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Champ Vallon
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" la france est un fait d'imagination.
Les économistes peuvent chiffrer notre pnb et les démographes préciser la courbe de la population, les tranches d'âges, et les géographes déterminer les reliefs de notre pays, et les sociologues nous montrer l'évolution des moeurs, des loisirs, des classes sociales. après avoir collecté tous ces renseignements, nous ne pouvons pas nous targuer de connaître la france, parce qu'elle est aussi et surtout un rêve, un nom, une odeur, une somme d'images, de couleurs, de brises, d'herbes hautes, de vignes entretenues avec patience.
Si ce rêve multiple et unanime s'estompait, nous continuerons à habiter la france, à y trouver un emploi, un domicile. elle ne hanterait plus nos consciences, elle ne serait plus notre terre originelle.
" dans ces conditions, au moment de parler d'elle, il fallait user de précautions et de quelque audace, inventer des récits, des tableaux, des vagabondages qui ne soient pas de pures fantaisies, mais qui tentent, autant que faire se peut, de restituer sa présence.
Il fallait retrouver et redonner le goût des litanies adorantes, des ritournelles moqueuses, des voyages sentimentaux. ".
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IA : l'intuition et la création à l'épreuve des algorithmes
Alban Leveau-Vallier
- Champ Vallon
- Milieux
- 3 November 2023
- 9791026712084
Depuis le début des années 2010, à mesure que les réseaux de neurones d'apprentissage profond (deep learning) défrayent la chronique (AlphaGo, voitures autonomes, ChatGPT...) et s'intègrent à un nombre croissant de domaines (traitement des images, du son, du langage...), une rumeur enfle : les algorithmes feraient preuve d'intuition, voire de créativité. Est-ce à dire, comme le prétendent leurs inventeurs, que le projet d'intelligence artificielle serait sur le point de percer les mystères de l'origine et du fonctionnement de la pensée, et ainsi de prouver que rien ne distingue les humains ni les vivants des machines ?
Ce livre s'appuie sur une description précise des réseaux de neurones d'apprentissage profond (leur histoire, leur fonctionnement et leurs usages) et s'arrête sur la manière dont ils simuleraient certaines de nos facultés (perception, induction, imagination) afin d'aborder de front les questions que soulèvent leurs inventeurs : Est-il possible de reproduire artificiellement la naissance de l'intelligence ? La créativité se laisse-t-elle mécaniser ? Que manque-t-il aux comparaisons avec les machines pour bien définir l'humain ?
Du côté des tenants de l'IA comme de leurs détracteurs, les réponses sont trop vite tenues pour acquises, alors qu'elles peuvent être l'occasion de renouveler notre regard sur certains problèmes fondamentaux de la philosophie, aussi bien classiques, comme l'opposition entre la « pensée aveugle » selon Leibniz et l'intuition selon Descartes, que contemporains, comme la tension entre les tenants de la subjectivité et les pensées de la structure sans sujet, ou encore la frontière entre humains et non-humains. Surtout, en soulevant l'origine des idées et de la pensée en général, elles nous incitent à revisiter le problème de l'émergence, ce que l'auteur fait en proposant l'hypothèse d'une contingence première que l'esprit partagerait avec le monde. -
L'architecture du fer ; France XIX siècle
Lemoine/Bertrand
- Champ Vallon
- Milieux
- 1 September 1993
- 9782903528713
Légèreté et transparence, rationalité et puissance des formes : l'architecture du fer fait aujourd'hui figure d'ancêtre reconnu de la modernité.
Mais cet essor du métal, à travers une invention formelle infatigable et un goût du décor exubérant, participe aussi pleinement du concert foisonnant du xixe siècle. indissociable des grands programmes architecturaux apparus ou renouvelés par le développement de la société industrielle, l'architecture du fer est une des créations les plus originales du xixe siècle, une de celles qui contribuent avec le plus de force à la définition de son imaginaire.
En moins d'un siècle et demi, les essais empiriques des constructeurs, alliés ou concurrents des recherches physiques et mathématiques, doteront l'europe d'un nouvel environnement architectural. parmi les prototypes réussis, les serres du jardin des plantes (1834-1836) ou la gare de l'est à paris témoignent de la position d'avant-garde qu'occupait, en ce domaine, la france sous le second empire. la fonte, le fer et l'acier, dont la résistance et l'élasticité se révèlent peu à peu aux bâtisseurs et aux théoriciens, vont se partager ou se disputer le premier rôle dans les ponts métalliques, ponts suspendus, serres, gares, marchés, grands magasins, églises, bâtiments industriels, sans oublier les expositions universelles, qui furent le lieu de toutes les audaces techniques et architecturales.
