Que serait le septième art sans la musique ? Depuis les mariages légendaires entre cinéastes et musiciens (Hitchcock et Herrmann, Leone et Morriconne) jusqu'aux chansons de Christophe, de Chet Baker à David Bowie, du cinéma de Clint Eastwood à celui de Claire Denis, des compositions de Georges Delerue à celles de Burt Bacharach, ce dictionnaire aborde le sujet sous tous les angles. écrit avec un plaisir contagieux, mêlant générosité et érudition, cet ouvrage est une invitation à redécouvrir le continent encore trop méconnu des musiques au cinéma.
Un roman drôle et mélancolique, prétexte à un portrait amoureux du monde du livre.
Il est impossible de résumer un Chomarat, et celui-ci en particulier.
Disons simplement que ce roman narre les aventures d'un livre qui, dès sa naissance, est promis à un destin a priori enviable : celui d'être un petit chef-d'oeuvre de littérature.
Mais est-ce suffisant pour exister en 2018 ? Entre crises existentielles et errances, cet ouvrage va tenter de trouver sa place dans un monde en perte de sens.
Les Mémoires de Lotte Eisner nous replongent dans l'Allemagne d'avant-guerre, à travers la vie quotidienne d'une famille de la grande bourgeoisie juive. Première femme critique de cinéma au Film-Kurier, L. Eisner est témoin de la richesse de la vie culturelle berlinoise (Bertolt Brecht, Max Reinhardt, Valeska Gert, Fritz Lang, Pabst...). Elle fuit l'Allemagne nazie en 1933 et trouve d'abord refuge en France où elle rencontre Henri Langlois et Georges Franju. Internée en 1939 par le gouvernement français au camp de Gurs, elle s'en évade. Durant l'Occupation, Langlois la cache dans un château où elle archive des bobines sauvées in extremis des mains de l'ennemi. Devenue, après-guerre, le numéro deux de la Cinémathèque française, elle parcourt le globe à la recherche des trésors du cinéma (films, décors, accessoires, etc.) et constitue, avec le Musée du cinéma, l'une des plus belles collections au monde. Les Mémoires de Lotte Eisner ont été recueillis par Martje Grohmann, ex-épouse de Werner Herzog, et sont préfacés par le cinéaste qui, dans Le Chemin des glaces, a fait le récit de sa longue marche pour la survie de La Eisnerin. Peinture d'une époque tourmentée, cet ouvrage raconte aussi la constitution d'une mémoire mondiale du cinéma. Les acteurs principaux du septième art y sont convoqués, Lang et Langlois bien sûr, mais aussi Louise Brooks, John Ford, François Truffaut, André Gide, Alfred Hitchcock, André Breton, Marlene Dietrich, Erich von Stroheim ou encore Eisenstein.
Après Les dix meilleurs films de tous les temps et Un petit chef-d'oeuvre de littérature, Luc Chomarat nous amène à redécouvrir la naissance du cinéma. Convoquant, pêle-mêle, les figures de Nicolas Tesla, George Lucas, King-Kong et Méliès, ou encore Monroe et Rohmer, L'Invention du cinéma se fait fort de parcourir plus de cent ans de cinéma avec irrévérence, humour et érudition.
Un passionné de cinéma décide de dresser la liste des dix meilleurs films de tous les temps. D'abord persuadé qu'ils ne peuvent être que d'Ozu, il se souvient de l'existence de Mario Bava... Écrit dans un style épuré qui semble né d'une longue contemplation des chefs-d'oeuvre de l'auteur de Voyage à Tokyo, ce « roman » est une déclaration d'amour au cinéma d'auteur et au cinéma tout court. C'est une oeuvre pleine de passion et d'humour, à lire d'un trait.
Qu'est-ce que le camp ? « Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour pénétrer la sphère comportementale. C'est le reflet de Narcisse dans le miroir de la Méchante Reine de Blanche-Neige. » Camp ! volume 2 invite les comiques outranciers Jerry Lewis et Mel Brooks, s'attarde longuement sur les fabuleuses courbes de Jayne Mansfield chez Tashlin, le glamour étrange de Mae West, voit débouler une Raquel Welch dans la peau d'un homme, se faufile dans les danses de Bob Fosse. Cet opus met en lumière la beauté des décors baroques de Joseph Losey et la fureur des oeuvres de Ken Russell. L'amour de Pascal Françaix pour le Camp lui permet de sauver de l'oubli certains nanars d'envergure (Xanadu). Gode-ceinture de rigueur et âme sensible s'abstenir. En somme du rire, des larmes, du sexe et du rythme : le Camp est de retour !
