Bien des auteurs et des personnages de la littérature ont inspiré les psychanalystes, à commencer par Freud et Lacan, dans la théorisation des processus inconscients. Dans ce même fil, Simone Wiener fait ici figurer nombre de ceux qui l'ont accompagnée dans son parcours et sa position d'analyste.
Elle expose comment Aharon Appelfeld, Paul Celan, Georges Perec et Henri Meschonnic permettent de retrouver ce que Lacan nommait « lalangue », par le truchement de la lettre.
Leurs voix, aujourd'hui si reconnues, ouvrent aussi un questionnement sur la parole de femmes prises dans l'aventure de la psychanalyse, comme Sabina Spielrein, Margarete Hilferding ou Elfriede Hirschfeld, et sur la possibilité pour elles d'être entendues, de se faire entendre. S'y découvrent le transfert et ses possibles impasses, à partir desquels Simone Wiener avance l'idée, inspirée de la position de Diotime dans Le Banquet, d'une autre façon, « pas-toute », de mener une cure.
Apparaissent alors à l'auteure d'autres modalités d'élaborations psychiques possibles, liées à l'art, au mythe ou à l'humour, comme ce fut le cas par exemple pour Aby Warburg ou Jean-Michel Basquiat.
Sa rencontre avec Luigi Pirandello endeuillé dans Colloque avec des personnages lui souffle, in fine, l'hypothèse d'un au-delà possible à l'expérience d'une perte réelle : une forme de retournement du regard des absents, qui peut faire transmission.
Cet ouvrage d'une grande finesse est un hommage à ces personnages grâce auxquels il devient possible de « s'autoriser de soi-même et de quelques autres ».
Sylvie Sesé-Léger aborde ici le second volet de sa lecture des cures freudiennes en renouvelant l'approche des cures masculines cette fois. Comme dans Freud et le féminin, elle met en résonance les écrits de Sigmund Freud avec le témoignage de ses patients qui ont publié les souvenirs de leur analyse, en faisant la lumière sur le contre-transfert de l'inventeur de la psychanalyse. Son approche révèle combien Freud se trouve aux prises avec l'inconscient de ces hommes venus entreprendre une analyse avec lui, et revient sur certaines problématiques liées à la sexualité masculine dans la première moitié du XXe siècle. Les analyses de l'Homme aux rats et de l'Homme aux loups ont été à l'origine du corpus doctrinal de la psychanalyse ; celles de Sergeï Pankejeff et de Ernst Lanzer, de notions majeures. Tandis que d'autres patients, Abram Kardiner, Ernst Blum, Smiley Blanton et Joseph Wortis, des élèves venus majoritairement d'Amérique pour recevoir leur formation et être autorisés à exercer la psychanalyse, ont incarné les pièges de l'analyse didactique où l'analysant se soumet au savoir qu'il est censé transmettre. Ce livre expose brillamment la scène transférentielle et ses tumultes, en redonnant vie à ces rencontres qui se déroulaient au 19 Berggasse.
Freud et Napoléon, une improbable rencontre?? Et pourtant... Catherine Muller rend possible un tel rapprochement en utilisant les lettres de Freud à Arnold Zweig et Thomas Mann, dans lesquelles il confère au prénom Joseph un « destin » pour Napoléon. Freud met au jour, avec une étonnante sagacité, l'importance que revêt ce prénom pour Napoléon : celui de son frère aîné. À partir d'éléments biographiques et du récit biblique de la légendaire figure de Joseph vendu par ses frères, se cristallise, selon ses propres termes, « le complexe fraternel ». Il donnera un sens à des décisions en partie énigmatiques chez Napoléon, parmi lesquelles l'hasardeuse expédition en Égypte mais également sa passion pour Rose de Beauharnais qu'il rebaptise Joséphine. Catherine Muller montre qu'en regardant Napoléon à travers le prisme de « Joseph », l'homme Freud dévoile aussi les composantes de son propre destin à un moment tragique de sa vie où la princesse Marie Bonaparte contribue à le sauver. Cette étude captivante, entrecroisant psychanalyse et Histoire, nous fait ainsi découvrir des similitudes destinales entre ces deux hommes d'exception que tout semble séparer.