Au triomphe du métal, fait écho pendant tout le siècle un débat passionné sur l'esthétique et la modernité du fer, qui oppose éclectiques et rationalistes : le fer est-il un simple moyen de construction ou la promesse d'une architecture nouvelle ? avec l'art nouveau, le fer assurera l'union éphémère de la structure et de l'ornement, apothéose sans lendemain qui s'achève avec la grande guerre, l'avènement du béton armé et la radicalisation des doctrines esthétiques.
Ce livre restitue la triple histoire du fer : celle d'une production industrielle et d'une technique de construction ; celle d'un matériau qui a permis et accompagné l'émergence de nouvelles typologies architecturales ; celle, enfin d'un objet de débat, au coeur de l'effervescente recherche de nouveaux langages stylistiques propres au xixe siècle.
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Théorie générale et logique des automates
Gérard Chazal, John Von neumann
- Champ Vallon
- Milieux
- 1 November 1998
- 9782876732322
Entre prouesses mécaniques et mythe littéraire, les automates, les androïdes, les machines pensantes ont toujours suscité le rêve ou la crainte.
Or voici qu'en 1948 un mathématicien de génie en entreprend la théorie. Dans un langage à la fois simple et rigoureux, John von Neumann se situe d'emblée au niveau des plus récentes recherches contemporaines (théorie des automates, théorie de la complexité).
Né à budapest en 1903, John von Neumann est à l'origine de la construction du premier ordinateur. Considéré comme l'un des pères fondateurs de l'informatique, il en jette les bases théoriques, qui servent aujourd'hui encore dans nos micro-ordinateurs.
Surtout, il comprend dès 1950 que l'ordinateur n'est pas seulement un calculateur mais aussi une machine capable de travailler sur des informations autres que numériques. Il prévoit qu'une comparaison entre l'homme et la machine peut être fructueuse pour la science. S'intéressant alors à la biologie et plus particulièrement à la neurobiologie, il défend l'idée de réseaux de neurones formels, c'est-à-dire de machines conçues sur le modèle de notre cerveau, trente ans avant que de telles réalisations viennent sur le devant de la scène scientifique et technique.
Par là même, John von Neumann fonde les bases de ce qui deviendra la science des automates.
Ce texte constitue donc un moment de l'histoire de la pensée scientifique et technique, en même temps qu'un document d'actualité, par le caractère prémonitoire de la réflexion.
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Déchet, rebut, rien... ces notions fondamentales s'offrent comme objets dans des champs spécifiques du savoir, technologique, anthropologique et philosophique. Au déchet, on associe volontiers le procès technologique mis en oeuvre dans les filières de production industrielle où il est question de sa gestion et de son traitement. Au rebut, des approches anthropologiques mettant en exergue les perceptions et représentations de la pollution, de la souillure, des nuisances et le rapport que nous entretenons avec les matières déchues ou inutiles, ici comme ailleurs. Au rien, la dimension philosophique, épistémologique, voire métaphysique, s'appuyant sur l'idée de corruption et sur la problématique de dissolution de la matière, physique ou biologique, des choses aux humains. Cette triade est cernée de façon globale afin d'en mesurer les problématiques, les approches et les enjeux. Cependant une telle tripartition ne saurait être réduite à une répartition mécanique et sans recoupements: il s'agit au contraire d'insuffler un courant pluridisciplinaire dont la philosophie constitue le lieu géométrique opérant un brassage de plusieurs savoirs autour d'un enjeu fondamental.
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Machinations Tome 2 ; anthropologie des milieux techniques
Jean-Claude Beaune
- Champ Vallon
- Milieux
- 20 June 2013
- 9782876738898
Après les Engrenages, volume traitant de la réalité et de la fonctionnalité des machines, mais en miroir, les Machinations traitent du discours que l'on tient sur les machines et que celles-ci peuvent tenir sur nous, explorant donc la représentation humaine des milieux techniques. Peut-on parler d'invention technique ? Le travail impitoyable, les médias omniprésents, le recyclage universel sont-ils un gage d'ignorance ? Peut-on rêver à l'artefact dans le milieu de l'automatisme, de la ville, de la littérature ? Le Système accepte-t-il une part de contingence et de hasard ? Connaissons-nous réellement les machines sinon par leurs effets et leurs reflets ? Le nouvel « homme-machine » doit-il, comme Ulysse, sans cesse « ruser » pour survivre ?