Qu'est-ce que le camp ? « Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour pénétrer la sphère comportementale. C'est le reflet de Narcisse dans le miroir de la Méchante Reine de Blanche-Neige. » Camp ! volume 1 n'est pas à proprement parler un essai, mais plutôt le récit d'un genre cinématographique, un récit débordant d'humour et d'amour pour le cinéma. Un roman dont les héros s'appellent Joan Crawford, Vincent Price, Norma Desmond, Paul Morrissey, Baby Jane, Andy Milligan, ou encore Doris Wishman, cinéaste à nulle autre pareille, mère d'une oeuvre qui lui valut d'être comparée à Ed Wood ou Jean-Luc Godard. Une curieuse odyssée où l'on croise des hommes en porte-jarretelles, des femmes qui tuent à coups de seins, des poupées ridées, des stars déchues, des espionnes aux corps bioniques. Le filtre Camp agit dès lors comme un révélateur, qui nous permet de relire le cinéma anglo-saxon sous un jour nouveau.
Camp ! est un livre-somme, dont la publication s'étalera sur trois volumes.
Dans ce premier opus, Pascal Françaix s'intéresse au mélodrame gériatrique (« hagsploitation »), au cinéma d'épouvante (dont les productions de la Hammer) et au cinéma d'exploitation (de Russ Meyer à la drugsploitation).
Michel Vianey dresse un portrait de Jean-Luc Godard à la fois tendre et espiègle. Venu couvrir le tournage du Mépris pour L'Express, Vianey décide de faire, de JLG, un livre.
Il le suit, interroge Anna Karina, puis s'arrête longuement sur le tournage du film Masculin féminin (1966). Jean-Pierre Léaud, Chantal Goya ou Marlène Jobert y côtoient Brigitte Bardot, le chef opérateur Willy Kurant, la monteuse Agnès Guillemot, sans oublier un assistant réalisateur nommé Pascal, et qui n'est autre que Pascal Aubier, auquel Didier da Silva a consacré un ouvrage intitulé Le Dormeur, et qui paraît conjointement avec ce Roman de Godard*.
*Déjà paru sous le titre En attendant Godard (Grasset, 1967).
Cinéaste culte, Richard Fleischer est l'auteur de près de cinquante films (Les Vikings, 20 000 Lieues sous les mers, Soleil vert...) dont nombre de classiques. Il a longtemps souffert de la réputation de yes man, soit un réalisateur prêt à accepter tous les projets. S'il est vrai qu'il a dirigé quelques commandes, sa filmographie compte quantités de chefs-d'oeuvre, adulés par des cinéastes de premier plan. Dans cet essai, richement illustré, Nicolas Tellop retrace sa carrière cinématographique, démontre la cohérence de son oeuvre et révèle, enfin, la force de ce véritable artiste.
Après avoir revisité le cinéma d'exploitation et la comédie musicale, voilà que Camp ! se conclut par un feu d'artifice. Il nous replonge dans les mélodrames outrés d'Edward Dmytryk, les divas esquintées, débordantes de chair et de fards (Liz Taylor ou Lana Turner) en passant par les soap operas adolescents de Delmer Daves avec Troy Donahue, pâle imitation d'un James Dean. Le métafilm hollywoodien y revisite les destinées de Jean Harlow et consorts jusqu'à l'indispensable Jour du fléau de John Schlesinger. La seconde partie de l'ouvrage se penche sur l'avant-garde et le porno gay et met à l'honneur des auteurs anarchistes, tels Jack Smith, Kenneth Anger, les frères Kuchar, sans oublier John Waters et sa Divine avide d'immondices. Ce dernier volume explore un cinéma qui éclaire d'une manière nouvelle, subversive et contestataire, la sexualité, les normes, Hollywood et ses marges ; le Camp s'avère un outil indispensable pour envisager le monde.
