En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses-Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. Deux ans passent dans un isolement total. Entre femmes, serment est fait que si un homme vient, il sera leur mari commun, afin que la vie continue dans le ventre de chacune. "Ça vient du fond de la vallée.
Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l'ombre tranche, en un long clin d'oeil, le brillant de l'eau entre les iscles, nous savons que c'est un homme. Nos corps vides, de femmes sans mari, se sont mis à résonner d'une façon qui ne trompe pas. Nos bras fatigués s'arrêtent tous ensemble d'amonteiller le foin. Nous nous regardons et chacune se souvient du serment. Nos mains s'empoignent et nos doigts se serrent à en craquer les jointures, notre rêve est en marche, glaçant d'effroi et brûlant de désir."
« La première biographie en musique du maestro jamais publiée en français ».
UN LIVRE-DISQUE ÉVÉNEMENT DE SÉBASTIEN AUTHEMAYOU ET MARIELLE GARS.
« Un récit de vie qui se lit comme un grand roman, avec les yeux et avec les oreilles » à l'occasion du centième anniversaire de la naissance du maestro.
En 1921 naissait Astor Piazzolla. 100 ans plus tard, son oeuvre n'a jamais été autant jouée, son inventivité a fait tomber toutes les frontières du monde de la musique. Astor Piazzolla était un personnage hors normes, à tous points de vue. On connaît une partie de son immense oeuvre, on connaît très peu son incroyable vie. À l'occasion du centenaire de sa naissance, célébré un peu partout sur la planète, Sébastien Authemayou et Marielle Gars signent un livre-disque événement : la première biographie complète du maestro jamais écrite et publiée en France, accompagnée de témoignages, clés d'écoute, analyses, archives, documents rares et d'un disque de 75 minutes couvrant la plus grande période d'activité du compositeur, interprété par le Duo Intermezzo (bandonéon et piano).
Sois belle / Sois fort est un double essai qui reprend l'essentiel de deux conférences données par Nancy Huston : « Belle comme une image » et « Damoiseaux en détresse ». Point de vue sans concession, il permet de mieux comprendre et accepter les forces et les faiblesses des hommes et des femmes, la part animale qui les assemble et les oppose ainsi que leurs souffrances respectives dans notre monde actuel. Ce petit livre à deux faces nous fait profiter du regard clair de Nancy Huston sur des questions souvent mal posées. Ses propositions concrètes font la part belle à l'urgence d'éduquer. C'est un cadeau à s'offrir et à offrir.
Lorsque l'on parle du réchauffement climatique, et on en parle de plus en plus et dans tous les cercles de la société, on a tendance à regarder le ciel, le soleil, en oubliant ce qui se passe sous nos pieds. Et pourtant, sous nos pieds, il y a le sol, sa biodiversité, son histoire. Sous le sol, il y a nos ancêtres aussi.
D'après Daniel Nahon, scientifique de la terre, pour pouvoir agir, il faut d'abord comprendre. Comprendre comment on en est arrivé là. Comprendre que si l'invention de l'agriculture il y a 12 000 ans, la domestication des animaux voici environ 10 000 ans ont permis le développement de l'Humanité, la rapide transformation du chasseur-cueilleur en Homme Moderne, elles ont aussi pris une part non négligeable aux dérèglements climatiques auxquels nous devons faire face aujourd'hui.
Ce livre nous propose de revenir sur cette évolution pour en cerner les mécanismes. Il nous propose également un questionnement sur notre société devenue « hors sol » où, chaque seconde, 100 m2 de terres arables sont engloutis par le développement urbain aux États-Unis et quatre à cinq fois plus en Chine, où, à force de faire de la « chimio » avec le sol en faisant fi de sa biodiversité, on annihile le meilleur rempart contre le réchauffement climatique.
Comment agir ? Pour Daniel Nahon, la réduction de l'utilisation des combustibles fossiles ne suffira pas : il faut repenser entièrement les pratiques agricoles et agroalimentaires. Il s'agit là d'un projet politique qui demandera de concilier la façon dont on va nourrir une humanité grandissante avec une nouvelle relation Homme/nature. Lutter ne suffira plus, nous devrons nous adapter à un monde un peu plus chaud, faire preuve de résilience, déplacer des villes, les réinventer, repenser notre quotidien, notre rapport aux autres.
