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pierre furlan
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Célèbre documentariste et homme de gauche engagé, Leonard Fife fut l'un des soixante mille Américains à fuir au Canada pour éviter la conscription pendant la guerre du Viêtnam. Désormais âgé de soixante-dix-sept ans et se sachant condamné, il a accepté de se prêter à une interview filmée que veut réaliser l'un de ses anciens élèves, Malcolm, devenu son disciple. Fife a exigé le noir complet sur le plateau ainsi que la présence constante de sa femme derrière lui pour écouter ce qu'il a à dire, au terme de toute une vie de mensonges. Mais sous l'effet de l'aggravation rapide de son état, sa confession ne ressemble pas à ce que lui-même avait prévu...
Puissant, bouleversant, écorché, ce roman testamentaire sur les formes mouvantes de la mémoire pose la question de ce qui subsiste - de soi, des autres - lorsqu'on a passé sa vie à se dérober. -
Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire - salué dans le monde entier, sélectionné aux Oscars et remportant le César 2018 - aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident.
Attention, chef-d'oeuvre !
La Croix (au sujet du film documentaire I Am Not Your Negro) Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Furlan -
Trilogie New-Yorkaise
Paul Auster, Marc Chenetier, Jean Frémon
- Actes Sud
- Littérature Anglo-Américaine
- 27 November 2024
- 9782330198664
De toutes les qualités qui ont justifié le succès de la "Trilogie new-yorkaise", l'art de la narration est sans doute la plus déterm inante. C'est qu'il suffit de s'embarquer dans la première phrase d'un de ces trois romans pour être emporté dans les péripéties de l'action et étourdi jusqu'au vertige par les tribulations des personnages. Très vite pourtant, le thriller prend une allure de quête métaphysique et la ville, illimitée, insaisissable, devient un gigantesque échiquier où Auster dispose ses pions pour mieux nous parler de dépossession.
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Le Royaume enchanté
Russell Banks
- Actes Sud
- Litterature Anglo-Americaine
- 3 January 2024
- 9782330185374
En 1971, Harley Mann revisite son enfance et raconte l'installation de sa famille dans les marécages de Floride, à quelques encâblures de ce qui allait devenir Disney World, pour rejoindre une communauté de shakers - utopiste, pieuse, abstinente. Au coeur de son récit, l'amour interdit du garçon qu'il était et d'une jeune femme nommée Sadie, qui conduira la communauté à la perte et à la destruction. Une éblouissante tapisserie entremêlant amour et foi, mémoire et imagination, qui interroge ce que signifie regarder en arrière et accepter sa place dans l'histoire.
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Par l'auteur de Sous le règne de Bone, De beaux lendemains et American Darling, le grand roman du nouveau désordre sexuel, à l'ère d'Internet et de la pornographie en ligne, à travers le personnage d'un jeune délinquant sexuel incarnant l'enfer d'une addiction aussi particulière que largement répandue et le supplice de l'exclusion qui peut la sanctionner. Une réussite romanesque éblouissante.
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Douze nouvelles au fil desquelles des couples divorcent, des femmes noires sont traquées par des pit-bulls, où une liste de courses devient un programme de vie, où l'on écoute battre sous la poitrine d'un autre le coeur transplanté d'un amour décédé... Au sommet de son art et avec une superbe économie de moyens, Russell Banks transmue le réel et le quotidien en paraboles métaphysiques.
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Dans ce captivant recueil de récits qui est aussi un livre de vie, Russell Banks, explorateur impénitent, invite son lecteur à l'accompagner dans ses plus mémorables voyages - des Caraïbes à l'Himalaya en passant par l'Écosse. Entretien avec Fidel Castro à Cuba, folles virées en voiture à l'époque hippie, expériences diversement radicales, relations entretenues avec ses quatre épouses successives, autant d'étapes formatrices aux allures de quête de soi qui ouvrent chez le lecteur un chemin vers le coeur et l'âme d'un romancier aussi prestigieux que respecté.