Un portrait vivant du maître viennois Sylvie Sesé-Léger renouvelle ici la lecture des cures féminines de Freud, en mettant l'accent sur la position contre-transférentielle de ce dernier. Sa démarche consiste à mettre en résonnance les textes cliniques de Freud avec les textes des analysantes elles-mêmes, qui ont publié le récit de leur analyse : Dora, Elfriede Hirschfeld, Sidonie Csillag, Anna G. et Hilda Doolittle. L'auteur met ainsi en lumière d'une part combien les vicissitudes affectives de ces femmes ont confronté Freud à l'énigme du féminin tout en fécondant sa doctrine; d'autre part une certaine conception de la cure analytique. Au fil des ans, Freud observe que la relation à l'objet primitif, la mère, est déterminante pour la vie affective et sexuelle féminines, mais il se refusera pourtant à occuper la place maternelle pour ses patientes. Cette rigidité n'est pas sans avoir entraîné une certaine surdité au vécu de ces femmes. En restituant ces échanges sur la scène du transfert, se profilent les portraits vivants du maître viennois et des femmes qui se rendaient au Berggasse 19.
Si la cure analytique est ce lieu où l'on parle de soi, peut-on véritablement y parler de Soi au sens d'une structure définitive qui nous arrimerait à une identité centrale ? L'existence même de l'inconscient y objecte sérieusement : Soi ne s'atteint pas.
Pourtant, il est des circonstances qui produisent un trouble identitaire, dévoilant une vacance dans la conscience que chacun peut avoir de son existence, et donnant le sentiment qu'une sorte d'altérité intime se signale. Comment appréhender ces difficultés identitaires ? De quelle façon les envisager par rapport au Moi ? S'agit-il d'une instance, d'un trouble de la conscience, d'une forme de décompensation...? Cet ouvrage propose d'analyser ces vertiges qui sapent l'identité d'un sujet, bouleversent ses idéaux, renversent ses certitudes, en s'appuyant sur le parcours de plusieurs artistes.
Des artistes se sont en effet avisés très tôt de cette cartographie intérieure, ainsi que des créations ou impasses qu'elle rendait possibles. Ils y fonderont chacun leur pratique : y forgeant leur acte poétique, comme René Char ou Roberto Juarroz ; y brossant une clarté d'être et d'ombre nouvelle, comme Pierre Soulages ; ou y faisant fleurir une langue nouvelle et sensorielle dégagée du maternel et de l'originel, comme Akira Mizubayashi. Les psychanalystes, quant à eux, y reconnaîtront des traces sensibles du parlêtre, dont la cure ramène parfois des rumeurs fécondes ou périlleuses du côté de chez soi.
Les psychanalystes accueillent aujourd'hui des patients différents de ceux que décrivent les premiers textes freudiens : les changements de modèles culturels ont favorisé l'apparition d'une culture du narcissisme et de la satisfaction immédiate, d'identités chancelantes, de la recherche de surstimulations entraînant une certaine violence émotionnelle qui rend difficile une possible élaboration psychique. C'est ainsi qu'est apparu dans la clinique analytique la notion d'état limite. B. de Senarclens s'intéresse ici à ces pathologies narcissiques identitaires dont la quête spécifique, qui souvent s'exprime sans mots, bouscule et interroge les analystes contemporains. Elle invite les analystes à approfondir les modalités de leur pratique avec ces patients qui, plus que d'autres, requièrent une approche sur-mesure sans placage théorique. Au travers de cas cliniques notamment, elle insiste sur la place du corps dans l'analyse, tant sur les diverses manifestations du corps du patient que sur le langage corporel de l'analyste. Elle éclaire également combien la cure de ces patients implique une oscillation constante entre un travail d'archéologue et un travail d'architecte puisant aux sources du contre-transfert et de son élaboration.
Le transfert est l'un des concepts-clés et le ressort le plus important de la psychanalyse. C'est par lui que l'inconscient s'implique dans la cure. Sa mise au jour et son élaboration théorique reviennent incontestablement à Freud. Sans transfert, allié irréductible et rebelle, l'analyse est impossible. Freud ne cesse de le rappeler et de le redécouvrir, mais, précise-t-il, " il bouleverse tous les calculs " et " doit être deviné ".
