ave Épicure.Le dossier - L'architecture de l'oeuvre - L'auteur et le contexte - Thèmes et problématiques de l'oeuvre - Glossaire
Comment accorder la multitude et sortir de l'état de "guerre de tous contre tous"? Par quels moyens des individus aux profils et aux désirs variés - pour ne pas dire rivaux - peuvent-ils vivre ensemble et vivre bien ?
Au lendemain d'une guerre civile qui a déchiré l'Angleterre, le Léviathan (1651) offre une réponse novatrice et déroutante pour ses contemporains : il revient aux particuliers de conclure un pacte fondateur, qui confère au souverain l'autorité de les représenter absolument et de faire la loi en leur nom.
Par la puissance et la cohérence de son raisonnement, le Léviathan a redéfini les droits et les devoirs des souverains et des citoyens. Revenir à lui aujourd'hui, c'est éclairer nos propres conditions de pensée et de pratique politique.
"Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même." Après le temps des Confessions vient celui des Rêveries, où Jean-Jacques retrouve la plénitude de soi et engage par l'écriture une réflexion sur l'introspection et les limites de la reconstitution du passé.
La publication de l'Emile, en 1762, restitue au problème de l'éducation sa place centrale en philosophie.
De ses premiers mois jusqu'à la rencontre amoureuse, Emile est suivi dans chaque étape, à travers des expériences qui attestent d'abord le souci de considérer « l'enfant dans l'enfant », au lieu de le sortir de son âge. Rousseau montre qu'il est possible d'éduquer un homme selon la nature et de quelle façon les vices et l'inégalité caractérisent désormais la condition humaine : double enjeu qui constitue sa « théorie de l'homme ».
La richesse incomparable de ce maître-livre tient aussi aux tensions qui le parcourent. Rousseau refuse le péché originel mais il doit rendre raison du mal et de la souffrance que ce dogme interdisait d'ignorer; il critique les philosophes de son temps mais il pousse à ses limites leur méthode empiriste; il proclame: «je hais les livres», mais il fournit le panorama le plus juste et le plus instruit de la culture du XVIIIe siècle, en face de l'Encyclopédie et, pour partie, contre elle.
Parus ensemble, Emile et le Contrat social furent condamnés à Paris puis à Genève: la force du traité d'éducation n'échappa pas aux censeurs, même si Rousseau prétendait ne livrer que « les rêveries d'un visionnaire ». Car la forme même de la fiction arrache l'ouvrage aux circonstances : pas plus que ses lecteurs des Lumières, nous ne sommes à l'abri de ses leçons.
La publication de L'Origine des espèces, en 1859, a marqué une révolution intellectuelle comparable à celle qui est associée aux noms de Copernic et Galilée. En proposant une théorie de la « descendance avec modification » et de la « sélection naturelle », Darwin apportait des réponses aux questions qui préoccupaient les naturalistes de son époque. Le caractère radical de ces réponses aussi bien que les problèmes qu'elles laissaient en suspens ont alimenté d'emblée polémiques et controverses. De là les ajouts et les digressions qui, au gré des six éditions successives de l'oeuvre, en vinrent à obscurcir le propos d'origine. En élaguant la traduction d'Edmond Barbier de ce qui ne figurait pas dans l'édition de 1859 et en y rétablissant ce qui en avait disparu, le présent volume permet au lecteur francophone de retrouver cette oeuvre dans sa fraîcheur initiale.
Après la première partie dans laquelle le voyageur Raphaël Hythlodée dresse le portrait d'un monde imaginaire où règnent la tolérance et la liberté, la seconde partie décrit plus précisément l'île d'Utopie dont le système politique, économique et social est mis en opposition avec l'Angleterre d'Henri VIII.
Vivre en accord avec le destin, se défaire du superflu, adopter une attitude digne face à la mort et garder, en toutes circonstances, la tranquillité de l'âme : telles sont les leçons que Sénèque enseigne à son disciple Lucilius au fil de cette correspondance pédagogique. Manuel pratique à l'usage de l'apprenti stoïcien, les Lettres à Lucilius (1er siècle apr. J.-C.) nous exhortent de changer nos habitudes afin de nous changer nous-mêmes, et d'apprendre à mourir - pour essayer de vivre.
Peut-on être philosophe dans n'importe quelle société et dans n'importe quelle situationoe Ou, plus précisément, peut-on philosopher quand on est l'homme le plus riche de son tempsoe Peut-on philosopher quand on est pris dans les obligations de la vie socialeoe
Ces interrogations sont peut-être les avatars d'une question plus fondamentale, celle du rapport de la philosophie au pouvoir politique - question qui ne pouvait manquer de passionner Sénèque, philosophe stoïcien, homme fabuleusement riche et précepteur de l'empereur Néron.