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Quand en juillet 1936 le peintre Jordan Groves rencontre Vanessa Cole dans son luxueux chalet en bordure d'un lac des Adirondacks, il ignore qu'il vient de franchir la ligne qui sépare les séductions de la comédie sociale et les ténèbres d'une histoire familiale pleine de bruit et de fureur. Si attaché qu'il soit à sa femme et à ses deux enfants, ou aux impératifs d'une carrière artistique déjà brillamment entamée, Jordan ne peut longtemps se soustraire à l'irrésistible attraction qu'exerce sur lui la sulfureuse Vanessa.
Très loin de là, en Europe, l'Histoire est en train de prendre un tour qui va bientôt mettre en péril l'équilibre du monde. Déjà, certains écrivains, tels Ernest Hemingway ou John Dos Passos, ami de Jordan Groves, ont rejoint l'Espagne pour combattre aux côtés des républicains.
Sur les rives du lac, Jordan Groves et Vanessa Cole s'approchent l'un de l'autre, l'avenir du premier déjà confisqué par le passé de la seconde, pour explorer leurs nuits personnelles dont l'ombre s'étend sur chacun de ceux qui les côtoient. -
Exterminate all the brutes
Roxanne Dunbar-Ortiz, Sven Lindqvist, Raoul Peck, Michel-Rolph Trouillot
- 10/18
- Documents
- 2 November 2023
- 9782264082039
L'histoire a toujours été écrite par les vainqueurs, il est temps de changer de point de vue.
Dans ce récit à l'ambition peu commune, Raoul Peck adopte radicalement la position des peuples conquis, vendus, déportés, tués au long des six cents années d'entreprises coloniales européennes. Il déconstruit l'histoire officielle pour tisser un texte robuste autour de l'extermination des Indiens d'Amérique, de l'esclavage des peuples d'Afrique, des colonisations et de la Shoah.
Sous le patronage de Joseph Conrad et en compagnie de Sven Lindqvist, Roxanne Dunbar-Ortiz et Michel-Rolph Trouillot, il remonte aux origines du racisme, à l'invention du Blanc et autres fictions qui conditionnent encore notre présent. -
A la demande d'une étudiante, Owen Brown, fils du célèbre abolitionniste américain John Brown, plonge dans ses souvenirs, parfois sereins mais le plus souvent violents et tumultueux, pour évoquer ce que furent la vie, le caractère et l'engagement de son père. Loin d'une vision héroïque et purement historique, le tardif récit filial approche un autre John Brown : le père de famille nombreuse à la personnalité écrasante, le puritain confit en religion, le capitaine d'une sanglante guérilla dont il sera le martyr.
Mêlant l'histoire et la fiction, Pourfendeur de nuages n'est pas seulement un immense roman sur le racisme et les rapports entre idéalisme et fanatisme. C'est aussi une lente plongée dans une période particulièrement agitée de l'histoire américaine - celle qui précède la guerre de Sécession - et un inoubliable tableau de la vie quotidienne des pionniers au sein d'une nature rude et sauvage.
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Après avoir, dans Chronique d'hiver (Babel n° 1274), revisité son passé sous le signe des mutations du corps, Paul Auster s'attache à la reconstitution de la formation de son esprit. Parallèlement à son parcours initiatique individuel, le romancier donne à comprendre l'environnement socioculturel de l'Amérique au sein de laquelle il a vécu ses années de jeunesse, dont plus de cent illustrations viennent incarner les diverses figures tutélaires, tout comme les temps forts dont la planète fut le théâtre au xxe siècle.