Dans l'oeil du cyclone sont les hommes de sciences, les premiers « lanceurs d'alerte ». Instruit par le scientifique, le citoyen pourra alors se tourner vers le politique et exiger des actions pour l'immédiat et le futur.
« C'est un stage intensif, en quelque sorte. Formation accélérée en Vie de femme. » Une femme, malade, écrit à sa fille. Elle parcourt ses cahiers intimes, se livre, et cherche les mots qui permettraient d'éviter les souffrances, les mots qui délivreraient. Mais, est-ce possible ?
Ce texte nous plonge au coeur de la féminité, dans les luttes des femmes depuis toujours : contre elles-mêmes, face au monde et aux hommes en particulier. Mais dans toute cette violence, il est une félicité qui n'appartient qu'aux femmes ...
Nancy Huston n'y va pas par quatre chemins, il y a urgence : sa langue est tour à tour directe et tendre, pudique et crue, intime et universelle.
Un livre de femme à mettre entre les mains de tous les hommes !
Ce n'est pas un témoignage en plus sur l'holocauste, sur l'horreur de la guerre, mais un récit duquel émerge une lumineuse tendresse, un récit sensible qui interroge sur le pardon, sur la résilience qui permet de vivre, sur la part d'inhumanité en chacun.
Il faut oser écrire sur un tel sujet lorsqu'on n'est pas juive. Oui, mais Simone Righetti a connu la guerre, a vu, a entendu...
Elle a publié, entre 1975 et 2008, 17 livres, essentiellement pour la jeunesse, et 2 romans.
Maille à maille répond à une urgence, celle de devoir écrire ce texte.
On ne sort pas indemne de cette lecture, on en sort plus fort.
Extrait : « Lequel est son vrai nom?? Sarah?? Gerda??
Penchée sur son tricot, elle compte les mailles, persuadée qu'elle en a lâché une. Et cette maille qu'elle cherche, qu'elle a beau chercher et qui, en s'échappant, a laissé un trou dans le tricot, cette maille, elle fuit comme son vrai nom, comme ses souvenirs d'AVANT. »
«Cabines» ce texte de Gilles Vincent, sonne comme une alerte. Celle d'un citoyen qui s'inquiète de voir la démocratie de plus en plus bafouée. Mais comme Gilles Vincent est auteur, c'est aussi un récit haletant dont le lecteur a peine à émerger.
Une situation a priori anodine, un homme dans une cabine téléphonique, évolue vers un huis clos terrifiant : l'homme ne ressortira pas de cette cabine.
Au travers de ce récit mené de main de maître, Gilles Vincent aborde aussi d'autres thèmes très actuels : l'engagement citoyen, l'indifférence générale, les peurs, la liberté d'expression, l'isolement...
Dense, intense mais court, habilement mené, ce texte s'adresse tout autant à un public de lecteurs adultes qu'à un public d'adolescents. Support pour l'étude au lycée, prétexte aux échanges dans un club de lecture, en médiathèque, ou pour le plaisir de la lecture, «Cabines» ne laisse pas indifférent !
«Cabines» inaugure Les cahiers de Parole. Un Cahier de Parole, c'est une carte blanche à une autrice, un auteur. Toute liberté sur le genre et la forme lui est offerte. La seule contrainte, pas plus de 32 pages à l'intérieur. Ce sont donc des textes courts : fiction, essai, sciences humaines, carnet de voyage, autobiographie, autofiction, poésie, théâtre...
Et toujours, des découvertes pour les lecteurs. Un cahier, c'est une surprise !
Pourquoi Emma choisit-elle l'intranquillité en répondant aux lettres d'un inconnu?? Que lit-elle entre les lignes de celui qui l'entraîne dans la danse de leur correspondance?? Pourquoi dévoile-t-elle ses blessures profondes en écho à ses mots à lui?? Ce roman, baigné de musique, de peinture et de suspens, tresse deux existences passionnées qui remettent en jeu leurs tragédies dans une subtile chorégraphie des sentiments. Alors que l'on pensait le mystère dévoilé, la rencontre rebondit sur un chaos de la relation. Connu et récompensé pour ses polars et ses romans noirs, Gilles Vincent sort cette fois-ci de sa route habituelle. En empruntant ce que l'on pourrait penser être un chemin de traverse, il nous entraîne dans une réalité qui réveille quelque chose en nous.
