Coloniser l'espace. Repousser la mort et faire renaître les défunts. Créer le vivant. Mettre en place un réseau mondial. Libérer la puissance de l'esprit. Comprendre et contrôler les processus cosmiques. Manipuler les phénomènes atmosphériques. Sauver la terre. Ces projets, dont certains ont été réalisés et d'autres le seront peut- être bientôt, ont une histoire russe. Dans un mélange de recherche scientifique approfondie, de métaphysique pure et de mysticisme, le mouvement appelé cosmisme a modelé le siècle soviétique. Il est l'une des sources d'inspiration des transhumanistes californiens d'aujourd'hui. Le laboratoire secret de Google en reprend toutes les idées. Les cosmistes ont écrit notre futur.
Cet ouvrage se propose de tirer les fils de cette histoire, du milieu du 19e siècle à nos jours. Le premier cosmiste était un philosophe farfelu, Nicolas Fedorov, correspondant de Dostoïevski. Il avait le projet de ressusciter concrètement les morts. Certains de ses disciples, comme le grand rival bolchévique de Lénine Alexandre Bogdanov, étaient convaincus que la transfusion sanguine en était le moyen. Le corps de Lénine n'a-t-il pas été momifié à cette fin ? D'autres ont théorisé la conquête spatiale dès les années 1920, afin de peupler une terre devenue trop exigüe. Des savants soviétiques ont tenté de calculer l'effet du soleil sur la vie et l'histoire humaine. Ou, comme Guéorgui Vernadski, ont créé le concept de biosphère et de noosphère, ouvrant le champ d'une physique de la pensée. Délires poétiques ou carrément totalitaires, destinés à créer l'Homme nouveau ? Sans doute. Mais ces hommes ont donné naissance au programme spatial de l'Union soviétique, à ses progrès en cybernétique, à la fascination de ses services secrets pour la par apsychologie. Aujourd'hui Vladimir Poutine cite Vernadski. Le tout nouveau chef de l'administration présidentielle, Anton Vaïno, est le concepteur d'un nooscope, « réseau de scanners spatiaux » destinés à sonder la pensée humaine... Ce pan de la culture russe est soviétique, presque totalement inconnu en dehors de la Russie, paraîtra un peu fou à un esprit cartésien. Il est néanmoins très présent et explique de nombreux traits de la Russie actuelle, et même de sa politique. Depuis quelques décennies, le cosmisme a d'ailleurs une seconde patrie. La Silicon Valley a été massivement investie par des informaticiens et des savants d'origine russe, dont le plus célèbre est Sergueï Brin, cofondateur de Google, et qui rêve... de ce dont rêvaient les penseurs du cosmisme : transhumanisme, nouvelle manière de vivre et de se déplacer sur terre, conquête spatiale.
Les vies et les idées de ces savants géniaux et inquiétants dessinent notre futur. Racontons leur histoire, redécouvrons leurs textes (non traduits) et leurs projets. Afin de souligner le lien entre le passé et le présent, le livre comportera également des entretiens avec des personnalités - savants, ingénieurs, intellectuels - en Russie et en Californie. Finalement, nous essaierons de comprendre comment le rêve de progrès, que l'Europe a abandonné, est passé de l'Eurasie vers la Côte Ouest des Etats-Unis.
Le Livre noir raconte comment a commencé "la solution finale", l'extermination programmée des Juifs par les nazis. Un livre où les morts se mettent à parler. Une immense entreprise qui répond à l'impératif biblique toujours actuel : Zakhor ! (souviens-toi).
Une biographie des frères Morozov, les grands mécènes moscovites, dont on découvrira la fabuleuse collection d'art moderne français et russe cet automne dans le cadre d'une grande exposition durant quatre mois à la Fondation Vuitton (1 million de visiteurs prévus).
Avec WikiLeaks, organisation dont il est l'incarnation médiatique, Julian Assange a publié des centaines de milliers de documents dénonçant pêle-mêle la corruption des élites, la surveillance de masse, la fraude fiscale, l'absence de transparence des institutions gouvernementales ou les horreurs des guerres menées par les États-Unis. Il est aussi devenu un ennemi public. Son objectif ? La transparence totale pour les puissants, la vie privée absolue pour les citoyens. Le moyen ? Des masses de documents confidentiels, et une stratégie médiatique offensive, qui ont fait de lui la figure - parfois répulsive - du lanceur d'alerte contemporain.
