Dans une langue concise et blanche, Maxence Fermine cisèle une histoire où la beauté et l'amour ont la fulgurance du haïku. On y trouve le portrait d'un Japon raffiné où, entre violence et douceur, la tradition s'affronte aux forces de la vie.
Il faut mysogyne, mauvais époux et mauvais père, un peu courtisan dans ses dédicaces, libertin dans ses Contes, et fidèle dans ses amitiés. Restent ses "Fables", que nous publions ici intégralement, sans commentaire, simplement parce qu'elles sont son chef-d'oeuvre, que toutes méritent qu'on les lise et les relise, que nombre d'entre elles hantent à jamais la mémoire des écoliers que nous fûmes, et parce que la maîtrise de son art s'y déploie pour notre plus grand plaisir.
Décidée à vendre la maison du Finistère, où depuis l'enfance, elle passait ses vacances en famille, parce que restée seule, elle n'en a plus l'usage, et surtout parce que les souvenirs qu'elle garde de ce temps sont loin d'être heureux, Claire prend un congé d'une semaine de son bureau parisien pour régler l'affaire. Elle se rend sur place en voiture un dimanche d'octobre. Arrivée chez elle, une bien mauvaise surprise l'attend. Son projet va en être bouleversé. Cela pourrait être le début d'un roman policier. Il n'en est rien ou presque. L'enquête à laquelle la narratrice se voit soumise n'est que prétexte à une remontée des souvenirs attachés à cette maison autrement dramatique pour elle.
Et si, à près de cinquante ans, elle faisait enfin le point sur elle-même et les siens ?
Dans La Maison de Bretagne, Marie Sizun reprend le fil de sa trajectoire littéraire et retrouve le thème dans lequel elle excelle : les histoires de famille. Il suffit d'une maison, lieu de souvenirs s'il en est, pour que le passé non réglé refasse surface. L'énigme d'une mère, l'absence d'un père, les rapports houleux avec une soeur, voici la manière vivante de ce livre. Mais comme son titre l'indique, c'est aussi une déclaration d'amour à la Bretagne, à ses ciels chahutés et sa lumière grandiose, à l'ambiance hors du temps de ce village du bout des terres, face à l'Océan, où le sentiment de familiarité se mêle à l'étrangeté due à une longue absence.
Toutes les cités grecques se réclament d'un héros fondateur mythique. Celui de Thèbes se nomme Cadmos.
La fondation légendaire de Thèbes est la conséquence de l'enlèvement d'Europe par Zeus, jeune princesse phénicienne que le roi des dieux enleva en prenant la forme d'un taureau. Son père envoya à sa recherche ses trois fils, Cadmos, Phénix et Cilix. Ne la retrouvant pas, ils s'établirent en différents lieux de la Grèce. L'aîné, Cadmos, s'installa en Thrace, puis à Rhodes. Après de nombreuses mésaventures, il édifia la ville qui, avant d'être nommée Thèbes, fut appelée Cadmée.
Les malheurs qui ont nourri le cycle thébain commencent avec Laïos, père d'OEdipe, héritier du trône thébain, en bas âge à la mort de son père. Chassé de la cité à sa majorité, Laïos trouve refuge à la cour de Pélops, roi de Mycènes, qui lui confie son fils Chrysippe, que Laïos enlève et viole. Pélops appelle alors sur Laïos et sur Thèbes la malédiction d'Apollon, et les catastrophes vont s'accumuler : Laïos sera tué par son fils et sa lignée souillée par l'inceste que ce fils commettra avec sa mère. Deux crimes entre tous les crimes.
Le cycle thébain s'achèvera sur l'épisode des Épigones, les « descendants », qui se lanceront dans une nouvelle guerre.
Violence et passions, assassinats, malédictions, fatalités inexorables. Il y avait là de quoi nourrir de grandioses tragédies, et les auteurs ne s'en sont pas privés.
Un jour, Aloïs, libraire à Paris, reçoit la lettre d'un notaire d'Inverness lui annonçant qu'une inconnue, Heather McFerguson, lui lègue sa maison dans le village d'Applecross. Qui est cette femme, dont Aloïs n'a jamais entendu parler et surtout pourquoi fait-elle de lui son héritier universel ?