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La vie et la mort des monstres
Jean-Claude Beaune
- Champ Vallon
- Milieux
- 1 September 2004
- 9782876733961
le monstre, dit g.
ganguilhem, " met en question la vie " car il interroge l'ordre qui est le sien. il touche aussi à la mort, à toutes les morts naturelles et surtout surnaturelles. il est unique, inclassable, indicible peut-être et fantastique à coup sûr. la science n'a pas renoncé à le comprendre, à le
fabriquer même, mais elle n'épuise pas la question : l'image du monstre, entre vie et mort, nous convie à interroger la dernière image du miroir, celle de notre clair-obscur.
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Le vagabond et la machine ; essai sur l'automatisme ambulatoire
Jean-Claude Beaune
- Champ Vallon
- Milieux
- 1 September 1993
- 9782903528232
Fidèle à son principal objet, ce livre est une (longue) errance, un vagabondage assez spécial, hasardeux et répétitif à la fois, qui ne se réclame d'aucune perspective systématique mais croise au contraire les regards, les disciplines : histoire, droit, sociologie, psychologie, biologie et médecine, technologie...
Sans doute le vagabondage est-il un thème mythique, aussi ancien que l'Homme lui-même et qui trouve, dans notre histoire, de multiples expressions. Pourtant, malgré l'ambiguïté des valeurs que maintient en particulier la tradition franciscaine, il est une époque (1880-1910) où le vagabond devient, sur le fond d'une politique rigoureuse des populations ouvrières urbaines, un enjeu passionné. Il désigne la forme ultime d'un pathologique social qui gouverne d'autres catégories d'exclus (mendiants, clochards, prostituées, chômeurs, mauvais pauvres...) et dont on prévoit alors la suppression définitive : c'est, de fait, le premier " génocide scientifique " des temps modernes, dérisoire et banal peut-être mais qui prélude à d'autres, moins " bénins ".
En même temps, le vagabond devient un objet privilégié de la médecine mentale en plein développement : Charcot crée pour le qualifier, en 1888, la notion d'Automate ambulatoire.
On peut s'interroger alors sur la cohérence profonde de ce monde industriel puisque la même image, l'Automate, sert à désigner de manière " scientifique " à la fois le déchet humain, le résidu insupportable et l'idéal du nouvel " homme technique " vissé à sa fonction productive, assimilé à la Machine, normalisé dans son travail, sa vie et sa pensée.
Au-delà de cette époque cruciale, l'ambivalence en question nous renvoie à des doctrines aussi fondamentales que le Mécanisme " cartésien " revu et corrigé dans le nouveau contexte, le Darwinisme (et ses applications sociales), également certaines conceptions de la dégénérescence, de l'hérédité qui n'ont pas dit aujourd'hui leur dernier mot.
Finalement c'est la question philosophique de l'Individu qui peut sans doute servir de boussole dans ce voyage au bout de la nuit des vagabonds.
La fin de l'individu qui se réfracte dans le miroir brisé du vagabondage (où tremble encore le souvenir rêvé de quelque enfance de l'humanité) s'inscrit dans une nouvelle logique : celle d'une nature devenue vraiment mauvaise ; celle surtout d'un nouveau personnage qui prend force dans l'histoire du XIXe siècle et n'a cessé depuis lors de hanter nos nuits comme un vieux fantôme vagabond : la Mort.
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Philosophie et musique contemporaine ou le nouvel esprit musical
Daniel Parrochia
- Champ Vallon
- Milieux
- 17 October 2006
- 9782876734494
La musique, en tout cas la classique - nous ne le cachons pas -, est morte.
Tout comme l'art - en tout cas l'art classique - est mort. Mais il y a plusieurs manières de mourir pour l'art - et donc pour la musique. L'une est de se voir progressivement substituer soit propre négatif autodérisoire, dont la fonction (ludico-critique) est alors d'exhiber ce que nous ne voulons ni voir ni entendre. L'autre est de mourir à la mode hégélienne, celle qui consiste à se conserver tout en se dépassant, c'est-à-dire à se " sublimer ".
