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lambert barthelemy
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Méditations sur la vie : quatre chapitres métaphysiques
Georg Simmel
- Circe
- 19 March 2020
- 9782842424701
Georg Simmel entreprend à la fin de sa vie quatre méditations. Il y présente sa propre philosophie.
Il s'engage dans une réflexion sur la vie humaine dans son élan incessamment renouvelé, mais aussi sur ce que celui-ci dépose, ce qui l'entrave, échappe à ce flux continuel. C'est le « tournant vers l'idée », où viennent prendre forme les oeuvres de la culture : les institutions, les réalisations de la technique ou de l'art.
Simmel aborde la vie dans son déploiement (en « plus-de-vie »), mais aussi dans ce qui l'excède (qui est « plus-que-vie »). Il fait place à la négativité. Penser la mort à même la vie, c'est considérer la finitude, mais aussi la condition de la culture. La mort est ce qui sépare l'individu, qui rend les mondes partagés nécessaires. Et si, étant mortels, les êtres sont individuels, quelle morale pour un individu séparé, sinon de tâcher de suivre sa propre loi ? Comment penser jusqu'au bout l'individualisme de notre modernité ?
Dans une langue simple, Simmel reprend pour son temps, pour notre temps peut-être, les grandes interrogations de l'existence. -
Ce livre présente l'édition bilingue de L'Atelier / Die Werkstatt, dernier recueil en date composé par Ulrich Zieger, au cours de l'année 2005. Le livre n'a pas encore paru en Allemagne. Il s'organise en deux parties égales, correspondant à deux moments de rédaction distincts, et intitulées respectivement « Pas » et « Lignes », titres qui signalent la thématique générale du recueil, la question de l'orientation, aussi bien spatiale que temporelle, et celle de l'arpentage, du décompte. Les poèmes constituent souvent des expériences dédoublées de récapitulation et de projection : récapitulation des déplacements, des mouvements, des migrations ou des errances du sujet qui y parle, et projection confuse, perspective indistincte, sfumato, de son insertion dans l'espace et le temps à venir. Entre un passé primitif, glaciaire, et un avenir (amoureux, politique) ouvert dans un élan d'utopie, mais rapidement brisé sur l'indifférence du monde consumériste, le temps « présent » du sujet est celui de la steppe. C'est de là qu'il écrit, d'un espace indistinct, indéfini, expérimental, aux contours estompés ; c'est de là qu'il s'adresse à la communauté dissoute, confrontant sans cesse les variations du possible à l'imparable du réel. D'où la nature de dédicace, d'appel, de dialogue, d'interpellation qu'ont fréquemment les poèmes rassemblés. D'où leur façon de faire un état des lieux, du lieu, de dire ce qu'il y a là, ce qui se lit là, pendant ce temps d'occupation du lieu, ce qui fait la matière de l'expérience journalière de qui a trouvé refuge dans un atelier d'artiste aux airs de grotte, qui a fait de la zone délimitée par le puits de lumière qui éclaire la pièce son espace de vie, de lecture et d'écriture. Et qui donc, là, énumère les apparitions disparates qui peuplent les jours, observe la façon dont elles s'agencent. Modifie sa perception.
Ulrich Zieger est né en 1961 à Waldheim, ex-RDA. Il s'installe à Berlin en 1981 où il participe très activement à la scène littéraire alternative de Prenzlauer Berg, collaborant à plusieurs périodiques « samizdat », travaillant avec la troupe de théâtre libre « Zinober » et assistant Heiner Müller pour sa pièce radiophonique Der Untergang des Egoisten Fatzer d'après Bertolt Brecht. Il quitte la RDA au début de l'année 1989 et vit depuis à Montpellier. Son oeuvre comprend des proses, une dizaine de pièces de théâtre, plusieurs livres de poèmes et des scénarios (scénariste de Wim Wenders pour Si loin si proche, Grand prix du Jury, Cannes, 1993). Il a également composé 3 pièces radiophoniques avec le musicien Bert Wrede. Ulrich Zieger est en outre le traducteur allemand du poète anglais Keith Barnes, ainsi que de plusieurs auteurs français contemporains d'importance : il a notamment traduit Théâtres d'Olivier Py (2004) ; Un captif amoureux de Jean Genet (2006) et Poste restante Alger de Boualem Sansal (2008), ainsi que le Rapport sur Auschwitz, de Primo Levi. Depuis le début des années 90, Ulrich Zieger a reçu de nombreuses distinctions, dont le Prix Nicolas Born (1991), le Premier prix du concours d'auteurs dramatiques du Schauspielhaus de Vienne (1992), le Prix du Land de Brandebourg (1994), le Prix J. M. R. Lenz de la ville de Jena (1998), et le Prix de la fondation Schiller (1999), pour l'ensemble de son oeuvre. -
La Fin de toutes choses a paru en 1794 sous la forme d'un article. C'est un texte tardif de la philosophie de Kant qui vient après la Critique de la raison pure (1781), la Critique de la raison pratique (1788) et la Critique de la faculté de juger (1790). Malgré sa brièveté, cet essai occupe une position cruciale dans l'oeuvre de Kant dans la mesure où il permet de penser ensemble les trois grandes questions kantiennes : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Il est en effet question dans La Fin de toutes choses du désir d'éternité qui "est étroitement lié à la raison".