Un jour, Aloïs, libraire à Paris, reçoit la lettre d'un notaire d'Inverness lui annonçant qu'une inconnue, Heather McFerguson, lui lègue sa maison dans le village d'Applecross. Qui est cette femme, dont Aloïs n'a jamais entendu parler et surtout pourquoi fait-elle de lui son héritier universel ? Après avoir hésité, il accepte et se rend en Ecosse pour essayer d'élucider ce mystère. Là-bas, dans ces paysages faits d'eau, de pierres et de lumière, il ressent ce sentiment si étrange d'avoir trouvé sa place. Tout, absolument tout l'attire dans ce pays inconnu. Il y rencontrera des personnes qui, avec leur part d'ombre et de lumière, l'aideront, chacune à sa manière, à comprendre la raison de sa présence. Commence alors pour Aloïs un long chemin de questionnements où, peu à peu, se dessinera une part de son histoire familiale. Il sera question de hasard, d'audace et de renoncement, de choix, de promesses tenues ou non, de silence et de secrets. Les paysages d'Ecosse, omniprésents, grandioses et purs, qui gardent la trace de ceux qui passent et veillent sur eux, dévoileront la fuite, le déchirement entre passion et raison, fidélité et abandon.
La si belle lettre que Francis Grembert adresse à l'alouette des champs est une déclaration d'amour, un appel, un pamphlet pour préserver la joie.
Entre poésie et colère, voici l'évocation sensible et délicieuse d'une histoire commune, dont nous n'avons parfois même plus conscience. La première qualité de ce livre est de nous la rappeler. Mais c'est aussi et surtout un cri de ralliement pour la préservation de la faune de nos campagnes.
La si belle lettre que Francis Grembert adresse à l'alouette des champs est une déclaration d'amour, un appel, un pamphlet pour préserver la joie.
En 1926, au retour d'un reportage en pologne, albert londres se lance dans un projet qui lui tenait à coeur depuis très longtemps : s'arrêter - pour une fois - à marseille, et faire le portrait de cette ville déjà cosmopolite, ouverte sur le monde, et qui n'a été jusqu'ici pour lui qu'une brève étape.
Conçus dès le départ pour aboutir à un livre, les douze articles qui constituent ce reportage seront publiés dans l'été 1926
Après le beau récit biographique sur Armen Lubin, Hélène Gestern revient au roman avec cet énigmatique 555. Comme souvent chez l'autrice, le roman classique se double d'une enquête. Il s'agit ici d'une enquête sans enquêteur. Mais plutôt de la résolution d'une énigme qui nous tient en haleine jusqu'au bout. De quoi s'agit-il?? Dans 555, Hélène Gestern nous entraîne dans le monde de la musique, des musiciens, de la lutherie, avec une puissance qui lui appartient. C'est en défaisant la doublure d'un étui à violoncelle que Grégoire Coblence, associé d'un luthier, découvre une partition ancienne. Après l'avoir fait déchiffrer, il acquiert la certitude qu'elle a été écrite par Domenico Scarlatti, le plus illustre des compositeurs pour clavecin. Mais la partition disparaît. Cinq êtres, dont l'existence est intimement liée à l'oeuvre du musicien, se lancent alors à corps perdu à la recherche du précieux document, dans un contexte où vérité et mensonges, sincérité et faux-semblants ne cessent de se télescoper. de la plus troublante des façons. Mais comme toujours dans les romans d'Hélène Gestern, ces cinq hommes et femmes, au fil de la diabolique partie d'échecs à laquelle ils vont devoir prendre part, sont peu à peu amenés à questionner leur passé, leurs amours, leurs espérances et leurs erreurs, à la faveur d'une quête qui va bouleverser durablement leurs existences.
Scarlatti, compositeur génial aux 555 sonates, est le fil conducteur de ce roman «musical». Sa musique envoûtante en est la bande sonore. Et peu importe, finalement, de savoir s'il faut en ajouter une 556e.