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Changements ; paradoxes et psychothérapie
Richard Fisch, Paul Watzlawick, John h. Weakland
- Points
- Points Essais
- 29 April 2014
- 9782757841891
Comment, dans les relations humaines, les impasses apparaissent-elles ? Qu'est-ce qui fait que, souvent, nos tentatives de provoquer un changement ne font que nous emmurer dans un jeu sans fin ? Il y a des changements qui ne sont que source de la permanence. Dire « plus ça change, plus c'est la même chose » équivaut, si l'on prend les choses par l'autre bout, à affirmer que ça change quand on s'y attend le moins. La technique ici proposée se situe délibérément à la surface : barrer le pourquoi pour mettre en avant le quoi. Un chemin est frayé dans la forêt des paradoxes humains, qui va de Russel, Wittgenstein et Bateson à Groucho Marx. Entre la logique et l'humour, une thérapie est mise en place qui ne prétend point guérir autre chose que notre rapport à autrui.
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Un trailerpark est un terrain où on loue des caravanes à l'année, comme des logements ordinaires. Celui qu'évoque Russell Banks se situe dans le nord du New Hampshire et abrite douze caravanes, au bord d'un lac.
En treize nouvelles d'inégale longueur, mais reliées entre elles par le thème, le site et les personnages, le livre s'empare de fragments de la vie des résidents.
Sur l'Amérique blanche populaire, Banks porte ici le regard ravageur et plein d'humour qu'on lui connaît. Le talent et la chaleur avec lesquels il les relate, en amateur consommé de la tragicomédie humaine, donnent à ces anecdotes exemplaires une saveur et une épaisseur particulières.
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Un couple détruit par l'alcool, le regard acéré d'un employé d'agence de voyage sur les gens fortunés, un brave gars perdu dans un bar du Sud profond, un pauvre type qui fait de curieuses rencontres nocturnes. Ces gens simples affrontent comme ils peuvent l'orage de leurs existences, banales en apparence, mais si émouvantes quand on en partage l'intimité. Des vies faites de courage, d'échec, de naïveté, de sorties de route et d'histoires d'amour qui finissent mal.
Neuf nouvelles poignantes sur l'Amérique des paumés et des laissés-pour-compte.
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Un jeune Néo-Zélandais, fruit d'une brève liaison, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre une femme maorie mariée et un soldat noir américain de passage, doit apprendre à vivre entre le mépris dont sa communauté accable sa mère et les dangers que fait peser sur lui la tentation d'idéaliser un père inconnu. Par l'auteur de L'Âme des guerriers, un roman puissant et dérangeant sur la violence qui règne au sein de la société maorie et sur la rémanence du racisme dans la société américaine.
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Une riche et originale New-Yorkaise, Mattina Brecon, décide de passer deux mois en Nouvelle-Zélande dans la ville qui a vu naître la légende maorie de la Fleur du Souvenir. Elle ne se doute pas que la rue où elle élit domicile va être le théâtre de phénomènes étranges, peut-être attribuables à l'influence d'un astre appelé l'Etoile de Gravité. Ces phénomènes se traduisent par la fracturation de la langue - déjà rendue inauthentique par son utilisation commerciale et politicienne - qui tombe en pluie de voyelles, de consonnes et de signes typographiques, et cet orage aura pour conséquence la disparition pure et simple des habitants de la rue.
Une telle destruction devrait servir de prélude au renouvellement de la langue et du monde, notamment grâce au travail des artistes et des romanciers. Car Janet Frame nous convie à suivre en parallèle la construction du roman qui raconte cette histoire, révélant du même coup ce qu'elle considère comme une tâche essentielle des arts, celle de ramener à la lumière du jour ce qui a été, par commodité ou lâcheté, enfoui dans l'oubli.
Lors de sa sortie en 1988, The Carpathians / Les Carpates a été salué par la presse anglo-saxonne comme un livre exceptionnel. Couronné par plusieurs prix, dont le prestigieux Commonwealth Prize de 1989, ce testament littéraire de Janet Frame est une oeuvre incontournable, enfin accessible aux lecteurs francophones grâe à la traduction inédite de Pierre Furlan.