Étonnant voyageur que cet homme dont la vie n'est qu'un bouquet de voyages : l'infini de la Chine qu'il traverse enfant, la peau d'une femme le long de laquelle il grandit, la mer sur laquelle il court de chalut en carapace glacée. Deux passions l'agitent et le construisent : Shù, garde du corps et femme?; l'arbre à thé qu'il introduit en Provence. Deux folies héritées d'un père qui fut un roi du thé.
Ce livre est lauréat du Festival du premier roman de Chambéry 2020 et a reçu le prix « Alain Lèze - Le Bazart des Mots » du premier roman.
Une femme de quarante ans vient d'apprendre qu'elle attend un enfant. Elle décide de louer une chambre chez une vieille dame, quelque part sur la côte ouest du Cotentin. Ces deux-là ne sont pas tout à fait étrangères l'une à l'autre mais elles l'ont oublié ou préfèrent s'en donner l'illusion. Jour après jour, la narratrice accompagne sur son journal la lente remontée d'un passé détourné qu'elle est venue affronter seule dans l'espoir de s'en défaire et de (re)naître autrement.
Sept jours en face est un petit roman intimiste et énigmatique construit en miroir, une quête sur la vérité des origines, une histoire de résilience et de réconciliation, où le paysage, omniprésent, est presque une figure poétique à part entière.
Ce livre est lauréat du Festival européen du Premier roman de Kiel en Allemagne, du Festival du Premier roman et des littératures contemporaines de Laval 2020, du Prix littéraire Québec-France Marie-Claire-Blais 2021.
Dans cet essai court et percutant au titre provocateur, Nancy Huston convoque l'anthropologie, l'amour, la guerre, l'Histoire, la religion, l'art, l'écriture... pour interroger notre rapport au monde vivant, à l'autre - Plus un individu est éloigné de nous, plus son sort nous indiffère - et tenter de comprendre nos mécanismes d'indifférence, de repli. L'empathie est, de nos jours, très valorisée, tout est censé nous y porter : nous sommes informés des souffrances dans le monde, nous communiquons et pourtant, grâce à différentes techniques de distanciation, nous parvenons à ne plus y penser, ou du moins à ne plus nous y identifier. Rien n'est plus facile que l'oubli ... Est-ce ce que nous voulons vraiment ?
Voici une fresque audacieuse et très riche ! Elle retrace les grandes étapes de l'histoire de la bombe atomique depuis le début du siècle dernier jusqu'à aujourd'hui et les grands faits scientifiques, historiques et politiques qui l'ont accompagnée.
Mais ce n'est pas la seule audace de ce livre.
« Entrée en matière » est écrit comme un roman s'appuyant sur le parcours d'une femme « entrée en chimie », inspirée par les figures féminines et scientifiques d'Irène et de Marie Curie. Il offre un regard authentique sur la vie de deux scientifiques, sur leurs difficultés et leurs enthousiasmes, sur une vie de famille dans ce contexte et, sur celle, encore plus particulière, d'une femme issue d'un milieu modeste qui prend en main sa destinée.
Le récit est haletant et l'audace se niche aussi dans la forme, alternant des descriptions détaillées, des temps plus saccadés rythmés par des phrases très courtes et des passages de prose poétique qui soulignent et intensifient les émotions. Le rythme emporte le lecteur.
Les plus exigeants trouveront également, à la fin du livre, une chronologie qui leur permettra d'aller plus loin.
Préfacé par Xavier Emmanuelli, voilà un livre qui va droit au coeur du sujet. Et le sujet est URGENT, d'une impérieuse nécessité, comme les vies qu'il est question de sauver, de soutenir, quel que soit le contexte.
Dans ces temps de bouleversements, s'il est un point démontré par la Covid-19, c'est que personne ou presque ne sera épargné par ses conséquences sur cette planète, si petite finalement. Nous aurons le choix entre construire des murs de protection, nous confiner et nous protéger de l'Autre ou, au contraire, jouer la carte de la solidarité objective, réfléchie et indépendante. C'est ce que propose Pierre Micheletti dans ce livre, en 10 points très concrets.