Toutefois, une exception se fait jour. A côté des dérélictions faciles et de la sublimation diffuse et partout répandue qui fait de l'art d'aujourd'hui un " art à l'état gazeux ", il est encore permis de trouver dans la musique, si l'on peut ainsi s'exprimer, un noyau solide : les oeuvres majeures du XXe siècle - celles qui relèvent du " nouvel esprit musical " - pointent en direction d'une théorie axiomatique des espaces sonores, dont les chercheurs explorent des modèles possibles.
L'existence de cette musique " nouménale " nous a semblé pouvoir inspirer une nouvelle philosophie. Car, si l'art (classique) est mort, la philosophie (traditionnelle) ne peut pas vivre encore bien longtemps, sinon de cette vie de mort-vivant qui est celle de l'art (classique). Nous lui avons cherché un avenir plus heureux, qui la fît échapper à la pétrification muséale comme à la dégénérescence communicationnelle.
Mais dans une époque où, pour parler le langage du XIXe. siècle, la participation de l'activité de l'individu à l' " oeuvre totale de l'esprit " s'est désormais réduite à rien ou presque, nous ne pouvons guère nous bercer d'illusions. La philosophie, aujourd'hui délocalisée (à l'image des entreprises multinationales et des produits esthétisés qu'elles fabriquent), est probablement déjà, elle aussi, à l'état gazeux.
Nous avons tenté, très modestement, de refroidir si peu que ce soit cette transparente vapeur, d'amorcer, si possible, une légère recondensation.
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François Dagognet, un nouvel encyclopédiste ?
Daniel Parrochia
- Champ Vallon
- Milieux
- 24 February 2011
- 9782876735378
Médecin, pharmacologue, savant en différentes sciences, théoricien de l'art contemporain, de la morale et du droit, éducateur, penseur politique, François Dagognet, né en 1924, est l'auteur d'une oeuvre considérable, de plus de 60 volumes, qui peut passer, à certains égards, pour une véritable encyclopédie et qui aura marqué incontestablement des générations d'étudiants et de philosophes. Divers aspects de l'oeuvre de François Dagognet sont successivement abordés dans ce cahier d'hommages : ainsi, la trajectoire qui l'a mené d'un intérêt pour la matière à une approche de l'objet (J.-C. Beaune), le souci de l'art contemporain (G. Chazal), le modèle de l'arbre et la végétalité (R. Dumas), la question du système (Ch. Godin), la philosophie politique et éthique (R. Damien), la conception de la médecine (Ph. Petit), ainsi que celle du remède (P. Maire), enfin, les liens probables qu'on peut oser tisser entre la conception de la vie et celle de la philosophie, chez un homme qui, par son intelligence, son savoir et son courage, a su s'installer au coeur des problèmes contemporains les plus brûlants.
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Éloge de la simulation ; de la vie des langages à la synthèse des images
Philippe Quéau
- Champ Vallon
- Milieux
- 1 September 1993
- 9782903528676
La simulation est un nouvel outil d'écriture : elle fonde d'autres raisons, d'autres visions ; elle ouvre de nouveaux territoires à la création et à la connaissance.
Nous étions habitués à trouver dans les langues naturelles un inépuisable réservoir de formes et d'images. Et pourtant nous mesurons chaque jour les limites de la langue, ses impuissances, et ses faux-semblants. Comme solution partielle, on propose dans cet essai de considérer les mathématiques comme un art de la manipulation symbolique. Avec l'aide infatigable des calculateurs numériques et, bientôt, symboliques, elles nous fournissent des métaphores inédites, inénarrables, indicibles, en faisant proliférer des " êtres mathématiques " doués d'une autonomie, d'une " vitalité " propres (attracteurs étranges, structures dissipatives, hiérarchies enchevêtrées, dynamiques chaotiques...).
L'intense productivité des calculateurs permet même de simuler des " êtres " non élucidés mathématiquement comme les fonctions " semi-calculables " ou les automates infinis de Church. Fuyant les cercles morts de la tautologie, les mathématiques conquièrent le flou, l'incertain, l'approximatif, mais aussi le " biologique ", le " vivant ", l'" autonome ". Loin d'être confinés dans le ghetto des spécialités, ces systèmes symboliques fraient des pistes nouvelles et sensibles, comme les images de synthèse...