Ce texte, confrontant la liberté humaine et le temps, donne la mesure et la place véritable, dans l'existence humaine, du besoin métaphysique.
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Fictions contemporaines de l'errance : Peter Handke, Cormac McCarthy, Claude Simon
Lambert Barthélémy
- Classiques Garnier
- Perspectives Comparatistes
- 20 January 2012
- 9782812403569
Cette étude traite de la mise en fiction de l'errance dans les romans de Peter Handke, Cormac McCarthy et Claude Simon. Elle définit l'imaginaire de l'errance à partir de quatre grands opérateurs : l'évasion, l'insécurité ontologique, la désorientation, la désynchronisation. Elle analyse ensuite les principaux procédés poétiques qui configurent cette expérience. Elle envisage enfin l'errance comme une modalité d'élaboration des textes eux-mêmes et s'intéresse à la puissante dynamique intertextuelle qui les porte.
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En nos temps de crise du capitaliste tardif, l'exigence libidinale de performance se mue en déficit et en fatigue ; la foi dans les promesses de la libéralisation sexuelle semble épuisée. C'est ce processus que Houellebecq décrit tout au long de son oeuvre. Son roman Soumission (2015) explore à nouveau ce scénario pré-apocalyptique, cette fois sous la forme d'une fiction politique qui porte au pouvoir un Musulman modéré aux éléctions présidentielles françaises de 2022. Historiquement, la parution du livre coïncide avec l'attentat contre Charlie Hebdo revendiqué par Daesch le 7 janvier 2015. Davantage que la personnalité de son auteur, ce sont les effets politiques du livre dans son contexte qui font l'objet de l'enquête de Jule Jakob Govrin : il est ici considéré et analysé comme l'une des pièces du débat sur l'Islam en France, en lien avec les questions relatives au genre et à la sexualité (« Mariage pour tous » VS « Manif pour tous ») dont Houellebecq a fait l'une des raisons de son succès depuis Extension du domaine de la lutte.
Les politiques sexuelles et post-séculaires entretiennent des relations paradoxales : d'un côté, des arguments féministes et pro-homosexuels sont instrumentalisés à la fois pour présenter la France comme un État progressif, promouvant une politique de tolérance et le libéralisme sexuel, et pour traiter « l'Islam » de manière stéréotypée en le dévaluant comme réactionnaire et oppressif. De l'autre, la tendance post-séculaire se révèle à travers la visibilité accrue de groupes politiques d'inspiration catholique, qui attaquent l'égalité de genre et l'homosexualité.
Un exemple par excellence d'une France libérale et plurielle est ainsi la marche improvisée autour du slogan « Je suis Charlie » peu après les attentats ; son contrepoint réactionnaire est la « Manif pour tous » (apparue en 2013 mais dont l'influence n'a cessé de croître depuis).
Afin d'éclairer les rapports entre ces différents faits, Jule Jakob Govrin offre ici une analyse sociopsychologique qui ne tient compte pas seulement les discours médiatiques, mais également les formes de représentation dominantes (dont Soumission est l'un des éléments), les dynamiques affectives et esthétiques.
Pour analyser ces rapports en dehors de toute dialectique du « pour-ou-contre », elle propose de saisir la constellation contemporaine comme un « agencement », au sens de Deleuze et Guattari.
L'observation des interactions entre des événements littéraires, médiatiques et politiques récents fait apparaître de quelle façon la sexualité et la xénophobie sont interconnectées dans leur aspiration à produire une certaine image de l'identité nationale. La citoyenneté s'inscrit en effet dans un dispositif de représentation où le citoyen occidental s'est historiquement construit comme un sujet sexuel régulé et discipliné, par opposition à l'identité orientale, exotisée et regardée comme source de plaisirs sauvages.
Il semble que ce dispositif historique soit aujourd'hui soumis à des bouleversements profonds :
C'est bien le citoyen des pays du nord qui incarnerait la sexualité libérée, quand, à l'inverse, les pays de culture musulmane symboliseraient l'oppression sexuelle. Sexe, Dieu et Capital montre de quelle façon les intersections de la sexualité et du racisme sont mises à profit pour former des représentations antagonistes de l'identité nationale.