Cet essai prend les chemins nécessaires à la compréhension, indispensables à l'analyse. Mais il fallait l'assurance d'un homme d'expérience, toute son honnêteté, sa simplicité et le sentiment très fort d'une absolue importance pour l'écrire.
Pierre Micheletti conjugue tout cela ainsi que la conviction que chacun d'entre nous est concerné. Au-delà des humanitaires, ce livre s'adresse à tous les citoyens. Parce que l'Autre c'est nous, parce que les conflits ne s'épuisent pas, parce que d'autres naissent et naîtront, parce que nous pouvons apporter notre soutien à une nouvelle organisation de l'aide humanitaire internationale.
«La solidarité internationale d'urgence se déploie au nom du principe fondamental d'une commune humanité entre les aidants et les aidés. Elle se débat pourtant face à des difficultés qui l'exposent à la paralysie. Elle n'arrive pas à réunir les ressources financières annuelles qu'il conviendrait de mobiliser. Plus d'une centaine de pays constitue le groupe défini par la Banque mondiale comme à revenus élevés. Si chacun de ces pays contribuait à hauteur de 0,03 % de son Revenu national brut, alors serait obtenue l'intégralité des sommes nécessaires pour faire face aux crises humanitaires internationales.»
L'homme semence est un texte écrit en 1919 par Violette Ailhaud. Violette Ailhaud est née en 1835. Elle est morte en 1925 au Saule Mort, un hameau du village du Poil, dans les Basses Alpes, appelées aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence. Dans sa succession, il y avait une enveloppe qui ne pouvait pas être ouverte par le notaire avant l'été de 1952. Après ouverture, la consigne indiquait que son contenu, un manuscrit, devait être confié à l'aîné des descendants de Violette, de sexe féminin exclusivement, ayant entre 15 et 30 ans. Yveline, 24 ans alors, s'est retrouvée en possession du texte, texte qu'elle a confié aux éditions Parole en 2006.Édité sous forme d'un petit livre, ce texte a touché de nombreuses personnes grâce à un bouche-à-oreille qui n'a cessé de s'amplifier.Dans cette bande dessinée à deux faces de Mandragore et de Laetitia Rouxel, L'homme semence franchit à nouveau les frontières pour emprunter des chemins où la beauté des images répond à celle des mots. S'il part à la rencontre d'autres lecteurs, d'autres cultures, c'est toujours au coeur et à l'intelligence qu'il parle. Laetitia interprète le récit de Violette Ailhaud alors que, sur l'autre face, Mandragore raconte l'environnement historique depuis le soulèvement républicain contre le coup d'État de Napoléon III le 2 décembre 1851 jusqu'à l'émotion que suscite L'homme semence aujourd'hui. Voir un extraitOuvrage réalisée en coédition avec les éditions de l'Oeuf.
« Vous n'avez vraiment rien de bien à dire d'Haïti ? Parlez-nous un peu de votre enfance, de lorsque vous étiez patriote et heureux. » Cette réflexion d'un étudiant puis, plus tard, une carte blanche d'un quotidien haïtien, vont entraîner Jean Marie Théodat à écrire cette série de textes qui laissent une vraie place à l'amitié et au courage, si présents à Port-au-Prince. Il y est question de vie, d'odeurs, de colères, d'hommes, de femmes, de chants, de cuisine, de paysages, de la musique d'une langue, d'enfants, de souvenirs, de couleurs, de la terre, et de tous les fatras de ce monde, desquels naissent le pire et le meilleur.
Avec Fatras Port-au-Prince, Jean Marie Théodat fait dialoguer textes et dessins. Ce double regard propose de découvrir Haïti par un autre prisme que celui de la seule actualité, celui d'un homme né sur cette terre et qui la porte dans son âme. Lucide, rempli d'émotions et d'humanité. Rires et larmes s'entremêlent, l'amour est là, il n'y a aucun doute. L'espoir aussi.
