En 1985, Elie Wiesel écrivait à Sylvain Vergara : «J'ai lu votre manuscrit, je le trouve bouleversant, vibrant de vérité - il faut le publier». 37 ans plus tard (et 30 ans après la mort de Sylvain Vergara), ce texte est retrouvé et enfin publié. Seul un extrait en avait paru en 1964 dans la revue Esprit. Arrêté en octobre 1943 comme résistant, Sylvain Vergara, âgé de 18 ans, est emprisonné à Fresnes, torturé puis déporté Nacht und Nebel en février 1944.
1878 : Robert-Louis Stevenson accomplit son voyage avec Modestine à travers les Cévennes. Les populations l'ont vu passer,ont discuté avec lui.Douze jours de traversée,et l'écrivain disparaît à jamais de ces hautes terres.Son récit est immédiatement publié,mais en anglais.En 1901, une jeune association (désormais plus que centenaire,) le Club Cévenol,en donne une première traduction-adaptation.Bien avant la mode de la randonnée,du retour à la terre,de l'écologie,cette édition pionnière du Voyage est beaucoup plus qu'un long résumé:c'est la belle surprise de ce texte,jamais réédité depuis 1901:il frappe par son équilibre,son allure,sa capacité à offrir le meilleur d'une oeuvre et d'un esprit.Un vrai tour de force que l'on peut conseiller aux randonneurs et surtout à tous les amoureux de Stevenson: Ils vont relire ce qu'ils n'ont encore jamais lu.
Un dimanche d'automne 1970, une jeune militante déçue du machisme étudiant post-1968 sonne à la porte de Simone de Beauvoir.
Cette première rencontre dans le cadre du mouvement de femmes qui allait devenir le MLF fut à l'origine d'une relation amicale et militante qui dura 16 ans jusqu'au décès de Simone de Beauvoir.
Entrainée dans le tourbillon du mouvement féministe naissant, organisant manifestations et meetings pour l'IVG et pour dénoncer les crimes faits aux femmes, Claudine Monteil va participer à toutes ces luttes avec Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi.
Ce témoignage, direct, enjoué et intime des débuts du féminisme militant en France, offre une vision très humaine de Simone de Beauvoir, nous fait rencontrer les pionnières, Gisèle Halimi, Monique Wittig, Delphine Seyrig, Françoise d'Eaubonne, Marceline Loridan-Ivens et nous rappelle que le combat des femmes ne s'est pas joué qu'à l'Assemblée Nationale.
Mai 1940 : la police française arrête Jacob Barosin et sa femme, deux réfugiés juifs qui vivent et travaillent à Paris depuis plusieurs années après avoir fui l'Allemagne nazie. C'est le début d'un long périple à travers la France, de camp d'internement (Gurs) en camp de travailleurs étrangers (GTE Langlade) et en hébergements tolérés (Nice, Lunel, Florac), et finalement la planque dans les Cévennes puis en région parisienne.
« Le christianisme est la pire trahison du Christ. »« L'individu est toujours prêt à se soumettre à la nécessité, pourvu que le vocabulaire de la liberté soit sauvegardé, et qu'il puisse parer son obéissance servile de la glorieuse énergie d'un choix libre et personnel. »Ces deux citations de Jacques Ellul illustrent bien la pensée iconoclaste de ce penseur, précurseur de l'écologie politique qui était aussi théologien.Dans cette biographie philosophique, la première sur Ellul, Frédéric Rognon explore les grands axes de la pensée ellulienne, dans ses avancées comme dans ses errements. Ni disciple, ni opposant, il aborde toutes les facettes de celui qui fut sans doute le plus irritant des penseurs du XXème siècle mais aussi le plus clairvoyant.
15 avant Rosa Parks, une jeune femme noire est arrêtée pour avoir changé de siège dans un bus. Après un week-end en prison elle ressort avec une détermination sans faille : Pauli Murray dédiera sa vie à lutter contre les discriminations.
«Le Maquis Bir-Hakeim», racontre l'odysée du plus préstigieux des maquis du Midi languedocien celui qui, aussi, a compté de plus de martyrs. Créé dans la région de Toulouse, ce groupe de l'armée, secrète du mouvement «combat» pérégrina de Villefranche-de-Rouergue, dans l'Aveyron, à Douch, dans l'Hérault, ensuite au Benou, dans les Basse-Pyrénées, de là dans l'est du Gard, près de Méjannes-l-Clap et en basse Ardèche, puis dans les Cévènnes, enfin sur le causse Méjean où, le 28 mai 1944, il devait connaître un funeste destin.