Trump peut se contenter de traiter Bachar al-Assad d'animal, mais il ne fallait pas moins de deux auteurs, tous syriens, emmenés par Farouk Mardam-Bey, pour analyser avec sérieux, ce qui ne veut pas dire sans indignation, le parcours "intellectuel" du tyran génocidaire soutenu par Poutine et les ayatollahs iraniens.
Depuis Mao, aucun dirigeant chinois n'avait concentré autant de pouvoir entre ses mains que Xi Jinping, qui a accédé en 2012 à la fonction suprême de secrétaire général du parti communiste chinois (pcc) puis, un an plus tard, à celle de président de la République populaire de Chine.
Si Poutine et Erdogan sont des représentants remarqués et tonitruants de l'illibéralisme, le numéro un chinois Xi Jinping a choisi, lui, la discrétion. François Bougon, journaliste au Monde, décortique ici le personnage et sa stratégie.
Au pouvoir depuis 2003, tour à tour premier ministre, puis président de la République, Recep Tayyip Erdogan incarne les réussites et les dérives de son pays. Charismatique et despotique, il écrase la scène politique et monopolise le débat public, il défend un modèle turc à son image et ambitionne de devenir le leader du monde musulman. Guillaume Perrier, journaliste et auteur, ancien correspondant en Turquie («Le Monde», Europe1, «Le Point») a couvert l'actualité turque pendant une dizaine d'années.
À la veille des élections européennes de mai 2019, où la ligne de fracture se fera sur l'un des axes majeurs du positionnement de Viktor Orbán depuis 2015 - la politique migratoire -, et trente ans après la fin du Rideau de fer, plonger dans la tête du dirigeant hongrois est un travail nécessaire pour comprendre l'Europe d'aujourd'hui.
À l'origine, une utopie regroupant des libertaires californiens sous acide, inventeurs du web, et des petits "génies" dont Mark Zuckerberg, qui en ont fait le moteur d'un nouveau capitalisme, une économie de la surveillance et de la captation de l'attention avec 2 milliards d'adeptes pour Facebook.
On pense en général que les harkis, ces Algériens intégrés à l'armée française pendant la guerre d'Algérie, ont soit réussi à s'enfuir en France, soit été massacrés au moment de l'indépendance. Cette idée est complètement fausse. En réalité, la plupart d'entre eux n'ont pas été assassinés, et vivent en Algérie depuis un demi-siècle. Une vérité difficilement acceptable des deux côtés de la Méditerranée.
Bruno Schulz n'en finit pas de fasciner les écrivains. De Philip Roth à David Grossman en passant par Gombrowicz, Bohumil Hrabal ou Danilo Kiš, l'écrivain et peintre juif polonais, souvent comparé à Kafka et à Chagall, figure emblématique de la culture juive anéantie par les nazis, a rejoint plus que la postérité : la fiction. À son tour, Maxim Biller s'empare du personnage : en 1938, dans la petite ville polonaise de Drohobycz, survient un mystérieux et maléfique individu qui se fait passer pour Thomas Mann. Bruno Schulz décide alors d'écrire au véritable Thomas Mann pour l'en avertir.
Boris Nemtsov, dirigeant du parti Parnas, l'un des principaux opposants russes, préparait un rapport sur « Poutine et la guerre » dans lequel il entendait montrer comment le maître du Kremlin avait préparé la guerre contre l'Ukraine.
Au début de cette année, Boris Nemtsov avait commencé à rassembler des informations dans ce but, convaincu qu'en Russie, à part Vladimir Poutine et son entourage, personne n'avait besoin de cette guerre.
Boris Nemtsov n'a pas eu le temps d'achever ce réquisitoire. Il a été abattu par des tueurs, le 27 février 2015, sous les murs du Kremlin.
Ce rapport est donc basé sur les informations qu'il avait réunies et sélectionnées. Ses notes manuscrites, les documents rassemblés par lui, ont tous été utilisés pour la rédaction finale de ce rapport qui restera comme une réponse prémonitoire à l'impudente propagande du pouvoir.
Mais on le sait bien depuis Anna Politkovskaya assassinée et tant d'autres - en Russie, le courage politique se paie au prix fort.
Le 5 juillet 1962, l'Algérie devient indépendante. Huit cent mille Pieds-noirs prennent le chemin de l'exil, mais deux cent mille font le pari de l'Algérie algérienne. Ceux-là, qui les connaît ? Depuis un demi-siècle, les seules voix audibles sont celles des Rapatriés de 1962. Et parmi eux, qui entend-on le plus souvent ? Les plus nostalgiques de l'Algérie française, ceux qui affirment qu'ils sont "tous partis", et qu'ils n'avaient le choix qu'entre "la valise ou le cercueil". Or, ces affirmations sont fausses. La seule présence, attestée par les archives, de ces deux cent mille Pieds-noirs présents en Algérie en 1963, le prouve amplement.