Ces images " numériques " sont entièrement saisies par le langage - informatique ou logico-mathématique. Dès lors, elles peuvent disposer de l'arsenal des " modèles " déjà évoqués. Aussi assistons-nous à la genèse d'un art roboratif, fait d'images fluides, vivaces ou rêveuses, mues par les secrets enlacements des algorithmes diserts.
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Phénoménologie et psychanalyse ; étranges relations
Jean-Claude Beaune
- Champ Vallon
- Milieux
- 1 November 1998
- 9782876732582
Bien que contemporaines - les dates d'exercice intellectuel de leur maître respectif, husserl et freud, sont à peu près identiques - la phénoménologie et la psychanalyse ne se sont guère rencontrées.
Il y a certes quelques ponts éphémères, quelques velléités sans lendemain mais tout se passe comme si elles s'ignoraient, se " tournaient le dos ". pourquoi en est-il ainsi - et d'abord en est-il vraiment ainsi ? telle est évidemment la première question que veut poser ce colloque - sans prétendre la résoudre sans doute mais en ménageant à sa formulation le maximum d'ouvertures possibles.
Or des dialogues, il y en a - même sournois ou sans espoir la philosophie, le théâtre de sartre ou de beckett pourraient en dire quelque chose.
L'homme en attente, l'individu nauséeux ont puisé dans l'angoisse husserlo-heideggérienne et celle-ci, on le sait, remonte bien à son tour sans doute aux difficultés que l'homme-esprit éprouve à s'accepter comme corps. c'est ce que la philosophie nous enseigne, que l'on soit cartésien, mécaniste au sens du xviiie siècle, romantique ou même nietzschéen : mais ce sont la philosophie du xxe siècle et les sciences humaines de cette époque qui récupèrent, à leur dépit parfois, cette destinée d'une vérité physique appliquée à l'homme qui s'écroule et d'une humanité balbutiante qui ne parvient pas à parler.
Au-delà des solutions esthétiques et hellénistiques que l'idéalisme s'est ménagées pour refuser de se voir malade, en deçà également des hésitations d'un mathématicien qui abandonne son art pour mieux comprendre sa vie, on distingue bien quelques velléités d'échange, en tout cas un pont élémentaire. husserl, freud et leurs écoles sont toujours à la pointe de l'actualité : la condition de l'homme moderne se nomme d'abord " angoisse " - les regards phénoménologique, médical, littéraire et autres pourraient-ils la conjurer ? c'est la seconde question et on ne peut sans doute que tracer quelques pistes pour la saisir un peu mieux.
Lorsque deux colosses refusent ainsi de se voir, ce n'est pas par hasard - c'est qu'ils sont aveugles ou que le labyrinthe est trop vaste pour eux.
Dans tous les cas, il nous appartient d'en tirer des conséquences pour nous-mêmes - et pour le monde. de retrouver dans ces démarches impitoyables une double image capable, par réaction ou différence, de nous rendre quelque rêve du retour aux " choses mêmes " : le sens de celles-ci que l'angoisse, le lapsus, l'autisme ont trop longtemps évacué.
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Météores ; essai sur le ciel et la cité
Daniel Parrochia
- Champ Vallon
- Milieux
- 1 November 1998
- 9782876732384
Autrefois, les nuages craquaient comme des sacs (Anaximandre).
On poétisait sur le soleil (Héraclite), on moralisait les vents et les courants (Epicure, Sénèque). On confondait tout : comètes, étoiles filantes, tremblements de terre ... Et les météores étaient en nous, autant qu'hors de nous.
Mais - triomphe du mécanisme - on découvrit bientôt la fabrique de l'arc-en-ciel (Descartes), l'équilibre des pressions (Torricelli, Pascal), la pompe à vide, et avec eux les instruments classiques (baromètre, thermomètre, hygromètre, anémomètre ...).
Alors on classe, on tabule, on multiplie les relevés (Borda, Lavoisier).
Encore un peu et l'on préviendra les tempêtes (Le Verrier), on pourra choisir les traversées (Maury). Et voici les premières théories de la circulation de l'atmosphère, l'explication des cyclones et des anticyclones. La Terre, de l'équateur aux pôles : immense machine thermodynamique.
Enfin viendra l'informatique et ses programmes. La prévision, mais aussi ses limites, " l'effet papillon " (Lorenz).
Eternuez, dix mille morts. Vous êtes pris d'un léger doute ? D'un vertige ?