Nous sommes les habitants fragiles et tenaces de Paris. Je suis un homme qui boite, un enfant trop sensible, un chat mélomane, une vieille dame qui perd la boule, une jeune femme désespérée, une adolescente en colère, un homme qui rentre chez lui le 13 novembre, une amoureuse au pied de l'Institut du monde arabe, un gardien de musée, une fille en deuil, un réfugié, une écrivaine, toutes et tous à la fois. Je vous ai certainement croisés, un jour ou une nuit, dans les rues de la ville, au coin d'un parc, sur un quai, au bord d'un pont. À l'instant même ou des mois plus tard, votre image m'a touchée : un regard, une façon de marcher, un geste ténu... Nous sommes, dans cette mosaïque de portraits, les habitants fragiles et tenaces de Paris.
Version anglaise de «L'homme semence» de Violette Ailhaud traduit par Nancy Huston.
En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses-Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. Deux ans passent dans un isolement total. Entre femmes, serment est fait que si un homme vient, il sera leur mari commun, afin que la vie continue dans le ventre de chacune.
«It came from the farthest depths of the valley. Long before it forded the river, long before its shadow interrupted the gleam of water between sandbars like a slow blink, we knew it was a man. Our empty, husbandless women's bodies had started thrumming in a way there was no mistaking. In unison, our exhausted arms left off stacking hay. Glancing at one another, each and all of us remembered our oath. We grasped hands, squeezing each other's hands so hard that our knuckles fairly snapped - our dream, icy with fear and burning with desire, had been set into motion.» Postface de l'historien Jean-Marie Guillon de l'université de Provence, membre de l'association 1851.
Édité sous forme d'un petit livre, ce texte a touché de nombreuses personnes grâce à un bouche-à-oreille qui n'a cessé de s'amplifier. Parmi les lecteurs, un certain nombre d'artistes ont mis leur art au service du témoignage de Violette Ailhaud. Le théâtre, la danse, le conte, la lecture, la gravure, le cinéma et la bande dessinée ont formé une ronde d'interprétations qui permet à ce texte universel de faire le tour de la Terre.
« L'homme semence » a également été traduit et édité en allemand, en italien, en suédois, en espagnol, en néerlandais, en anglais et en occitan provençal. Le film de Marine Francen, « Le Semeur », est sorti le 15 novembre 2017.
Sans qu'on y prenne garde, Laure Sorasso nous emmène avec beaucoup de délicatesse vers... l'éternité. Peu à peu, par des allusions légères, puis des répétitions étranges, des mots plus explicites, l'autrice nous accompagne vers la réalité de son personnage qu'elle ne saura elle-même qu'à la fin du livre. Il lui faudra revisiter la maison et le jardin, réceptacles de tant de souvenirs inscrits dans les murs, dans l'espace, pour accéder au tout dernier.
Dans le quotidien et la répétition des gestes - fermer, ouvrir les volets pour se protéger du soleil, laisser entrer la fraîcheur de la nuit, préparer les lits, les chambres pour recevoir les enfants -, elle laisse divaguer ses pensées. D'autres souvenirs surgissent : lorsqu'elle était petite fille, sur la route vers la mer, les voisins, le village. De jolis prétextes pour tirer le récit hors d'un huis clos ou d'une introspection trop fermée. Surgissent alors des réflexions sur le temps qui passe, la vie des autres, celle d'aujourd'hui et celle d'avant, la sienne, les odeurs des corps, les rituels de bains... tandis que le soleil chauffe toujours plus fort et que la canicule s'installe.
Dans ce roman, comme dans «Les guerrières», édité en 2018, la narratrice semble être le personnage principal. Elle parle, raconte, se raconte. Mais, loin d'être une autofiction, une histoire se déroule, une histoire qui raconte aussi les autres, nous. Elle nous concerne tous et, sous la plume de Laure Sorasso, elle prend une allure de belle éternité.
Lire « Ma vie rurale », c'est être assuré de passer un bon moment. Suivre les aventures de cette Parisienne, issue du milieu audiovisuel et de celui des magazines, dans son passage au monde rural, c'est convier le sourire et même le rire, d'une page à l'autre.
On peut ouvrir le livre et, sans suivre l'ordre chronologique, prendre une bonne bouffée d'humour et d'intelligence. Le rythme est enlevé, l'écriture fluide et le fond bien dans la réalité de la vie à la campagne.