EXIT comprend quatre textes illustrés de l'écrivain et photographe Éric Rondepierre : Film, Jardin, Zone, Musée. Quatre méditations offertes au lecteur sur l'enfermement, la fiction, l'enfance et son berceau verdoyant, la mère et les images exhumées des salles obscures. On y croise Marnie et Belle de jour, Cary Grant et Audrey Hepburn, les musées Maillol ou Carnavalet, et les jardins des Champs-Élysées, hantés par des images fixes ou en mouvement, des mondes mobiles où les réminiscences affleurent. On y franchit des seuils et des rideaux, des lieux hantés par des promeneurs anciens, des souvenirs, des images. Au fil des oeuvres, Exit trace un chemin d'errance où fiction et autobiographie se mêlent.
Pierre Sky introduit dans cet essai le concept de chant-contre-chant, qui désigne la superposition de « deux types de voix dans la bande-son d'un film : celle d'un artiste qu'on entend chanter par le biais d'une platine, d'une radio ou d'un juke-box, par exemple, et celle d'un ou de plusieurs personnages qui reprennent simultanément la même chanson. » Il montre comment ce procédé narratif traverse en réalité toute l'histoire du cinéma parlant et, en fils spirituel de Serge Daney, il mène son analyse sur plusieurs fronts : celui du cinéma, bien sûr, qu'il soit d'auteur ou populaire (l'auteur aborde des films aussi variés que Casablanca ou Les Gardiens de la Galaxie), mais aussi celui de l'imagerie télévisuelle (et notamment l'émission Carpool).
On y constate que, s'il est parfois périphérique ou simplement ornemental, le chant-contre-chant revêt une fonction bien plus profonde, voire centrale, chez Nanni Moretti, dont l'oeuvre sert de fil rouge à cet essai.
Après être passé par la rko Pathé News, Richard Fleischer amorce sa carrière de cinéaste avec Child of Divorce. Il poursuit avec plusieurs films à petit budget et réalise L'Énigme du Chicago Express, pépite du film noir qui devait lui valoir ses galons pour de plus grosses productions mais le studio est racheté par Howard Hughes, qui a d'autres projets pour lui...
Les mémoires de Richard Fleischer, pour la première fois traduits en français, sont un portrait d'Hollywood (de ses nababs, Disney, Hughes, Zanuck etc. et ses stars, John Wayne, Robert Mitchum, Kirk Douglas, Juliette Greco etc.) parfois acide, souvent drôle et enthousiaste. Survivre à Hollywood auprès de tels égos, n'a rien d'une sinécure mais Fleischer, contre vents et marées, tient la barre. Sa carrière s'étend sur quatre décennies et nous laisse de nombreux chefs-d'oeuvre.
Georges Franju a marqué l'histoire du cinéma français, et à plusieurs titres.
Fondateur avec Henri Langlois de la Cinémathèque française, il fut aussi réalisateur de documentaires légendaires (Le Sang des bêtes, Hôtel des Invalides) et l'un des pionniers du cinéma d'épouvante en France (avec notamment Les Yeux sans visage) dont Almodóvar signa un remake amoureux (La Piel que habito), ou le mythique Judex, en hommage à Feuillade. Si l'oeuvre de ce cinéaste a déjà fait l'objet de plusieurs analyses, peu se sont intéressés à l'homme en lui-même.
Qui connaît la relation privilégiée qu'entretenaient Franju et Fritz Lang ? Ou encore que Truffaut utilisa des extraits d'un de ses court-métrage pour Le Dernier Métro ?
Ainsi, le Dictionnaire Franju se propose de mêler archives radiophoniques et télévisuelles, entretiens inédits, anecdotes fascinantes, souvent savoureuses, ainsi que de nombreux documents de travail puisés dans les archives personnelles du réalisateur. Cet ouvrage, par le biais de 108 entrées, offre un panorama complet sur cette personnalité atypique du cinéma français.
Michel Ciment offre une exégèse des plus abouties sur l'un des cinémas les plus hétéroclites et inventifs de sa génération : l'oeuvre magique et poétique de John Boorman. Initialement publié en 1987, cet ouvrage s'enrichit des huit longs métrages qu'a tourné Boorman depuis La Forêt d'émeraude et d'autant d'entretiens.
Boorman, un visionnaire en son temps, est la clef indispensable pour découvrir ce qui lie l'épopée arthurienne d'Excalibur, l'histoire du gangster anarchiste irlandais Martin Cahill dans Le Général et l'expédition initiatique dans les Appalaches de Délivrance. Cette monographie rejoint l'autobiographie et le premier roman de John Boorman, déjà publiés chez Marest Éditeur.