Fils et petit-fils de mineur cévenol, normalien et instituteur, Aimé Vielzeuf est connu pour son engagement dans la Résistance où il était le Lieutenant Vasseur. «Guidé par la vérité et la justice» , comme il le disait, il s'est fait le chroniqueur des luttes pour l'indépendance nationale et la liberté. D'origine huguenote, ce descendant de «galérien pour la Foi» , comme ses préfaciers Jean-Pierre Chabrol et André Chamson, a su exprimer la vitalité de la culture et de la langue d'oc.
Ami d'Amadou Hampaté Bâ, de Vercors, de Louis Massignon, du père Teilhard de Chardin et d'Albert Schweitzer, Théodore Monod, fils et petit-fils de pasteurs, a été une passerelle entre les cultures, les religions et les traditions. La vie mouvementée de Théodore Monod a été une suite de luttes, dans la fidélité à ses engagements pacifiques, antinucléaires et antiracistes, tous découlant de l'enseignement de l'Evangile et du respect de la vie, y compris animale.
Insaisissable et mystérieux, Juif et Juste, Résistant puis agent du Mossad : qui était l'abbé Glasberg ? Cet irréductible progressiste, co-fondateur de Témoignage Chrétien, participant à l'accueil du bateau Exodus, invité en Israël par Golda Meïr puis sympathisant de la cause palestinienne, créateur de France Terre d'Asile, a toujours été un infatigable défenseur des opprimés et des migrants. Malgré des zones d'ombre toujours existantes (son rôle pendant la guerre d'Algérie par exemple), ce livre fait le point des récentes recherches autour de ce personnage hors norme et apporte quelques réponses permettant de mieux comprendre les multiples facettes de ce prêtre catholique marginal, engagé auprès des persécutés, enfants et adultes, des déplacés, des exilés.
Est-il encore possible de croire?Bien des enoncés traditionnels de la foi sont devenus intenables ou simplement incompréhensibles. Au premier rang desquels ceux qui parlent... de Dieu. Et si l'on ne peut plus croire, comment pourrait-on encore pratiquer? Cet essai tente l'hypothèse inverse: et si l'on partait de la pratique, d'une pratique, la protestante en l'occcurrence? Il s'agira alors de méditer sur la signification du culte réformé, de parcourir les différents moments de sa liturgie, les grands symboles bibliques qu'il mobilise, le tout de manière profane, laïque, non religieuse. En faisant, autant que possible abstraction de toute présupposition de Dieu. En cherchant ses appuis du côté des philosophes. En assumant aussi le caractère personnel de l'itinéraire suivi. Et qui sait? Pourrait-il en sortir une foi épurée et revigorée? Une foi sur le point de se libérer de la religion?
Pasteur à Valleraugue,Laurent Olivès mit en place dès 1941 un réseau pour protéger et cacher des proscrits et des Juifs. En 1943,révolté par la violence des troupes d'occupation et de la Milice ,il fonda,à Ardaillès, le maquis de la Soureihade qui mena des actions armées contre l'occupant et fusionna ensuite avec celui de Lasalle pour devenir le maquis Aigoual-Cévennes dont Laurent Olivès fut un des dirigeants.
En juillet 2012, un jeune théologien français, Eric de Putter, était assassiné au couteau à Yaoundé, au Cameroun, par de mystérieux visiteurs, la veille de son retour pour la France. Sept ans plus tard, la justice française est contrainte de clore l'enquête, et l'assassin court toujours.
Musicien accompli, poète à ses heures, épris de justice et de la femme qu'il venait d'épouser, Eric de Putter enseignait la théologie protestante.
Marie-Alix, son épouse, était enceinte de quatre mois quand il a expiré dans ses bras. Sept ans plus tard, elle livre pour la première fois son témoignage sur la tragédie qu'elle a vécue, dans un récit qui célèbre aussi la résilience, l'amour et la beauté de la vie.
L'auteure, Marie-Alix de Putter est née à Paris et a grandi au Cameroun avant de poursuivre de brillantes études en France. À sa fille, comme à toutes les filles et les femmes, elle donne une leçon d'espérance. Choisir la vie reste une option téméraire, mais c'est celle qu'elle a choisie.
"Vous faites passer un souffle nouveau sur cette période révolutionnaire qu'on croyait ressassée et défraîchie. Vos lettres sont d'une veine très originale, je n'en ai pas vu l'équivalent ailleurs. Cette façon de mêler l'intime à l'historique, le sentiment à l'analyse, le présent au passé, c'est un nouveau genre que vous inaugurez.".
Régis Debray.
Dans cette suite de libres pensées, l'autrice partage avec nous l'admiration qu'elle éprouve pour l'immense effort humain que fut la Révolution française malgré ses dérives. Alternant le ressenti personnel et la rigueur historique, elle se positionne en faveur des espérances légitimes qui l'ont fait naître. Espérances qu'il nous appartient aujourd'hui de revivifier.