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Pierre Furlan ; écrire-traduire, la langue entre les mots
Frédérique Dolphijn, Pierre Furlan
- Esperluète Éditions
- Orbe
- 5 February 2021
- 9782359841336
A la fois auteur et traducteur, Pierre Furlan se partage entre ces pratiques. Au fil de cette conversation, il explore ce qu'elles ont de commun et ce qui les différencie. Il nous confie son désir d'exploration, son ouverture à l'autre et vers d'autres formes de pensées. Pierre Furlan aborde avec précision le travail de l'écriture : les compétences linguistiques, la question du sens, le plaisir de la phrase juste...
Il s'amuse de ce qui le constitue comme auteur ou traducteur et exprime ce qui le met en mouvement : une curiosité de chaque instant, celle qui permet à l'écriture de l'emmener plus loin que ce qu'il n'avait imaginé dans un premier temps. -- La collection Orbe propose, sous forme de dialogues, des rencontres avec des auteur·e·s à propos de leur pratique d'écriture et de lecture. Il s'agit de mettre en lumière pour chaque auteur l'émergence d'un désir lié à l'écriture et à la lecture.
L'enjeu de la rencontre est de découvrir comment la conscience de leur processus je lis - j'écris - je suis lu fabrique leur pensée et modifie leur rapport au monde. C'est ce mécanisme que la collection Orbe explore. Pour que le lecteur découvre, et peut-être s'approprie, un processus d'écriture, de création et de pensée.
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après le suicide de sa fille, dont il a été tenu pour responsable, jake heke n'est plus tout à fait comme ses frères maoris de la banlieue d'auckland.
cet homme au passé violent, au caractère jusqu'alors méprisable, prétentieux et vulgaire, tente désormais de donner un autre sens à sa vie en la fondant sur le respect de soi et la rédemption. mais dans cette métropole de nouvelle-zélande demeurent les paumés, les tueurs et les dealers, les femmes soumises, battues ou calculatrices et les adolescents perdus. une communauté organisée et possessive qui ne laissera pas facilement l'un des siens s'échapper vers les rives salvatrices de l'intégration.
dans ce puissant roman où lyrisme et oralité s'entremêlent, alan duff retrouve les personnages de l'ame des guerriers et propose une représentation implacable de la violence urbaine de notre temps.
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Droit des entreprises d'assurance
Pierre Furlan, Olivier Sonck
- Esperluète Éditions
- En Toutes Lettres
- 21 March 2011
- 9782359840186
Paekakariki, en maori, évoque une perruche sur un perchoir ; il suffit de prononcer le mot pour entendre la perruche crier, nous appeler vers ce Pacifique Sud, et plus précisément, la Nouvelle-Zélande, où Pierre Furlan a situé ses trois nouvelles.
Dans Ma vie de boxeur, des hommes se jaugent sur un ring. Après son propre combat, un étudiant français expatrié observe un Pakéha (Néo- Zélandais d'origine européenne) se battre contre un Maori. Et le ring prend peu à peu un nouvel éclairage, se transforme en scène qui se charge de la douloureuse histoire de la colonisation.
Travail de nuit joue sur les fuseaux horaires. Le jour d'un côté de la Terre signifie la nuit de l'autre, à l'image d'un décalage qui reflète la vie et les travaux du traducteur qui anime ce récit. Pourtant, entre le monde apparemment hors du temps de l'île du Sud et la lointaine Europe, se tissent de nouveaux fils encore incertains qui arracheront le traducteur et le narrateur à leur solitude.
Et puis Paekakariki, ville et plage de l'île du Nord. Sous un soleil éblouissant, les couleurs se glissent hors de leurs contours habituels, signe de l'absence à lui-même et aux autres que le narrateur doit vaincre pour construire sa vie.