C'est sans doute la scène la plus célèbre de toute l'histoire du cinéma, la fameuse « scène de la douche » de Psychose ; son influence est telle que ne cessent de se multiplier les hommages, de Brian De Palma à Francis Ford Coppola, de Gus Van Sant à David Fincher, des séries Bates Motel aux oeuvres d'artistes contemporains tels Douglas Gordon, Pierre Huyghe, Cindy Sherman.
Le phénomène est décortiqué, sous toutes ses coutures, par Sébastien Rongier dans Alma a adoré, où il met en lumière l'importance du film d'Alfred Hitchcock, en faisant appel aux réflexions de penseurs tels qu'Emmanuel Kant ou Roland Barthes, tout est en démontrant la primauté de ce véritable emblème de la Pop Culture, un pur « effet cinéma ». Par ailleurs, ce texte, traversant les prolongements littéraires et cinématographiques du film, développe une vision très personnelle de cette oeuvre, l'auteur étant l'une des premières victimes de cet « Effet Psycho ».
Constance a disparu. Est-elle partie en week-end ? S'est-elle réfugiée dans son appartement à l'autre bout de la ville suite à une dispute ? L'a-t-elle quitté pour un autre homme ?
Le narrateur part sur ses traces, à la gare, au café, chez elle. Son périple, dans la ville enneigée, le conduit à croiser un compagnon de travail de Constance, à apercevoir son manteau, porté par une autre, puis à le replonger dans son passé.
Constance aime le cinéma et le narrateur joue avec les fantômes de celluloïd de sa propre obsession cinématographique : Vertigo. Alors qu'une ville sans nom prend les allures labyrinthiques de San Francisco, Sur ses traces dessine un fulgurant hommage au chef-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock, à travers une vertigineuse mise en abyme qui nous parle de phantasmes, de passions et de cinéma.
Essai théorique, émaillé d'humour, le texte d'Antoni Collot est une réflexion sur l'OEuvre de Jacques Doillon (La Femme qui pleure, Le Petit Criminel, CE2 etc.) et ses fameuses prises. Il se plaît à ausculter l'énergie d'un cinéaste qui, sans avoir jamais transigé avec sa vision du monde, témoigne d'une recherche formelle au long cours, laquelle contribue, de manière presque sibylline, au renouvellement du langage cinématographique.
Les Prises Doillon théorise ce mouvement et, sans chercher à apporter des réponses, cède à la joie d'amener des questions nouvelles.
Inutile de présenter Alfred Hitchcock, « le Maître du Suspense », interviewé par Andy Warhol pour sa revue Interview Magazine, en avril 1974. De quoi peuvent bien parler l'artiste le plus emblématique de la pop culture et le cinéaste légendaire, quand tout semble les opposer ? De cinéma, bien sûr, mais d'une manière nouvelle.
Des grands magasins et de la prolifération des enfants de stars à Hollywood. Mais aussi de Jack l'Éventreur.
Ce long entretien est l'occasion pour Alfred Hitchcock de déployer tout son humour, sans jamais tarir d'anecdotes de tournages, face à un Andy Warhol qui apparaît tantôt nerveux, tantôt fébrile en diable.
Le montage de l'interview, que nous avons choisi de reproduire au plus proche de celui de l'époque, plonge le lecteur au sein d'une pièce de théâtre, parfois absurde, où Warhol et Hitchcock n'hésitent pas à emprunter les habits d'un meurtrier, et à s'imaginer les crimes qu'ils commettraient.
Cet entretien ne se réduit pas à la lumineuse rencontre de deux artistes majeurs, loin de là. Le regard d'Andy Warhol apporte un éclairage nouveau sur l'oeuvre de l'auteur de Sueurs Froides, révélant les obsessions intimes de l'interviewer comme de l'interviewé.
Qu'y-a-t-il encore à apprendre sur Alfred Hitchcock ? entend-on parfois dire. Pour quelle raison faudrait-il taire que l'oeuvre écrite de cet artiste grandiose est sans doute la source intarissable de toutes les réjouissances ? Mieux encore : le moment est venu d'entendre Hitchcock écrivain. Il faut lire « Rôle de la femme » - cette réponse de 1919 à tous les futurs procès en misogynie. Ou bien « Sordide ». C'est le texte et le style d'un devin japonais de 1920. De perpétuels coups à trois bandes - russes, anglaises et américaines. Un humour imparable, toujours. Et une vivacité d'esprit, des mouvements de pensée fulgurants et espiègles - sortes de traits projetés d'une sarbacane, fichée dans la bouche enthousiaste d'un enfant. Penser, sans relâche. Songer au film idéal ou définir le film « parlant ».
