Du célèbre auteur portugais du "Livre de l'intranquillité", qui écrivait aussi en anglais, Fernando Pessoa (1888-1935),"Antinoüs", poème traduit ici en alexandrins. Antinoüs" est un long lamento sur la mort de ce bel éphèbe, amant de l'empereur romain Hadrien (I-II° s. après J. C.). Leur amour inspira aussi Marguerite Yourcenar dans "Mémoires d'Hadrien". La traduction est suivie d'une étude approfondie sur le poète et son oeuvre par un spécialiste de Pessoa.
La notoriété de Yannis Ritsos est immense pour son combat contre toute oppression, dans les épreuves traversées par la Grèce du XXème siècle. Salué par Aragon comme le plus grand poète grec de son temps, il fut aussi un flamboyant chantre d'Éros. Avec cette traduction nouvelle, d'Anne Personnaz, les mots aussi sont des veines, comme le dit le poète dans les premiers vers d'Erotika (1980-1981), écrit à plus de 70 ans.
La célébration d'Éros se chante sous des formes multiples dans le recueil composé de trois parties, Petite suite en rouge majeur, Corps nus, Parole de chair. Chez Ritsos, le poème, comme le corps, est inépuisable.
Ce recueil a obtenu le soutien du CNL en 2008 lors de sa première publication.
La Truite rompt la glace, titre du premier cycle, écrit en 1927, donne son titre au recueil de 1929 qui en comporte six. Grâce au nerf et à la couleur de la traduction de Serge Lipstein, le public francophone va pouvoir enfin connaître un grand poète russe atypique. La truite prisonnière de la glace peut être perçue comme l'homosexuel frappé d'interdit et qui cherche à se libérer. Les coups de queue donnés par la truite rythment le progrès du recueil, au nombre de douze avec deux prologues et un épilogue : ce sont des moments émotionnels et non des étapes autobiographiques. Pas de chronologie à proprement parler, mais une poétisation du réel : une soirée à l'opéra, un petit-déjeuner, une lettre, le départ d'un amant... Mort et résurrection, mort et transfiguration car l'imagination créatrice de Kouzmine est empreinte de mysticisme, de gnosticisme, de religiosité. Les amants se retrouvent pour fêter au champagne l'An neuf.
Une Note de l'éditeur, une postface, des notes abondantes et une Notice biographique aideront le lecteur à entrer dans cette oeuvre originale injustement méconnue.
Avec ce titre, d'abord publié dans une revue en 1906, puis dans le recueil Filets en 1908, Kouzmine rencontra à Saint--Pétersbourg un succès aussi considérable qu'avec la parution, la même année, de son roman Les Ailes (lui aussi traduit par Bernard Kreise et publié en 2000 aux éditions Ombres).
Ces deux oeuvres signent son entrée dans le monde artistique et littéraire russe.
Interprétées au piano, en 1905, par l'auteur--compositeur, chez Viatcheslav Ivanov, à la Tour où se rencontraient les artistes de l'époque, ces Chansons avaient marqué le public tant par leur grâce alexandrine que par leur mélodie.
D'où l'importance, après La Truite rompt la glace (1er cycle), et la biographie de John E.
Malmstad et Nicolas Bogomolov, Mikhaïl Kouzmine, Vivre en artiste (1872--1936), parues aux éditions ErosOnyx, de publier texte et musique de ce recueil pour mieux faire connaître le grand artiste qu'est Kouzmine.
L es Ghasels, publiés en 1821 pour la première fois, n'avaient pas été jusqu'à présent traduits en français. En voici donc la première publication en traduction... La traduction de ces poèmes a été délicate parce que l'auteur s'est inspiré d'un modèle persan, surtout du grand Hafiz de Chiraz (14 ème siècle). Platen a ainsi acclimaté ce nouveau genre poétique, le ghasel, dans la littérature allemande. La seconde singularité de ces poèmes est que le ghasel permet au poète de chanter, comme Hafiz, les charmes de la vie, le vin, les fleurs et l'amour... des garçons. Ce que l'islam de l'époque pouvait permettre... À ce titre Platen est le premier poète homosexuel moderne, comme l'a bien vu l'écrivain allemand Hubert Fichte (1935-1986). On trouvera dans ce recueil le poème ?Mon coeur est déchiré? mis en musique par Schubert, sous le titre du lied ?Du liebst mich nicht ?. Federico Garcia Lorca, à son tour, écrira dans Le Divan du Tamarit des ?gacelas? au nombre de douze.
En 1912, un peu plus de deux ans après la mort de Renée Vivien (1877-1909) à Paris, ville d'adoption de la poétesse anglaise, sa soeur Antoinette fait publier à Londres, sous son patronyme Pauline Mary Tarn, ces étranges et brèves ballades restées inédites, oscillant entre prose et poésie, seule oeuvre de Renée Vivien à avoir été écrite dans sa langue natale. Retour aux sources pour la poétesse ? Dernière variation surtout autour de la mélancolie mélodieuse et incurable qui traverse son oeuvre abondante qu'EO réédite depuis 2007.
On retrouve dans cet ultime recueil un climat de contes noirs et un fantastique parfois gothique qui, depuis 1901, avaient déjà traversé les vers comme la prose de « la Muse aux violettes ». Dans l'émiettement de ces quatorze tableaux où passe une énergie du désespoir tour à tour violente et apaisée, on entend encore et toujours l'obsession vivianesque que l'amour n'est pas aimé et que le charme des mots tressés sera jusqu'au bout la seule véritable consolation d'une vie que Nicole G. Albert, qui traduit et présente cette oeuvre posthume, qualifie d'intranquille.
Lettres volées, avec pour sous-titre roman d'aujourd'hui, est un roman par lettres sur le modèle du 18ème siècle illustré par Les Liaisons dangereuses de Laclos. Il n'eut qu'une seule édition, en 1911. L'intrigue concerne le mariage arrangé de la fille d'un riche banquier juif parisien avec un jeune aristocrate breton. Un autre mariage arrangé est celui du fils du même banquier avec une princesse royale. L'originalité vient du fait que Marie Jésusa, fille du banquier, accorde toute liberté amoureuse à son futur époux parce qu'elle sait qu'il a une maîtresse, aristocrate elle-même. Mais elle se découvre plus amoureuse qu'elle ne croit de ce jeune époux qui la trompe. Victime elle-même des conventions sociales qu'elle dénonce.
Le roman a une portée satirique indubitable dans la peinture des milieux aristocratique, politique, religieux et financier de son époque. L'amour, l'argent, les intrigues de toutes sortes constituent le fond, parfois de pamphlet, sur lequel se détache le personnage plus pur de Marie Jésusa qui faisait pleurer Colette ! Mais que vient faire par deux fois le personnage du lieutenant Paul Dysart, correspondant du jeune comte Robert de Kerolim ? Que cache cette amitié ancienne qui perdure au-delà des années de jeunesse ? On sait par la correspondance avec Colette et quelques autres témoignages, que l'auteur, figure célèbre de la Belle Époque, avait une "double vie".
Robert de Kerolim est-il son double ? Qui se cache sous le personnage de la marquise sa maîtresse ?