Poursuivant l'exploration des relations humaines dont il nous a déjà livré de forts témoignages dans ses ouvrages précédents, Pierre Furlan donne à sa recherche une dimension universelle grâce à la profonde empathie qu'il exprime pour ses personnages.
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Ma route coupait droit à travers le monde
Pierre Furlan
- Esperluète Éditions
- En Toutes Lettres
- 9 March 2018
- 9782359840896
Trois nouvelles composent ce recueil où réalité et fiction se mêlent à la vie des personnages. Dans la première nouvelle, Maison de bois rouge en Californie, Lupo est victime d'une hallucination alors qu'il joue aux cartes avec de vieux amis. Ont-ils voulu le troubler, lui faire perdre pied ou bien est-il vraiment victime de ses souvenirs? La fille de Summertime d'Hopper vient le narguer dans ses cartes, et sa vision le fait plonger dans des souvenirs d'adolescence alors que fraîchement débarqué à San Francisco, il tente de se construire. Souvenir, nostalgie et regrets se mélangent dans cette nouvelle qui fut écrite sur «commande» pour le supplément Télérama dédié à l'exposition Hopper.
Dans L'avenir à belles dents, le narrateur reçoit le manuscrit d'un certain « Léonard Morel », auteur américain d'un polar qui raconte ses mésaventures dans une grosse affaire de drogue. Rocambolesque, ce manuscrit entraîne le narrateur malgré lui. La vie passionnée de cet auteur anonyme n'est-elle pas finalement plus vraie que nature? Double-jeu, trouble entre réalité et fiction, fantasmes, ce maillage est l'occasion pour Pierre Furlan de s'interroger sur l'intérêt que les Américains prêtent à la réalité et comment ils peuvent s'en détourner pour préférer la fiction...
Ma route coupait droit à travers le monde est une interrogation sur le cheminement de la narration. A la recherche de l'histoire idéale, le narrateur explore les chemins de l'initiation, de la recherche et de l'insatisfaction... l'espoir résidant toujours dans l'histoire à venir.
L'écriture de Pierre Furlan se nourrit d'images et d'histoires. Cadrages, points de vue, atmosphères... on pense au cinéma ou à la photographie. Ses personnages, hauts en couleurs, entretiennent les mêmes liens que lui avec une Amérique à la fois proche et lointaine, désenchantée et sans cesse renouvelée. -
Le Violon de Soutter
Pierre Furlan, Alain Petre
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 1 November 2003
- 9782930223414
En 1897, Louis Soutter, peintre et violoniste suisse, débarque en plein Colorado, au pied des Montagnes Rocheuses. De son passage discret, peu se souviennent.
Pourquoi un homme débarquerait-il alors aujourd'hui, au volant d'une Buick, à la recherche des traces de cet artiste? Mimétisme ou curiosité? "J'allais me glisser dans ses chaussures, et je serais à côté des miennes."
Seules quelques vieilles dames plongent dans les entrelacs de la mémoire et confient au regard du voyageur de rares souvenirs et des fragments de vies.
Le récit de Pierre Furlan démarre comme un road-movie. Un conducteur en route, en recherche, scrute le paysage. C'est la destination du narrateur qui donne à l'histoire sa clef. Le passé tisse alors ses liens avec le présent. La quête du peintre Soutter rejoint celle du narrateur, et celle de l'auteur. Un effet d'emboîtement et une écriture minutieuse portent ce texte intense.
Les monotypes d'Alain Petre développent paysages, envols et ombres dans l'infinie nuance des gris. -
Là-haut, tout au nord de l'Australie, sur les rives du golfe de Carpentarie, survit comme elle peut, entre sécheresse et cyclones, la petite ville côtière de Desperance, qui fut autrefois un port et que les caprices des fleuves ont abandonnée à l'intérieur des terres. Des Blancs se sont installés là, pour dominer les Aborigènes locaux, pour chasser le crocodile et, bien sûr, pour exploiter les richesses du sous-sol.