Dans cet ouvrage, Catherine Muller analyse la confrontation de Freud à l'inconscient dans le surgissement du transfert au fil de sa clinique. Ce concept s'y révèle avec clarté, et dévoile les paradoxes avec lesquels s'est construite la rationalité freudienne. Cette étude, originale et inédite, met en lumière la nécessité d'une présence d'énigme qui tient à l'inconscient lui-même.
Dans cet ouvrage, Monique Lauret retrace l'histoire du mouvement psychanalytique en Chine qui ne cesse de croître depuis les années 1980, analyse l'influence de la pensée chinoise sur la théorisation de Lacan, et établit des passerelles entre pensée chinoise et psychanalyse.
Il existe un passage inattendu entre pensée chinoise et psychanalyse autour de la question de l'humanisation et du rêve. Lacan s'intéressa en particulier à trois notions de la philosophie chinoise : la nature, le désir et la sagesse (discernement). Il reprit les concepts clés de Mencius, fils spirituel de Confucius : le Xing (nature ou sexuel) et le Ming (décret du Ciel ou destin) à partir desquels il conçut la nature de l'être parlant soumis aux lois du Ciel, c'est-à-dire celles de son désir et de sa jouissance. Il porta aussi un regard neuf sur la langue et l'écriture idéographique chinoises : il y découvrit un système de signifiance révélant le mécanisme subtil de l'inconscient structuré comme écriture, ce qui lui permit d'approfondir les concepts de jouissance, d'identification et de Trait unaire. Enfin, il dénonça l'effondrement de la « sagesse » de l'humanité à l'origine de nos maux contemporains : une précipitation dans la haine et l'archaïque, la haine étant le plus puissant vecteur de la pulsion de mort.
Par ce dialogue entre deux pensées civilisationnelles qui défendent l'idée que l'homme ne peut être humain que dans sa relation à l'autre, cet ouvrage propose une position de discernement face à l'essor de la révolution techno-numérique et au malaise dans la civilisation.
Cet ouvrage se propose d'aborder la question du christianisme que Lacan saisit, hors de toute adhésion confessionnelle, comme un fait de langage majeur. Lacan s'intéresse moins au contenu religieux du christianisme qu'à sa structure fondamentale. De ce point de vue, saint Augustin et la pensée augustinienne ne cessent de l'inspirer tout au long de son enseignement.
L'ouvrage met en lumière les ressorts de l'interprétation critique que Lacan propose de différents motifs du christianisme : la mort de Dieu et de l'athéisme, la foi et la croyance, l'amour et la jouissance, le péché et la grâce, etc. Un point intéresse particulièrement la psychanalyse : le christianisme a élaboré une théorie de l'excès ou du surcroît qui accorde une valeur particulière à une singularité a-normative. Ici se pose le problème de la vérité.
Même si c'est dans une perspective bien différente, Lacan en a fait à son tour une question qui est au coeur de l'acte analytique.
De tout temps, l'amour, le sexe, la jouissance ont posé problème. La li9érature s'est construite sur les récits de ces difficultés propres à ces êtres doués du langage que sont les humains. L'organisaAon patriarcale phallocentrique a résolu la quesAon en a9ribuant aux hommes à la fois le logos et le désir qui en est issu. Les femmes, objet de ce désir, désirées donc, étaient dans la nécessité de passer par un homme pour avoir accès au désir. Par contre, elles bénéficiaient d'une jouissance ineffable. Ce9e hiérarchie se soutenait du pouvoir de la foncAon paternelle, juridique chez les Anciens et sacralisée par le discours patrisAque chréAen.
Ce9e organisaAon a été mise en cause dans la psychanalyse, d'abord par Freud qui pose les femmes comme désirantes mais garde « le primat du phallus » et le concept de « Père » dans son accepAon classique. Avec Lacan, dans ce qu'il appelle « la métaphore paternelle », le père devient « le Nom-du- Père » porté par la mère et transmis à l'enfant. Il s'agit de prendre ce renversement à la le9re pour en saisir la portée révoluAonnaire. Une autre dimension de la jouissance a pu alors se faire jour.