Traductions par José Kany - Turpin et Pierre Pellegrin
Couverture: Illustration Virginie Berthemet.
«J'avoue que dans l'Amérique j'ai vu plus que l'Amérique ; j'y ai cherché une image de la démocratie elle-même, de ses penchants, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions.» La gloire de Tocqueville n'est pas seulement celle d'un analyste politique exceptionnel ; c'est aussi, depuis la redécouverte de son oeuvre, celle d'un philosophe politique qui serait en même temps un classique de la sociologie, et qui pourrait aider à comprendre les problèmes qui se posent constamment dans les démocraties modernes. L'égalité des conditions, l'individualisme, le «despotisme» démocratique, les relations entre maîtres et serviteurs, l'esprit de liberté et l'esprit de religion, autant de notions qui dessinent aujourd'hui encore les contours d'une philosophie de la démocratie.Dossier1. John Stuart Mill et Émile Faguet : la Démocratie en Amérique, théorie scientifique ou construction arbitraire ?2. Raymond Aron et Raymond Boudon : Tocqueville sociologue3. Marcel Gauchet, Pierre Manent, François Furet : Tocqueville, penseur de l'égalité.
Texte décisif de la tradition philosophique, la Poétique se présente comme un ensemble de règles de composition littéraire. Son ambition est de reconstruire ce qu'est le travail d'un bon poète, et cela afin de comprendre ce qu'il en est d'un poème réussi. En introduisant les concepts clés de mimêsis (imitation) et de catharsis (purgation des passions), elle reste le point de départ obligé de toute réflexion portant sur la poésie et sur l'art plus généralement.
Cette nouvelle traduction se veut lisible pour un lecteur non spécialiste, tout en permettant aux lecteurs plus chevronnés de mieux comprendre cette oeuvre difficile.
Résoudre les énigmes posées par les règles du mariage aux ethnologues, notamment celle de la prohibition de l'inceste, telle est la tâche que se proposaient initialement Les Structures élémentaires de la parenté. Les deux chapitres introductifs, objets de la présente édition, n'en abordent pas moins des questions philosophiques cruciales : où finit la nature et où commence la culture ? quelles sont les parts respectives de chacune en l'homme ? comment l'homme se distinguet-il, sous ce rapport, de l'animal ? C'est ainsidu point de vue de l'ethnologie que le texte de Claude Lévi-Strauss apporte matière et méthode à la réflexion philosophique.
La Phénoménologie de l'esprit n'est pas seulement un ouvrage décisif dans l'histoire de la philosophie : c'est aussi, aux côtés du théâtre de Shakespeare ou de La Divine Comédie de Dante, l'une des oeuvres majeures de la culture occidentale. Achevée dans l'urgence, parue en 1807 dans une Europe agitée par les guerres napoléoniennes, elle eut un succès tardif : en France, il fallut attendre le XXe siècle pour qu'on reconnût en elle le sommet de la philosophie idéaliste allemande ? à la fois une remémoration dense et fulgurante de toute la philosophie, et le début d'une nouvelle façon de penser la vie, l'histoire et la pensée elle-même.
La présente traduction restitue la dynamique poétique propre à ce moment où s'expose pour la première fois la démarche dialectique de Hegel : en s'attachant à préserver l'économie et la fluidité singulières de la langue de l'auteur, elle offre une nouvelle lecture de ce texte capital.
Illustration : Virginie Berthemet © Flammarion
Peu d'ouvrages ont eu une influence comparable à celle des Pensées pour soi, étonnant petit livre rédigé en grec qui consignerait les « pensées » de l'empereur romain Marc Aurèle, maître du monde au IIe siècle de notre ère. Pourtant, ce texte dont l'attribution reste incertaine, le statut mal défini, les enjeux obscurs et l'argumentation difficile à cerner soulève bien des questions. Les différentes interprétations qui en ont été proposées reflétaient les partis pris idéologiques ou religieux de leurs auteurs plus que les thèses dictées par le texte lui-même. Que choisir entre « le plus vertueux des païens », le « persécuteur des chrétiens »,le quasi-mystique des « exercices spirituels », le « dernier avatar du stoïcisme impérial » et le coach du développement personnel ?
Dans ce texte, les lecteurs de la Renaissance cherchaient surtout des signes de la compatibilité et de la continuité entre sagesse antique et pensée chrétienne. Notre siècle, qui se veut toujours humaniste, y trouvera encore les germes de certaines de ses valeurs.
Outre les Méditations métaphysiques, données en version bilingue, ce volume comporte plusieurs écrits éclairant l'oeuvre :
Les Objections faites contre les Méditations, par différents philosophes et théologiens (parmi lesquels Hobbes, Arnauld, Gassendi.), les Réponses de Descartes à ces Objections, ainsi que plusieurs lettres de Descartes.
Édition relookée, corrigée et mise à jour.