Dame Shônagon, au début du XIe siècle à la cour de l'ancien Japon, a tracé son quotidien au fil du pinceau dans ses célèbres Notes de chevet.
Comme elle, après le merveilleux Au Japon ceux qui s'aiment ne disent pas je t'aime, Elena Janvier passe en revue tout ce qui nous fait battre le coeur, au Japon comme ailleurs. En se penchant ainsi sur ce que la vie nous donne, au hasard des circonstances lumineuses ou sombres, elle nous apprend que ce que l'on pensait insignifiant nous accompagne toute la vie.
Pascal Bonafoux nous entraine non sans malice dans les arcanes de Rome.
C'est un guide fait pour se perdre avec délice !
Dès la première page, l'auteur avertit son lecteur : " Vous n'y trouverez ni ordre ni suite : ce sera à vous de débrouiller ce fatras si vous en avez envie. N'espérez pas que je m'en donne la peine. " Car pour quiconque arrive à Rome une évidence s'impose : on peut être formidablement heureux dans le chaos des siècles et des cultures (et davantage encore lorsqu'on en connait les secrets) et se sentir chez soi dans cette ville dont on ne sait rien, si ce n'est qu'elle est la seule Ville éternelle.
Mais de quelle éternité s'agit-il ?
Pascal Bonafoux nous entraine non sans malice dans les arcanes de Rome.
C'est un guide fait pour se perdre avec délice !
Stéphane Lambert questionne l'oeuvre de Paul Klee (1879-1940) depuis la ville de Berne, en Suisse, où le peintre est né et enterré.
Cent mètres séparent la fondation Paul Klee de sa sépulture : cette proximité entre la réalité concrète de l'abîme et la vitalité de la création est au coeur des réflexions que mènent Stéphane Lambert dans ce livre fin et sensible, dont chaque chapitre a pour titre une citation de Klee (" Écrire et dessiner sont identiques en leur fond ", " L'endroit où notre cerveau et l'univers se rejoignent ", " Ni ailé ni captif ", " Abstrait avec des souvenirs ", " Je peignais, je peignais et soudain je me suis mis à danser "). Ainsi l'esprit du peintre accompagne le lecteur dans un voyage où réalité et mythologie s'épousent.
À la mort d'OEdipe, Étéocle et Polynice, ses deux fils, conviennent de régner à tour de rôle sur Thèbes. Mais, au moment voulu, Étéocle refuse de laisser le trône à son frère.
Furieux, Polynice quitte Thèbes, va à Argos, y épouse une des filles du roi Adras, puis part en guerre contre Thèbes et son frère. L'armée d'Argos est défaite. Étéocle et Polynice s'entretuent. La pièce d'Antigone commence quand les deux filles d'OEdipe, Antigone et Ismène, apprennent que Créon, le roi de Thèbes, vient d'interdire l'enterrement de Polynice, leur frère, pour le punir d'avoir combattu contre sa patrie.
Antigone transgresse le décret de Créon : elle veut enterrer son frère. Sa révolte n'est pas d'ordre seulement personnel et familial. Créon et Antigone incarnent deux idées de la communauté, deux conceptions de la loi, deux versions du sacré. Au coeur du conflit tragique, la vérité humaine et politique de la communauté est liée au sens que les vivants donnent à la mort et à la place qu'ils réservent aux morts. Apparue autour du VIIe siècle avant J.-C, la figure d'Antigone a traversé les siècles et les langues pour atteindre à l'universel.
Sophocle a écrit environ cent vingt pièces (il nous en reste huit). Très attaché à sa ville, il passa les quatre-vingt-dix années de sa vie à Athènes. Athlète, musicien, chanteur et poète, Sophocle participa aussi au gouvernement, devint stratège (après le succès d'Antigone en 442 avant J.-C.), prit part à l'expédition de Samos avec Périclès et Thucydide. Les Athéniens, à sa mort, l'élevèrent au rang des dieux et lui consacrèrent un
temple.
Comme l'écrivait Vincent dans son ultime lettre : Vraiment nous ne pouvons faire parler que nos tableaux.
Il en ressort un chemin fulgurant et habité où l'art éclaire la quête spirituelle d'une vie en laquelle chacun d'entre nous pourra reconnaître ses plus essentiels questionnements.
