Ce liber amicorum est dédié au professeur Gilbert Hanard à l'occasion de son accession à l'éméritat. Son contenu illustre bien les options pédagogiques et scientifiques du titulaire du cours de droit romain qu'il dispensa pendant plus de trente années aux étudiants de la première année en droit.
Cet ouvrage, bouquet offert par ses amis et collègues des universités belges et européennes, plonge en effet au coeur du dialogue continu qu'entretiennent le droit romain, l'histoire du droit et le droit civil contemporain. Un tel croisement disciplinaire ayant alimenté en permanence l'enseignement de Gilbert Hanard, le choix de recourir aux plumes de romanistes, d'historiens et de praticiens du droit pour composer cet hommage s'imposait.
De l'Antiquité aux sources du droit romain dans la législation moderne ou les Principes européens du droit des contrats, en passant par le Moyen Âge et le début de l'indépendance de la Belgique, le spécialiste autant que l'amateur éclairé trouveront dans ces contributions les éléments d'une réflexion sur l'importance de la démarche historienne pour la compréhension des principes qui fondent le droit civil actuel..
Le thème de cet ouvrage est né de la rencontre entre un impératif et une intuition. L'impératif, c'est la nécessité de mieux appréhender le processus de construction des droits européens - celui de l'Union européenne et celui du Conseil de l'Europe. A l'heure où l'Europe patine et où le droit ne semble plus à même de jouer le rôle de vecteur d'intégration qu'il a longtemps tenu, il est urgent de s'interroger sur les conditions de possibilité et de légitimité de la production juridique dans une Europe plurielle, composée d'une myriade de foyers de droit qui interagissent dans l'ignorance de toute hiérarchie simple et univoque.
L'intuition, c'est l'idée selon laquelle la figure de la traduction pourrait offrir une grille d'analyse susceptible d'éclairer d'un jour nouveau les mutations du droit contemporain. La traduction s'apparenterait ainsi à quelque chose comme la "grammaire " du "droit en réseau" caractéristique des sociétés actuelles. Dans nos ordres juridiques sans frontières et sans centre, la communication entre les différents acteurs du droit est à la fois plus nécessaire et plus périlleuse que jamais. Invitant à relier sans mélanger, à transposer sans imposer, à connecter sans unifier, le paradigme de la traduction offre peut-être à ces nouveaux défis pour le droit des réponses intéressantes, qui renvoient dos à dos une vision fataliste de l'éclatement des ordres juridiques et toute prétention hégémonique à l'édification d'une nouvelle tour de Babel.
Cet ouvrage se penchera sur la pertinence (I) et sur la fécondité (II) de la rencontre entre cet impératif et cette intuition, entre cet analyseur - la traduction - et cet analysé - la construction des droits européens. Evaluer la pertinence de cette rencontre reviendra à se demander si la production juridique européenne peut être adeéuatement observée et décrite à travers le prisme de la traduction et si, en retour, le "laboratoire européen" peut servir de "test grandeur nature" au paradigme de la traduction. Mesurer la fécondité de cette rencontre consistera à s'interroger sur la plus-value mutuelle qu'elle génère, en sondant d'une part la contribution du paradigme de la traduction à une meilleure appréhension de la production juridique européenne, et en se demandant d'autre part si notre "intuition traductrice" sort renforcée et affinée de sa confrontation à la réalité des droits européens
Dénonciations font usage du lexique religieux de la critique des idoles : faux-dieux (argent, matché, profit, capital) , " culte " de la maîtrise technique (manipulations du vivant, emprise des images, mondes virtuels), " sacrifices " humains et animaux sur l'autel de la rentabilité (crises alimentaires, pillage du Sud par le Nord), " rituels " de compétition (médias, sports, luttes d'influences politiques). Pour révélateur qu'il soit, ce langage ne suffit cependant pas à élucider le rapport au pouvoir impliqué dans l'idolâtrie. L'idolâtrie a certainement à voir avec l'artifice, le simulacre, la reproduction du même, la maîtrise et les formes narcissiques du désir. Mais au fond, que cache l'idole par sa visibilité même ? Est-elle une figure extérieure, dont le seule critique entraînerait la destitution ? Ou bien est-elle le reflet d'une servitude immanente aux pouvoirs que l'humanité s'accorde à elle même, tout en se persuadant de sa liberté ? Ces questions recoupent la réflexion théologique sur l'idolâtrie. Il est trop court de traiter celle-ci comme une " erreur " sur Dieu, ou dans le cadre d'un dualisme opposant faux et vrai Dieu. Mais s'il y a un sens à parler d'idolâtrie, il convient de se demander pourquoi et comment parler aujourd'hui de Dieu. De sorte que, s'il nomme Dieu, l'humain puisse ne pas s'asservir à un mensonge à lui-même.
De Cornélius Castoriadis. L'?uvre de Castoriadis est aujourd'hui trop peu connue au regard de la richesse conceptuelle qu'elle recèle et de l'intérêt qu'elle peut dès lors représenter pour d'autres courants philosophiques et pour la plupart des sciences humaines : elle peut enrichir de nombreux débats actuels dans le champ de la philosophie, des études littéraires, de la linguistique, de la psychologie, de l'anthropologie, de l'histoire, des sciences sociales et politiques, des sciences juridiques. Elle est susceptible de provoquer la rencontre interdisciplinaire entre des thématiques de recherches naturellement trop enserrées dans des champs scientifiques institués. II s'agit donc de profiter des nombreux enjeux de cette ?uvre pour en faire un objet de débat et l'un des " outils " de la pensée contemporaine.
La libre circulation et les droits fondamentaux constituent des piliers de la construction européenne. La libre circulation incarne le «rêve européen» d'un marché unifié, d'un espace économique intégré synonyme de richesse et de prospérité. Les droits fondamentaux évoquent quant à eux l'image d'une Europe humaine et citoyenne, fondée sur le respect de la dignité de chacun.
Suprêmes, absolus, intraitables dans le ciel des idées, qu'advient-il de ces principes lorsqu'ils se retrouvent convoqués ensemble devant le juge de l'Union européenne? Cette question se trouve au centre du présent ouvrage, qui s'efforce de défaire les préjugés sur les rapports entre l'Europe du marché et celle des droits de l'homme.
Il s'ouvre sur une mise en contexte historique et comparative, qui retrace la montée en puissance des droits de l'homme dans l'Union européenne et promène le regard sur les expériences des ordres juridiques voisins. Vient ensuite une partie consacrée à la dissection de la jurisprudence communautaire, qui révèle toute la complexité des interactions entre la libre circulation et les droits fondamentaux. Cette analyse débouche enfin sur des prises de position audacieuses et tranchées, qui prétendent guider pas à pas les juges de Luxembourg dans la résolution des affaires où sont invoqués tantôt face à face, tantôt côte à côte, les impératifs de la libre circulation et le respect des droits fondamentaux.
En contrepoint de cette analyse de droit positif, le présent ouvrage propose une réflexion sur l'évolution du droit contemporain. Prenant acte de l'estompement des frontières censées borner la «chose juridique», cette étude offre un vibrant plaidoyer contre la démission du droit et sa dilution dans l'utilitarisme des sciences économiques, dans le pragmatisme de la décision politique ou dans l'équité du jugement moral. L'auteur y professe sa foi dans le génie juridique, mais un génie dessillé sur les réalités mouvantes du droit moderne, un génie personnifié dans la figure à la fois chimérique et éclairante du juge traducteur.