On y apprend tout sur la tête de veau, le repas des chasseurs, les grands vents d'automne... mais aussi la mort du maquignon, l'importance des odeurs, le regard de l'autre.
Si ce livre démystifie le retour à la nature, c'est bien aussi de son éloge dont il s'agit ou comment une décision prise à la légère devient un vrai choix, décidé légèrement.
Quatre hommes, quatre chômeurs, errent en quête de travail et de quoi se nourrir. Ils ne rentreront plus chez eux. Leur misère qui défigure bien plus que l'âge rencontre parfois la compassion et plus souvent le rejet. «Vous êtes de ceux qui cherchent le travail, mais avec un fusil, pour le tuer», leur dit une femme. Cette errance qui les jette d'un village à une ferme, d'un chantier à un fossé où ils dorment, les conduit jusqu'à la grande ville où la richesse s'étale mais ne sera pas pour eux.Situé en 1932, le roman «Les mains vides» reste d'une brûlante actualité.
«Voilà, j'étais Geneviève devenue Maria redevenue Geneviève. J'étais la délurée et la sérieuse, l'émigrante vindicative et l'institutrice très posée, la femme de Giovanni Bersconi et l'amante de ceux qui m'avaient plu, la mère sans enfants qui avait accouché en secret de deux fils. J'étais celle-là et celle-ci, j'étais la somme. Mais j'étais insatiable.»Elle ira jusqu'au bout de ses révoltes, de ses folies, de ses peurs, de ses hommes, de sa vie. Et cette somme de combats, cette somme de femmes vécues, elle en fera don à Ysée, une guerrière à venir, rencontrée avant de partir.
Plonger dans ce nouveau roman de Daniel Picard, c'est d'abord vivre et comprendre de l'intérieur les Printemps arabes, notamment en Libye. L'auteur s'appuie sur des recherches très documentées sur le contexte politique et les scènes de guerre civile. Lui-même chirurgien, Daniel Picard nous emmène au coeur des hôpitaux, au chevet du patient opéré, au travers de l'histoire romancée d'un médecin humanitaire, Jules Lavigne, envoyé en mission. Des peurs s'installent et disparaissent, d'autres naissent. Parmi les relations amicales profondes qui se noueront, l'amour tentera de trouver son chemin, mais aussi la mort, à laquelle il échappera de peu. Intensément bouleversé, il remettra en question certaines de ses attitudes et espérera retrouver celle qui l'attend peut-être en France. Le rythme est trépidant, les évènements s'enchaînent et on peine à poser ce livre avant la dernière page.
Comme dans son dernier roman «Moi, Ambroise Paré, chirurgien de guerre, aimé des rois et des pauvres gens», Daniel Picard excelle à plonger le lecteur dans un univers comme s'il était un des personnages du récit. Et, cette fois-ci, l'histoire est contemporaine, très récente, et chacun s'en souvient.
Cela pourrait être un témoignage ou un récit sur les ravages de la maladie d'Alzheimer, mais non, le livre d'André Cohen Aknin est bien plus que cela parce que l'auteur est écrivain et poète.
Il nous offre le récit d'une rencontre pas ordinaire, celle entre un fils et sa mère, et ce qui la distingue, c'est que le langage de la mère a changé : bribes de mots, onomatopées, gestes, sa langue est autre. Peu à peu, le fils va utiliser le même langage et renouer la relation rompue depuis longtemps. Il va même retrouver, peu à peu, tous les souvenirs de son enfance, bannis de sa mémoire pour cause de honte. C'est grâce à eux qu'il retrouvera le sourire au fond des yeux de la mère, et elle, le chant au bord des lèvres.
Il y est aussi question de soupes et de saveurs, de couleurs, d'odeurs, de celles qui renouent avec l'autre, avec la vie, et l'on sort de ce livre avec le désir de partir acheter ses légumes chez Mourad et de cuisiner une loubia algérienne tout de suite, là, immédiatement, pour la partager avec la mère.
L'écriture d'André Cohen Aknin, à la fois simple et poétique, est un mélange de cultures, celle de l'Orient et celle de l'Occident. On se laisse charmer, on en redemande.