Stéphane Lambert retrace la vie itinérante du plus humain des peintres en le suivant dans cinq lieux emblématiques (Amsterdam, Paris, Arles, Saint-Rémy et Auvers-sur-Oise) avec pour principal repère les oeuvres qu'il y a produites.
Car comme l'écrivait Vincent dans son ultime lettre : Vraiment nous ne pouvons faire parler que nos tableaux.
Il en ressort un chemin fulgurant et habité où l'art éclaire la quête spirituelle d'une vie en laquelle chacun d'entre nous pourra reconnaître ses plus essentiels questionnements.
Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu'elle avait trois ans. Ses indices : deux noms et une photographie retrouvée dans des papiers de famille, qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu'Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée d'indices, d'abord ténus, puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant leurs archives familiales, scrutant des photographies, cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu'on leur avait dit. Et leurs découvertes, inattendues, questionnent à leur tour le regard qu'ils portaient sur leur famille, leur enfance, leur propre vie.
Avec Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur les secrets de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie. Elle suggère que le dévoilement d'éléments inconnus, la résolution d'énigmes posées par le passé ne suffisent pas : ce qui compte, c'est la manière dont nous les comprenons et dont nous acceptons qu'ils modifient, ou pas, ce que nous sommes.
En 1969, traversant la Sierra Parima, où les conquistadors de jadis situaient la cité d'Eldorado, une photographe découvre les Yanomami, semi-nomades, chasseurs et agriculteurs sur brûlis, vivant en communautés dispersées dans la forêt tropicale humide d'Amérique du Sud. Elle les place au centre de son art, expérimente, tend son miroir à leur forêt, à leurs rêves. Puis les prédations, la violence, les épidémies surgissent. Ses clichés s'emplissent de fumée, alertent du mal que les Blancs font à cette terre ancestrale. Guidée par une petite communauté, elle laisse le monde des Blancs. Ensemble ils remontent à la source des fleuves. Là où tout se réinvente, vers la flamme où brûle l'essentiel.
Paliki sait-elle que la première expédition en forêt amazonienne d'où elle veut ramener des photos des Yanomami changera pour toujours sa vie ? En commençant par « voler » leur image, elle comprendra peu à peu qu'ils ont plus à lui apprendre et à lui donner que cet échange fugace, cadré dans le viseur d'un appareil photographique. Elle délaisse bientôt ses boîtiers pour aller vers eux, apprendre leur langue, leurs croyances, leur mode de vie, se fondre en eux et partager leur quotidien. Avant de choisir définitivement de rester avec eux, elle alertera le monde sur ce qu'il faut bien appeler la destruction massive d'une communauté humaine ainsi que celle de la forêt où ils vivent.
Vers la flamme, roman d'une intensité rare, nous parle de tout ce qui nous menace aujourd'hui et que nous voyons se produire sous nos yeux : la destruction de la forêt amazonienne, la relégation forcée des peuples qui l'habitent, la course au profit au détriment de l'harmonie des cultures, et surtout, la dégradation de notre rapport à la nature, entraînant l'inexorable destruction de la Terre.
Avec ce texte à l'écriture tendue, toujours juste, Pascal Chapus nous donne un premier roman tout en nuances, où la perte et le deuil, loin d'être effacés, seront peut-être seulement le début d'autre chose.
Un motel, posé au milieu de nulle part mais proche de Monument Valley. Un homme y fait étape, lors d'un voyage dans l'Ouest des Etats-Unis durant lequel il essaie de faire un deuil que l'on devine difficile. Mais le lieu, dans son étrangeté, faite d'immobilité et de mystère, le retient. Il s'y installe tout naturellement, trouvant peu à peu sa place dans la petite " société " qui l'habite, à commencer par Monsieur Heartwood, le propriétaire et sa fille Lisa. Il y a aussi Madame Delcour, énigmatique Française installée là depuis plusieurs années, Anoki, l'Indien Navajo, et quelques clients de passage qui disparaissent comme ils sont arrivés. Au fil des jours, des habitudes se prennent. Lire l'oeuvre de James Hadley Chase, dont les romans garnissent à eux seuls la bibliothèque du motel, donner un coup de main au propriétaire en le remplaçant à l'accueil, chevaucher dans le désert, cuisiner à l'occasion, toutes ces choses aident Pascal à trouver un début d'apaisement. C'est comme si le motel, le désert qui l'entoure, toute cette beauté minérale et épurée, apportaient enfin une réponse muette au questionnement douloureux qui semble l'avoir jeté là. Mais l'équilibre est fragile. Dans une sorte de lente dramaturgie, le récit, tout en émotions contenues, nous mène vers un dénouement inattendu.
