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fabien maréchal
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Grégoire Furnier a réussi le très sélectif concours de l'École supérieure de l'Attente.
L'EsA forme une élite capable d'Attendre à distance et à l'avance pour ses concitoyens- malade qui espère une greffe ou ministre qui ne veut pas retarder un discours à cause d'un orage - et leur évite ainsi de perdre un temps précieux.
Mais, sans le vouloir, Grégoire provoque une catastrophe médiatique. Sa hiérarchie ne le lui pardonne pas. Il met alors ses capacités au service de ses voisins : des jeunes qui s'ennuient, un retraité malade, une ado qui sèche l'école et dont la mère est brutalisée par son mari. Cependant, les talents de cet Attendeur (de Première classe !) attisent bien des convoitises, jusqu'àl'étranger.
Au-delà de la satire politique et de la réflexion sur notre rapport au temps, ce roman réunit tous les ingrédients d'une farce
poétique. On songe à Lewis Carroll, à Alphonse Allais, à Boris Vian. Une magnifique créativité où le rire se mêle à l'émotion,
offrant un éclairage ironique et humaniste sur notre monde, jusqu'à un final... inAttendu ! -
Fabien Maréchal nous donne quelques nouvelles de la lutte des classes, sur un mode nostalgique et un brin désabusé, ou dans un registre plus combatif. En tous cas, avec un humour moqueur mais non dénué d'empathie.
Un vieil ouvrier retranché dans son immeuble promis à la destruction, un syndicaliste qui s'obstine à organiser une grève vouée à l'échec, ou un étrange photographe coureur des bois : pour ces personnages, le sens qu'ils donnent à leur vie prime sur toute autre considération.
Qu'ils embrassent les luttes sociales, des idéaux politiques ou la quête extatique d'une réalité cachée dans la nature, les voilà aux prises avec un monde extérieur peu enclin à se plier à leurs aspirations profondes. Ils sont tous des combattants chancelants qu'une flamme maintient en éveil.
Un recueil empreint d'humanité et d'humour qui ne verse jamais dans le cynisme. -
Imaginons une société soumise à la peur - ici, celle née d'un chômage de masse, mais, sans doute, d'autres peurs peuvent aboutir au même résultat.
Une société où la question de la sécurité en vient à saturer l'espace social.
Or, étant toujours sujette à des failles, la sécurité est à renforcer, encore et toujours. Marc et Cécile reçoivent une lettre les informant qu'une annexe du commissariat va s'installer dans leur sous-sol. Marc est pleutre, c'est Cécile qui se rebelle contre le grignotage de leur vie privée, refuse le rôle d'épouse soumise aux décisions de son mari (qui sont des non-décisions, puisqu'il accepte tout) et s'interroge, à mesure que le fossé se creuse entre eux, sur ce qui les lie.
Pourquoi donc s'opposer au renforcement de l'arsenal protecteur ? Sauf, bien sûr, à avoir soi-même quelque chose à se reprocher... On devient vite suspect aux yeux des tenants de l'ordre mais, chose plus intéressante, y compris à ses propres yeux. C'est cette expérience que Cécile raconte, entre rébellion et acceptation. À mesure que la pression s'accentue autour d'elle (à cause de son mari, de son chef de bureau, des policiers), à chaque fois qu'elle refuse de se soumettre à une nouvelle mesure prise par Massard, c'est qu'elle a déjà intégré la précédente. -
Ici, les oiseaux font la loi, les cafetières s'enfuient, vos invités se présentent nus à votre porte, les jeux télévisés vous expédient en prison mais vos voisins ont très bon goût.
Soudain plongés dans des situations qui les dépassent, les personnages de ces drôles d'histoires affrontent des questions qui traduisent l'absurdité de l'existence: jusqu'où sommes-nous dupes, de nos relations sociales, des mises en scène de la télé- vision, de la justice ? A quel point contribuons-nous à bâtir nos prisons ? Comment s'en évader ? Et surtout, surtout:
Pourquoi diantre les trains devraient-ils avoir un horaire et une destination ? Ces anti-héros sont chacun de nous quand la maîtrise de notre destin nous échappe, au point que la réalité semble perdre son sens.
Nous nous en doutions mais ces nouvelles le prouvent: si le monde est fou, c'est bien que nous le sommes tous un peu.
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C'est comme une basse continue, une pensée lancinante qui occupe l'arrière-plan d'un quotidien brutalement privé de sens. Après l'accident, le narrateur rompt avec sa vie, s'exile à la campagne, à l'abri de toute agitation. C'est sans compter avec « Elle » et « Il », qui font irruption à la moindre incidence, convoquant les souvenirs, le fracas des questions, les si et les pourquoi : il faudrait « vivre avec, ce qui maintenant, en réalité, signifie vivre sans ». Mais sort-on vainqueur de l'assaut absurde du destin ?