Pierre Daum est parti à la recherche de ces hommes et de ces femmes restés dans leur pays après 1962. Certains en sont partis cinq ans plus tard, ou dix ans, ou vingt ans. De nombreux y sont morts, heureux de reposer dans la terre où ils sont nés. Aujourd'hui, quelques centaines y vivent encore.
Aucun ouvrage ni aucun article, ou presque, n'en a jamais parlé. Preuves vivantes qu'un autre choix était possible, ils ont toujours été, au mieux, ignorés des Pieds-noirs de France. Au pire, ils ont été considérés comme "traîtres" pour être restés vivre avec les "Arabes".
Mêlant archives et témoignages inédits, ce livre permet de se plonger, à travers la vie de quinze témoins choisis pour la diversité de leurs origines et de leur parcours, dans les cinquante années de l'Algérie indépendante.
Des années exaltantes quoique difficiles, dans un pays qui ne tint pas ses promesses de pluralisme et de démocratie. Un pays en butte au sous-développement, marqué par les blessures jamais cicatrisées de son passé colonial.
Après Immigrés de force (Actes Sud, 2009), son premier livre-révélation sur les travailleurs indochinois de la Seconde guerre mondiale, unanimement salué par la critique, Pierre Daum nous livre une nouvelle enquête, passionnante et rigoureuse, sur un aspect inconnu du passé colonial de la France.
En avril 2015, Marine Le Pen a bruyamment rompu avec son père, qui venait de réaffirmer, dans un entretien à Rivarol, des motifs classiques de l'extrême-droite : rapport charnel au pays, apologie du combat et de l'instinct vital, défense de « l'Europe boréale » contre les invasions migratoires et du peuple contre les élites déracinées, minimisation de la Shoah...
La présidente du Front National n'a cependant pas répondu sur le fond, se contentant de dénoncer une démarche dommageable pour son parti en pleine « dédiabolisation ». Il faut donc comprendre si 1/ elle demeure fidèle à cette tradition sans l'exprimer totalement ; 2/elle en a modifié certains éléments, et lesquels ; 3/ elle propose une vision de l'homme et de la société différente de la pensée de l'extrême-droite.
En étudiants ses déclarations et ses discours, en examinant les inspirations philosophiques de son parti, en interrogeant des membres de son entourage et des spécialistes de l'extrême-droite, ce livre mettra en lumière les lignes de forces de l'idéologie du Front national d'aujourd'hui, afin de répondre à la question que tout le monde se pose : à la veille de l'élection présidentielle de 2017 le FN a-t-il vraiment changé ?
Premier pape jésuite, premier pape américain, le 266e successeur de Pierre jouit trois ans après son élection au pontificat (le 13 mars 2013) d'une popularité exceptionnelle. Son style direct, simple, son attachement à la piété populaire, sa défense des plus pauvres, et parmi eux des migrants, sa sensibilité aux problèmes spécifiques de notre temps, comme la menace écologique, participent pleinement à l'image très positive que l'ancien archevêque de Buenos Aires véhicule partout dans le monde exception faite de la Pologne orpheline de Jean-Paul II. Mais par-delà l'impression donnée d'un homme sympathique, doué d'un fort sens de l'humour, proche des gens, la pensée du pape François se révèle à l'analyse d'une grande complexité.
Cette biographie a un parti pris : s'appuyant sur un corpus de plus de 15 000 pages, depuis Une journée d'Ivan Denissnvitch, L'Archipel du Goulag jusqu'à La Roue rouge, elle laisse l'écrivain évoquer lui-même les étapes d'une vie qui couvre tout le siècle passé.
Sept vies au total. Ce fut tout d'abord sa jeunesse dans la Russie stalinienne, avec déjà la passion de l'écriture, puis la terrible guerre contre les Allemands. Vint ensuite le Goulag, dont il fut huit ans le prisonnier, puis le conteur et le grand mémorialiste. Il devait connaître la terrible vie de l'écrivain clandestin et du cancéreux échappant de justesse à la mort - puis celle de l'écrivain porté aux nues par les autorités avant d'être obligé de mener dans la dissidence, souvent aux côtés de Sakharov, un combat dangereux et épuisant pendant onze années.