Dans une société capitaliste où le profit génère une compéAAvité morAfère, l'entrée des femmes dans le logos les pose à égalité avec les hommes. Elles entrent dans la compéAAon et elles ont sans doute plus de travail à faire pour se voir reconnues dans leur compétence. Mais la quesAon de la sexualité, c'est à dire de la relaAon d'amour, de sexe, de jouissance entre un homme et une femme, n'en est pas pour autant résolue.
Ainsi, Suzanne Ginestet-Delbreil aborde la quesAon du désir au féminin sous l'angle historique et psychanalyAque. Elle nous éclaire sur le monde contemporain où ces relaAons ne semblent pas aussi sereines qu'on le souhaiterait.
La perte de soi : nécessité intérieure et autodestructivité La perte de soi est souhaitable pour tout un chacun, au titre d'une nécessité intérieure. Se parler et parler, être présent dans les mots et être représenté par les mots : cela suppose de consentir à se perdre, à ne jamais coïncider avec soi-même.
À l'opposé, il est une autre ?gure de la perte de soi, relevant de la destructivité et de l'autodestructivité : la disparition de soi à soi-même. Comment survivre à cette perte ? Telle est bien la question posée par « l'existence limite », qui traverse tout le livre.
Avec deux éclairages, aussi indirects qu'essentiels. D'une part, le dialogue de Freud et Ferenczi, destructeur et créateur, qui re-commence la psychanalyse. D'autre part, l'écriture survivante de Kertész, qui fait oeuvre de l'e?acement.
Les pathologies de la modernté à la lumière de la psychosexualité En l'inscrivant dans le fil de ses recherches antérieures sur l'adolescence et les avatars des processus de subjectivation, et en s'appuyant sur son expérience clinique, l'auteur fait l'hypothèse que la contradiction actuelle entre l'invitation à la désinhibition des désirs et la résurgence du puritanisme mène à un fonctionnement pervers du surmoi et de l'autorité, ainsi qu'à une montée de la violence (pédophilie, violences faites aux femmes, inceste) et à de nouvelles idéologies destructrices (thématiques identitaristes, complotisme, djihadisme). Quoi que la structure névrotique n'ait pas disparu, elle se voit aujourd'hui débordée par une tendance à l'extériorisation de l'intime, trouble existentiel singulier, parfois proche de la détresse: les "états limites" deviennent dès lors le fonctionnement adaptatif prévalent. Cette hypothèse éclaire le malaise dans la civilisation actuel, et réinterroge la conception du polymorphisme sexuel et des identifications. Elle conduit aussi à repenser les cures des patients limites du point de vue d'un trouble de la subjectivation entre sexe et genre.
Lapsus, maladresses, étrangetés, comportements inadaptés... Nul n'est épargné par une certaine folie quotidienne. L'auteur revisite ici, à la lumière des structures psychiques mises en évidence par la psychanalyse, les questions que chacun affronte au quotidien avec plus ou moins de tourments : la vie, la mort, les origines, l'amour, les relations au maître et à la maîtrise, à la servitude, au manque, aux croyances singulières et collectives... Toutes se situent sous l'égide des rapports que nous entretenons avec deux désignaTIons : l'"autre" et le grand "Autre". Si l'autre ou les autres sont les personnes gravitant autour de nous, à la fois semblables, familiers et étranges, l'Autre s'exprime d'une manière voilée dans des formules que nous prononçons souvent sans toujours en avoir conscience : "Je me demande..." Qui demande à qui en luimême ? L'Autre est une figure abstraite : Dieu, l'inconscient freudien, l'esprit du législateur, la science, la Vérité, la métaphore paternelle, le Sujet Supposé Savoir... Considérant ces figures de l'Autre comme des miroirs de la subjectivité, l'auteur spécifie certains enjeux propres aux structures hystériques, obsessionnelles et phobiques, interrogeant ainsi le malaise que chacun peut ressentir dans ses rapports à la culture ou à la civilisation.