A l'occasion de l'adaptation de l'un de ses romans au cinéma, Philippe Mezescaze est invité sur le tournage à La Rochelle. Cette expérience, profondément bouleversante, l'amène à croiser les acteurs qui interprètent sa mère, sa grand-mère, et lui-même. Entre jeux de miroirs et métamorphose de sa propre enfance, les souvenirs ressurgissent au gré des scènes et des rencontres avec son jeune alter ego, Noah, enfant perspicace et sensible.
Cet épisode a amené le romancier à écrire une dernière confession sur Irène, sa mère encore enveloppée d'un mystère. "Je ne sais rien d'elle" retrace à la fois la construction d'une identité et l'épopée d'un tournage. Ce récit autobiographique, inspiré par l'enfance de Philippe Mezescaze, est un témoignage émouvant et troublant.
Jacques Demy confesse s'être servi de son expérience américaine pour Peau d'âne ; Marguerite Duras s'embarque dans une conversation épique ; la monteuse Agnès Guillemot ou le compositeur Michel Legrand racontent leur collaboration avec Jean-Luc Godard ; Bulle Ogier confie sa terreur de la drogue quand Wenders s'accorde une séance de psychanalyse sauvage dans le sillage de Paris, Texas...
Ce recueil de 29 entretiens, menés par Noël Simsolo entre 1969 et 1985, donne la parole à des cinéastes français (Claude Chabrol, François Truffaut, Éric Rohmer, Jacques Rivette...), allemands (Werner Herzog, R. W. Fassbinder), japonais (Nagisa Oshima, Yoshishige Yoshida), des comédiens, des collaborateurs artistiques. Toutes ces conversations témoignent d'une même passion : celle d'oeuvrer pour le cinéma, qu'importent les conditions économiques, les moeurs, l'époque.
La petite géographie réinventée de Leos Carax est une traversée topographique et littéraire dans la filmographie d'un cinéaste rare et essentiel, à travers différents lieux récurrents (la chambre, le pont, la limousine, le corps de Denis Lavant...). Pour parcourir cette constellation, Jérôme d'Estais a choisi comme compagnon de route Pierre Reverdy, dont la poésie, fécondée par l'espace, semble organiquement reliée à l'univers de Carax.
En émane un texte sensible, un guide nécessaire, tout autant qu'une déclaration d'amour à l'oeuvre du père de Mauvais Sang, Holy Motors et Annette.
"Tennessee Williams, l'écran sauvage explore les liens étroits entre le dramaturge et le cinéma. En parcourant les très nombreuses adaptations de ses oeuvres à l'écran, cet essai s'intéresse à différents thèmes marquants, dont la sexualité, la place des femmes, des homosexuels ou encore le rôle de la censure dans le cinéma hollywoodien. Auteur américain le plus adapté au cinéma malgré des rapports plutôt conflictuels avec Hollywood, Williams détestait la plupart des adaptations de ses pièces, et pourtant, elles ont durablement marqué l'histoire cinématographique : d'Un tramway nommé désir à La Chatte sur un toit brûlant, en passant par Soudain l'été dernier, Baby Doll ou La Nuit de l'iguane.
Tennessee Williams dépeint un univers baigné dans une atmosphère sulfureuse, qui révèle les névroses familiales secrètement tapies dans les foyers, fustige le racisme rampant du Deep South et donne la parole aux désirs enfouis. Interprétée par le cinéma, son oeuvre met en lumière les marginaux, les éclopés, vagabonds et autres artistes désargentés, en somme les grands oubliés du rêve américain sous les traits d'acteurs et d'actrices mythiques : Marlon Brando, Elizabeth Taylor ou Vivien Leigh et Anna Magnani.
Cet ouvrage explore cet univers, par le biais de huit thèmes suivis d'analyses de séquences, qui rappellent toute la force de ces adaptations ; si les pièces du dramaturge sont souvent mutilées pour satisfaire la censure, elles conservent aujourd'hui encore toute leur force de subversion."