Vint ensuite l'exil en Occident où il conforta, envers et contre tout, sa vision de l'homme., du monde et de l'histoire. En parallèle, il continuait sa longue recherche sur les causes des malheurs de sa patrie, notamment avec La Roue rouge. Ce fut enfin, comme il l'avait prévu, le retour au pays, rendu possible grâce aux bouleversements planétaires auxquels il avait contribué. Puis la mort sur cette terre russe qu'il aimait tant...
Cette biographie se veut aussi une "histoire française", car plus que partout ailleurs les écrits de Soljenistsyne ont contribué ici à la faillite de l'idéologie communiste. Olivier Rolin résume très bien cette particularité : "Pour moi, le "Goulag" est une des grandes bornes tragiques du XXe siècle. Même si je suis français, c'est mon histoire". A quoi on ajoutera cette réponse de Bernard Pivot, questionné sur l'invité d'Apostrophes qui l'avait le plus impressionné : "Soljenitsyne, j'ai le souvenir d'un géant".
Un Victor Hugo qui aurait connu le bagne !
Après soixante-dix années de silence, voici enfin mise en lumière une page enfouie de l'histoire coloniale française : le recours, pour travailler dans l'Hexagone, à une main-d'oeuvre immigrée de force. Déjà, en 2006, le film Indigènes, de Rachid Bouchareb, avait révélé un aspect peu connu de l'utilisation des peuples colonisés lors de la Seconde Guerre mondiale. Or, à cette époque, la France n'avait pas seulement besoin de soldats, mais aussi d'ouvriers, afin de remplacer les Français mobilisés.
Pour les travaux les plus pénibles, comme ceux du maniement des poudres dans les usines d'armement, la France fit venir en 1939 vingt mille Indochinois de sa lointaine colonie d'Extrême-Orient. Recrutés pour la plupart de force, débarqués à la prison des Baumettes à Marseille, ces hommes furent répartis à travers la France dans les entreprises relevant de la Défense nationale. Bloqués en Métropole pendant toute la durée de l'occupation allemande, logés dans des camps à la discipline très sévère, ils furent loués, pendant plusieurs années, par l'Etat français à des sociétés publiques ou privées on leur doit le riz de Camargue , sans qu'aucun réel salaire ne leur soit versé.
Ce scandale se prolongea bien après la Libération. Renvoyés vers le Viêtnam au compte-gouttes à partir de 1946, ce n'est qu'en 1952 que les derniers de ces hommes purent enfin revoir leur patrie. Un millier fit le choix de rester en France.
Après trois ans de recherches en archives et d'enquête, menée dans les banlieues de Paris et de Marseille, et jusqu'à Hanoi et aux villages les plus reculés du Viêtnam, Pierre Daum a réussi à retrouver vingt-cinq des derniers acteurs encore vivants de cet épisode si peu «positif» de l'histoire coloniale française. C'est leurs récits qu'il nous restitue dans ce livre.
François-Xavier Verschave, un spécialiste, définissait ainsi la Françafrique : "une nébuleuse d'acteurs économiques, politiques et miliatires, ne France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l'accaparement de deux rentes: les matières premières et l'Aide publique au développement. La logique de cette ponction est d'interdire l'initiative hors du cercle des initiés. Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie." Ce dispositif, régulièrement reconduit, regroupe la majorité des dirigeants africains mis en place, soutenus et protégés par la France : Omar Bongo et fils (Gabon), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Paul Biya (Cameroun), Denis Sassou Nguesso (Congo), Blaise Compaoré (Burkina Faso), et bien sûr Idriss Déby au Tchad.
C'est dans ce dernier pays que Sonia Rolley a travaillé comme correspondante de RFI et de l'AFP. Pas facile d'être entre le marteau et l'enclume, entre le régime tchadien dirigé d'une main de fer depuis dix-huit ans par le président Déby, et entre les autorités françaises qui ont du mal à couper le cordon ombilical avec leur ancienne colonie.
Sonia Rolley qui faisait son métier de journaliste sans complaisance (au passage elle fustige l'équipée de l'Arche de Zoé et son tratement par la France au plus haut niveau), a été expulsée, en mars 2008, pour ne pas avoir su se taire. Pire, correspondante de RFI, seule radio crédible au Tchad (et en Afrique), constamment sur le terrain, bénéficiant d'un accès personnel et privilégié tant auprès des autorités que des rebelles et des opposants, elle s'efforçait de dire la vérité. Pas celle de l'ambassade de France...