Freud prête à l'enfant des pulsions constitutionnelles en même temps que la capacité à se représenter. Ainsi, il peut s'imaginer en OEdipe, sans devenir fou ni se tuer. Toutefois, cette possibilité de se retourner sur sa propre image n'est pas innée. Elle est liée à l'aptitude de l'entourage maternant à en favoriser la mise en place.
L'auteur développe de façon novatrice des questions touchant aux assises de la subjectivité, et aux bases de la théorie et de la pratique analytiques.
Il montre combien la psychanalyse est une aventure où se questionne le lieu des origines. L'analysant a l'opportunité de contraindre l'analyste à revenir sur ses propres fondements pour en faire son psychanalyste.
Puisant dans la littérature - Melville, Kafka, Celan -, comme dans sa grande expérience clinique, Philippe Réfabert, dans cet ouvrage riche et documenté, conduit le lecteur aux confins de ce que témoigner signifie.
Des fake news au procès d'Outreau, la crise de la vérité affecte notre monde contemporain.
Mais elle traverse aussi le champ analytique depuis ses débuts : les psychanalystes ont-ils affaire à la vérité historique ou au fantasme ? Entre empathie et vérité scientifique, comment la psychanalyse peut-elle préserver cet espace de co-construction d'un récit, ni vrai ni faux, qui relate la vérité du sujet ?
Dans cet ouvrage très documenté, qui s'appuie sur de nombreux exemples - impostures, faits divers, erreurs judiciaires, tromperies historiques - et sur la clinique psychanalytique, Jean-François Solal montre combien le rapport complexe de chacun à la vérité peut être éclairé par la psychanalyse.
Figure historique de la psychanalyse contemporaine, Joyce McDougall a suivi un parcours international.
Néo-Zélandaise, après ses études universitaires, elle vient se former en Europe, à Londres, puis à Paris. Elle y rencontre Anna Freud, Donald W. Winnicott, Jacques Lacan et Piera Aulagnier. Elle s'impose rapidement par l'originalité de son travail. Pionnière, elle publie Dialogue avec Sammy, récit d'une psychanalyse d'un enfant psychotique. Son approche est très novatrice, ses intérêts multiples, qu'ils concernent la conduite des cures d'enfants ou d'adultes, la vie psychique comme théâtre intérieur, l'art et la créativité, la sexualité féminine.
Son absence de sectarisme et la qualité de son style font de Joyce McDougall une psychanalyste majeure de notre temps. Philippe Porret relate la vie et le cheminement intellectuel de cette praticienne hors pair avec clarté et justesse. Ce livre est une merveilleuse initiation à la psychanalyse.
La psychanalyse s'est développée à la faveur de ses interactions avec la philosophie pas seulement comme un instrument critique, mais aussi comme une pratique qui bouleverse les critères du normal et du pathologique, et la pensée elle-même.
Néanmoins, la psychanalyse doit reconnaître que ses concepts exigent d'être mis à l'épreuve philosophiquement, qu'elle peut être interrogée sur sa spécificité et sur ce qu'elle invite à concevoir autrement : la sexualité, l'exercice de la pensée, les relations nouées entre les hommes dans le registre de la vie commune et des pouvoirs. Ce double mouvement est analysé ici selon deux axes principaux : qu'est-ce qui fait l'originalité de la conception freudienne de la sexualité ? Quel regard neuf la psychanalyse apporte-t-elle sur les rapports entre le réel et la pensée ?
A la lumière des nouvelles données théoriques et de sa riche expérience clinique, Suzanne Ginestet-Delbreil étudie un des concepts fondamentaux de la psychanalyse le narcissisme.
Là où les sociologues insistent sur son excès et ses conséquences dans nos sociétés contemporaines, les analystes préfèrent en souligner les défaillances. Mais les théories et les pratiques freudienne et lacanienne sont-elles suffisantes pour en rendre compte et soulager la souffrance des patients ? Après avoir commenté les principales conceptions du narcissisme, l'auteur en dégage les caractéristiques.
Celui-ci, véritable appel à l'être et à la nomination permet au sujet de se situer dans sa filiation. Pour illustrer son approche, elle développe une étude psychanalytique du phénomène sectaire. Elle en montre les mécanismes de dépersonnalisation, d'effacement de l'individu et de destruction des processus symboliques qu'il implique.