Mais les temps changent et la résistance aborigène s'organise, prête à s'attaquer aux installations modernes, charriant aussi revendications d'identité, de territoire et de droit au rêve. Interviennent alors dans un récit halluciné, souvent drôle, des personnages hauts en couleur, tel Norm Phantom, embaumeur de poissons, conteur d'histoires, soupçonné de meurtre, dont le combat est de rassembler le clan de l'Est et le clan de l'Ouest, séparés à la suite d'une querelle épique pour le contrôle d'une décharge. Deux frères ennemis s'activent sous l'oeil vigilant d'un maire criminel et du capitaine Nicoli Finn, en permanence à l'affût des dérapages indigènes.
Il y a aussi Mozzie Fishman avec sa gueule à la Clint Eastwood ; Elias Smith, homme à la chevelure blanche rejeté par la mer, ni vivant ni mort, ses souvenirs perdus quelque part dans le non-temps du Temps du rêve ; des gamins qui sniffent de l'essence, un choeur de vieux qui commentent... et Angel Day, un peu clocharde, un peu sorcière, brandissant une statue de la Vierge récupérée dans les poubelles.
Empli d'un souffle magique mêlant agissements des personnages et vie des paysages, Carpentarie guerre de Troie, ou Roméo et Juliette à sa façon est un roman monumental et fondateur, combinaison de narration à l'occidentale et d'une forme propre aux Aborigènes d'Australie, mélange de récit oral et de mythologie, dont Alexis Wright est l'initiatrice depuis Les Plaines de l'espoir.
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Le lieutenant Verdier, en poste à la Nouvelle-Lyon, en Nouvelle-Zélande, dans les années 1930, est non seulement responsable des véhicules motorisés de ce protectorat français, mais fanatique de moto et porté sur le Pernod et les femmes - mariées de préférence et dont les maris, riches colons, sont en voyage d'affaires au Tonkin ou à Paris. Un nouveau résident-général étant nommé, Verdier est chargé d'aller à Wellington chercher le dernier modèle de Citroën commandé pour le maître des lieux. Wellington est alors (fantaisie de l'auteur oblige) une ville franche que les Anglais ont conservée faute d'avoir pu coloniser les premiers le Pays du Nuage Blanc.
Après un échange de piques entre mangeurs de grenouilles et buveurs de thé dans les bureaux des douanes et d'assurance de Wellington, Verdier prend enfin le volant et fonce sur les pistes quasi désertes de l'île immense, s'amusant à en sortir pour aller se planter dans le sable, lui qui après une décevante expérience de communication avec les indigènes au Maroc, aimerait avoir un meilleur contact avec les Maoris. L'occasion va lui être donnée de les approcher de près puisque, lors d'un arrêt pour la nuit dans une auberge, la voiture est volée, et Verdier, sans trop savoir pourquoi, s'enfonce dans l'intérieur du Parc national que les colons ont concédé aux indigènes.
Il y rencontre Marama, institutrice câline puis révoltée, le père Claude, missionnaire qui ferme les yeux sur le paganisme latent, et, surtout, Totoko, ex-amant de Marama, mouton noir de sa communauté du fait de sa violence. En leur compagnie et en celle du cannabis et de l'absinthe, il retourne lentement à l'état sauvage, avec des velléités rousseauistes sans illusion.
C'est un livre étonnant que nous livre Geoff Cush, une fantaisie humoristique sur Anglais et Français, une peinture des années 1930 mais aussi une réflexion sur la colonisation, sur la volonté de supériorité des Pakehas (Blancs) sur les Maoris et la fierté belliqueuse de ces derniers. Un livre cruel qui nous dit aussi que Gauguin pervertissait les filles des îles et aurait été un criminel s'il n'avait été peintre, qui rappelle que Liautey croyait en l'amitié et fut trahi puis limogé... un livre anticlérical, désabusé, d'un cynisme bien dissimulé sous les paysages luxuriants.