En 1899, le Figaro écrit : « Mlle Monod est l'unique grande puissance féminine du moment. Elle seule possède le moyen d'assembler et de gouverner [...], le Féminisme tout entier. »Assembler et gouverner le Féminisme tout entier, c'est ce que fera Sarah Monod deux ans plus tard, quand elle est élue présidente du Conseil national des femmes françaises nouvellement créé, la plus importante organisation féminine/féministe en France au début du XXe siècle.Pendant plus d'un quart de siècle, personnellement ou en tant que directrice laïque de l'Institution des Diaconesses, elle a animé de nombreuses oeuvres sociales à caractère féministe.Cette pionnière du féminisme et de l'action philanthropique n'avait pas encore de biographie, belle illustration de l'effacement des femmes dans la société française.
Théoricienne du scoutisme féminin dans sa jeunesse, Antoinette Butte, fille de militaire, garçon manqué et farouche féministe, est une bâtisseuse de communauté.
Cheville ouvrière et meneuse de la communauté de femmes à Pomeyrol (où se rédigeront en 1941 les fameuses thèses de Pomeyrol qui ancreront fermement le protestantisme français dans la Résistance spirituelle), elle pratiqua toute sa vie l'accueil inconditionnel des plus déshérités.
A 83 ans, elle crée un kibboutz cévenol et lance une expérience de retour à la terre qui lui survivra.
Electron libre et poil à gratter du protestantisme français, Antoinette Butte a montré ce que des femmes déterminées pouvaient réussir dans un monde hostile.
Le mot résister gravé sur une margelle dans la tour de Constance est devenu célèbre à partir du milieu du XIX siècle. Bien qu'il soit impossible de savoir qui en fut l'auteur, la tradition l'a attribué, sans preuve, à la plus populaire des prisonnières de cette tour, Marie Durand. Pour les protestants, ce verbe est vite devenu l'emblème de leur longue résistance à toutes les tentatives de nier leur identité religieuse. À partir des années 1930, la réputation du graffiti a progressivement débordé les frontières du monde réformé. N'étant plus l'apanage des seuls protestants, le résister d'Aigues-Mortes est désormais un étendard brandi pour défendre des causes très diverses. Ce livre raconte l'histoire de l'usage de ce terme, de sa découverte jusqu'à son utilisation contemporaine.
En tant qu'ami de la France, je voudrais vous dire ma surprise que Lili Boulanger ne soit pas considérée pour ce qu'elle est : c'est-à-dire la plus grande des femmes compositeurs de l'Histoire de la Musique ! Igor Markevitch Cet hommage d'un des plus prestigieux chefs d'orchestre européens pointe l'injuste oubli dont Lili Boulanger a été si longtemps victime.
Cette enfant prodige de la musique, née à Paris à la fin du 19ème siècle et qui mourra à 24 ans, a pourtant seule levé l'interdit de la composition jusque-là réservée aux hommes.
Grand Prix de Rome à 19 ans, première femme à l'obtenir, elle laisse une oeuvre subtile complexe, autant vocale qu'orchestrale, dont sa soeur Nadia, durant sa longue carrière d'enseignante, assurera la postérité.
La richesse de l'apport de Lili Boulanger à la musique n'est plus aujourd'hui à démontrer, et elle prend désormais place parmi les compositeurs français renommés de son temps, comme Fauré, Debussy ou Ravel qui, tous, l'ont connue et respectée.
L'Appel du sol n'est pas qu'un magnifique et réaliste roman de guerre. Ecrit par un jeune pacifiste patriotique ami de Clémenceau, (qui fut son témoin de mariage), c'est une plongée dans la France de 1914 vue par un intellectuel humaniste au front.
Rien n'y manque ; le patriotisme ardent de certains officiers mis en valeur par l'indifférence, voire le cynisme des soldats, l'incompétence meurtrière d'une partie de l'État-major clairement perçue sur le front par l'absurdité de certaines offensives, menées malgré tout par des soldats courageux et massacrés, l'amour d'une certaine vision de la France par ces soldats méridionaux envoyés à la mort dans le Nord et l'Est qu'Adrien Bertrand réhabilite alors que la presse parisienne les conspuait. Rapatrié pour raisons de santé après quelques mois au front, Adrien Bertrand rédigera son récit à partir de ses notes et de celles de son frère Georges.
Pacifiste avant la guerre, patriote au front, critique vis-à-vis de la hiérarchie militaire, humain et courageux avec ses troupes, Adrien Bertrand écrira quelques mois avant sa mort en 1917 : « Il y a tant de sang que je suis écoeuré et qu'il noie, pour moi, jusqu'à la noblesse de la lutte ».