Ce livre, qui retrace une histoire millénaire et riche en images ( de l'âme du monde à l'hypothèse Gaïa), montre que la météorologie, merveilleuse interdiscipline, devrait concerner tout le monde : le spécialiste des sciences humaines comme l'homme politique ... Le familier du ciel comme l'ami de la cité. Il rappelle également que c'est un grand thème que l'idée d'une science du changement, sur lequel les savants ont beaucoup écrit, les poètes beaucoup rêvé ...
Enfin, il invite le philosophe à s'aérer. Ne serai-ce que pour mieux comprendre notre actuelle atmosphère informationnelle.
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Depuis plusieurs années maintenant, la notion de réseau connaît la faveur du grand public et des médias : on veut voir des réseaux partout, on veut mettre des réseaux partout.
Au-delà de la mode, des utopies, des rêves, il y a à cela plusieurs raisons valables. de l'atome aux galaxies, en passant par le territoire, l'entreprise ou la culture, la réticulation s'est emparée des lieux et des êtres, tissant sans cesse de nouvelles extensions (internet, téléphonie cellulaire. ). hier encore, les mots et les choses se distribuaient dans des tableaux, des arbres. le damier des champs reflétait le catalogue des substances.
Un ordre immuable semblait partout régner, dans la nature comme dans la société, au sol ou dans les nomenclatures. on voyageait peu. le roi, sa cour restaient à versailles, le peuple en ses provinces, le philosophe dans son poêle. le développement industriel et celui des communications ont changé la face de la terre. à la maille agricole, à l'organisation centralisée des villes et des villages s'est progressivement substitué un ensemble organique de liaisons denses, à la fois matérielles (routières, ferrées, fluviales.
) et immatérielles (lumineuses, hertziennes. ) qui nous rendent proche l'" amour du lointain ". à l'homme enfin devenu ce qu'il est, c'est-à-dire un " réseau pensant ", il restait à " penser les réseaux ". ce livre - et les travaux des chercheurs d'horizons différents qui le constituent entendent servir un tel projet.
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Parmi les machines que l'homme a créées pour son bonheur et pour sa ruine, il en est une qui possède une puissance propre : c'est l'horloge dont le vieux balancier n'en finit pas de battre comme un coeur, à son rythme, dans le souvenir d'une enfance perdue.
Ce balancier scande l'éternité des mondes et des atomes, depuis l'éternel retour des Anciens jusqu'à la vertu des matières et des signes dégagée par la technologie moderne et contemporaine. Il amène alors la Raison à imposer à ses normes des mesures, des cadences et des obligations que l'industrie exploite et met en oeuvre. Il conduit ainsi l'homme pris à son rêve d'immortalité mais victime de l'utopie de la science, de l'art, du travail ou du profit, étranger parfois aux objets qu'il a lui-même fabriqués, à se doter de jeunesses artificielles, répétitives et qui ne lui laissent en fin de compte que le destin de sa mort inéluctable.
Le balancier du temps et du monde est le point central où se rejoignent ces trois lignes de force issues de la matière, la machine et la mort qui constituent le cadre de notre condition arbitraire et nécessaire à la fois. On y discerne enfin l'ombre portée, la face cachée, le dernier sourire de l'automate.
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Trois interrogations que nous jugeons essentielles sont examinées dans ce livre.
D'abord il va être question de la constitution d'un langage - la nomenclature chimique -, un langage dont les mots veulent, doivent exprimer la nature des corps ainsi désignés. Il ne s'agit plus d'une étiquette, mais joue la correspondance " voco-structurale ". Problème voisin : comment représenter par une figure l'architecture même de substances complexes ? Pourra-t-on, à l'aide de quelques lignes, donner à voir et à penser l'organisation de telle ou telle substance ? Enfin, - les chimistes, mis en présence d'une multitude de composés qui ne cesse de croître, doivent les répartir de telle façon que les plus proches soient réunis et les différents nettement séparés.
Et chacun sait que Mendeleïev réussira cette distribution exemplaire, elle-même source de nouvelles découvertes. Bref, le mot, la figure, la fresque nous retiennent, les chimistes ayant inventé une discipline à la fois linguistique, iconique et topographique. F. D.
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La naissance de l'industrie à paris ; entre sueurs et vapeurs, 1780-1830
André Guillerme
- Champ Vallon
- Milieux
- 21 February 2007
- 9782876734593
Pour devenir capitale industrielle de l'Europe continentale, Paris développe entre 1780 et 1830 deux révolutions techniques.