Avec ce texte à l'écriture tendue, toujours juste, Pascal Chapus nous donne un premier roman tout en nuances, où la perte et le deuil, loin d'être effacés, seront peut-être seulement le début d'autre chose.
La disparation de Paul Andreu est un séisme dans la vie de sa femme, Nadine Eghels. Debout sur le seuil de ce qui les sépare désormais, elle écrit le livre de douleur et d'amour de deux personnes éprises de leur liberté, et comment cet amour nourrit leur création. Qui nourrit l'amour.
Paul Andreu, grand architecte reconnu en France comme à l'international pour ses travaux (aéroport du Caire, de Jakarta, Roissy-Charles de Gaulle, musée maritime d'Osaka, Opéra de Pékin...), meurt le 18 octobre 2018.
Sa disparation est un séisme dans la vie de sa femme, Nadine Eghels. Debout sur le seuil de ce qui les sépare désormais, elle écrit le livre de douleur et d'amour de deux personnes éprises de leur liberté, et comment cet amour nourrit leur création. Qui nourrit l'amour.
De Paris en Chine, des Cévennes au Japon, de rires en désarrois, ce livre tente de saisir ce qui demeure par la grâce de la littérature.
À travers ces impressions fugitives en Asie (Indonésie, Chine et Inde), Gilles Tiberghien croque un paysage sur le vif dans lequel il retrouve les traces de nombreux voyages faits dans des temps différents.
Je ne sais pas voyager sans écrire, et ces deux activités, à mes yeux, sont intimement liées. Ce n'est pas que je voyage pour cela, même si j'admire le travail de tant d'autres. Mais le réel n'est pas une réserve d'impressions, un stock à exploiter plus tard, sinon on passe à côté de l'essentiel : l'inutilisable, la part manquante qui est une ressource insoupçonnable. C'est à notre insu que nos impressions livrent leurs véritables résonnances.
Qu'est-ce que voyager ? Comment voyager ? Doit-on suivre les traces d'explorateurs légendaires, doit-on se fier aux guides ou doit-on se frayer son propre chemin dans des territoires inconnus ?
À travers ces impressions fugitives en Asie (Indonésie, Chine et Inde), Gilles Tiberghien croque un paysage sur le vif dans lequel il retrouve les traces de nombreux voyages faits dans des temps différents. Il confronte le monde qu'il découvre avec celui qu'il porte en lui, parfois en rêve et, sans pour autant les confondre, il éprouve la porosité de leurs frontières.
La prose à la fois précise et bon enfant d'Alexandre Vialatte, son intérêt pour tout ce qui respire, marche, nage ou vole, ses passions d'entomologiste et son amour de la zoologie, et surtout les nouvelles « grandes et magnifiques » qu'il ne cesse de nous donner de l'homme « depuis la plus haute antiquité », tout concourait à la réunion de ces textes, pour la plupart issus du journal auvergnat La Montagne. Quant aux illustrations d'Honoré, qui allient les grandes masses noires qui semblent des gravures sur bois à la précision de la technique des « encres », elles apportent un humour subtil et répondent comme un véritable contrepoint aux textes de Vialatte.
Marc Petitjean éclaire d'un jour nouveau l'unique séjour parisien de Frida Kahlo, artiste engagée, anticonformiste, bisexuelle, redécouverte par les féministes aux États-Unis et en Europe dans les années 1980.