Au bout du compte son constat est amer : "Finalement, la Françafrique est plus qu'un simple néocolonialisme. Au mieux, après observation des relations entre responsables des deux pays, j'y perçois une forme de "syndrome de Stockholm", la propension d'otages, les diplomates français, partageant longtemps la vie de leurs geôliers, les régimes dictatoriaux tchadiens, à développer une empathie ou une contagion émotionnelle avec ces derniers. La version moins romantique de cette idée est la froide collaboration avec ces régimes. Je me souviens d'avoir lu dans un livre d'histoire que l'esprit de Vichy était fait pour s'adapter aux colonies dcompte tenu de l'autoritarisme et du racisme des régimes coloniaux."
Témoignage capital sur une époque, ces souvenirs de la soeur de marina tsvétaeva, l'une des figures majeures de la littérature russe du xxe siècle, valent par eux-mêmes.
Ils sont l'oeuvre d'un écrivain qui sait merveilleusement restituer les émotions de l'enfance, de l'adolescence, l'atmosphère d'un lieu, d'une saison - un monde, un temps perdus. ces souvenirs, oú marina tsvétaeva occupe bien sûr la première place, évoquent avant tout la vie quotidienne de la famille tsvétaev (le père est le fondateur du musée pouchkine, à moscou) qui se confond avec les grands événements de l'époque (la révolution de 1905, l'enterrement de tolstoï, 1917.
) et la vie intellectuelle du moment. au fil des ans et des pages, des noms apparaissent comme ceux de volochine, gorki, akhmatova, goumiliov, mandelstam, pasternak. les souvenirs s'arrêtent en 1927, quand anastassia vient voir marina qui vit en france, à meudon. les deux soeurs ne se reverront plus jamais. anastassia, arrêtée en septembre 1937 (ses manuscrits confisqués et détruits), fut déportée puis reléguée en sibérie alors que marina revenue, en 1939, en union soviétique se suicidait, au début de la guerre, en 1941.
Deux chapitres complémentaires relatent un séjour en italie chez gorki, et une enquête en 1961, à elabouga, sur la mort tragique de marina. rarement l'intense vie littéraire russe aura été mieux décrite que dans ces souvenirs. dans le combat impitoyable que se livrent l'imagination libératrice et la volonté d'asservissement, voilà un témoignage criant de vérité sur le destin d'une génération promise à la hache du bourreau.
Comme son ami Albert Camus, Mouloud Feraoun aurait eu cent ans en 2013. Représentant avec Mohammed Dib, Mouloud Mammeri et Kateb Yacine la "génération 52", il reste aujourd'hui l'un des écrivains algériens de langue française les plus importants. C'est sa voix que José Lenzini donne à entendre, dans la première biographie qui lui est consacrée.
Dans le 10e arrondissement de Paris, derrière la lourde porte du 147 rue La Fayette, se trouve un crime impuni, protégé par la raison d'Etat.
Le 9 janvier 2013, trois femmes kurdes ont été tuées au premier étage de l'immeuble, dans un petit appartement. Elles ont été exécutées de plusieurs balles dans la tête. Sakine Cansiz était une des fondatrices de la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et avait créé la branche des femmes de l'organisation; Fidan Dogan était en charge du lobbying du mouvement en France et Leyla Saylemez était une jeune militante.
Depuis trois ans, les éléments à charge contre les services secrets turcs, suspectés d'avoir commandité leur exécution, se sont accumulés sur le bureau de la juge d'instruction qui a bouclé son enquête. Mais un seul accusé, Ömer Güney, sera jugé lors du procès en assises qui s'ouvrira à Paris en décembre 2016.
Malgré des faits accablants, les autorités politiques françaises ne réclament aucun compte à la Turquie. Alors que le courage des combattantes kurdes du PKK contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie est salué dans le monde entier, la mort de leurs camarades en plein Paris est recouverte d'un linceul de silence. Car les autorités françaises ont choisi de renforcer leur alliance stratégique avec Ankara. Faisant fi de leurs engagements à lutter contre le terrorisme. L'instruction a conclu que Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez avaient été victimes d'un « acte terroriste ». Sur le sol français, cyniquement, les victimes du terrorisme n'ont donc, à l'évidence, pas toute la même valeur.
Pendant plusieurs mois, j'ai enquêté dans plusieurs pays et j'ai eu accès à des sources turques et françaises inédites qui m'ont permis d'établir des liens entre le suspect numéro 1 et le MIT, les services secrets turcs.
Face aux transformations de la société, l'auteur propose une réflexion sur les savoirs essentiels qu'un enfant de sept ans doit maîtriser pour grandir et poursuivre son chemin dans le monde.