La première, biochimique, se déploie grâce à l'humidité ambiante et à la fermentation des matières organiques qui imbibent le sous-sol et la nappe phréatique : la capitale est la principale productrice de salpêtre et assure ainsi près du tiers des besoins en poudre. Peaux, graisses, os, sang, grains, chiffons, poils, verre, ferraille, cendres, ces matières brutes sont collectées, triées et transformées en atelier pour devenir des matières premières de haute valeur travaillées par le corroyeur, le hongroyeur, le chandelier, l'amidonnier ou le boyaudier, le fondeur, l'étameur, le plombier.
Parallèlement à cette révolution artisanale qui tire parti d'un milieu particulièrement riche, une révolution chimique s'enclenche à l'initiative de l'Etat et des scientifiques qui s'impliquent pour rendre le royaume, la république, l'empire, moins dépendants des importations de soude, d'acide, de céruse, de cuivre, de fonte, d'or. Les manufactures - start-up dirions-nous aujourd'hui - prolifèrent dans les proches faubourgs, Grenelle, Vaugirard, La Gare, et aux portes, Saint-Martin, Saint-Denis, Temple, Saint-Antoine, engendrant de nouveaux métiers - blanchisseurs, cérusiers, raffineurs, laveurs de cendres - et de nouveaux produits - colle forte, bleu de Prusse, noir animal, platine, zinc, eau de Javel, soude - qui font du département de la Seine la première technopole.
Enfin, dans les années 1820, la mécanique se déploie, comme en Grande-Bretagne. L'atmosphère séquanaise évolue dangereusement. La nappe souterraine est très saline. L'air devient nauséeux. Aux pollutions organiques dégagées par l'artisanat et la putréfaction de matières résiduaires - boues, eaux usées - s'ajoutent les pollutions minérales provenant de l'industrie consommatrice de houille, de la métallurgie et de l'orfèvrerie qui diluent des vapeurs chargées de métaux, de la chapellerie qui exhale du mercure.
Les hôpitaux sont débordés ; les citadins rentiers se plaignent ; des épidémies couvent, malgré les mesures prises par la préfecture de Police pour enrayer les maux du progrès. Ambiance noire que quelques lumières éclairent avec peine. Cette histoire saisit l'ambiance ouvrière des arts industriels, elle décape une époque et une économie qu'on croyait bien connaître. C'est une histoire des techniques dans leur milieu.
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Le moment cybernétique ; la constitution de la notion d'information
Mathieu Triclot
- Champ Vallon
- Milieux
- 24 April 2008
- 9782876734845
Programmes, machines, réseaux, missiles, cerveaux, sociétés, électeurs, protéines... L'ensemble des choses dont nous pouvons dire aujourd'hui de manière banale qu'elles " traitent de l'information " forme une collection hétéroclite, mais qui, à l'abri de son évidence, échappe au questionnement. Le discours de l'information s'est immiscé dans toute notre culture, dans les discussions à propos de l'informatique et des réseaux bien sûr, mais aussi dans les sciences du vivant, les sciences de l'homme et de la société. Mais que voulons-nous dire au juste lorsque nous parlons ainsi quotidiennement d'information pour désigner des choses aussi diverses ? Le Moment cybernétique offre une généalogie de ce discours de l'information, à la source duquel il remonte à travers l'histoire de la cybernétique. Mouvement scientifique, accompagnant la naissance de l'informatique et de la théorie des télécommunications pendant la seconde guerre mondiale, la cybernétique a par la suite étendu l'empire de l'information en direction du vivant, de la société ou de l'esprit. L'enquête nous conduit ainsi des laboratoires Bell, où s'élaborent les concepts scientifiques de message et de contrôle, au monde des recherches de guerre qui voit se développer les analogies entre le vivant et la machine, l'intelligence et le calcul, jusqu'aux derniers engagements politiques de Wiener, le fondateur de la discipline, en lutte contre la militarisation de la science américaine à l'aube de la guerre froide. Au fil d'une exploration minutieuse de la formation du concept d'information, qui conjugue de manière toujours accessible les dimensions techniques, scientifiques mais aussi philosophiques et politiques, le livre de Mathieu Triclot apporte des éclaircissements originaux sur les tensions qui traversent la vie de la cybernétique. Il défend l'idée que le concept d'information apparaît toujours clivé entre le code et le signal. Si le code est une suite de symboles, de zéros et de uns, susceptible de s'incarner dans n'importe quelle matière, le signal est une matière qui prend forme, l'expression d'un ordre matériel. La cybernétique a fait, à la différence de l'intelligence artificielle, le choix du signal contre le code, proposant une véritable physique de l'information. C'est à la redécouverte de ce programme de recherche original, qui éclaire les débats contemporains sur la nature de l'information, que nous invite ce livre, attentif à la part d'invention philosophique des sciences et des techniques.