Qui était ce singulier Michel Petitjean qu'elle a aimé ? Quelle a été leur histoire, en compagnie d'André Breton, Pablo Picasso, Dora Maar et Marcel Duchamp ? Et pourquoi lui a-t-elle offert ce tableau, Le Coeur, énigmatique et si intime ?
La force de cette relation, à l'image de Frida Kahlo, traverse tout le livre comme un mystérieux trait de lumière.
André Le Nôtre (1613-1700), paysagiste de génie, a laissé derrière lui trois des plus maîtrisés jardins à la française : Versailles, Chantilly, et Vaux-le-Vicomte. Dans cet essai brillant et audacieux, devenu un classique, Allen S. Weiss nous apprend à déchiffrer la splendeur, en nous révélant les ambitions fantasmatiques du pouvoir.
André Le Nôtre (1613-1700), paysagiste de génie, a laissé derrière lui trois des plus maîtrisés jardins à la française : Versailles, Chantilly, et Vaux-le-Vicomte qui est sans doute le sommet de l'art de Le Nôtre, point d'équilibre entre les tendances baroque et classiques de l'époque. On y admire toujours les jeux de perspective millimétrée, l'illusion d'un espace déployé à perte de vue, le luxe des fontaines et sculptures.
Dans cet essai brillant et audacieux, devenu un classique, Allen S. Weiss nous apprend à déchiffrer la splendeur, en nous révélant les ambitions fantasmatiques du pouvoir. Car c'est bien aux désirs de grandeur de Louis XIV, du prince de Condé et de Nicolas Fouquet qu'ont tenté de répondre mathématiciens, géomètres, architectes et paysagistes.
Cette réflexion sur les jardins, à la manière d'un guide philosophique, entrelace la beauté des lieux à la liberté de l'esprit, et ce pour notre plus grand plaisir.
Conseiller de Néron après avoir été son précepteur, Sénèque est l'un des détenteurs du pouvoir impérial. Lorsqu'il rédige ce court traité, vers 58 après J.-C., il adresse une réponse à tous ses détracteurs, envieux de sa fortune, qui voient en lui un stoïcien de luxe. Comment douter que son aspiration au souverain bien et à la vertu soit sincère ? Comment ne pas entendre l'avertissement adressé à tous ceux qui se laissent gouverner par la débauche et la recherche des plaisirs ?
Maïa Brami découvre son oeuvre, s'éprend de lui, et pousse la porte de sa dernière maison, à Milly-La-Forêt, où il a vécu avec Jean Marais jusqu'à sa mort.
Sur sa tombe, à la chapelle Saint-Blaise-des-Simples où un chat veille sur lui, une seule inscription :
" Je reste avec vous. " Jean Cocteau (1889-1963), génie aux mille visages, romancier, cinéaste, dramaturge, peintre. Et toujours poète.
Maïa Brami découvre son oeuvre, s'éprend de lui, et pousse la porte de sa dernière maison, à Milly-La-Forêt, où il a vécu avec Jean Marais jusqu'à sa mort. Tout y semble pétrifié, comme dans les contes, hanté comme dans La Belle et la Bête d'une formidable présence.
Si le poète a quitté son " refuge ", il y a laissé des traces : une foule d'objets hétéroclites, grigris et souvenirs qui le racontent : le dé de Picasso, la tapisserie en imprimé léopard, l'exemplaire corné du Fou d'Elsa, les rideaux de velours rouge... et les étoiles, dont il signait toutes ses lettres.
Sur sa tombe, à la chapelle Saint-Blaise-des-Simples où un chat veille sur lui, une seule inscription :
" Je reste avec vous. "
Au milieu de son jardin et des quatre pavillons de thé qui bordent l'étang central, édifiée au XVIIe siècle par le prince Toshihito, sur le bord de la rivière qui baigne Kyoto, Katsura demeure l'image même du raffinement. Lieu idéal, dit-on, d'où l'on peut contempler la lune...
La réinterprétation de cette architecture si particulière par les architectes du mouvement moderne, au début du XXe siècle, a engendré nombre de quiproquos.
Il faut aujourd'hui le talent et la sensibilité de Philippe Bonnin pour nous faire entrer dans la vérité d'une oeuvre mythique, et éclairer l'énigme.