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En France, les municipalités produisent aujourd'hui 47 millions de tonnes de déchets par an ; elles consomment environ 6 milliards de mètres cubes d'eau et produisent à peu près la même quantité d'eaux usées.
Les villes consomment donc beaucoup et perdent presque autant. Elles constitueraient, selon l'écologue Eugen Odum, des écosystèmes parasites, vivant au détriment des autres tout en affectant le fonctionnement biogéochimique de la biosphère.
Déchets et eaux usées sont d'excellents traceurs des relations qu'entretiennent les sociétés et la nature et permettent de s'interroger sur la permanence du parasitisme urbain - question d'importance au regard des enjeux du développement durable.
Une première analyse laisserait penser que l'industrialisation et l'urbanisation caractéristiques des deux derniers siècles ont renforcé le rôle destructeur des villes et la production de déchets de toutes natures : le déchet serait en quelque sorte consubstantiel à la ville. Sabine Barles revient ici sur cette hypothèse en montrant que l'invention des déchets urbains est relativement récente. L'analyse et l'exploitation du cycle des matières furent en effet déterminantes au cours de la première révolution industrielle.
Leur circulation de la maison à la rue, de la rue et de la fosse d'aisances à l'usine ou au champ contribua au premier essor de la consommation urbaine. Scientifiques, industriels, agriculteurs - parfois confondus - regardèrent la ville comme une mine de matières premières et participèrent, aux côtés des administrations municipales, des services techniques et des chiffonniers, à la réalisation d'un projet urbain visant à ne rien laisser perdre, projet garant de la salubrité urbaine, du dynamisme économique et de la survie alimentaire.
Ce n'est que lorsque industrie et agriculture purent se passer de la ville qu'elles lui abandonnèrent ses excreta au profit d'autres matières premières plus abondantes, plus rentables, plus commodes. De fait on assiste, à partir des années 1880, à une dévalorisation progressive des excreta urbains qui se feront plus tard déchets et eaux usées, malgré les tentatives faites çà et là pour leur trouver de nouveaux débouchés.
Chimistes et agronomes se détournèrent de la ville qui échappa dès lors à leurs compétences. La ville, principal lieu d'une consommation dont elle avait dans un premier temps permis l'essor, rompait ses liens matériels avec l'agriculture et l'industrie et devenait ce que dénonçaient les premiers écologues urbains : un parasite.
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La forme des crises ; logique et épistémologie
Daniel Parrochia
- Champ Vallon
- Milieux
- 28 May 2008
- 9782876734852
Malgré l'accroissement massif de nos connaissances, y compris dans les domaines de la sécurité et de la fiabilité des systèmes, nous continuons de vivre aujourd'hui dans un monde changeant, qui tonnait le risque, la menace et l'aléa - l'intensification des communications, mais aussi celle du " bruit ".
Au surplus, la complexité des sociétés technologiques avancées, le phénomène économique de la dernière " mondialisation ", la situation internationale issue de la fin de la guerre froide et ses nombreux effets " pervers " (décomposition des blocs, multiplication des états, guerres périphériques...) nous amènent à devoir affronter désormais de façon assez régulière le surgissement de l'irrégulier, autrement dit, le phénomène des crises.
Cet ouvrage, qui en analyse différentes formes (mutations métaphysiques, crises psychologiques, sociales, économiques, stratégiques, défaillances technologiques ou ruptures scientifiques), essaie aussi d'en construire des modèles, à la fois qualitatifs et quantitatifs. il tente de relever ce nouveau défi pose à la rationalité, et qui la pousse à ses limites, sinon au paradoxe : repérer des " signaux faibles ", prévoir l'imprévisible, gérer l'ingérable, maîtriser le chaos : en bref construire - si c'est possible - une véritable " logique des crises ".